SOURCE - Abbé Jean Marie Salaün - "La Voix des Clochers" - mis en ligne par La Porte Latine - Mars/avril 2011
Le glas de l‘école libre catholique sonna le dernier jour de l’année 1959, quand les évêques français acceptèrent les subsides de l’Etat et sacrifièrent en contre-partie leur propre pédagogie et la formation des maîtres. Il n’est donc pas étonnant de constater une grande ignorance de ce qu’est une école catholique puisque cela fait 50 ans qu’elles ont disparu.
Ces quelques pages ont pour but de donner les caractériques d’une école catholique et par contraste de mettre en évidence les déficiences des écoles sous le contrôle de l’Etat. Néanmoins vouloir parler de l’école sans donner une définition précise de l’éducation et du rôle de l’Eglise, serait vain : de cette compréhension dépend tout le reste.
L’éducation
Le pape Pie XI dans son encyclique Divini illius magistri consacrée à l’éducation chrétienne des enfants la définit ainsi : elle consiste essentiellement dans la formation de l'homme, lui enseignant ce qu'il doit être et comment il doit se comporter dans cette vie terrestre pour atteindre la fin sublime en vue de laquelle il a été créé, il est clair qu'il ne peut y avoir de véritable éducation qui ne soit tout entière dirigée vers cette fin dernière.
L’Eglise, la famille et la société civile ont pour mission de veiller à l’éducation même si leurs prérogatives sont bien distinctes et leurs rôles subordonnés, sans rivalité et encore moins d’opposition. Quant à l’école, sa nature propre est d’être une institution auxiliaire et complémentaire de la famille et de l’Église. La société civile n’a vis-à-vis de l’école qu’un rôle secondaire, celui de faciliter la tâche éducatrice de la famille et de l’Eglise et de protéger les droits propres à ces deux sociétés.
Le rôle de l’Eglise
L’éducation en raison de sa finalité ultime, la vie éternelle, appartient donc d'une manière suréminente à l’Eglise. Les parents, à qui revient l’éducation de par le droit naturel, ne jouissent pas dans ce domaine de pouvoirs absolus ou arbitraires car leur pouvoir est inséparablement subordonné à la fin dernière et à la loi naturelle et divine.
L’école tombe de plein droit sous le contrôle de l’Eglise comme le rappelait Pie XI : c'est un droit inaliénable de l'Eglise et en même temps un devoir, dont elle ne peut se dispenser, de veiller sur l'éducation de ses fils, les fidèles, en quelque institution que ce soit, publique ou privée, non seulement pour ce qui regarde l'enseignement religieux qu'on y donne, mais aussi pour toute autre matière ou organisation d'enseignement, dans la mesure où ils ont rapport à la religion et à la morale… Même l'éducation physique elle-même, ne doit pas être considérée comme étrangère à son magistère maternel, précisément parce qu'elle est un moyen qui peut servir ou nuire à l'éducation chrétienne.
C’est donc bien à l’Eglise en raison de sa mission éducatrice et son expérience bimillénaire, qu’il faut demander les caractéristiques d’une école catholique puis toujours à la lumière de son Magistère, dénoncer les abus de pouvoir de l’Etat en matière d’éducation.
Les caractéristiques d’une école chrétienne
Le seul fait qu’il s’y donne une instruction religieuse, explique Pie XI, ne suffit pas pour qu’une école puisse être jugée conforme aux droits de l’Église et de la famille chrétienne, et digne d’être fréquentée par les enfants catholiques… Il est nécessaire que tout l’enseignement, toute l’ordonnance de l’école, personnel, programmes et livres – en tout genre de discipline soient régis par un esprit vraiment chrétien, sous la direction et la maternelle vigilance de l’Église, de telle façon que la religion soit le fondement et le couronnement de tout l’enseignement à tous les degrés, non seulement élémentaire mais moyen et supérieur.
Quant aux écoles laïques, le pape les condamne radicalement : l'école dite neutre ou laïque, d'où est exclue la religion, est contraire aux premiers principes de l'éducation. Une école de ce genre est d'ailleurs pratiquement irréalisable, car, en fait, elle devient irréligieuse….Nous renouvelons et confirmons les déclarations de Pie IX et Léon XIII et, avec elles, les prescriptions des sacrés canons : La fréquentation des écoles non catholiques, ou neutres ou mixtes (celles à savoir qui s'ouvrent indifféremment aux catholiques et non-catholiques, sans distinction), doit être interdite aux enfants catholiques ; elle ne peut être tolérée qu'au jugement de l'Ordinaire, dans des circonstances bien déterminées de temps et de lieu et sous de spéciales garanties.
