SOURCE - Daniel Hamiche - Riposte Catholique - 12 mai 2012
Fondé en 1920, Catholic News Service (CNS) possède une curieuse particularité : il est en grande partie financée par la Conférence épiscopale des États-Unis (la United States Conference of Catholic Bishops, USCCB) mais possède une rédaction indépendante d’elle. Je dis « en grande partie » car elle vend aussi ses articles à la presse… diocésaine américaine. Directement et indirectement son existence dépend donc de l’épiscopat américain dont, autre paradoxe, certains membres éminents critiquent assez fréquemment ses choix éditoriaux ou son traitement de l’information. Catholic Culture s’interrogeait, tout récemment, sur un CNS « grassement financée » par l’USCCB mais se permettant “d’épingler” fort injustement son président, le cardinal Timothy Dolan… Pas ouvertement “progressiste”, la rédaction de CNS est loin d’être un parangon de l’orthodoxie et encore plus loin d’être ce qu’on qualifie aux États-Unis de « Tradi Friendly » (amical pour les traditionalistes) ! C’est pourquoi son article d’hier construit autour d’un entretien avec le supérieur général de la FSSPX, Mgr Bernard Fellay, n’a pas manqué d’être remarqué dans le monde catholique américain. Un des journalistes de CNS, Francis X. Rocca, a, en effet, publié un article titré « Un dirigeant traditionaliste déclare que son groupe pourrait se diviser sur un accord avec Rome », le journaliste semblant être allé interroger le prélat à Menzingen, en Suisse, où est situé le siège de la maison généralice de la FSSPX. Même s’il n’est pas fait directement allusion à l’événement, cet article mis en ligne hier 11 mai semble être une confirmation oblique de plusieurs points apparaissant sur la réponse du 14 avril de Mgr Fellay à la lettre du 7 précédent des trois autres évêques de la FSSPX, deux documents d’importance que le blogue Summorum Pontificum Observatus de Riposte Catholique a opportunément mis en ligne le 10 mai mais qui étaient déjà disponibles sur l’Internet un ou deux jours auparavant. Deux documents tout ce qu’il y a d’authentique mais dont, vraisemblablement la “fuite” a été organisée alors que tout semble indiquer que Rome est à quelques jours de la déclaration d’une décision de réintégration de la FSSPX dans le “périmètre visible” de l’Église, malgré des oppositions internes à la volonté de Benoît XVI, et d’autres qui le sont à celle de Mgr Fellay, oppositions internes à la FSSPX que le prélat ne manque pas d’évoquer dans cet entretien à CNS, confirmant ce “secret de polichinelle” connu de tous les spécialistes de la question depuis longtemps… Voici donc la traduction intégrale et la plus précise possible de l’article de CNS.
Fondé en 1920, Catholic News Service (CNS) possède une curieuse particularité : il est en grande partie financée par la Conférence épiscopale des États-Unis (la United States Conference of Catholic Bishops, USCCB) mais possède une rédaction indépendante d’elle. Je dis « en grande partie » car elle vend aussi ses articles à la presse… diocésaine américaine. Directement et indirectement son existence dépend donc de l’épiscopat américain dont, autre paradoxe, certains membres éminents critiquent assez fréquemment ses choix éditoriaux ou son traitement de l’information. Catholic Culture s’interrogeait, tout récemment, sur un CNS « grassement financée » par l’USCCB mais se permettant “d’épingler” fort injustement son président, le cardinal Timothy Dolan… Pas ouvertement “progressiste”, la rédaction de CNS est loin d’être un parangon de l’orthodoxie et encore plus loin d’être ce qu’on qualifie aux États-Unis de « Tradi Friendly » (amical pour les traditionalistes) ! C’est pourquoi son article d’hier construit autour d’un entretien avec le supérieur général de la FSSPX, Mgr Bernard Fellay, n’a pas manqué d’être remarqué dans le monde catholique américain. Un des journalistes de CNS, Francis X. Rocca, a, en effet, publié un article titré « Un dirigeant traditionaliste déclare que son groupe pourrait se diviser sur un accord avec Rome », le journaliste semblant être allé interroger le prélat à Menzingen, en Suisse, où est situé le siège de la maison généralice de la FSSPX. Même s’il n’est pas fait directement allusion à l’événement, cet article mis en ligne hier 11 mai semble être une confirmation oblique de plusieurs points apparaissant sur la réponse du 14 avril de Mgr Fellay à la lettre du 7 précédent des trois autres évêques de la FSSPX, deux documents d’importance que le blogue Summorum Pontificum Observatus de Riposte Catholique a opportunément mis en ligne le 10 mai mais qui étaient déjà disponibles sur l’Internet un ou deux jours auparavant. Deux documents tout ce qu’il y a d’authentique mais dont, vraisemblablement la “fuite” a été organisée alors que tout semble indiquer que Rome est à quelques jours de la déclaration d’une décision de réintégration de la FSSPX dans le “périmètre visible” de l’Église, malgré des oppositions internes à la volonté de Benoît XVI, et d’autres qui le sont à celle de Mgr Fellay, oppositions internes à la FSSPX que le prélat ne manque pas d’évoquer dans cet entretien à CNS, confirmant ce “secret de polichinelle” connu de tous les spécialistes de la question depuis longtemps… Voici donc la traduction intégrale et la plus précise possible de l’article de CNS.
