SOURCE - Florine Galeron - La Dépêche - 5 avril 2014
Installé à Castres, Jean-Michel Franc est expert en art sacré. L'occasion d'un petit éclairage sur le marché des objets religieux.
Installé à Castres, Jean-Michel Franc est expert en art sacré. L'occasion d'un petit éclairage sur le marché des objets religieux.
Avez-vous observé un regain d'intérêt pour l'art sacré?
Oui, il y a un attrait très fort pour les objets sacrés surtout pour l'orfèvrerie: les calices, les ostensoirs mais également la paramentique (N.D.L.R., les vêtements utilisés lors des messes). À partir de 1962 et le concile Vatican II, les religieux ont abandonné ces ornements au profit de pièces plus simples. Dans mes ventes aux enchères, 80 % des clients sont des prêtres, des religieux qui n'ont pas suivi Vatican II et qui pratiquent toujours la messe en latin. C'est le cas des disciples de Monseigneur Lefèbvre à Paris. L'art sacré intéresse également les collectionneurs. Certains ont entre 800 et 1 000 pièces chez eux !
Combien valent ces objets?
Cela dépend de l'époque et des dimensions. Mais un vêtement de cérémonie d'avant Vatican II avec des fils d'or, cela peut aller jusqu'à 4 000 euros. Un ostensoir de l'époque d'Angoulême peut valoir 8 000 euros et les sculptures en bois polychromé du XVIè siècle s'échangent entre 8 000 et 10 000 euros.
Souvent, les prêtres n'ont pas conscience des trésors qui sont présents dans les églises. Un jour, un curé m'a montré un calice qui selon lui valait à peine 30 ou 40 euros. Il en valait bien 1 500 euros.
Vous organisez deux fois par an deux fois par an des ventes d'art sacré. Comment faites-vous pour vous prémunir des objets volés?
Avant chaque vente, je prends en photo les objets. Je les envoie à l'OCBC [...] qui répertorie les biens culturels volés. Jusqu'à présent, je n'ai pas eu de retour négatif.
Avez-vous déjà refusé des pièces?
On m'a déjà proposé à plusieurs reprises des reliques (des restes humains). Or, le trafic de reliques est formellement interdit par le droit canonique. J'ai refusé à chaque fois.
Que pensez-vous de ce projet de recensement des lieux de culte?
C'est impératif. Mais, il faut que cela soit fait avec beaucoup de précision car rien ne ressemble plus à un calice qu'un autre calice… Pour ma part, je serai pour que tous ces objets soient exposés dans un musée départemental d'art sacré.
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Propos recueillis par Florine Galéron