SOURCE - Daniel Hamiche - Monde et Vie - 13 mars 2010
Autant que les faits, les chiffres sont têtus ! Et ceux qu’expose le dernier sondage réalisé pour Paix Liturgique par Harris Interactive sur l’intérêt des catholiques pratiquants de l’archidiocèse de Paris pour la «forme extraordinaire» du rite romain démontrent que l’affirmation répétée du cardinal André Vingt-Trois sur l’offre satisfaisante, selon lui, de la messe traditionnelle à Paris n’est qu’une présomption.
La première question de ce sondage, même si elle ne touche pas directement au cœur de l’affaire, révèle une catastrophe. Sur les 1 785 sondés résidant à Paris, seuls 850 (47,6%) se disent catholiques. Les catholiques sont donc devenus minoritaires dans la capitale de la «fille aînée de l’Église». C’est là une terrible leçon.
Il en est une seconde que l’on peut tirer de la deuxième question posée donc aux seuls catholiques, quant à leur pratique religieuse. Ils ne sont que 9,9% à aller à la messe tous les dimanches, 3,5% à ne s’y rendre qu’une fois par mois, 16,7% à limiter leur pratique aux grandes fêtes, 43,8% à s’y rendre occasionnellement (baptêmes, mariages, obsèques…) et 26,1% à ne jamais mettre les pieds à l’église…
Que le passage du nombre des catholiques de l’archidiocèse sous la barre des 50% de la population parisienne ne puisse être directement porté au débit de la hiérarchie ecclésiale est en partie une évidence : l’afflux d’une immigration notamment musulmane a évidemment bouleversé la sociologie religieuse de la capitale sans que les hiérarques catholiques n’y aient pu mais. En partie seulement toutefois, car l’Église de Paris ne se distingue guère depuis des décennies par une évangélisation signalée envers les musulmans… Ce mauvais chiffre est aussi une conséquence de la fausse conception d’un “dialogue interreligieux” mâtiné de relativisme.
Par contre, une pratique religieuse à moins de 10% chez les catholiques de la capitale met le doigt là où ça fait mal : la faillite des différentes “pastorales” expérimentées depuis un demi-siècle et la très relative séduction de la nouvelle Messe sur le peuple catholique. C’est un curieux paradoxe que véhicule le discours “liturgiquement correct” : l’ancienne Messe fut rejetée au nom de son manque de “participation” alors même qu’elle rassemblait un nombreux troupeau, tandis que la nouvelle, soi-disant plus “participante”, et supposée rassembler un plus nombreux troupeau encore, l’a vu non point s’y égayer mais s’en égailler… Simple remarque en passant.
Si une bonne majorité des catholiques parisiens (54,7% contre 45,3%) sait que Benoît XVI a rendu sa liberté à la «forme extraordinaire», c’est encore une majorité (50,6% contre 24,5%) qui trouve normale la “cohabitation” des deux formes du rite romain dans le cadre de sa paroisse. Cette dernière question est très intéressante puisqu’elle n’était pas posée en général mais explicitement dans le cadre de la paroisse fréquentée habituellement par le sondé: 1 catholique sur 2 n’y voit rien à redire, alors qu’il ne s’en trouve que 1 sur 4 pour le contester.
La dernière question de ce sondage affine l’analyse et les résultats sont proprement sidérants.
Chez les missalisants réguliers (messe dominicale hebdomadaire), 24% assisteraient volontiers à la Messe célébrée selon la forme extraordinaire chaque semaine (4% une fois par mois, 2,5% pour les grandes fêtes et 40% occasionnellement).
Plus intéressant encore, 10% de ceux qui ne vont à la Messe qu’une fois par mois disent être d’accord pour assister à la forme extraordinaire chaque semaine ! Oui, vous avez bien lu : une offre généralisée en paroisse de la Messe traditionnelle ramènerait 10% de catholiques parisiens à une pratique régulière et conforme au commandement de l’Église, ce qui ferait quasiment doubler le nombre de missalisants réguliers à Paris sans qu’il soit besoin de procéder à des campagnes d’affichage dispendieuses ou à la mise en place de nouvelles pastorales-usines à gaz…
Supposons juste l’estimation selon laquelle chaque dimanche 4 000 fidèles assistent à la Messe traditionnelle à Paris (pour un nombre total de missalisants de 100 000, soit, 4% des pratiquants réguliers), les résultats apportés par ce sondage permettent d’extrapoler à 35 000 (soit le tiers) le nombre de missalisants parisiens qui pourraient assister à la forme extraordinaire chaque dimanche si l’offre était plus généreuse, c’est-à-dire dans chaque paroisse de la capitale et à un horaire normal.
