SOURCE - Paix Liturgique, lettre 272 - 4 mars 2011
Le 26 décembre 2010, dimanche dans l'octave de Noël, le cardinal Burke était l'invité de la paroisse sainte Marie de Nazareth, en banlieue de Rome, que desservent les Franciscains de l'Immaculée. Nous vous proposons cette semaine le très beau sermon prononcé à cette occasion par le Préfet de la Signature apostolique, suivie de nos réflexions.
(Source : http://smnazareth.com/component/content/article/47/100-omelia-burke-boccea)
I – Le document, traduit par nos soins
Le mystère de l'amour divin pour nous, qui s'exprime de façon parfaite et merveilleuse lors de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, mérite, pour sa grandeur et sa profondeur, une célébration s'étalant sur huit jours. Durant l'octave célébrant la Nativité de Jésus, nous recevons la grâce de connaître plus parfaitement ce mystère et de le vivre plus ardemment au quotidien. Le mystère de Dieu fait homme pour nous racheter de nos péchés et nous donner Sa vie, les sept dons du Saint-Esprit. Dans la Lettre aux Galates, saint Paul a décrit ce mystère avec les paroles que nous venons d'écouter :
- Mais lorsque est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme, né sous la Loi, pour affranchir ceux qui sont sous la Loi, afin de nous conférer l'adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l'Esprit de Son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! Ainsi tu n'es plus esclave, tu es fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier grâce à Dieu. (Ga 4, 4-7)
La réalité du mystère de l'Incarnation rédemptrice est que nous sommes fils de Dieu par Son unique Fils, Jésus-Christ, seconde personne de la Très Sainte Trinité, qui s'est fait chair, qui s'est fait l'un d'entre nous, qui est né de la Vierge Marie à Bethléem.
L'évangile d'aujourd'hui met en relief aussi bien la réalité de l'Incarnation que sa finalité, la Rédemption. Quand Marie, la Mère de Jésus, et saint Joseph, son Père adoptif et Gardien, présentèrent le nouveau-né au temple de Jérusalem, le saint homme Siméon et la sainte femme Anne, ont aussitôt évoqué le destin du Divin Enfant, voué à mener sur le Calvaire la bataille décisive contre le Malin et ses puissances, se concluant par la victoire de la vie, la Résurrection, l'Ascension, la Pentecôte et l'effusion de l'Esprit Saint sur l'Église et l'âme de chacun de ses membres. Siméon, en prenant l'Enfant Jésus dans ses bras, a prié le Seigneur en des termes parfaitement clairs : - Maintenant, ô Maître, vous congédiez votre serviteur en paix, selon votre parole ; car mes yeux ont vu le salut. (Lc 2, 29-30)
Et la prophétesse Anne, voyant l'Enfant Jésus dans les bras de Siméon, “se mit à louer Dieu et à parler de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem”. (Lc 2, 38) L'évangile nous dit qu'après la Présentation, Jésus, dans lequel l'Esprit Saint était présent dans toute Sa puissance, “croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse” (Lc 2, 40). Ces paroles s'appliquent à notre vie de fils du Fils unique de Dieu. Grâce à l'Incarnation rédemptrice, l'Esprit Saint est reversé dans nos âmes, nous purifiant et nous fortifiant pour nous occuper des choses de Dieu, pour vivre une vie sainte en ce monde et arriver au terme de notre pèlerinage terrestre : la vie éternelle du Royaume des Cieux.
