SOURCE - Abbé de Cacqueray, fsspx - Pèlerinage de Chartres à Orléans - 28 mai 2012
 
Au Nom du Père, du Fils et du Saint
      
Chers Messieurs les abbés, 
Mes bien chers fidèles,
  
Avant de  commencer mon sermon, je voudrais me 
tourner vers Monsieur l’abbé Morgan,  supérieur du district de 
Grande-Bretagne, qui a bien voulu accepter d’être  diacre à cette messe.
 Je le remercie de son  « fair-play » pour être avec nous, aujourd’hui. 
Je remercie la Sainte  Eglise Catholique, seule puissance capable 
d’éteindre les querelles dans les  cœurs des hommes et de pouvoir les 
réunir malgré les dissensions politiques du  passé. Je veux également à 
titre très particulier remercier tout spécialement  l’équipe dirigeante 
du pèlerinage qui, en plus de toute l’activité déployée  chaque année 
pour son organisation habituelle, s’est en plus occupée de prévoir  ce 
grand déplacement jusqu’ici. Il est vrai que nous sommes déçus de ne 
pouvoir  achever notre pèlerinage dans le cœur même de la ville 
d’Orléans. Mais « Tout  est grâce », chers pèlerins. Peut-être qu’en 2031, quand le pèlerinage  reviendra pour fêter le sixième centenaire du « dies natalis »
  de Jeanne, nous serons dans la cathédrale ! Consolons-nous d’ailleurs 
de  nous trouver en cet endroit car notre chère Jeanne est venue ici et 
c’est même de  ce lieu qu’elle s’est hâtée pour reprendre les premières 
bastilles anglaises, à  commencer par celle de saint-Jean-le-Blanc, 
avant d’entreprendre le siège  victorieux de la bastille des Tourelles. 
Positionnons-nous, tout comme elle, au  cours de cette messe de clôture 
de notre pèlerinage, pour nous remplir de  l’esprit de notre sainte et 
pour nous élancer courageusement sur les voies de  la sanctification 
chrétienne.   
I) Toute la  vie de Jeanne s’explique d’abord par sa foi à l’égard de ceux qui furent  envoyés du ciel vers elle :
Mais d’où viennent justement, cette grandeur,  
cette beauté, cette pureté que l’on admire dans la vie de sainte Jeanne 
d’Arc, et  qui nous attirent tellement que nous nous sommes retrouvés 
ici, si nombreux,   pour la célébrer?
  
C’était certes  une enfant privilégiée, douée 
d’un ensemble de qualités naturelles peu  communes. Elle se distinguait 
parmi ses compagnes par cette même piété que l’on  remarquait chez sa 
mère. Son intelligence, son équilibre, sa et sa modestie se  révélaient 
et l’on sentait, avec les années qui venaient, ces qualités qui  
s’épanouissaient vigoureusement et laissaient augurer l’apparition de 
l’une de  ces personnalités féminines si belles et si pures qui ont 
toujours fait honneur  à la chrétienté, qui sont le bonheur des familles
 et des sociétés catholiques.
  
Cependant nous  comprenons bien que toutes ces 
vertus, aussi admirables qu’elles soient, ne  suffisent pas à expliquer 
ce qui élève notre chère Jeanne au-dessus de toutes  les autres femmes 
de France.
  
A l’origine de  cette existence, se trouve en 
réalité une enfant qui a été mystérieusement élue  par Dieu, entre 
toutes, pour être l’instrument du salut de son pays. De son  éternité 
bienheureuse, Dieu l’a choisie et Il lui a envoyé des anges et des  
saints du Ciel, et trois d’entre eux plus spécialement, pour lui 
enseigner la  mission à laquelle Il la destine, l’instruire de son grand
 dessein sur elle. Et  voilà que cette adolescente écoute ces secrets 
divins et cette stupéfiante  mission que Dieu, de toute éternité, a 
décidé de lui confier.
  
