SOURCE - Ennemond - Le Forum Catholique - 5 avril 2014
Anciens départs et nouveaux départs - par Ennemond
En réalité, le départ de ces quelques prêtres est dû à celui de cet évêque, Mgr Richard Williamson. Un évêque - surtout quand il n'y en a que quatre - a un véritable poids au sein de la FSSPX, encore plus lorsqu'il est charismatique, ce qui est effectivement le cas présent. Malheureusement, ses dernières interventions montrent qu'il s'enlise dans un isolement plutôt triste : fin du monde dans une soixantaine d'années selon son estimation, récidive sur les chambres à gaz dans un de ses récents commentaires. Et il n'apaise même pas ses partisans en prédisant que, tôt ou tard, la "Résistance" finira par se scinder et connaître ses propres trahisons pour aboutir à la vision apocalyptique où il ne restera plus qu'une poignée d'élus sur terre. S'il n'avait été que simple prêtre, Mgr Williamson aurait probablement été exclu de la FSSPX lors de l'affaire de Bordeaux. Il n'est donc pas étonnant que certains prêtres, aujourd'hui, s'émeuvent de la situation actuelle de la Fraternité. Il y a là un tournant qui est comme le contre-coup de douze années de pourparlers et de tensions, d'attentes et d'appréhensions, d'autant plus que le fondateur n'avait pas prévu une résolution de la crise aussi longue. Comment aurait-il pu en être autrement, après que la Fraternité fut le centre des attentions de l'Eglise universelle en 2007 et 2009? Mais comme le disait un de ses plus éminents membres, l'oeuvre fondée par Mgr Lefebvre, institution qui a désormais 44 ans d'âge, se remettra de cette épreuve, tandis que ceux qui partent à l'aventure, dans l'isolement et l'inconnu, ne s'en remettront jamais. N'est pas délégué de Pie XII ni ancien supérieur général d'une oeuvre de 5000 membres qui veut.
Pour ma part, j'ai trouvé que la conférence de l'abbé Pfluger, combien même elle aurait été exagérée par les notes prises par le frère présent, était salutaire. Et la réalité, loin des calomnies des caniveaux du net, est que bon nombre de frères ont remercié le vicaire général de la Fraternité à l'issue de ces conférences. Elles ont le mérite de la franchise - trop franches pour les Français ? - et sa réflexion est parfois douloureuse car elle montre où le bât blesse dans nos milieux, trop souvent habitués à être flattés par leurs prédicateurs comme étant le sel de la Terre et la lumière du monde. Il n'en demeure pas moins que cette analyse a le mérite de la lucidité. Si nous étions persuadés d'être purs et parfaits, sans doute faudrait-il commencer à s'inquiéter. Lorsqu'un passager tire la sonnette d'alarme et que le train s'arrête, il y a des inquiétudes et des agacements, puis vient le temps de la réflexion pour se rendre compte que celui qui a veillé à alerter ses frères n'était pas forcément imprudent ni déraisonnable.