Dans le cadre de cette célébration de la Sainte Messe selon la forme extraordinaire du rite romain, je voudrais souligner l'aspect plus élevé et parfait de notre vie dans le Christ, c'est-à-dire notre participation au culte divin, en particulier lors de la célébration du sacrifice eucharistique. L'union du ciel et de la terre, accomplie par la Nativité de Notre Seigneur, par Sa Mort sur la Croix et Sa Résurrection, se réalise toujours pour nous dans la Sainte Messe. Par le sacrifice eucharistique, Jésus nous rend toujours présent le sacrifice du Calvaire, nous faisant le don de Son Corps et de Son Sang, avec Son Âme et Sa Divinité, nourriture spirituelle pour nous soutenir dans notre pèlerinage terrestre et pour nous porter immanquablement à notre durable demeure céleste (Catéchisme de l'Église catholique, 1374). La réalité de l'Incarnation rédemptrice qui nous frappe en cette période de Noël devrait nous frapper à chaque fois, et à chaque fois plus profondément, que nous assistons à la Sainte Messe. Le rite de la Messe, tel qu'il s'est développé dans l'Église sous la conduite du Saint-Esprit, nous porte dans ses moindres détails à contempler le grand mystère de l'Amour de Dieu pour nous, amour incommensurable et incessant.
Après le concile Vatican II, mais non en raison du concile, la façon dont a été réformé le rite de la Messe a, par certains aspects, obscurci l'action divine au cours de la Sainte Messe, action d'union du ciel et de la terre. Au point d'induire certaines personnes à croire, de façon erronée, que la Sainte Liturgie est une activité nous appartenant, que nous l'aurions en quelque sorte inventée et qu'elle serait sujette à expérimentations. La vérité de la Liturgie sacrée est tout autre. En fait, la Sainte Liturgie est l'action de Jésus-Christ, vivant dans Son Corps mystique par l'effusion du Saint-Esprit, qui Se donne à Nous et que nous devons recevoir, apprécier et conserver selon les indications de nos Pasteurs et en particulier du Saint-Père, Vicaire du Christ sur la terre et, à ce titre, Pasteur de l'Église universelle. Nous sommes appelés ainsi aujourd'hui à accueillir l'enseignement et la discipline que notre Saint-Père Benoît XVI nous a transmis par sa Lettre apostolique Summorum Pontificum par laquelle il a voulu restaurer la forme du rite de la Messe afin d'exprimer plus pleinement et efficacement la vérité de la Sainte Liturgie.
En établissant le « Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII » comme « forme extraordinaire de la Liturgie de l'Église », le Saint-Père a voulu que cette forme du rite soit honorée « en raison de son usage vénérable et antique » remontant au pontificat de saint Grégoire le Grand et toujours respecté et sauvegardé durant la vie multiséculaire de l'Église. (Benoît XVI, Lettre apostolique Summorum Pontificum, art. 1)
Les deux formes, c'est-à-dire la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l'unique rite romain, ne représentent pas une division dans l'Église mais reflètent l'unité organique du culte divin au long des siècles chrétiens et permettent leur enrichissement mutuel pour exprimer plus fidèlement la réalité du culte divin, l'action de Dieu qui vient à notre rencontre en nous faisant don de Son Amour pour nous, le don du Fils de Dieu fait homme, en particulier dans la Très Sainte Eucharistie. De fait, le Saint-Père a-t-il écrit les paroles suivantes dans sa lettre aux évêques accompagnant la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum :
- Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Église, et de leur donner leur juste place.
Fidèles au magistère du Saint-Père, nous célébrons avec raison aujourd'hui le rite romain selon la forme extraordinaire pour nous permettre d'entrer plus complètement dans la connaissance du mystère de la Foi, le mystère de l'Amour de Dieu pour nous, et répondre à ce mystère par un amour pur et désintéressé envers Dieu et notre prochain.
Visitant aujourd'hui votre paroisse, je voudrais en particulier remercier le Très Révérend Monseigneur Gino Reali, évêque de ce diocèse de Porto-Santa Rufina, qui m'a invité à célébrer cette Sainte Messe et nous honore de sa présence, ainsi que les Frères Franciscains de l'Immaculée qui ont la charge de cette paroisse, pour le soin qu'ils mettent à célébrer le plus fidèlement possible le rite romain, ce qui est une grande richesse pour les paroissiens. Je les remercie en particulier pour la foi catholique authentique et dévote qu'ils expriment dans toutes leurs célébrations de la Sainte Liturgie et qu'ils nourrissent par la célébration régulière de de la forme extraordinaire du rite romain.