En face de ces  envoyés qui lui viennent du Ciel,
 notre chère Jeanne ressemble tant à  la très   sainte Vierge Marie, 
lorsque, âgée de quinze ans, cette dernière reçut  la visite de l’ange 
Gabriel ! Tant de similitudes de l’une à l’autre pour  accueillir dans 
le secret de leur intérieur, dans la piété de leur âme et dans  la vive 
générosité de leur cœur, les plans cachés de la sagesse divine ! Ce  
qu’elles ont d’abord en commun, toutes les deux, c’est d’avoir cru à la 
parole  qui leur venait du Ciel.
Notre chère Jeanne  a cru à la vérité que Dieu 
venait lui dire par l’intermédiaire de ses anges et  de ses saints. Elle
 a cru que la grande pitié dans laquelle se trouvait le  royaume de 
France n’était certes pas indifférente à Dieu. Sans doute, nous ne  
pouvons le voir tant que nous sommes sur la terre, mais, de son 
éternelle  demeure, Il regarde et se trouve parfaitement  attentif à 
 tout ce qui se passe ici-bas  et jusqu’au plus profond de chaque 
conscience. Notre chère Jeanne a donc cru  qu’il y avait une terrible 
injustice en ce que le dauphin de France ne règne  pas sur la France et 
que Dieu voulait que ce dauphin cessât de douter de sa  filiation et de 
sa légitimité et fût sacré à Reims. C’était à lui et à personne  d’autre
 qu’il appartenait de régner sur la France. Elle le crut, tout  
simplement, dans l’humilité de son âme. Malgré toute l’adversité et tous
 les  renoncements qu’elle pressentit, elle n’hésita pas à prononcer son
  « fiat » et à  vouer les années  de son existence qui allait être si 
brève à accomplir la volonté que Dieu lui  avait fait connaître pour le 
salut de sa patrie.
II) Imitons  notre sainte Jeanne dans l’amour de la vérité poussé jusqu’à l’oubli de  nous-mêmes :  
C’est pourquoi,  je voudrais donc exalter, de 
notre chère Jeanne, au-delà de la délivrance  d’Orléans et de ses plus 
magnifiques chevauchées, au-delà même du sacre de  Reims et de la 
reconquête de notre patrie, et par opposition à toute  l’incrédulité 
moderne, c’est son amour de la vérité, c’est cette ferme croyance  aux 
voix qu’elle avait entendues. Et ces voix   étaient vraies et ces voix 
lui venaient de Dieu. Seul cet attachement  radical à la vérité procure 
la grande lumière pour saisir ce que fut son  existence. Il se passa 
quelque chose dans son enfance qu’elle n’avait ni  souhaité ni jamais 
imaginé et à laquelle elle n’aurait jamais pensé. Ce sont  ces anges et 
ces saints qui vinrent la trouver et lui parler pour l’instruire  et lui
 dire ce que le Roi du Ciel attendait d’elle. Ce sont ces voix qui lui  
dirent la grande et unique mission qu’elle aurait à accomplir. Notre 
chère  Jeanne n’avait rien demandé mais elle ne se crut pas en droit de 
refuser à Dieu  ce que Dieu lui demandait par l’entremise de l’archange 
et des saintes.
  
« Mais  Jeanne ! Te rends-tu compte de ce qui t’attends si tu leur dis  « oui » ?  Mais si  je leur dis « non » ; n’est-ce pas à Dieu que je désobéis ? »
  
La fillette se  laissa éduquer par les anges et 
par les saints à cette mission redoutable. Dans  le silence de son cœur 
d’enfant, elle se laissa former à l’école de l’archange  saint Michel, 
de sainte Marguerite et de sainte Catherine. Elle aurait certes  préféré
 demeurer auprès de sa mère plutôt que de partir sur la route avec des  
soldats, filer doucement la laine  plutôt  que de conquérir des 
citadelles mais elle croyait à ses voix. Qu’y pouvait-elle ?  Elle 
savait que se voix ne l’avaient pas trompée et la volonté de Dieu  
s’imposait à elle. Elle partit sur les routes de France pour mener à 
bien son  auguste mission.
  
