5 avril 2014

[Mgr Williamson] Canonisations irréelles

SOURCE - Mgr Williamson - 5 avril 2014

La «canonisation» de deux Papes Conciliaires, Jean XXIII et Jean-Paul II, doit avoir lieu le dernier dimanche de ce mois, et elle inspire à beaucoup de Catholiques croyants une peur bleue. Ceux-ci savent que les Papes conciliaires ont été des destructeurs (au moins objectifs) de l’Église. Ils savent également que l’Église tient les canonisations pour infaillibles. Seront-ils donc forcés à croire que Jean XXIII et Jean-Paul II sont des Saints ? On y perd la tête ! Mais on n’est pas obligé de la perdre. Voyons.

En août de l’année dernière ce Commentaire a constaté le fait que les « canonisations » de la Néo-Église sont en réalité chose tellement différente des canonisations pré-conciliaires qu’aucun Catholique n’est obligé de tenir les « canonisations » post-conciliaires pour infaillibles. Je ne me suis pas trompé, mais je n’ai fait que constater le fait sans expliquer le pourquoi, ce qui est moins satisfaisant pour l’esprit. Par contre dans une conférence de retraite vers la fin de ses jours Mgr. Lefebvre a donné la raison profonde de ce fait, à savoir la maladie mentale des modernistes. Bien comprendre celle-ci est d’une importance capitale pour comprendre correctement la Révolution Conciliaire toute entière.

Mgr. Lefebvre a dit que les Papes Conciliaires, comme toute une masse d’hommes modernes, croient qu’aucune vérité n’est stable. Par exemple la formation de Jean-Paul II se fondait sur l’évolution de la vérité qui bouge selon les temps, progresse avec les progrès de la science, etc. C’est parce que la vérité pour Jean-Paul II n’était jamais fixe qu’il a condamné en 1988 les sacres épiscopaux de la Fraternité St Pie X parce qu’elles procédaient d’une idée fixiste de la Tradition catholique au lieu d’une idée évolutive. En effet, les Catholiques tiennent chaque mot du Credo pour immuable parce que ces mots ont été peaufinés dans le cours des siècles pour exprimer le moins imparfaitement possible les vérités immuables de la Foi, et ils ont été le sujet de définitions infaillibles de la part des Papes et Conciles de l’Église.

Prenons par exemple une vraie canonisation d’antan : 1) Le Pape prononçait comme Pape 2) de façon définitive (a-t-on jamais vu une dé-canonisation ?) 3) que telle personne avait été un modèle de foi et de mœurs 4) et était à accepter comme tel par toute l’Église. En tant que telles ces canonisations remplissaient les quatre conditions d’un enseignement infaillible de l’Église, et étaient tenues pour infaillibles. Mais cette notion catholique d’une vérité immuable est inconcevable pour les esprits fluides d’hommes modernes tels les Papes Conciliaires. Pour eux, la vérité c’est la vie, une vie qui se développe, évolue, croît vers la perfection. Comment alors un Pape Conciliaire peut-il réaliser, encore moins imposer, une canonisation infaillible ?

Mgr. Lefebvre s’imagine comment un Pape conciliaire pourrait réagir à l’idée d’avoir fait une chose pareille : « Mais non ! Si jamais à l’avenir il s’avère que cette personne que j’ai canonisée n’a pas eu toutes les qualités requises, ma foi, un de mes successeurs pourra très bien déclarer que je me suis prononcé sur les vertus de la personne sans pour autant avoir défini une fois pour toutes qu’elle était une Sainte. » Et en attendant, ce nouveau type de canonisation a rendu heureux le Président et les fidèles de la République concernée, qui tous ont eu une excuse pour célébrer.

Quand on y pense, cette explication de Mgr Lefebvre s’applique à l’ensemble de la Néo-église. Qu’est-ce que Vatican II ?-- N’est-ce pas la beauté exigeante de la Vérité immuable de Dieu qui mène au ciel remplacée par la laideur commode de la fantaisie fluide de l’homme qui mène à l’enfer, certes, mais qui permet à l’homme de se mettre à la place de Dieu ? La clef de ce processus, c’est que l’esprit se décroche de la réalité. Appliqué à l’Église ce processus engendre le modernisme dont les fruits ressemblent si peu aux réalités catholiques d’antan que les nouvelles réalités requièrent absolument d’être appelées par de nouveaux noms : la Néo-église, les néo-canonisations, les Néo-saints, et c. Après tout, les Catholiques Conciliaires ne sont-ils pas fiers de tout renouveler dans l’Église ?

Kyrie eleison.