Me trouvant au milieu de vous en ce saint temps de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, je prie tout spécialement pour votre paroisse sainte Marie de Nazareth, cette grande famille de familles catholiques. Je prie pour que tous les foyers de la paroisse trouvent en elle les ressources pour devenir de vrais sanctuaires du Bon Dieu, des foyers dans lesquels l'Amour du Christ, reçu de façon parfaite et entière en participant à la Sainte Messe, vous anime tous et gagne vos voisins et tous vos frères du quartier. Dans le monde d'aujourd'hui, il y a une grande soif de Jésus-Christ et de la liberté que Lui seul offre. Dans les foyers catholiques et dans la paroisse, nos frères doivent pouvoir trouver les sources d'eau vive, les sources de grâces divines, les sources du magistère de l'Église et des sacrements, en
particulier la Pénitence et la Sainte Eucharistie, qui permettront d'étancher la soif spirituelle de ce monde tristement sécularisé.
Prions pour vous, paroissiens, afin que par votre participation à la Sainte Liturgie, célébrée en fidélité au magistère du Saint-Père, vous croissiez dans l'Amour du Christ et portiez cet Amour dans toutes vos activités quotidiennes. Que sainte Marie de Nazareth, Mère de Dieu, intercède pour vous pour que vous suiviez son exemple en donnant vos cœurs à Jésus, trouvant dans Son Très Saint Cœur la source de la purification de chacun de vos péchés et de la fortification de votre âme pour une vie catholique fidèle et généreuse.
À présent, élevons nos cœurs, unis au Cœur Immaculé de Marie, au glorieux Cœur transpercé de Jésus, ouvert par la lance du centurion et toujours prêt à nous accueillir afin que, nous trouvant en présence du Seigneur eucharistique, nous soyons purifiés et fortifiés pour devenir, avec sainte Marie de Nazareth, une source vive d'encouragement et de soutien pour conduire nos frères dans les pas du Christ. Unis au Cœur eucharistique du Christ, nous devenons avec le Christ, comme le fut sainte Marie, Mère de Dieu, une oblation d'amour pur et gratuit pour nos frères. C'est dans le Cœur eucharistique du Christ que nous trouvons l'inspiration et la force pour être, avec sainte Marie, des témoins forts et fiables du Christ et de Son Église, c'est ainsi que vos maisons et votre paroisse deviendront des centres de la nouvelle évangélisation, de la transformation de notre société selon le Cœur de Jésus.
Cœur de Jésus, formé par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie, ayez pitié de nous.
Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous.
Saint Joseph, priez pour nous.
Saint François d'Assise, priez pour nous.
Saint Maximilien Kolbe, priez pour nous.
Saint Padre Pio, priez pour nous.
Raymond Leo Cardinal Burke
Préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1 – Le cardinal Raymond Leo Burke ordonné prêtre par Paul VI en 1975, consacré évêque par Jean-Paul II en 1995, a été créé cardinal par Benoît XVI lors du dernier consistoire (novembre 2010). Proche collaborateur du Saint-Père, ses propos sont à considérer avec attention.
Ancien archevêque de St Louis, ce prélat américain, « jeune » cardinal (il est né en 1948) a été appelé à Rome par le Pape en juin 2008 pour présider le Tribunal suprême de la Signature apostolique. Le 15 juin 2007, quelques jours avant la promulgation du Motu Proprio et alors qu'il était encore archevêque de Saint Louis, Monseigneur Burke n'avait pas hésité à procéder lui même dans sa propre cathédrale à l'ordination sacerdotale de deux prêtres de l'Institut du Christ Roi dans la forme extraordinaire du rite romain. Il célèbre en effet régulièrement la liturgie traditionnelle et a de nouveau ordonné dans la forme extraordinaire, que ce soit pour l'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre ou les Franciscains de l'Immaculée. D'un naturel réservé, il est connu autant pour la douceur de son caractère que pour la fermeté de sa doctrine et n'a rien des “vieilles barbes” qu'évoquait en son temps le Père Gy, quant à lui d’un âge plus vénérable et aujourd’hui défunt, lors des colloques du CIEL.