Elle reçut ces vérités que le Bon Dieu lui a  
demandé de faire triompher et elle s’élança sans regarder en arrière. Le
  service de ces vérités lui demandait de supporter d’immenses 
sacrifices, de  mener une vie errante au milieu de troupes de soldats, 
d’être esquintée dans la  guerre par de multiples blessures, d’être 
ignominieusement insultée, de faire  l’objet d’inimitiés et de haines 
implacables jusqu’à son procès et jusqu’au  bûcher du Vieux Marché de 
Rouen. Tout cela parce qu’elle refusa de renier les  voix qui lui 
avaient parlé de la part de Dieu ; tout cela parce qu’elle  voulut, 
jusqu’à son dernier soupir, servir les vérités qui lui avaient été  
indiquées.
  
Regardons-la et  essayons de comprendre un peu. 
Demandons-lui de nous aider à comprendre. Elle  aime Dieu, elle aime 
Notre Seigneur Jésus-Christ par-dessus tout. Quand  survient l’heure de 
la prière, elle se plonge et elle se perd dans une  incomparable oraison
 où toute sa pensée, où toute son âme ou tous ses désirs  sont grand 
ouverts à Dieu, à ses grands mystères, à la Vierge Marie, aux anges  et 
aux saints. Notre chère Jeanne, elle vit littéralement en Dieu et sa vie
 est  inexplicable si l’on ignore comme elle est d’abord emplie de Dieu.
 Et quand ce  n’est pas l’heure de la prière et qu’elle doit s’occuper 
des grandes batailles  qu’elle doit mener, son cœur est encore à Dieu 
qui sans cesse l’éclaire et la  fortifie. Notre chère Jeanne, nous la 
voyons profondément humaine comme tous  les saints du firmament chrétien
 mais profondément irradiée de la grâce divine  qui l’illumine et 
illumine le monde. Notre chère Jeanne vit de la Foi, son  esprit et son 
cœur se trouvent perpétuellement à nager dans ces vérités qui  sont la 
vie de son âme. Toutes les réalités de la vie terrestre, de la vie du  
royaume et de son âme sont constamment envisagées selon les grandes 
vérités de  la Révélation.
  
Notre chère  Jeanne, toute remplie de ses 
vérités, toute attentive à ses voix quittera donc  son village de 
Domrémy  pour leur obéir.  Elle ira voir le dauphin, elle libèrera 
Orléans, elle parcourra la route  victorieuse qui mène à Reims et au 
sacre du dauphin parce qu’elle a foi en ces  voix qui lui sont venues du
 Ciel. Et lorsqu’elle sera faite prisonnière,  qu’elle sera jugée et 
qu’elle sera condamnée, jamais elle ne récusera les voix  qui lui ont 
parlé. Et lorsqu’elle montera sur le bûcher, elle y mourra pour  être 
resté fidèle aux voix qu’elle avait entendues.
  
Il apparaît  donc clairement que la 
grandeur de la vie de notre chère Jeanne, comme celle de  Notre- 
Seigneur, provient de son très grand amour de la vérité. C’est parce  
qu’elle a cru à ses voix qu’elle a fait tout ce qu’elle a fait. C’est 
parce  qu’elle a cru à ses voix et qu’elle a obéi à tout ce qu’elles lui
 disaient  qu’elle s’est attirée de grandes et terribles haines et 
qu’elle a été condamnée  à mourir à dix-neuf ans.
  
