SOURCE – Bulletin d’André Noël n° 2520 – juin 2017
C’est un nouveau pas vers la réconciliation entre Rome et la Fraternité
Saint Pie X. Le Pape avait accordé aux prêtres qui en sont membres la
possibilité de recevoir validement le consentement des époux lors du sacrement
de mariage. Jusque-là, les mariages célébrés par eux étaient considérés comme
invalides par Rome. C’est dans le cadre de l’année de la miséricorde, et pour
cette année-là, que le souverain pontife avait accompli ce geste pacificateur
(de même pour le sacrement de pénitence.)
Cette année étant achevée, il a
finalement prorogé sine die cette faculté.
Une lettre officielle de la Commission
Ecclesia Dei (chargée des relations avec la Fraternité et autres
traditionalistes) du 27 mars 2017 a
officialisé cette autorisation. Mais l’évêque reste maître en son diocèse pour
ce qui est de déléguer à des prêtres le droit de recevoir le consentement des
époux. Or, on sait que les relations entre des fidèles de Mgr Lefebvre et
l’épiscopat français sont pour le moins difficiles. Toutefois La Croix a noté que
: « Trois évêques français ont
donné à certains prêtres lefebvristes de leurs diocèses la délégation
nécessaire pour bénir ou recevoir les consentements du mariage. » Ce qui est exact : il s’agit de NNSS Luc
Ravel, archevêque de Strasbourg, Alain Planet, évêque de Carcassonne et
Narbonne et Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon.
Espérons qu’il ne s’agit là que d’un début !
La Croix note
également, sans enthousiasme :
« Le Vatican pourrait accorder prochainement à la FSSPX une prélature personnelle, cadre
juridique très souple sur le modèle de l’Opus Dei : la Fraternité ferait alors
partie de la structure hiérarchique de l’Église sans toutefois être
circonscrite à un territoire comme les diocèses. » Espérons-le aussi !
Le paradoxe, si cette réconciliation définitive devait intervenir, est que
ce soit sous le pontificat d’un pape « progressiste » qu’elle s’opère alors que
Benoît XVI, plus traditionnel, n’y est pas parvenu bien qu’il souhaitait
ardemment mettre fin à cette séparation. C’est pour cela – entre autres – qu’il
a consenti le libre usage de la messe selon St Pie V – qualifiée de « rite
extraordinaire » – mettant fin à
des décennies d’un douloureux bannissement. Déjà Jean-Paul II, en l’autorisant sous réserve de l’accord des évêques
qui n’en abusèrent pas (!) avait accompli un premier geste de
réparation face à une injustice à
l’égard des fidèles attachés à la tradition.
Pourquoi sera-ce peut-être
François qui aura ce rôle historique ?
Il y aurait plusieurs raisons à cela.
L’une d’entre elles serait que, en tant qu’archevêque de Buenos Aires, il
entretenait de bonnes relations avec les prêtres de la Fraternité, constatant
leur zèle et leur piété ; il déclara d’eux « Ils sont catholiques ! », ignorant
donc l’accusation de schisme.
Autre raison : il serait difficile pour le pape d’ouvrir largement ses
bras à tous et à tout, juifs, musulmans, protestants, orthodoxes, athées et de
les garder fermés pour les seuls catholiques de la Fraternité S.Pie X !
Enfin, mais ce n’est pas là, la
meilleure raison : son peu de goût pour la doctrine. Benoît XVI est
d’abord un théologien, auteur d’une œuvre considérable ; il était donc plus
exigeant, sur le plan doctrinal, avec la Fraternité quoique, sur la fin, à
propos du Concile, il le devînt moins. François est un pasteur. Les livres
publiés sous son nom sont des recueils de ses sermons et autres exhortations ;
parmi eux, aucun ouvrage de théologie. Il témoigne d’un certain indifférentisme
doctrinal qui lui permettrait d’accueillir dans le giron de Rome des chrétiens
d’obé- diences diverses, notamment des orthodoxes en acceptant un corpus
doctrinal minimum. Dans ce cadre, pourquoi ne pas accueillir ceux que La Croix
appelle des « lefebvristes » mais qui sont simplement des catholiques désireux
de rester fidèles à l’Eglise de toujours ? P.R