2 – En remerciant les Franciscains de l'Immaculée « pour le soin qu'ils mettent à célébrer le plus fidèlement possible le rite romain, ce qui est une grande richesse pour les paroissiens », le cardinal Burke fait écho aux cardinaux Castrillón Hoyos et Cañizares. Le premier cité avait indiqué, quelques semaines avant la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum qu'il s'agissait pour le Saint-Père de « conserver les immenses trésors spirituels, culturels et esthétiques liés à la liturgie ancienne » (mai 2007) tandis que le second, actuel Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, a écrit dans sa préface au livre de Monseigneur Bux sur la réforme de la réforme (Lettre de Paix Liturgique n°211) que le Saint-Père entendait : « offrir à tous les fidèles la richesse de la liturgie de l'Église, en permettant la découverte des trésors de son patrimoine liturgique aux personnes qui les ignoraient encore ». Cette continuité de vues entre ces cardinaux de la Curie romaine depuis le geste pacificateur de Benoît XVI est un signe encourageant car elle prouve que, en dépit des oppositions épiscopales, peu à peu, les lignes bougent.
3 – Outre la défense décidée du texte pontifical, on notera dans ce sermon la rigueur de la théologie du cardinal Burke, qui, suivant le Concile de Trente, tient que la messe est un « vrai et propre sacrifice » : « Par le sacrifice eucharistique, Jésus nous rend toujours présent le sacrifice du Calvaire ». Affirmation qui va de pair avec une critique en douceur – il s’agit d’un sermon spirituel et non d’une étude polémique – de la réforme Bugnini : « Après le concile Vatican II, mais non en raison du concile, la façon dont a été réformé le rite de la Messe a, par certains aspects, obscurci l'action divine au cours de la Sainte Messe, action d'union du ciel et de la terre ».
4 – Les enquêtes d'opinion conduites depuis 2007 à l'initiative de Paix Liturgique démontrent qu'un catholique pratiquant sur trois désire avoir accès à la forme extraordinaire dans sa propre paroisse. Or, en ce début 2011, an IV du Motu Proprio Summorum Pontificum, on est encore bien loin d'avoir répondu à cette demande (voir lettre 269 de Paix Liturgique).
En ce début 2011, les oppositions au Motu Proprio de Benoît XVI sont encore bien présentes parmi une part importante de l'épiscopat. Prions donc avec le cardinal Burke, pour que toujours plus de catholiques aient l'occasion d'exprimer et de nourrir « par la célébration régulière de de la forme extraordinaire du rite romain » leur foi catholique authentique et
dévote.
Nota Bene : Le Cardinal Burke sera présent au pèlerinage à Lourdes organisé par l'Institut du Christ-Roi du Souverain Prêtre les 28 et 29 mai 2011. Renseignements : voir anonce ci-dessous.
(Source : http://smnazareth.com/component/content/article/47/100-omelia-burke-boccea)
I – Le document, traduit par nos soins
Le mystère de l'amour divin pour nous, qui s'exprime de façon parfaite et merveilleuse lors de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, mérite, pour sa grandeur et sa profondeur, une célébration s'étalant sur huit jours. Durant l'octave célébrant la Nativité de Jésus, nous recevons la grâce de connaître plus parfaitement ce mystère et de le vivre plus ardemment au quotidien. Le mystère de Dieu fait homme pour nous racheter de nos péchés et nous donner Sa vie, les sept dons du Saint-Esprit. Dans la Lettre aux Galates, saint Paul a décrit ce mystère avec les paroles que nous venons d'écouter :
- Mais lorsque est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme, né sous la Loi, pour affranchir ceux qui sont sous la Loi, afin de nous conférer l'adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l'Esprit de Son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! Ainsi tu n'es plus esclave, tu es fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier grâce à Dieu. (Ga 4, 4-7)
La réalité du mystère de l'Incarnation rédemptrice est que nous sommes fils de Dieu par Son unique Fils, Jésus-Christ, seconde personne de la Très Sainte Trinité, qui s'est fait chair, qui s'est fait l'un d'entre nous, qui est né de la Vierge Marie à Bethléem.
