SOURCE - IBP Roma - 12 mars 2010
Avant-hier soir, à la Maison, l’abbé René-Sébastien Fournié avait organisé un dîner chaleureux avec Monseigneur Guido Pozzo, responsable de la Commission Ecclesia Dei devant le cardinal Levada, Préfet du Saint-Office. Au menu : verrines et magrets, une petite pause dans le Carême. Monseigneur Pozzo restera très sobre toute la soirée, mais ses saillies n’en sont que plus nombreuses. Il parle de ce qui l’intéresse, de ce qui le passionne même : la théologie. Et de déplorer l’absence de systématiciens originaux. La théologie d’aujourd’hui dans le meilleur des cas est une redite soupire-t-il. Le cardinal Ratzinger demeure, seul véritable théologien, dans un monde qui n’en a plus. La raison ? Comme le Père Garrigou-Lagrange, même si ce n’est pas dans les mêmes termes, Monseigneur Pozzo attribue la crise de la théologie à la crise de la métaphysique, ou plus exactement à l’absence de métaphysique qui caractérise l’homme d’aujourd’hui. Emporté par son élan, il évoque sa propre thèse de théologie, soutenue naguère sur Hans Küng, et il stigmatise les théologiens radicaux de cette espèce qui ont placé la foi pure dans une sorte d’ailleurs inaccessible. Résultat ? la théologie radicale consiste à utiliser les catégories d’une culture mondaine pour dire la foi à un moment de l’histoire. Et puis il faut recommencer quand la culture change. Vu comme ça, Hans Küng est une sorte de Sisyphe, qui n’en finit pas de monter son rocher. Et pas seulement celui-là souligne-t-il. Dans ses Entretiens sur la foi justement, le cardinal Ratzinger s’est attaqué aussi à ceux qui cherchaient uniquement à trouver des intermédiaires entre la foi et la culture dominante. Cette recherche est vaine, martèle mons. Pozzo, décidément très en forme. Au café, nous essayons de descendre de ces hauteurs…
Mais le ton de la rencontre est donné. Toujours précis, toujours spéculatif, dans une sorte de… gouaille (c’est le mot qui me vient à l’esprit, moi qui suis parisien), mons. Pozzo nous parle du Concile : on peut déclarer que quelques points traités au Concile reste ouverts ou que le lien de certains exposés conciliaires avec la Tradition est problématique, mais la question est de savoir si une herméneutique de continuité est possible (si on reconnaît cette possibilité, on est catholique) ou bien si elle n’est pas possible – et cela, nous dit-il d’une voix forte, ce n’est pas catholique. Sono eretici ! Ils sont hérétiques ceux qui prétendraient que Vatican II ne peut pas recevoir une interprétation correcte de la part du Magistère.
On sent que tout l’effort de ce théologien de profession qu’est mons. Pozzo, c’est d’affirmer et de réaliser la continuité réelle (et non seulement verbale ou fictive) entre le Concile, l’enseignement qui le précède et l’enseignement qui le suit. En l’écoutant je pensais à une formule du cardinal Ratzinger dans Le sel de la terre, que je modifie quelque peu pour faire porter sur la théologie (et sur monseigneur Pozzo) ce qui à l’origine désigne la liturgie : « Celui qui considèrerait comme absolument faux tout ce que l’Eglise a tenu de plus vrai depuis son commencement, celui-là c’est la crédibilité de l’Eglise qu’il met en cause ». Monseigneur Pozzo est un beau défenseur de cette Institution ecclésiale qui a besoin de continuité pour affirmer à la face du monde sa fonction salvifique.
Avant-hier soir, à la Maison, l’abbé René-Sébastien Fournié avait organisé un dîner chaleureux avec Monseigneur Guido Pozzo, responsable de la Commission Ecclesia Dei devant le cardinal Levada, Préfet du Saint-Office. Au menu : verrines et magrets, une petite pause dans le Carême. Monseigneur Pozzo restera très sobre toute la soirée, mais ses saillies n’en sont que plus nombreuses. Il parle de ce qui l’intéresse, de ce qui le passionne même : la théologie. Et de déplorer l’absence de systématiciens originaux. La théologie d’aujourd’hui dans le meilleur des cas est une redite soupire-t-il. Le cardinal Ratzinger demeure, seul véritable théologien, dans un monde qui n’en a plus. La raison ? Comme le Père Garrigou-Lagrange, même si ce n’est pas dans les mêmes termes, Monseigneur Pozzo attribue la crise de la théologie à la crise de la métaphysique, ou plus exactement à l’absence de métaphysique qui caractérise l’homme d’aujourd’hui. Emporté par son élan, il évoque sa propre thèse de théologie, soutenue naguère sur Hans Küng, et il stigmatise les théologiens radicaux de cette espèce qui ont placé la foi pure dans une sorte d’ailleurs inaccessible. Résultat ? la théologie radicale consiste à utiliser les catégories d’une culture mondaine pour dire la foi à un moment de l’histoire. Et puis il faut recommencer quand la culture change. Vu comme ça, Hans Küng est une sorte de Sisyphe, qui n’en finit pas de monter son rocher. Et pas seulement celui-là souligne-t-il. Dans ses Entretiens sur la foi justement, le cardinal Ratzinger s’est attaqué aussi à ceux qui cherchaient uniquement à trouver des intermédiaires entre la foi et la culture dominante. Cette recherche est vaine, martèle mons. Pozzo, décidément très en forme. Au café, nous essayons de descendre de ces hauteurs…
Mais le ton de la rencontre est donné. Toujours précis, toujours spéculatif, dans une sorte de… gouaille (c’est le mot qui me vient à l’esprit, moi qui suis parisien), mons. Pozzo nous parle du Concile : on peut déclarer que quelques points traités au Concile reste ouverts ou que le lien de certains exposés conciliaires avec la Tradition est problématique, mais la question est de savoir si une herméneutique de continuité est possible (si on reconnaît cette possibilité, on est catholique) ou bien si elle n’est pas possible – et cela, nous dit-il d’une voix forte, ce n’est pas catholique. Sono eretici ! Ils sont hérétiques ceux qui prétendraient que Vatican II ne peut pas recevoir une interprétation correcte de la part du Magistère.
On sent que tout l’effort de ce théologien de profession qu’est mons. Pozzo, c’est d’affirmer et de réaliser la continuité réelle (et non seulement verbale ou fictive) entre le Concile, l’enseignement qui le précède et l’enseignement qui le suit. En l’écoutant je pensais à une formule du cardinal Ratzinger dans Le sel de la terre, que je modifie quelque peu pour faire porter sur la théologie (et sur monseigneur Pozzo) ce qui à l’origine désigne la liturgie : « Celui qui considèrerait comme absolument faux tout ce que l’Eglise a tenu de plus vrai depuis son commencement, celui-là c’est la crédibilité de l’Eglise qu’il met en cause ». Monseigneur Pozzo est un beau défenseur de cette Institution ecclésiale qui a besoin de continuité pour affirmer à la face du monde sa fonction salvifique.