Si notre chère  Jeanne avait été moins attachée à
 la vérité de ses voix, elle se serait  peut-être montrée plus hésitante
 et plus conciliante et elle aurait peut-être  ainsi échappé à son 
épouvantable procès et à être brûlé vive. Comme  Notre-Seigneur, s’Il 
avait un peu moins défendu la vérité, s’Il avait su  habilement ne pas 
se mettre à dos les princes du Sanhédrin et les principaux  des juifs, 
aurait peut-être pu éviter sa Passion et sa crucifixion. Comme  
Monseigneur Lefebvre aussi, qui aurait pu éviter l’excommunication et 
tant de  flétrissures apparentes de sa mémoire s’il avait été un peu 
moins amoureux de  la Foi Catholique et de la messe de son ordination.
  
Mais, si Notre  divin Sauveur et ses saints 
s’étaient faits un peu plus hésitants et un peu  plus conciliants, où en
 serions-nous ? Où serions-nous allés ? S’Il  avait esquivé les 
affrontements avec les juifs pour éviter sa Passion, nous  serions tous 
en train de courir vers l’enfer ! Si notre chère Jeanne  n’avait pas été
 aussi forte, nous serions tous devenus protestants ! Si  Monseigneur 
Lefebvre, mécontent du Concile mais résigné quand même, n’avait  fondé 
sa Fraternité et n’était allé jusqu’au sacres de 1988, que resterait-il 
 de la vérité catholique ? Nous serions tous modernistes !
  
Nous sentons  bien, à l’évocation de l’exemple du
 Dieu qui s’est incarné pour nous sauver  comme à l’évocation de ses 
saints que notre amour de la vérité est finalement le  cœur de toutes 
les existences et que l’on ne peut transiger avec la vérité.
  
Car Dieu est  vérité. Et celui qui aime Dieu 
par-dessus tout  aime donc  la vérité par-dessus tout et, s’il aime la  
vérité par-dessus tout, il haït l’erreur et l’hérésie et il ne peut 
supporter  que l’on biaise avec la vérité. Le peu de détestation que 
l’on a de l’erreur  n’est en réalité que l’envers du peu d’amour que 
l’on a de la vérité. Plus l’homme  aime Dieu, plus il devient ennemi du 
mensonge. Il déteste comme la peste les  formules qui énoncent mal qui 
est Dieu et ce que sont les mystères chrétiens  sous le prétexte de ne 
pas vouloir contrister ceux qui ne croient pas car  l’honneur de Dieu 
demande de ne jamais avoir honte de dire Dieu et les mystères  divins 
comme ils le sont. Il déteste ces textes du concile Vatican II qui, sous
  un motif spécieux, celui de plaire au monde et aux fausses religions, 
ont  gravement falsifié la doctrine de vérité. 
  
Plus la vérité  est aimée – et je parle de cette 
vérité par excellence qui est celle de la foi  catholique – plus elle 
influera toute l’existence de celui  qui aime   la vérité. Elle se 
traduira dans toute son existence. L’amour de la  vérité - et ses 
corollaires qui sont la haine de l’erreur, de l’hérésie et du  mensonge-
 se trouvera à l’origine de tout ce qu’il entreprendra et il mettra  
toute sa conscience à ne pas contredire la vérité qu’il aime par des  
comportements, par des actes, par des marchandages qui lui sont 
contraires.  Etant donné que cette vérité est celle de Jésus-Christ, il 
est normal que cet  amour de la vérité lui vaille également de terribles
 inimitiés, des  détestations et des haines de la part du monde, acharné
 à lutter contre les  amis de Jésus-Christ. Si le maître a été traité 
ainsi, comment les vrais  disciples du Maître seraient-ils traités 
différemment ? Il n’est nul  besoin de les rechercher ; elles se font 
d’elles-mêmes. Plus l’amour de  Jésus-Christ grandit dans une âme, plus 
la détestation de l’esprit du monde  pour cette âme et de cette âme pour
 l’esprit du monde s’accroît également. A  l’instar de notre divin 
Sauveur, elle se trouve dans le monde, à son tour,  comme un signe de 
contradiction.
III) Imitons Jeanne par la fidélité à notre  Foi, gage de la vérité de notre vie.
En ces temps  d’apostasie, permettez à un cœur de
 prêtre, à un cœur de pasteur, qui aura à  rendre compte devant Dieu du 
troupeau qui lui a été confié de vous exprimez le  fond de ses 
préoccupations pour vous tous. Je vous ai donc dit par-dessus tout  
qu’il faut aimer la vérité.
  