Un esprit de foi et de piété
Parmi toutes les qualités que doit posséder une école catholique, le pape Léon XIII mentionne comme « indispensable », non seulement des cours de doctrine à des heures déterminées, mais aussi que tout le reste de la formation soit imprégné de piété chrétienne. Sans cela, si ce souffle sacré ne pénètre pas et ne réchauffe pas l'esprit des maîtres et des disciples, la science, quelle qu'elle soit, sera de bien peu de profit ; souvent même il n'en résultera que des dommages sérieux.
C’est pour cette raison que l’école « neutre » ne peut exister concrètement. L‘absence d’enseignement religieux, de référence à la foi chrétienne, la réduction de Dieu à une simple opinion ou l’instruction religieuse réduite à une matière à option dans les écoles soit disant « libres » conduit tout droit à l’indifférentisme, au rationalisme et à l’athéisme. Cette indépendance des sciences par rapport à la foi ou plus exactement cette opposition entre la science et la foi ne peut être que destructrice de la foi dans les jeunes esprits.
Une formation à la vertu
L’école pour répondre à son oeuvre éducatrice ne peut se contenter de dispenser un enseignement théorique en conformité avec la foi, mais elle doit aider l’enfant à pratiquer les vertus morales ou cardinales que sont la prudence, la justice, la tempérance et la force. Pour y parvenir on ne peut faire abstraction des blessures du péché originel et des remèdes apportés par Notre Seigneur Jésus Christ. L’éducateur doit donc corriger les inclinations déréglées, développer et discipliner les bonnes, fortifier la volonté par le secours de la grâce. La place de la Messe, de la prière tout au long de la journée et des sacrements est donc essentielle dans une école. Nier ces réalités serait tomber dans un naturalisme pernicieux dénoncé par Pie XI : Est donc faux tout naturalisme pédagogique qui, de quelque façon que ce soit, exclut ou tend à amoindrir l'action surnaturelle du christianisme dans la formation de la jeunesse ; erronée toute méthode d'éducation qui se base, en tout ou en partie, sur la négation ou l'oubli du péché originel ou du rôle de la grâce, pour ne s'appuyer que sur les seules forces de la nature.
Force est de constater la décadence morale des écoles aujourd’hui. Ce n’est pas seulement un simple naturalisme consistant en une négation du péché originel et des remèdes surnaturels, c’est une négation de la nature humaine, une inversion des notions de bien et de mal, une volonté bien arrêtée de pervertir la jeunesse. Les cours de biologie et les normes de l’éducation nationale en matière d’éducation sexuelle ne sont pas autre chose qu’une incitation au vice. Mais n’est-ce pas l’aboutissement logique de la « coéducation des sexes » au collège et au lycée ? Les statistiques donnent 15% des avortements en France chez les jeunes filles mineures.
Quand on sait la fragilité de la nature humaine dans le domaine de la pureté « son âme pour se plier au vice est molle comme la cire » écrivait déjà Horace, il n’est pas exagéré d’affirmer que les écoles laïques et les écoles soi-disant « libres » sous contrat, sont des occasions prochaines de péché. Or la théologie morale enseigne que l’occasion prochaine est déjà un péché grave. Les parents ont donc le devoir grave « d’écarter les occasions dangereuses dans ses divertissements comme dans ses fréquentations, car les mauvais entretiens corrompent les bonnes moeurs. »
Une formation des intelligences
Le vrai, le beau et le bien, voilà ce qui doit être en résumé l’objet de l’enseignement au sein d’une école catholique. Cela comprend bien entendu la formation de l’intelligence à l’art de penser et de bien dire. La transmission du savoir demande du temps et tous les hommes ne sont pas destinés à parvenir à la maîtrise parfaite de la pensée et du langage. Il est nécessaire à une élite de la société puisque c’est la pensée qui dirige le monde.
Les anciens accordaient aux arts libéraux une importance capitale dans la formation de l’esprit et les jésuites à leur suite ont ennobli ce qu’on appelle les humanités (la grammaire, de la littérature, du latin, du grec et de l’histoire). Et il y a à peine plus de cinquante ans le baccalauréat tenait compte du primat des humanités dans la formation de l’homme, les sciences n’étaient étudiées qu’après les épreuves de littérature et de philosophie et le latin et le grec faisaient partie intégrante de la formation.