Paix Liturgique a adressé au cardinal Vingt-Trois une copie de ce nouveau sondage avant de le rendre public : l’archevêque de Paris en a fait accuser réception une semaine plus tard sans commentaires particuliers… Il se trouvera certainement quelqu’un dans son entourage pour le lui expliquer afin qu’on ne l’entende plus jamais dire qu’à Paris «la demande est satisfaite» : les résultats que je viens de signaler disent tout le contraire…
Daniel Hamiche
Autant que les faits, les chiffres sont têtus ! Et ceux qu’expose le dernier sondage réalisé pour Paix Liturgique par Harris Interactive sur l’intérêt des catholiques pratiquants de l’archidiocèse de Paris pour la «forme extraordinaire» du rite romain démontrent que l’affirmation répétée du cardinal André Vingt-Trois sur l’offre satisfaisante, selon lui, de la messe traditionnelle à Paris n’est qu’une présomption.
La première question de ce sondage, même si elle ne touche pas directement au cœur de l’affaire, révèle une catastrophe. Sur les 1 785 sondés résidant à Paris, seuls 850 (47,6%) se disent catholiques. Les catholiques sont donc devenus minoritaires dans la capitale de la «fille aînée de l’Église». C’est là une terrible leçon.
Il en est une seconde que l’on peut tirer de la deuxième question posée donc aux seuls catholiques, quant à leur pratique religieuse. Ils ne sont que 9,9% à aller à la messe tous les dimanches, 3,5% à ne s’y rendre qu’une fois par mois, 16,7% à limiter leur pratique aux grandes fêtes, 43,8% à s’y rendre occasionnellement (baptêmes, mariages, obsèques…) et 26,1% à ne jamais mettre les pieds à l’église…
Que le passage du nombre des catholiques de l’archidiocèse sous la barre des 50% de la population parisienne ne puisse être directement porté au débit de la hiérarchie ecclésiale est en partie une évidence : l’afflux d’une immigration notamment musulmane a évidemment bouleversé la sociologie religieuse de la capitale sans que les hiérarques catholiques n’y aient pu mais. En partie seulement toutefois, car l’Église de Paris ne se distingue guère depuis des décennies par une évangélisation signalée envers les musulmans… Ce mauvais chiffre est aussi une conséquence de la fausse conception d’un “dialogue interreligieux” mâtiné de relativisme.
Par contre, une pratique religieuse à moins de 10% chez les catholiques de la capitale met le doigt là où ça fait mal : la faillite des différentes “pastorales” expérimentées depuis un demi-siècle et la très relative séduction de la nouvelle Messe sur le peuple catholique. C’est un curieux paradoxe que véhicule le discours “liturgiquement correct” : l’ancienne Messe fut rejetée au nom de son manque de “participation” alors même qu’elle rassemblait un nombreux troupeau, tandis que la nouvelle, soi-disant plus “participante”, et supposée rassembler un plus nombreux troupeau encore, l’a vu non point s’y égayer mais s’en égailler… Simple remarque en passant.
Si une bonne majorité des catholiques parisiens (54,7% contre 45,3%) sait que Benoît XVI a rendu sa liberté à la «forme extraordinaire», c’est encore une majorité (50,6% contre 24,5%) qui trouve normale la “cohabitation” des deux formes du rite romain dans le cadre de sa paroisse. Cette dernière question est très intéressante puisqu’elle n’était pas posée en général mais explicitement dans le cadre de la paroisse fréquentée habituellement par le sondé: 1 catholique sur 2 n’y voit rien à redire, alors qu’il ne s’en trouve que 1 sur 4 pour le contester.
La dernière question de ce sondage affine l’analyse et les résultats sont proprement sidérants.
Chez les missalisants réguliers (messe dominicale hebdomadaire), 24% assisteraient volontiers à la Messe célébrée selon la forme extraordinaire chaque semaine (4% une fois par mois, 2,5% pour les grandes fêtes et 40% occasionnellement).
Plus intéressant encore, 10% de ceux qui ne vont à la Messe qu’une fois par mois disent être d’accord pour assister à la forme extraordinaire chaque semaine ! Oui, vous avez bien lu : une offre généralisée en paroisse de la Messe traditionnelle ramènerait 10% de catholiques parisiens à une pratique régulière et conforme au commandement de l’Église, ce qui ferait quasiment doubler le nombre de missalisants réguliers à Paris sans qu’il soit besoin de procéder à des campagnes d’affichage dispendieuses ou à la mise en place de nouvelles pastorales-usines à gaz…
Supposons juste l’estimation selon laquelle chaque dimanche 4 000 fidèles assistent à la Messe traditionnelle à Paris (pour un nombre total de missalisants de 100 000, soit, 4% des pratiquants réguliers), les résultats apportés par ce sondage permettent d’extrapoler à 35 000 (soit le tiers) le nombre de missalisants parisiens qui pourraient assister à la forme extraordinaire chaque dimanche si l’offre était plus généreuse, c’est-à-dire dans chaque paroisse de la capitale et à un horaire normal.
Paix Liturgique a adressé au cardinal Vingt-Trois une copie de ce nouveau sondage avant de le rendre public : l’archevêque de Paris en a fait accuser réception une semaine plus tard sans commentaires particuliers… Il se trouvera certainement quelqu’un dans son entourage pour le lui expliquer afin qu’on ne l’entende plus jamais dire qu’à Paris «la demande est satisfaite» : les résultats que je viens de signaler disent tout le contraire…
Daniel Hamiche