Cet amour de  la vérité s’oppose au scepticisme, 
au relativisme, au subjectivisme de notre  époque. Ces termes sont 
relativement équivalents dans la réalité.
  
Le scepticisme est cette attitude de l’esprit  
qui affirme l’incapacité de l’homme à atteindre la vérité au-delà des  
apparences et des phénomènes qui l’entourent. L’homme sceptique 
considère à  l’avance tout effort de recherche du vrai comme stérile et 
voué à l’échec. Il  se réfugie dans cette commode position qui consiste à
 se placer – il le pense  au moins- au-dessus des questionnements les 
plus fondamentaux qui existent au  fond de tout homme, pour ne jamais 
prendre parti. Il s’estime d’une sagesse  raffinée à rester dans son 
doute permanent et à se moquer de toutes les quêtes  de l’esprit, 
surtout si elles sont d’ordre philosophique et religieuse, pour  
parvenir à la vérité.
  
Le sceptique  vit le temps qu’il a à passer sur 
la terre dans une sorte d’hébétude et de  démission mentale qui se 
satisfait des lieux communs et des platitudes, du prêt  à penser et des 
slogans déversés par les communications de masse. Si vous vous  essayez à
 lui faire partager l’une de vos convictions, si vous introduisez  
quelque argumentation, il vous fait regretter la salive que vous avez 
dépensée  par des formules définitives telles que « c’est ta vie » ou 
bien  « c’est ta vérité » ou encore un « je respecte ». Tels sont  
quelques-uns des apophtegmes préférés des sceptiques et le plus haut 
degré de  leur sagesse. Il n’est plus pour eux ni vérité ni erreur.
  
Ils vivent  leur vie au gré de ces modes et de 
ces tendances et le balancement qui fait  passer régulièrement notre 
pays d’un faux tribord à un vrai bâbord constitue  l’éventail maximal du
 déploiement de leurs idées. C’est ainsi que le sceptique  fut à un 
moment contre la contraception mais en faveur du divorce. Puis il fut  
contre l’avortement mais pour la contraception. Après cela, il devint 
pour  l’avortement mais contre son remboursement par la sécurité 
sociale. Il accepta ensuite  ce remboursement mais trouva quand même un 
peu exagéré la promotion du péché  contre nature. Mais, finalement, il 
trouva aussi que chacun était libre de  faire comme il voulait tout en 
s’opposant au projet de loi sur l’euthanasie car  il commençait à 
prendre de l’âge. Il avala ensuite l’adoption des enfants par  les 
pédérastes et se résigna à l’euthanasie. Son hésitation sur la question 
du  « gender » ne durera pas, le temps de quelques campagnes médiatiques
  qui emporteront son adhésion.
  
Sa vérité, à lui,  ce sont quelques formules qu 
lui plaisent parce qu’elles sont assez bien  acceptées par le consensus 
de ses pairs, parce qu’elle permettent le  « vivre ensemble » et qu’elle
 ne le contraignent pas trop. Mais le  saint patron des sceptiques, 
c’est Ponce Pilate lui-même qui répondit au Fils  de Dieu qui lui 
expliquait qu’Il était venu pour rendre témoignage à la vérité  sa 
terrible question qui n’attendait aucune réponse : « Qu’est-ce que  la 
vérité ? » Et il tourna les talons. Voilà le scepticisme !
  
