SOURCE - Régis de Cacqueray, fsspx - Fideliter (n°207) - mai 2012
Benoît XVI, dans son homélie du 5 avril 2012 pour la messe chrismale, a rappelé que la parole de l'Église enseignante est une aide pour transmettre avec rectitude dans le présent le message de la foi. Notre premier réflexe, à la lecture de cette exhortation, est de nous réjouir de son souci d'un enseignement droit et profond. Cependant, le pape caractérise aussitôt la matière qui doit être transmise par l'Église enseignante. Hélas, il s'agit toujours de la même chose!
Benoît XVI, dans son homélie du 5 avril 2012 pour la messe chrismale, a rappelé que la parole de l'Église enseignante est une aide pour transmettre avec rectitude dans le présent le message de la foi. Notre premier réflexe, à la lecture de cette exhortation, est de nous réjouir de son souci d'un enseignement droit et profond. Cependant, le pape caractérise aussitôt la matière qui doit être transmise par l'Église enseignante. Hélas, il s'agit toujours de la même chose!
« Les
textes du concile Vatican II et le
Catéchisme de l'Église catholique
sont les instruments
essentiels qui nous indiquent de manière
authentique ce que l'Église croit à partir
de la Parole de Dieu. Et, naturellement
aussi, tout le trésor des documents que le
pape Jean-Paul II nous a donné, et qui est
encore loin d'avoir été exploité jusqu'au
bout, en fait partie.»
Il est évidemment éloquent de constater
que les références de « la parole
de l'Église enseignante »
citées par Benoît XVI restent
uniquement et toujours
celles du concile Vatican II,
du Catéchisme de l'Église
Catholique et des documents
de Jean-Paul II. Le pape ne voit-il
donc toujours pas les conséquences
calamiteuses de la
nouvelle religion qui a été mise
en place depuis un demi-siècle
dans l'Église ? Le cardinal
Ratzinger n'avait-il pas fait part
de sa vive préoccupation du
triste état où se trouve réduite
la barque de Pierre ? Pourquoi
alors exciper encore et toujours
de ces textes récents qui
ont provoqué le malheur des
catholiques?
Il est vrai que notre espérance
était – elle reste encore – que le pape, à un moment donné, soit contraint de remonter des effets à la cause, c'est-à-dire de la catastrophe post-conciliaire au concile Vatican II. Mais, dans ce sermon de la messe chrismale, on en vient à s'interroger
sur le regard qu'il porte en réalité
sur le paysage actuel de l'Église. Le voit-il vraiment pour ce qu'il est, dévasté par les
hérésies et par une victoire toujours plus
impudente de l'esprit du monde ? Nous
pouvons en douter car il y dit également :
« Celui qui regarde l'histoire de l'époque
post-conciliaire, peut reconnaître la dynamique
du vrai renouvellement,
qui a souvent pris des formes
inattendues dans des mouvements
pleins de vie et qui rend
presque tangible la vivacité
inépuisable de la sainte Église,
la présence et l'action efficace
du Saint-Esprit.»
Nous ne savons pas, au
juste, quels sont ces mouvements pleins de vie que le pape distingue dans l'époque post-conciliaire. Quant à nous, nous constatons au contraire l'extinction et la mort programmée, faute de vocations, de congrégations et d'instituts religieux prestigieux. Nous assistons à la disparition de paroisses et de diocèses entiers. Les populations sont redevenues païennes, les enfants ne sont plus baptisés. Et ce
ne sont certes pas les grands rassemblements
fortement médiatisés, du style
des JMJ ou des rassemblements charismatiques
qui doivent faire illusion ! Même
s'ils se tenaient dans la pénitence et dans
la ferveur – et ce n'est pas le cas – ils sont
bien incapables de remplacer le patient
travail de christianisation des populations
qui se faisait sous la houlette des curés
des paroisses d'autrefois.
Il faut bien le dire. Le pape
Benoît XVI demeure dans de
profondes et graves illusions.
La première est de croire
vivaces ces mouvements dont
les formes inattendues sont en
réalité celles d'un christianisme
assez dégénéré. La deuxième
est de croire encore, et avec obstination,
que les enseignements du concile
et du magistère post-conciliaire peuvent
servir de lumière dans la nuit où sont plongés
les esprits alors qu'ils ne la rendent
que toujours plus sombre.
Quant à nous, nous devons continuer à
nous nourrir de la foi pure et, en conséquence,
nous défier comme de la peste
des nouveautés introduites par le concile Vatican II et par les papes qui ont suivi le concile. C'est la foi qui est notre grand trésor et nous devons nous dresser contre
tout ce qui pourrait la diminuer ou la
mettre en péril.
Abbé Régis de Cacqueray +, Supérieur du District de France