C’est dans cet esprit que la Fraternité Saint Pie X a fondé ses propres écoles tout en tenant compte de certaines exigences de l’éducation nationale car nos écoles préparent au baccalauréat.
Les programmes de l’éducation nationale ont changé la perspective de l’enseignement, la formation des intelligences ne vise plus le vrai, le beau et la capacité de réfléchir, mais recherche le pouvoir sur les choses en conformité avec une vision matérialiste et marxiste du monde. Voilà pourquoi l’enseignement scientifique a pris des proportions incroyables au détriment des lettres. La classe scientifique, ouverte aux plus doués, dispense 16h de sciences (mathématique, physique-chimie, science de la vie et de la terre) pour 3h de philosophie et 2h30 histoire-géographie). Le cri d’alarme lancé par Marcel de Corte dans son livre : L’intelligence en péril de mort n’était pas vain. Les innovations pédagogiques absurdes que furent la méthode globale dans l’apprentissage de la lecture, la quasi-disparition de l’analyse grammaticale et logique, produisent soit des analphabètes quand les enfants n’ont pas de facilité, soit des esprits destructurés qu’on oblige à penser selon une idéologie notamment enseignée dans les cours d’histoire. « Si l’on suit le programme officiel (sur le point d’être réformé), explique M. l’abbé Tranchet, préfet des études à l’école Saint Michel, à part la mondialisation et le développement durable, les élèves auront bien peu de connaissances historiques à l’issue de leur formation. Non seulement le cycle n’est pas chronologique, on étudie la seconde guerre mondiale en troisième comme en terminale, mais par contre on passe sous silence Clovis et Sainte Jeanne d’Arc. On balaye d’un revers de main tout le passé chrétien de la France pour ne retenir que la « libération » opérée par la Révolution française. Figurez-vous que la seule période étudiée de façon chronologique de la sixième à la terminale, c’est la Révolution française et que les seul faits chronologiques qui seront appris par les élèves, ce sont les débuts de la révolution et de la Terreur. Chapeau ! (Lettre des anciens de Saint Michel février 2011)
Conclusion
Face à cette démolition en règle de la foi et de la morale et au lavage opérés par l’éducation nationale, il faut nous rappeler ces mots de Pie XI : Là aussi où cette liberté élémentaire est empêchée ou contrecarrée de différentes manières, les catholiques ne s'emploieront jamais assez, fût-ce au prix des plus grands sacrifices, à soutenir et à défendre leurs écoles, comme à obtenir des lois justes en matière d'enseignement.
Abbé Jean Marie Salaün
Ces quelques pages ont pour but de donner les caractériques d’une école catholique et par contraste de mettre en évidence les déficiences des écoles sous le contrôle de l’Etat. Néanmoins vouloir parler de l’école sans donner une définition précise de l’éducation et du rôle de l’Eglise, serait vain : de cette compréhension dépend tout le reste.
L’éducation
Le pape Pie XI dans son encyclique Divini illius magistri consacrée à l’éducation chrétienne des enfants la définit ainsi : elle consiste essentiellement dans la formation de l'homme, lui enseignant ce qu'il doit être et comment il doit se comporter dans cette vie terrestre pour atteindre la fin sublime en vue de laquelle il a été créé, il est clair qu'il ne peut y avoir de véritable éducation qui ne soit tout entière dirigée vers cette fin dernière.
L’Eglise, la famille et la société civile ont pour mission de veiller à l’éducation même si leurs prérogatives sont bien distinctes et leurs rôles subordonnés, sans rivalité et encore moins d’opposition. Quant à l’école, sa nature propre est d’être une institution auxiliaire et complémentaire de la famille et de l’Église. La société civile n’a vis-à-vis de l’école qu’un rôle secondaire, celui de faciliter la tâche éducatrice de la famille et de l’Eglise et de protéger les droits propres à ces deux sociétés.
Le rôle de l’Eglise
L’éducation en raison de sa finalité ultime, la vie éternelle, appartient donc d'une manière suréminente à l’Eglise. Les parents, à qui revient l’éducation de par le droit naturel, ne jouissent pas dans ce domaine de pouvoirs absolus ou arbitraires car leur pouvoir est inséparablement subordonné à la fin dernière et à la loi naturelle et divine.
