SOURCE - Samuel Pruvot - Famille Chrétienne - 14 mai 2012
Pour l’auteur de Rome et les lefebvristes,
la lettre du supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X –
dévoilée par les indiscrétions site américain cathinfo.com – prouve sa
volonté de se réconcilier avec Rome, en opposition avec les autres
évêques de la Fraternité.
Cet échange de lettres entre les évêques de la Fraternité Saint-Pie-X révèle une fracture profonde concernant les relations avec Rome. D’où vient cette division ?
Il me semble que Mgr Fellay,
supérieur de la fraternité, s’est toujours distingué de ses trois
confrères évêques, par un souci authentique de réconciliation avec Rome.
Il considère comme anormale une séparation à l’égard du siège
apostolique, alors que toute la doctrine de la fraternité est
sous-tendue par la fidélité à la continuité de l’Église, et donc au
successeur de Pierre.
Les trois autres évêques me paraissent
plus animés du souci de poursuivre leur lutte implacable contre le
concile Vatican II, dont ils ne cessent de dénoncer les erreurs.
Les opposants à Mgr Fellay sentent le sol se dérober sous leurs pieds. Ils ont l’impression qu’ils vont se rendre à Canossa. Il est vrai que le supérieur général prend des risques en acceptant les propositions de Rome, il va à revers de toute cette mentalité contre-réformatrice. Lorsque pendant des décennies, on n’a cessé de vitupérer contre le concile, les évêques et même le pape, il est difficile d’entrer dans ce qu’on pourrait appeler une logique de ralliement.
En même temps, on ne peut sous-estimer le prestige de Mgr Fellay qui incarne tout de même l’héritage de Mgr Lefebvre. Dès lors que le supérieur de la Fraternité lance toutes ses forces au service de la réintégration, on peut présumer qu’il pourra ébranler une bonne partie de son troupeau. Mais la perspective d’un déchirement de la Fraternité n’est pas à exclure, les opposants étant déterminés à ne pas abdiquer.
Deux visions de Mgr Lefebvre et du concile se font jour. Laquelle semble la plus conforme au discours habituel de la FSSPX ?La plus conforme au discours habituel est, d’évidence, la posture polémique. Toute l’histoire de Mgr Lefebvre, ainsi que de l’œuvre qu’il a créée, ne s’explique que par une opposition frontale, incessante, contre les déviations de l’Église conciliaire. Si la fraternité entrait dans un cadre canonique, beaucoup penseraient qu’elle perdrait sa liberté de critique et qu’elle serait ainsi progressivement « normalisée ».
Les opposants à Mgr Fellay sentent le sol se dérober sous leurs pieds. Ils ont l’impression qu’ils vont se rendre à Canossa. Il est vrai que le supérieur général prend des risques en acceptant les propositions de Rome, il va à revers de toute cette mentalité contre-réformatrice. Lorsque pendant des décennies, on n’a cessé de vitupérer contre le concile, les évêques et même le pape, il est difficile d’entrer dans ce qu’on pourrait appeler une logique de ralliement.
J’avoue que c’est pour moi l’inconnu. Il vaudrait mieux être sur place pour mieux apprécier l’opinion de la base et celle des prêtres, celle-ci comptant évidemment beaucoup. Si l’on observe les écrits des prêtres officiant à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, on est frappé par leur ton souvent très vif, et même vindicatif à l’égard du pape lui-même. Le site officiel de la fraternité (La Porte latine) publie régulièrement des interventions des abbés Beauvais et de Cacqueray, qui apparaissent comme des actes de résistance à l’égard du processus actuel de réconciliation.En cas d’accord avec Rome, peut-on imaginer un ralliement massif des supérieurs et des prêtres de la FSSPX, dans les conditions actuelles ?
En même temps, on ne peut sous-estimer le prestige de Mgr Fellay qui incarne tout de même l’héritage de Mgr Lefebvre. Dès lors que le supérieur de la Fraternité lance toutes ses forces au service de la réintégration, on peut présumer qu’il pourra ébranler une bonne partie de son troupeau. Mais la perspective d’un déchirement de la Fraternité n’est pas à exclure, les opposants étant déterminés à ne pas abdiquer.
Samuel Pruvot