SOURCE - Romano Libero - Golias - 3 mars 2011
On se croit revenu en d’autres temps. Un évêque, Mgr Christian Nourrichard, en poste à Evreux menace aujourd’hui d’excommunication le curé rebelle de Thiberville, l’abbé Francis Michel, 62 ans. Ce dernier refuse toujours de quitter son ancienne paroisse de Thiberville, dans l’Eure, non loin de Bernay, pour une autre affectation.
Il a tenté trois recours auprès des instances du Vatican mais a été débouté. « Dans la mesure où il reste sur place et continue à officier, on va malheureusement dans la direction d’une excommunication, qui toucherait aussi ceux qui le suivent », a déclaré l’évêque à l’AFP. Une menace implicite qui envenime encore le conflit. Le nouveau curé nommé par l’évêque, l’abbé Vivien n’a pu entrer dans son église les serrures ayant été rendues inutilisables par les paroissiens. Qui soutiennent massivement leur ancien chargé d’âmes. Lequel abbé Michel, curé en soutane et barrette, qui officie régulièrement en latin, et se dit royaliste, jouit également du soutien d’élus locaux, selon le maire du village, Guy Paris, qui continue de mettre le presbytère à sa disposition ! C’est Clochemerle en Normandie.
L’évêque ne parvient pas à se dépêtrer d’un tel mauvais pas. Maladroit et autoritaire, il vient de s’enfoncer en invoquant pour justifier la sentence portée à l’encontre de l’abbé Michel des « choses plus graves ». Tant qu’il ne justifie pas son insinuation, et ne précise pas de quoi il s’agit, et sur quoi se fonde un doute, on peut considérer ce propos épiscopal comme diffamatoire. D’autant plus que dans le contexte actuel, avec la multiplication d’abus sexuels commis par des membres du clergé, s’exprimer ainsi semble très lourd de conséquences. Un soupçon renforcé par le fait que l’évêque souligne que la cause véritable de la révocation de Michel n’est pas une question de sensibilité, de soutane ou de latin. Ce qui laisse entendre qu’il pourrait s’agir de quelque chose de difficile à avouer...
Mgr Nourrichard est allé trop loin. Il se couvre de ridicule en fulminant la menace de l’excommunication. En outre, s’il ne se rétracte pas ou ne se justifie pas davantage, il persiste dans la diffamation. Ce qui n’est pas seulement opportun ou maladroit mais scandaleux au plan du respect des personnes. Et pourrait demander réparation au for judiciaire civil.
Cette affaire pose en fait trois questions distinctes qu’il faudrait envisager en amont.
En premier lieu, l’orientation « tradi » du desservant destitué ne peut-t-elle être contestée directement, comme contestable en regard de l’Evangile ou d’une attitude d’humanisme ou de tolérance ? Pourquoi nier qu’il s’agisse d’une question de « traditionalisme » ? A-t-on encore le droit de contester la légitimité d’une récupération de ce type du message de Jésus ?
En second lieu, le cléricalisme, de gauche ou de droite, n’est toujours pas mort. Ce n’est certes pas s’inscrire dans la dynamique de Vatican que d’en défendre les acquis par des sanctions ou des menaces d’un autre temps. Ne faut-il pas plutôt à une rhétorique de l’intransigeance l’audace et non pas un intégrisme en sens inverse ?
En troisième lieu, pour peu sympathiques - avouons-le - que nous semblent être les idées de l’abbé destitué, sans le vouloir ce dernier plaide, ô paradoxe, pour une Eglise...démocratique ! Où les ouailles élisent leur pasteur et peuvent contester son déplacement. Paradoxalement les revendications intégristes et traditionalistes attirent l’attention sur l’urgence d’une Eglise où l’autorité ne soit plus celle de l’oukase d’en haut, mais du partenariat, de la subsidiarité, et - disons-le - du respect des décisions du peuple de Dieu. Et des communautés concrètes.
Il a tenté trois recours auprès des instances du Vatican mais a été débouté. « Dans la mesure où il reste sur place et continue à officier, on va malheureusement dans la direction d’une excommunication, qui toucherait aussi ceux qui le suivent », a déclaré l’évêque à l’AFP. Une menace implicite qui envenime encore le conflit. Le nouveau curé nommé par l’évêque, l’abbé Vivien n’a pu entrer dans son église les serrures ayant été rendues inutilisables par les paroissiens. Qui soutiennent massivement leur ancien chargé d’âmes. Lequel abbé Michel, curé en soutane et barrette, qui officie régulièrement en latin, et se dit royaliste, jouit également du soutien d’élus locaux, selon le maire du village, Guy Paris, qui continue de mettre le presbytère à sa disposition ! C’est Clochemerle en Normandie.
L’évêque ne parvient pas à se dépêtrer d’un tel mauvais pas. Maladroit et autoritaire, il vient de s’enfoncer en invoquant pour justifier la sentence portée à l’encontre de l’abbé Michel des « choses plus graves ». Tant qu’il ne justifie pas son insinuation, et ne précise pas de quoi il s’agit, et sur quoi se fonde un doute, on peut considérer ce propos épiscopal comme diffamatoire. D’autant plus que dans le contexte actuel, avec la multiplication d’abus sexuels commis par des membres du clergé, s’exprimer ainsi semble très lourd de conséquences. Un soupçon renforcé par le fait que l’évêque souligne que la cause véritable de la révocation de Michel n’est pas une question de sensibilité, de soutane ou de latin. Ce qui laisse entendre qu’il pourrait s’agir de quelque chose de difficile à avouer...
Mgr Nourrichard est allé trop loin. Il se couvre de ridicule en fulminant la menace de l’excommunication. En outre, s’il ne se rétracte pas ou ne se justifie pas davantage, il persiste dans la diffamation. Ce qui n’est pas seulement opportun ou maladroit mais scandaleux au plan du respect des personnes. Et pourrait demander réparation au for judiciaire civil.
Cette affaire pose en fait trois questions distinctes qu’il faudrait envisager en amont.
En premier lieu, l’orientation « tradi » du desservant destitué ne peut-t-elle être contestée directement, comme contestable en regard de l’Evangile ou d’une attitude d’humanisme ou de tolérance ? Pourquoi nier qu’il s’agisse d’une question de « traditionalisme » ? A-t-on encore le droit de contester la légitimité d’une récupération de ce type du message de Jésus ?
En second lieu, le cléricalisme, de gauche ou de droite, n’est toujours pas mort. Ce n’est certes pas s’inscrire dans la dynamique de Vatican que d’en défendre les acquis par des sanctions ou des menaces d’un autre temps. Ne faut-il pas plutôt à une rhétorique de l’intransigeance l’audace et non pas un intégrisme en sens inverse ?
En troisième lieu, pour peu sympathiques - avouons-le - que nous semblent être les idées de l’abbé destitué, sans le vouloir ce dernier plaide, ô paradoxe, pour une Eglise...démocratique ! Où les ouailles élisent leur pasteur et peuvent contester son déplacement. Paradoxalement les revendications intégristes et traditionalistes attirent l’attention sur l’urgence d’une Eglise où l’autorité ne soit plus celle de l’oukase d’en haut, mais du partenariat, de la subsidiarité, et - disons-le - du respect des décisions du peuple de Dieu. Et des communautés concrètes.