29 avril 2014

[Notions Romaines / New Liturgical Movement] Dom Mark Kirby à propos de Jean XXIII sur l'office divin traditionnel

SOURCE - version française par Notions Romaines d'un texte publié sur New Liturgical Movement - 29 avril 2014
[Par M. Peter Kwasniewski]

En compagnie, sans aucun doute, de plusieurs lecteurs de NLM [ndlr, le blogue New Liturgical Movement], je déniche souvent une nourriture spirituelle et intellectuelle très profonde en lisant le blogue Vultus Christi [en anglais], tenu par le prieur de Silverstream, Dom Mark Kirby, OSB. Il y a de cela quelques jours, le Père prieur a publié un article splendide intitulé: «Saint Jean XXIII: l’office divin et le Concile» qui en plus de nous offrir les réflexions de l’auteur nous présente aussi le texte intégral de l’exhortation apostolique Sacrae Laudis de 1962 écrite par le pape Jean. À la lecture de ce document, nous pouvons clairement voir avec quelle âpreté le pape Jean fut trahi, de quelle manière impitoyable sa piété et doctrine furent bafouées et comment la tâche de reconstruction nous incombe si nous souhaitons nous reconnecter avec la tradition vivante du culte de nos ancêtres.

Voici alors quelques réflexions de Dom Kirby:
«L’exhortation apostolique Sacrae Laudis (6 janvier 1962) est, à mon esprit, merveilleusement révélatrice de la piété du «Bon pape Jean». Il y avait et il y a plusieurs personnes, autant au sein de l’Église que dans les médias séculiers, qui voudraient nous faire croire à un Papa Roncalli révolutionnaire, moderniste et iconoclaste. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Comment exactement cette représentation du pape Jean XXIII est-elle devenue si prévalente? Ce fut, il me semble, une question à la fois d’image et de style personnel. Le pape Jean XXIII fut différent et ce de plusieurs façons de son prédécesseur, le Vénérable Pie XII. Alors que Pie XII était mince et hiératique, Jean XXIII était rond et bonhomme, non seulement Papa, mais aussi nonno [ndlr, grand-père en italien]. Bien que les deux papes étaient des diplomates aguerris, la diplomatie de Pacelli avait un style aristocratique; celle de Roncalli avait la perspicacité du paysan bergamasque. Pacelli était convaincant, Roncalli était gagnant.

La piété de Jean XXIII était liturgique, sacerdotale et dévotionnelle. (Ne manquez pas l’assertion charmante de Jean XXII selon laquelle le prêtre qui récite son office divin le récite avec son ange garden!) Cette piété était à la fois élevée, noble, mais aussi enfantine. Sacrae Laudis révèle sa profonde compréhension de la liturgie sacrée dans la vie de l’Église et en particulier du caractère singulièrement exalté de l’office divin, le sacrifice de louange offert quotidiennement par l’Église. En lisant l’exhortation apostolique du saint Pape sur l’office divin, il apparaît clairement qu’il n’avait pas l’intention de rejeter la pratique liturgique de l’Église romaine comme elle s’était développée organiquement, à travers les siècles, sous la douce gouverne de l’Esprit-Saint.

Ainsi il écrivit: »Le Bréviaire est, en toute vérité, la fontaine pérenne et inépuisable de la lumière et de la grâce surnaturelles. Petite merveille, alors, que ce Bréviaire serve de livre-ressource pour ce IIe concile du Vatican comme cela fut indiqué dans les rapports des travaux prudents et incessants des différentes commissions préparatoires. C’est une mine de la plus pure doctrine et des plus sages conseils ecclésiastiques, admirablement adaptés à nos besoins présents. Nous sommes donc justifiés dans notre affirmation que d’entrer dans une nouvelle ère, nous avons préservé intact notre héritage ancien. C’est une ère qui semble promise à une grande avancée spirituelle. » 
Je crois, par contre, être atteint d’une certaine ironie en lisant ces mots. Seulement 10 ans après sa splendide exhortation apostolique, l’office divin, dont Jean XXIII chantait les louanges, fut taillé en pièces et puis ces pièces furent rassemblées en quelque chose de différent. Sans aucun égard envers la loi de continuité organique qui avait – jusqu’aux dangereuses opérations iconoclastes de certains experts liturgiques hauts placés dans les années 60 – sagement restreint même les douteuses réformes liturgiques précédentes, la création de la Liturgia Horarum réformée plutôt que d’encourager le continuel renouveau de la piété liturgique a sonné le glas de celle-ci. L’un des fruits les plus amers de la réforme post-conciliaire (qui ne fut jamais voulue par Jean XXIII) fut l’abandon généralisé du bréviaire par le clergé diocésain, la virtuelle réduction au silence d’innombrables chœurs au sein des ordres mendiants et au sein des ordres monastiques, la dégénérescence de la prière chorale en une diversité chaotique de différentes formes qui d’aucune manière ne ressemble ni à l’esprit ni à la lettre de législation liturgique de saint Benoît. [...] 
L’objectif du Concile était, écrit Jean XXIII, »d’essayer de retrouver un peu de l’ardeur de l’Église en sa jeunesse et ainsi restaurer la pleine splendeur de sa contenance. » Nous pouvons certainement prier, même maintenant via l’intercession du »Bon pape Jean », que l’objectif du Concile, par la grâce de l’Esprit-Saint, se réalisera, même en cette heure tardive en dépit de l’accumulation des contradictions, des déceptions et des échecs des dernières cinquante années. La pleine splendeur de la contenance de l’Église ne sera pas restaurée tant que le prière de l’Église n’occupera pas sa place légitime et tant que les chœurs ruinés, après être réchauffés et illuminés par un piété liturgique vivante, ne commencent à résonner de nouveau avec le chant de nombreuses voix.»
À cela je dis, ainsi soit-il!


[ndlr, lien en anglais. Cette exhortation apostolique est aussi disponible en latin, en espagnol et en portugais sur Vatican.va.]

Traduction: Notions romaines