SOURCE - Ennemond - Fecit - 14 mai 2012
A mon avis, contrairement à ce que vous avancez, l'abbé Michel Simoulin est un témoin très important de la vie de Mgr Lefebvre. L'archevêque, quand il n'était pas en voyage, vivait à Ecône. Par conséquent les supérieurs du séminaire sont ceux qu'ils l'ont vraiment connu de très près et qui ont reçu le plus d'indications pour l'avenir. Ils prenaient chaque jour leurs repas en face de lui, discutaient chaque jour de la situation de l'Eglise. L'abbé Simoulin, directeur de 1988 à 1996 à la suite de l'abbé Lorans, a même assisté en compagnie de l'abbé Schmidberger aux derniers instants du fondateur.
Pour ce qui est du fameux passage où Mgr Lefebvre affirme que Rome a perdu la foi et que les sédévacantistes citent tellement qu'ils montrent qu'il est finalement unique en la matière, je vous rappelle qu'un mois plus tard, le fondateur de la FSSPX a donné lors d'une occasion solennelle - le sermon de ses 40 ans d'épiscopat - une version différente
Mgr Lefebvre raconte autrement l'entretien avec le card. Ratzinger de son entrevue avec le cardinal Ratzinger - par Ennemond / FECIT - 31 mars 2012
Ce n'était pas en privé, mais à l'occasion du sermon de la cérémonie de ses 40 ans d'épiscopat, c'est-à-dire à la fin du mois de septembre 1987, quelques jours après avoir fait cette conférence dans laquelle il disait que la collaboration était impossible :
" C’est ce que je disais au cardinal Ratzinger le 14 juillet dernier : Éminence, voyez-vous, il est très difficile que nous puissions nous entendre parce que vous, vous êtes pour la diminution du règne de Notre Seigneur Jésus Christ, pour qu’on n’en parle pas, pour qu’on fasse silence. Dans la société civile, qu’on ne parle pas du règne de Notre Seigneur afin que toutes les religions puissent se trouver à l’aise dans nos sociétés et qu’il n’y ait pas seulement : Notre Seigneur Jésus Christ, donc la religion catholique. Il ne faut pas abuser de ce règne social de Notre Seigneur Jésus Christ afin que les juifs, les musulmans, les bouddhistes, ne soient pas offusqués par la croix et par la foi en Notre Seigneur Jésus Christ. Voilà notre attitude. Eh bien, pour nous, c’est exactement le contraire. Nous voulons que Notre Seigneur Jésus Christ règne parce qu’il est le seul Dieu, parce qu’il n’y a pas d’autre Dieu, parce que quand nous mourrons, nous nous trouverons dans l’Éternité, il n’y aura pas d’autre Dieu qui se présentera à nous que Notre Seigneur Jésus Christ, qui sera notre juge. Tu solus Dominus, Tu solus Altissimus, nous l’avons chanté encore il y a un instant dans le Gloria. Il n’y a pas d’autre Dieu. Ce n’est pas Bouddha qui ne recevra au Ciel. Ce n’est pas Mahomet, ce n’est pas Luther. C’est Notre Seigneur Jésus Christ, celui qui nous a créé, celui qui fait que nous sommes sur la Terre, celui qui nous a rachetés et celui qui nous attend dans l’éternité. Alors nous voulons qu’Il règne ! Que votre volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel, sur la Terre comme au Ciel. Et Dieu sait si la volonté du Bon Dieu est faite au Ciel. Si elle est faite au Ciel, elle doit être faite sur la Terre aussi. Que votre volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel. Que votre règne arrive. Voilà ce que j’enseigne, j’ai dit au cardinal, voilà ce que j’enseigne à mes séminaristes. Et voilà ce qu’ils ont dans le cœur. Ils n’ont qu’un souci, qu’un désir : de faire un apostolat pour le règne de Notre Seigneur Jésus Christ, dans les familles, dans les âmes, dans la société. Que Jésus Christ règne partout. C’est cela. C’est pourquoi il est bien difficile que nous nous entendions. Votre œcuménisme ruine la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus Christ et c’est pourquoi le livre que j’ai écrit récemment a pour titre : Ils l’ont découronné. Ils ont découronné Notre Seigneur Jésus Christ. Il donne l’explication de cette situation que nous vivons aujourd’hui. Mais, à cette occasion, il semble que, par une circonstance particulière, par des instances qui ont été faites par certains cardinaux, par certains évêques auprès du Saint Père pour dire : Mais il faut quand même finit avec cette affaire de la Tradition, avec cette affaire d’Écône. Il faut en finir ! Ce ne sont tout de même pas des ennemis de l’Eglise. Il faut profiter de ces forces vives qui se trouvent dans cette Fraternité sacerdotale Saint Pie X, pour le bien de l’Église. Vous ne pouvez pas laisser ça indéfiniment. Alors que tout croule partout, lorsqu’on voit dans le monde entier, les échos, les voyages du Saint Père aux États-Unis, et la situation de l’immoralité aux États-Unis qui est effarante, même dans les milieux catholiques, même dans les séminaires, inimaginable ! absolument inimaginable, alors ! Où va-t-on trouver la renaissance de l’Église ? Pas dans ces séminaires où on prône l’homosexualité ? Dans les séminaires ! Il faut savoir retrouver le vrai sens de la foi, la vraie vertu de Notre Seigneur Jésus Christ. Alors je pense qu’il y a eu des instances fortes qui ont été faites auprès de Rome. Et c’est ainsi que jamais comme le 14 juillet, on nous a présenté des solutions qui sont extraordinaires. Alors je pense qu’il y a un dialogue nouveau qui s’instaure. Et priez, mes bien chers frères ! Priez pour que ce dialogue aboutisse, une solution qui soit pour le bien de l’Église. Ne cherchons pas autre chose. Ne cherchons pas le bien de la Fraternité. Il ne s’agit pas de la Fraternité ici, il s’agit du bien de l’Église, du salut des âmes, du salut des familles chrétiennes, du salut des sociétés chrétiennes. Alors, nous espérons que, dans ce climat nouveau, qui s’est instauré depuis quelques semaines, eh bien, des solutions nouvelles pourront surgir. C’est un petit espoir. Ô, je ne suis pas d’un optimisme exagéré, parce que, précisément, ce sont deux courants qui s’opposent. Il est bien difficile de les accorder. Mais si Rome veut bien nous donner une véritable autonomie – celle que nous avons maintenant – mais avec la soumission – nous voudrions, nous avons toujours voulu être soumis au Saint-Père, pas question de mépriser l’autorité du Saint-Père, au contraire – mais on nous a comme jetés dehors, parce que nous étions traditionalistes. Eh bien, si, comme je l’ai souvent demandé, Rome accepte de nous laisser faire l’expérience de la Tradition, eh bien, il n’y aura plus de problème. Nous serons libre de continuer le travail comme nous le faisons maintenant sous l’autorité du Souverain Pontife. Évidemment, cela suppose des solutions qu’il faut voir, qu’il faut discuter, qui ne sont pas faciles à régler dans les détails. Mais, avec la grâce du Bon Dieu, il est possible que nous trouvions une solution qui nous permette de continuer notre travail, sans abandonner notre foi ! Sans abandonner cette lumière ! cette lumière dont je vous parlais qui a été celle de mes quarante ans d’épiscopat, qui est le règne de Notre Seigneur Jésus Christ. Nous voulons vivre, je dirais, un peu le Ciel. Puisque nous sommes faits pour aller au Ciel, il faut bien que nous nous y préparions ici-bas."