23 avril 2014

[Ennemond - Le Forum Catholique] Ombres et réalités des mouvements traditionalistes

SOURCE - Ennemond - Le Forum Catholique - discussion autour du texte de l'abbé Loiseau - 23 avril 2014

Cher Monsieur l’abbé, Soyez vivement remercié pour le souci que vous portez aux prêtres et fidèles de la Fraternité Saint-Pie X. Nous vivons des heures difficiles où effectivement une petite frange, à la faveur d’une crise, croit pouvoir parler librement et user du ton et de la dialectique qui était jusqu’à ces dernières années l’apanage de deux sites grotesques mais qui ne représentent quasiment rien. Parallèlement, la Fraternité gagne chaque année de nouveaux lieux de culte pour évangéliser, ouvre de nouvelles écoles (Je pense à ceux de l’année passée : La chapelle de la Consolation à Paris, celle d’Amiens, le lycée professionnel de La Martinerie, celui de Bailly près de Versailles ou encore celui de La Placelière, près de Nantes). Le bruit ne faisant pas de bien et le bien ne faisant pas de bruit, selon saint François de Sales, c’est ainsi que se forme dans le silence une génération nouvelle qui se sanctifie. Parle-t-on beaucoup sur internet du travail des sœurs de S.-Michel en Brenne, des dominicaines de Fanjeaux ou Brignoles, qui sont aujourd’hui près de 500 ? 

Rien n’est évident dans la situation actuelle et l’expérience Ecclesia Dei, si elle enregistre des progrès, connaît aussi des problèmes. Il est faux de dire que les milieux régularisés seraient un fiasco total, sinon la Fraternité Saint-Pierre serait restée à un état embryonnaire. Mais faut-il parler ici des graves soucis que cette dernière a traversé en 1999 par une rébellion non négligeable ? Des crises importantes que traversent actuellement des communautés aussi diverses que les Franciscains de l’Immaculée, les dominicaines de Pontcallec, les bénédictines de Jouques et ceci pour des raisons de fond ? Certes, elles ne résument pas tout, mais dans une analyse équilibrée, il faut tout savoir jauger, voir dans quelle mesure la Fraternité Saint-Pie X exerce un appel d’air en faveur de la Tradition. On pourrait encore citer l’exemple de Mgr Rifan, seul évêque du mouvement traditionnel régularisé, qui s’est comporté de façon tellement compromettante, à certaines occasions, qu’il a favorisé la prudence de la Fraternité. Enfin, le langage tenu par les prêtres de ces milieux n’est pas toujours aussi facile à résumer que celui de leurs confrères de la Fraternité et on pourrait, avec tout le respect qui vous est dû, soumettre un questionnaire semblable au vôtre : 

- L'ancienne messe est-elle un rite choisi par simple esthétisme, par préférence ou parce qu’il existe une déficience dans la nouvelle forme ? 

- Le dialogue interreligieux tel qu’il est vécu actuellement est-il un défi auquel se prêtent certains membres de notre hiérarchie ou bien est-il un élément étranger à la Tradition de l’Église ? 

- Les divorcés qui se remarient civilement peuvent-ils communier ou bien sont-ils privés du sacrement de l’Eucharistie avant de régulariser leur situation ? 

- Les journées pour la paix d’Assise sont-elles un pas de l’Église catholique vers plus de sainteté ou bien une véritable régression, voire une dilution relativiste ? 

Sans faire de l’angélisme ni de culte de la personnalité, il me semble que ce sont les supérieurs de la Fraternité qui ont historiquement réuni le plus grand apostolat et qui ont eu le mérite de faire preuve de mesure dans un souci de non-dispersion des forces. On ne peut pas leur reprocher d’avoir défendu le fond. On ne peut pas non plus leur reprocher d’avoir cherché à être les fils reconnus de l’Église. Pour le reste, nous plaçons notre espérance dans celle en laquelle on ne peut jamais désespérer.