L’école tombe de plein droit sous le contrôle de l’Eglise comme le rappelait Pie XI : c'est un droit inaliénable de l'Eglise et en même temps un devoir, dont elle ne peut se dispenser, de veiller sur l'éducation de ses fils, les fidèles, en quelque institution que ce soit, publique ou privée, non seulement pour ce qui regarde l'enseignement religieux qu'on y donne, mais aussi pour toute autre matière ou organisation d'enseignement, dans la mesure où ils ont rapport à la religion et à la morale… Même l'éducation physique elle-même, ne doit pas être considérée comme étrangère à son magistère maternel, précisément parce qu'elle est un moyen qui peut servir ou nuire à l'éducation chrétienne.
C’est donc bien à l’Eglise en raison de sa mission éducatrice et son expérience bimillénaire, qu’il faut demander les caractéristiques d’une école catholique puis toujours à la lumière de son Magistère, dénoncer les abus de pouvoir de l’Etat en matière d’éducation.
Les caractéristiques d’une école chrétienne
Le seul fait qu’il s’y donne une instruction religieuse, explique Pie XI, ne suffit pas pour qu’une école puisse être jugée conforme aux droits de l’Église et de la famille chrétienne, et digne d’être fréquentée par les enfants catholiques… Il est nécessaire que tout l’enseignement, toute l’ordonnance de l’école, personnel, programmes et livres – en tout genre de discipline soient régis par un esprit vraiment chrétien, sous la direction et la maternelle vigilance de l’Église, de telle façon que la religion soit le fondement et le couronnement de tout l’enseignement à tous les degrés, non seulement élémentaire mais moyen et supérieur.
Quant aux écoles laïques, le pape les condamne radicalement : l'école dite neutre ou laïque, d'où est exclue la religion, est contraire aux premiers principes de l'éducation. Une école de ce genre est d'ailleurs pratiquement irréalisable, car, en fait, elle devient irréligieuse….Nous renouvelons et confirmons les déclarations de Pie IX et Léon XIII et, avec elles, les prescriptions des sacrés canons : La fréquentation des écoles non catholiques, ou neutres ou mixtes (celles à savoir qui s'ouvrent indifféremment aux catholiques et non-catholiques, sans distinction), doit être interdite aux enfants catholiques ; elle ne peut être tolérée qu'au jugement de l'Ordinaire, dans des circonstances bien déterminées de temps et de lieu et sous de spéciales garanties.
Un esprit de foi et de piété
Parmi toutes les qualités que doit posséder une école catholique, le pape Léon XIII mentionne comme « indispensable », non seulement des cours de doctrine à des heures déterminées, mais aussi que tout le reste de la formation soit imprégné de piété chrétienne. Sans cela, si ce souffle sacré ne pénètre pas et ne réchauffe pas l'esprit des maîtres et des disciples, la science, quelle qu'elle soit, sera de bien peu de profit ; souvent même il n'en résultera que des dommages sérieux.
C’est pour cette raison que l’école « neutre » ne peut exister concrètement. L‘absence d’enseignement religieux, de référence à la foi chrétienne, la réduction de Dieu à une simple opinion ou l’instruction religieuse réduite à une matière à option dans les écoles soit disant « libres » conduit tout droit à l’indifférentisme, au rationalisme et à l’athéisme. Cette indépendance des sciences par rapport à la foi ou plus exactement cette opposition entre la science et la foi ne peut être que destructrice de la foi dans les jeunes esprits.
Une formation à la vertu
L’école pour répondre à son oeuvre éducatrice ne peut se contenter de dispenser un enseignement théorique en conformité avec la foi, mais elle doit aider l’enfant à pratiquer les vertus morales ou cardinales que sont la prudence, la justice, la tempérance et la force. Pour y parvenir on ne peut faire abstraction des blessures du péché originel et des remèdes apportés par Notre Seigneur Jésus Christ. L’éducateur doit donc corriger les inclinations déréglées, développer et discipliner les bonnes, fortifier la volonté par le secours de la grâce. La place de la Messe, de la prière tout au long de la journée et des sacrements est donc essentielle dans une école. Nier ces réalités serait tomber dans un naturalisme pernicieux dénoncé par Pie XI : Est donc faux tout naturalisme pédagogique qui, de quelque façon que ce soit, exclut ou tend à amoindrir l'action surnaturelle du christianisme dans la formation de la jeunesse ; erronée toute méthode d'éducation qui se base, en tout ou en partie, sur la négation ou l'oubli du péché originel ou du rôle de la grâce, pour ne s'appuyer que sur les seules forces de la nature.
