7 février 2009





Et maintenant der Spiegel !
7 février 2009 - abbé Guillaume de Tanoüarn - ab2t
Le 28 janvier dernier, sur ce Blog, j'avais souligné que, pour Mgr Williamson, la double casquette d'évêque catholique d'une part, de prédicant mythologico-politique du négationnisme d'autre part n'était pas possible. "Il faudra qu'il choisisse".

Il me semble qu'il a choisi, en envoyant à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, par mail depuis l'Argentine, une interview vérifiée par ses avocats, dans laquelle il confirme tenir ces thèses négationnistes depuis les années 80. Il demande "du temps pour travailler" et fait état de la commande d'un livre de Jean Claude Pessac, démontrant l'impossibilité scientifique des Chambres à gaz.

Bref il est mûr pour un stage de perfectionnement de quelques mois à Teheran ! Mais qu'il ne s'y trompe pas : l'islamisme, dans ses composantes radicale est exterminationiste. J'ai pu vérifier cela de mes propres oreilles dans un taxi, entre la Gare de Lyon et la Gare Montparnasse : un colosse barbu, se disant algérien naturalisé français, m'a expliqué posément que l'extermination des juifs était dans le Coran. "Il ne faut pas le dire aux journalistes" a-t-il ajouté. Lui répondre qu'il n'y a pas trace d'extermination (le mot qu'il a employé) dans le Coran ? Je l'ai fait sans entamer sa foi. Là encore malheureusement tout est une question d'interprétation : si l'on prend tel verset de la sourate 9 à la rigueur, c'est tous les infidèles qu'il faudrait tuer... Et je crois que mon chauffeur se fondait aussi (quelqu'un a-t-il des références là dessus ?) sur des traditions plus ou moins anciennes concernant une eschatologie musulmane, assez effrayante et que les âmes simples prennent évidemment au pied de la lettre : "C'est la volonté de Dieu".

Mais revenons à Mgr Williamson. Il ne faut pas tout mélanger ! Je ne le crois pas du tout personnellement exterminationiste. Etant directeur du Séminaire de Winona, il entretenait, paraît-il, d'excellentes relations avec quelques rabbins new-yorkais, qu'il recevait dans cette citadelle de l'intégrisme catholique avec les honneurs... au grand dam de certains. Il dit au Spiegel que son problème est la vérité. Mais la vérité, pour un évêque catholique, c'est le Christ, qui efface et qui périme toute autre vérité. Prétendre chercher la vérité, tout en se rendant incapable de prêcher le Christ, comme il est en train de le faire, en soutenant l'insoutenable, c'est simplement absurde. Prétendre chercher la vérité dans Jean Claude Pessac, alors qu'il existe une imposante bibliographie sur ce que Raul Hillbert appelle "la destruction des juifs d'Europe", c'est, pour Mgr Williamson, tourner en dérision ses propres paroles.

Je suis persuadé que pour lui le fond du problème n'est pas là. J'allais dire : manifestement sa religion est faite sur le sujet. Parler de recherche de la vérité dans son cas n'a donc aucun sens.

Après cet entretien au Spiegel à paraître lundi, mais dont les bonnes feuilles circulent déjà un peu partout, il montre que ses excuses au Saint Père étaient de pure forme. A mettre ainsi gratuitement de l'huile sur le feu, il montre que l'avenir de la FSSPX, menacé d'interdiction en Allemagne, ne le concerne que de loin.

Quel est son objectif, car cette fois on est bien obligé de qualifier cet entretien au Spiegel d'action préméditée. Je dirai aussi : à quelle tentation est-il en train de succomber ?

Son objectif immédiat est d'empêcher le "ralliement" de toute la Fraternité Saint Pie X à Rome, en demeurant, comme évêque, en dehors du mouvement de retour à Rome, qui, lui, semble encore irréversible, grâce aux réactions courageuses de Mgr Fellay (la dernière : l'expulsion de l'abbé Abrahamowicz, qui, pour se solidariser avec Mgr Williamson, avait prétendu dans un journal italien que dans les Camps les fours ne servaient qu'à la désinfection).

La tentation à laquelle il succombe ? Après avoir été si longtemps mis de côté par Mgr Fellay, prendre à 68 ans la tête d'un combat planétaire, qui lui permettrait enfin d'accéder à une notoriété, sans doute diabolisée mais éclatante.

Je ne lis pas dans les coeurs, mais le choix prémédité du Spiegel me paraît particulièrement révélateur d'une démarche qui n'est plus celle d'un évêque catholique attentif au bien des âmes, mais celle d'un chef de Parti (le Parti de la négation), décidé à faire le maximum de scandale, dans le pays où cette histoire est forcément encore pour les goïm, la plus douloureuse du monde. Juste pour faire avancer son combat. Quel mépris des âmes, pour un Pasteur !

Je disais le 28 janvier : Mgr Williamson doit choisir. Il a choisi le Spiegel. Il a choisi le scandale. Il doit renoncer à son épiscopat. Le scandale est un motif canonique pour cela.