SOURCE - Olivier Figueras - Monde et Vie - 13 mars 2010
Le monastère du Barroux réédite un manuel complet de chant grégorien à l’usage des paroisses. Une occasion pour le cardinal Canisarès, préfet de la Congrégation pour le Culte divin de réaffirmer : le rite traditionnel, c’est pour tout le monde!
Poursuivant son travail de réenracinement liturgique, l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux vient de publier – après le Missel quotidien complet il y a déjà vingt ans (mais toujours disponible), et en coédition avec l’organisme officiel du Saint-Siège en charge de la musique sacrée, la Consociatio Internationalis Musicæ Sacræ – une réédition du Missel vespéral grégorien noté, connu sous le nom de «804», tel que paru en 1956 à Solesmes, mais mis à jour selon les rubriques de 1962. Ce missel de quelque 2 336 pages comprend le texte latin et français de la messe et des vêpres de tous les dimanches et fêtes, avec les mélodies des parties chantées en notation carrée. Destiné à la forme extraordinaire du rite romain, le livre contient cependant une table de correspondance pour ceux qui voudraient l’utiliser pour chanter les pièces grégoriennes dans la forme ordinaire.
Au-delà de l’intérêt incontestable de ce missel, il convient de noter que celui-ci contient en outre une préface, en date du 18novembre 2009, du cardinal Cañizares Llovera, actuel préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
Le cardinal note tout d’abord l’intérêt de cette édition du Liber usualis. «En effet, écrit-il, puisque le dernier Concile du Vatican “reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine” qui “doit occuper la première place” (SC 116), il est important que pour la “participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même” (SC 14) les fidèles puissent disposer des instruments qui leur permettent d’atteindre ce but plus efficacement.»
Mais le cardinal ne se contente pas de ce satisfecit. Il souligne que ce 804 «va plus loin dans le sens des vœux du Saint-Père Benoît XVI, pour qui “les deux formes d’usage du rite romain peuvent s’enrichir réciproquement”, contribuant ainsi à ce que “dans la célébration de la Messe selon le missel de Paul VI, [soit] manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien”», ainsi qu’il l’indique dans la lettre aux évêques accompagnant le Motu proprio Summorum pontificum.
Enfin, le cardinal, comme il l’a déjà affirmé à plusieurs reprises, entend sortir de la dialectique qui consiste à considérer une messe en latin et en grégorien «comme rétrograde et anti-conciliaire». «Avec le Motu proprio Summorum pontificum, poursuit-il, “la volonté du Pape n’a pas été uniquement […] de se limiter à répondre aux justes aspirations des fidèles qui se sentent liés, pour diverses raisons, à l’héritage liturgique constitué par le rite romain ; il s’agissait aussi, tout particulièrement, d’ouvrir la richesse liturgique de l’Eglise à tous les fidèles, rendant ainsi possible la découverte des trésors du patrimoine liturgique de l’Eglise à ceux qui les méconnaissaient encore”.»
Le cardinal cite ici la préface qu’il avait accordée, le 8avril dernier, à l’édition espagnole du livre de Mgr Nicola Bux : La réforme de Benoît XVI. Dans cet ouvrage, cette citation se poursuivait ainsi : «Combien souvent l’attitude de ceux qui les méprisent n’a d’autre cause que cette ignorance! Voilà pourquoi, sous ce dernier point de vue, le Motu proprio garde toute sa signification bien au-delà de l’existence ou non de conflits : n’y eût-il jamais eu le moindre “traditionaliste” à satisfaire, cette “découverte” eût été suffisante pour justifier les dispositions du Pape.»
Il faudrait lire en leur entier ces deux textes du cardinal Cañizares. Ils affirment pleinement, à la suite du Motu proprio, que la forme extraordinaire du rite romain, que la messe de saint Pie?V, ne doit pas être confinée dans les sacristies traditionalistes, mais être mise à la disposition de tous les fidèles.
Il y a vingt ans, préfaçant le Missel quotidien complet édité par le Barroux, celui qui n’était alors que le cardinal Ratzinger affirmait : «Cette liturgie, dont le Pape Jean-Paul II a bien voulu concéder l’usage à tous ceux qui y sont attachés, fait partie intégrante de “la richesse que représente pour l’Eglise la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat” (cf. Motu proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988).»
Cette formulation plus restrictive n’était assurément, dans la pensée de son auteur, qu’une étape sur le chemin que Benoît XVI a désormais ouvert.
Olivier Figueras
* Missel vespéral grégorien, «804», 14 x 20 cm, relié toile, 6 signets, 2 336 pages, 2010, 55 €. Tous renseignements sur www.barroux.org.
* Voir aussi le Missel quotidien complet, 10 x 16cm, 2 088 pages, 49 € ; et La réforme de Benoît XVI, par Nicola Bux, 208 pages, 17,90 €, publié l’année dernière en français par les Editions Tempora.