Le
dirigeant d’un groupe séparé de catholiques traditionalistes a évoqué,
en des termes inhabituellement encourageants, une réconciliation
envisagée avec Rome, mais a admis une résistance interne importante à
une telle démarche, qui, a-t-il déclaré, pourrait mener ce groupe à se
diviser.
L’évêque Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité [sacerdotale] Saint-Pie X, a évoqué pour Catholic News Service
le 11 mai au siège de la société en Suisse les péripéties les plus
récentes des efforts de réconciliation avec Rome qui durent depuis deux
ans.
La Fraternité [l’anglais met Society puisque c’est sous le nom de Society of St. Pius X, SSPX qu’elle est connue dans le monde anglo-saxon] s’est, en effet, séparée de Rome en 1988 quand son fondateur, feu l’archevêque Marcel Lefebvre, ordonna quatre évêques sans la permission du bienheureux Jean-Paul II, en protestation contre les changements de modernisation qui suivi le concile de Vatican II de 1962 à 1965.
En avril, la Fraternité a répondu à un
« préambule doctrinal » stipulant l’accord du groupe sur certains
enseignements de l’Église, incluant vraisemblablement des éléments de
l’enseignement de Vatican II, comme condition préalable à la
réconciliation. Le Vatican n’a toujours pas donné sa réponse mais le
directeur du bureau de presse du Vatican a initialement qualifié cette
dernière position de « pas en avant ».
Cependant, la Fraternité n’est guère unie
sur la position de son dirigeant. En avril, selon une lettre qui est
apparue sur l’Internet le 10 mai, les trois autres évêques de la
Fraternité ont mis en garde l’évêque Fellay que la proposition du
Vatican d’ériger le groupe en prélature personnelle – un statut que ne
détient actuellement que l’Opus Dei – constituait un « piège », et ils le pressaient d’y répondre négativement.
« Il existe quelques divergences dans la Fraternité, a déclaré l’évêque Fellay à CNS. Je ne peux pas exclure que puisse se produire une scission ».
Mais l’évêque défend sa position globalement favorable à l’offre du Vatican contre les objections de ses pairs.
« Je crois que l’initiative du Saint
Père – car elle est vraiment venue de lui – est sincère. Il ne semble
pas qu’il y ait un quelconque piège » nous déclare-t-il. « Nous devons donc l’examiner de très près et, si possible, avancer ».
Il met toutefois en garde que les deux
parties ne sont toujours pas parvenues à un accord et que des garanties
non précisées de la part du Vatican sont toujours en attente. Il nous a
déclaré que ces garanties étaient liées aux usages liturgiques et aux
enseignements traditionnels de la Fraternité, parmi d’autres domaines.
« La chose n’est pas encore réglée » a déclaré d’évêque. « Nous
avons un peu besoin de comprendre raisonnablement comment la structure
et les conditions proposées pourront fonctionner. Nous n’avons pas
l’intention de nous y suicider, cela est très clair ».
L’évêque Fellay a insisté sur le fait que l’élan pour trouver une solution vient du pape Benoît XVI.
« Personnellement, j’aurais souhaité attendre un peu plus pour voir plus clairement ces choses, nous a-t-il déclaré, mais, une fois de plus, il semble vraiment que le Saint Père veuille que cela se fasse maintenant ».
L’évêque Fellay a exprimé en termes appréciateurs ce qu’il décrit être les efforts du pape pour corriger les déviations « progressistes » dans l’enseignement et la tradition catholiques depuis Vatican II. « Avec
beaucoup, beaucoup de délicatesse il s’efforce de ne pas casser les
choses, mais il s’efforce aussi d’y apporter quelques importants
correctifs ».
Bien qu’il n’accepte pas d’avaliser l’interprétation de Vatican II du pape Benoît XVI
comme essentiellement en continuité avec la tradition de l’Église – une
position que beaucoup dans la Fraternité ont contesté haut et fort –,
l’évêque a parlé de cette idée en termes notablement sympathiques.
« Je l’espère bien » a-t-il répondu quand on lui a demandé si Vatican II lui-même appartenait à la tradition catholique.
« Le pape dit que (…) le concile doit
être replacé dans la grande tradition de l’Église, qu’il doit être
compris en accord avec elle. Ce sont des déclarations avec lesquelles
nous sommes complètement d’accord, entièrement, absolument » a déclaré l’évêque. « Le
problème pourrait se situer dans l’application, c’est-à-dire : est-ce
que ce qui se passe vraiment est en cohérence et en harmonie avec la
tradition ? ».
Insistant sur le fait que « nous ne voulons pas être agressifs, nous ne voulons pas être provocateurs », l’évêque Fellay nous a déclaré que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X a « servi de signe de contradiction »
au cours de la période où l’influence progressiste augmentait dans
l’Église. Il laisse ouverte la possibilité que le groupe pourra
continuer à jouer un tel rôle même après la réconciliation avec Rome.
« Des gens nous accueillent désormais, des gens nous accueilleront et d’autres pas » nous a-t-il déclaré. « Si nous constatons des divergences dans la Fraternité, il y a incontestablement (des divisions) dans l’Église catholique ».
« Mais nous ne sommes pas seuls » à œuvrer pour « défendre la foi » nous a dit l’évêque. « C’est
le pape lui-même qui le fait ; c’est cela sa tâche. Et si on nous
appelle à aider le pape à cette fin, qu’il en soit ainsi ».