Force est de constater la décadence morale des écoles aujourd’hui. Ce n’est pas seulement un simple naturalisme consistant en une négation du péché originel et des remèdes surnaturels, c’est une négation de la nature humaine, une inversion des notions de bien et de mal, une volonté bien arrêtée de pervertir la jeunesse. Les cours de biologie et les normes de l’éducation nationale en matière d’éducation sexuelle ne sont pas autre chose qu’une incitation au vice. Mais n’est-ce pas l’aboutissement logique de la « coéducation des sexes » au collège et au lycée ? Les statistiques donnent 15% des avortements en France chez les jeunes filles mineures.
Quand on sait la fragilité de la nature humaine dans le domaine de la pureté « son âme pour se plier au vice est molle comme la cire » écrivait déjà Horace, il n’est pas exagéré d’affirmer que les écoles laïques et les écoles soi-disant « libres » sous contrat, sont des occasions prochaines de péché. Or la théologie morale enseigne que l’occasion prochaine est déjà un péché grave. Les parents ont donc le devoir grave « d’écarter les occasions dangereuses dans ses divertissements comme dans ses fréquentations, car les mauvais entretiens corrompent les bonnes moeurs. »
Une formation des intelligences
Le vrai, le beau et le bien, voilà ce qui doit être en résumé l’objet de l’enseignement au sein d’une école catholique. Cela comprend bien entendu la formation de l’intelligence à l’art de penser et de bien dire. La transmission du savoir demande du temps et tous les hommes ne sont pas destinés à parvenir à la maîtrise parfaite de la pensée et du langage. Il est nécessaire à une élite de la société puisque c’est la pensée qui dirige le monde.
Les anciens accordaient aux arts libéraux une importance capitale dans la formation de l’esprit et les jésuites à leur suite ont ennobli ce qu’on appelle les humanités (la grammaire, de la littérature, du latin, du grec et de l’histoire). Et il y a à peine plus de cinquante ans le baccalauréat tenait compte du primat des humanités dans la formation de l’homme, les sciences n’étaient étudiées qu’après les épreuves de littérature et de philosophie et le latin et le grec faisaient partie intégrante de la formation.
C’est dans cet esprit que la Fraternité Saint Pie X a fondé ses propres écoles tout en tenant compte de certaines exigences de l’éducation nationale car nos écoles préparent au baccalauréat.
Les programmes de l’éducation nationale ont changé la perspective de l’enseignement, la formation des intelligences ne vise plus le vrai, le beau et la capacité de réfléchir, mais recherche le pouvoir sur les choses en conformité avec une vision matérialiste et marxiste du monde. Voilà pourquoi l’enseignement scientifique a pris des proportions incroyables au détriment des lettres. La classe scientifique, ouverte aux plus doués, dispense 16h de sciences (mathématique, physique-chimie, science de la vie et de la terre) pour 3h de philosophie et 2h30 histoire-géographie). Le cri d’alarme lancé par Marcel de Corte dans son livre : L’intelligence en péril de mort n’était pas vain. Les innovations pédagogiques absurdes que furent la méthode globale dans l’apprentissage de la lecture, la quasi-disparition de l’analyse grammaticale et logique, produisent soit des analphabètes quand les enfants n’ont pas de facilité, soit des esprits destructurés qu’on oblige à penser selon une idéologie notamment enseignée dans les cours d’histoire. « Si l’on suit le programme officiel (sur le point d’être réformé), explique M. l’abbé Tranchet, préfet des études à l’école Saint Michel, à part la mondialisation et le développement durable, les élèves auront bien peu de connaissances historiques à l’issue de leur formation. Non seulement le cycle n’est pas chronologique, on étudie la seconde guerre mondiale en troisième comme en terminale, mais par contre on passe sous silence Clovis et Sainte Jeanne d’Arc. On balaye d’un revers de main tout le passé chrétien de la France pour ne retenir que la « libération » opérée par la Révolution française. Figurez-vous que la seule période étudiée de façon chronologique de la sixième à la terminale, c’est la Révolution française et que les seul faits chronologiques qui seront appris par les élèves, ce sont les débuts de la révolution et de la Terreur. Chapeau ! (Lettre des anciens de Saint Michel février 2011)
Conclusion
Face à cette démolition en règle de la foi et de la morale et au lavage opérés par l’éducation nationale, il faut nous rappeler ces mots de Pie XI : Là aussi où cette liberté élémentaire est empêchée ou contrecarrée de différentes manières, les catholiques ne s'emploieront jamais assez, fût-ce au prix des plus grands sacrifices, à soutenir et à défendre leurs écoles, comme à obtenir des lois justes en matière d'enseignement.
Abbé Jean Marie Salaün