Le monastère du Barroux réédite un manuel complet de chant grégorien à l’usage des paroisses. Une occasion pour le cardinal Canisarès, préfet de la Congrégation pour le Culte divin de réaffirmer : le rite traditionnel, c’est pour tout le monde!
Poursuivant son travail de réenracinement liturgique, l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux vient de publier – après le Missel quotidien complet il y a déjà vingt ans (mais toujours disponible), et en coédition avec l’organisme officiel du Saint-Siège en charge de la musique sacrée, la Consociatio Internationalis Musicæ Sacræ – une réédition du Missel vespéral grégorien noté, connu sous le nom de «804», tel que paru en 1956 à Solesmes, mais mis à jour selon les rubriques de 1962. Ce missel de quelque 2 336 pages comprend le texte latin et français de la messe et des vêpres de tous les dimanches et fêtes, avec les mélodies des parties chantées en notation carrée. Destiné à la forme extraordinaire du rite romain, le livre contient cependant une table de correspondance pour ceux qui voudraient l’utiliser pour chanter les pièces grégoriennes dans la forme ordinaire.
Au-delà de l’intérêt incontestable de ce missel, il convient de noter que celui-ci contient en outre une préface, en date du 18novembre 2009, du cardinal Cañizares Llovera, actuel préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
Le cardinal note tout d’abord l’intérêt de cette édition du Liber usualis. «En effet, écrit-il, puisque le dernier Concile du Vatican “reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine” qui “doit occuper la première place” (SC 116), il est important que pour la “participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même” (SC 14) les fidèles puissent disposer des instruments qui leur permettent d’atteindre ce but plus efficacement.»
Mais le cardinal ne se contente pas de ce satisfecit. Il souligne que ce 804 «va plus loin dans le sens des vœux du Saint-Père Benoît XVI, pour qui “les deux formes d’usage du rite romain peuvent s’enrichir réciproquement”, contribuant ainsi à ce que “dans la célébration de la Messe selon le missel de Paul VI, [soit] manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien”», ainsi qu’il l’indique dans la lettre aux évêques accompagnant le Motu proprio Summorum pontificum.
Enfin, le cardinal, comme il l’a déjà affirmé à plusieurs reprises, entend sortir de la dialectique qui consiste à considérer une messe en latin et en grégorien «comme rétrograde et anti-conciliaire». «Avec le Motu proprio Summorum pontificum, poursuit-il, “la volonté du Pape n’a pas été uniquement […] de se limiter à répondre aux justes aspirations des fidèles qui se sentent liés, pour diverses raisons, à l’héritage liturgique constitué par le rite romain ; il s’agissait aussi, tout particulièrement, d’ouvrir la richesse liturgique de l’Eglise à tous les fidèles, rendant ainsi possible la découverte des trésors du patrimoine liturgique de l’Eglise à ceux qui les méconnaissaient encore”.»
Le cardinal cite ici la préface qu’il avait accordée, le 8avril dernier, à l’édition espagnole du livre de Mgr Nicola Bux : La réforme de Benoît XVI. Dans cet ouvrage, cette citation se poursuivait ainsi : «Combien souvent l’attitude de ceux qui les méprisent n’a d’autre cause que cette ignorance! Voilà pourquoi, sous ce dernier point de vue, le Motu proprio garde toute sa signification bien au-delà de l’existence ou non de conflits : n’y eût-il jamais eu le moindre “traditionaliste” à satisfaire, cette “découverte” eût été suffisante pour justifier les dispositions du Pape.»
Il faudrait lire en leur entier ces deux textes du cardinal Cañizares. Ils affirment pleinement, à la suite du Motu proprio, que la forme extraordinaire du rite romain, que la messe de saint Pie?V, ne doit pas être confinée dans les sacristies traditionalistes, mais être mise à la disposition de tous les fidèles.
Il y a vingt ans, préfaçant le Missel quotidien complet édité par le Barroux, celui qui n’était alors que le cardinal Ratzinger affirmait : «Cette liturgie, dont le Pape Jean-Paul II a bien voulu concéder l’usage à tous ceux qui y sont attachés, fait partie intégrante de “la richesse que représente pour l’Eglise la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat” (cf. Motu proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988).»
Cette formulation plus restrictive n’était assurément, dans la pensée de son auteur, qu’une étape sur le chemin que Benoît XVI a désormais ouvert.
Olivier Figueras
* Missel vespéral grégorien, «804», 14 x 20 cm, relié toile, 6 signets, 2 336 pages, 2010, 55 €. Tous renseignements sur www.barroux.org.
* Voir aussi le Missel quotidien complet, 10 x 16cm, 2 088 pages, 49 € ; et La réforme de Benoît XVI, par Nicola Bux, 208 pages, 17,90 €, publié l’année dernière en français par les Editions Tempora.