J’ai assisté  un jour dans un TGV à une scène qui
 m’est restée à la mémoire, tant elle me  semblait révélatrice et 
significative de la perversion active de ce  scepticisme. Des parents 
s’y trouvaient avec leur petit garçon peut-être âgé de  cinq ans qui, un
 instant, quitta des yeux l’écran de son ordinateur pour  admirer 
l’admirable paysage de la Provence que nous traversions. Et, cet  
enfant, un frère du « Petit Prince », devant la beauté de ces  
montagnes et de ce ciel beau, tourna ravi les yeux vers ses parents pour
 leur  demander qui avait bien pu faire le ciel et les montagnes. La 
belle et légitime  question ! Mais les parents  de cet  enfant étaient 
des sceptiques. Ils rirent, fort gênés de cette question sonore  qui 
avait retenti dans la voiture avant de s’empêtrer dans une sentencieuse 
 explication sur le big bang. Le petit n’y comprit rien et reprit bien 
vite  l’ordinateur qu’il avait un instant délaissé. Le cœur désolé, je 
ne pus que  réciter un « Je vous salue Marie » pour cette petite âme dont  la naturelle interrogation avait été repoussée et bafouée.
  
Notre Foi,  quant à elle, doit devenir une Foi 
vive, suffisamment forte pour nous presser  de placer toute notre vie de
 chaque jour sous son rayonnement. Ce sont nos  prières de chaque jour, 
notre vie sacramentelle, les retraites que nous prenons  le temps 
d’aller faire. C’est le souci d’éviter les comportements, les loisirs,  
les tenues du monde. Nous devons exprimer la dignité qui est celle de 
notre âme  et de notre corps, temple du Saint-Esprit, par la manière 
convenable avec  laquelle nous nous vêtons. Nous devons honorer la 
distinction que Dieu a faite  entre les hommes et les femmes en portant 
des vêtements qui expriment cette  distinction. Enfin, nous ne devons 
pas être des occasions de péchés les uns  pour les autres par tes tenues
 indécentes qui provoquent au péché.
  
Je ne veux pas  dresser maintenant une liste de 
recommandations. Je voudrais simplement que  nous demandions, les uns 
pour les autres, cet esprit de notre chère Jeanne. Je  crois que j’en 
vois quelques beaux rejetons quelques fois lorsque j’observe la  foi qui
 meut la vie de nos familles chez qui la vie chrétienne, simple, modeste
  et robuste est entièrement fondée sur le Christ.
  
Je l’ai vue  également ces derniers mois lorsque 
des centaines de jeunes gens saisis par une  sainte indignation n’ont 
pas accepté, méprisant toute autre considération  humaine, de voir 
l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ bafoué et ils sont  allés 
jusqu'au bout de tout ce qu’ils pouvaient faire pour que cesse le  
scandale. Je pense que notre chère Jeanne n’aurait pas été la dernière 
mais  plutôt la première.
  
Qu’est-ce que  vous en pensez ? N’est-ce pas le 
plus bel esprit français que celui de  notre chère Jeanne ? Et n’est-on 
pas dans le lieu le plus indiqué et en  une journée tout indiquée pour 
demander à notre chère Jeanne de reconstituer  son armée et de lui 
demander d’en reprendre la tête. Imaginez que cet esprit  devienne celui
 de toute la Tradition et que nous soyons les uns et les autres  mus par
 la même passion de servir Dieu que notre chère Jeanne, que nous  
fassions en Dieu la même confiance qu’elle ? Dieu le veut, Charlemagne 
le  veut, notre chère Jeanne le veut.
  
C’est ce que  nous demandons de tout notre cœur, 
pour nous tous, au Cœur Douloureux et  Immaculé de Marie : qu’elle nous 
remplisse de l’esprit de notre chère  Jeanne ! 
Au  Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Ainsi-soit-il.
  
Abbé Régis de Cacqueray