L'évangile d'aujourd'hui met en relief aussi bien la réalité de l'Incarnation que sa finalité, la Rédemption. Quand Marie, la Mère de Jésus, et saint Joseph, son Père adoptif et Gardien, présentèrent le nouveau-né au temple de Jérusalem, le saint homme Siméon et la sainte femme Anne, ont aussitôt évoqué le destin du Divin Enfant, voué à mener sur le Calvaire la bataille décisive contre le Malin et ses puissances, se concluant par la victoire de la vie, la Résurrection, l'Ascension, la Pentecôte et l'effusion de l'Esprit Saint sur l'Église et l'âme de chacun de ses membres. Siméon, en prenant l'Enfant Jésus dans ses bras, a prié le Seigneur en des termes parfaitement clairs : - Maintenant, ô Maître, vous congédiez votre serviteur en paix, selon votre parole ; car mes yeux ont vu le salut. (Lc 2, 29-30)
Et la prophétesse Anne, voyant l'Enfant Jésus dans les bras de Siméon, “se mit à louer Dieu et à parler de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem”. (Lc 2, 38) L'évangile nous dit qu'après la Présentation, Jésus, dans lequel l'Esprit Saint était présent dans toute Sa puissance, “croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse” (Lc 2, 40). Ces paroles s'appliquent à notre vie de fils du Fils unique de Dieu. Grâce à l'Incarnation rédemptrice, l'Esprit Saint est reversé dans nos âmes, nous purifiant et nous fortifiant pour nous occuper des choses de Dieu, pour vivre une vie sainte en ce monde et arriver au terme de notre pèlerinage terrestre : la vie éternelle du Royaume des Cieux.
Dans le cadre de cette célébration de la Sainte Messe selon la forme extraordinaire du rite romain, je voudrais souligner l'aspect plus élevé et parfait de notre vie dans le Christ, c'est-à-dire notre participation au culte divin, en particulier lors de la célébration du sacrifice eucharistique. L'union du ciel et de la terre, accomplie par la Nativité de Notre Seigneur, par Sa Mort sur la Croix et Sa Résurrection, se réalise toujours pour nous dans la Sainte Messe. Par le sacrifice eucharistique, Jésus nous rend toujours présent le sacrifice du Calvaire, nous faisant le don de Son Corps et de Son Sang, avec Son Âme et Sa Divinité, nourriture spirituelle pour nous soutenir dans notre pèlerinage terrestre et pour nous porter immanquablement à notre durable demeure céleste (Catéchisme de l'Église catholique, 1374). La réalité de l'Incarnation rédemptrice qui nous frappe en cette période de Noël devrait nous frapper à chaque fois, et à chaque fois plus profondément, que nous assistons à la Sainte Messe. Le rite de la Messe, tel qu'il s'est développé dans l'Église sous la conduite du Saint-Esprit, nous porte dans ses moindres détails à contempler le grand mystère de l'Amour de Dieu pour nous, amour incommensurable et incessant.
Après le concile Vatican II, mais non en raison du concile, la façon dont a été réformé le rite de la Messe a, par certains aspects, obscurci l'action divine au cours de la Sainte Messe, action d'union du ciel et de la terre. Au point d'induire certaines personnes à croire, de façon erronée, que la Sainte Liturgie est une activité nous appartenant, que nous l'aurions en quelque sorte inventée et qu'elle serait sujette à expérimentations. La vérité de la Liturgie sacrée est tout autre. En fait, la Sainte Liturgie est l'action de Jésus-Christ, vivant dans Son Corps mystique par l'effusion du Saint-Esprit, qui Se donne à Nous et que nous devons recevoir, apprécier et conserver selon les indications de nos Pasteurs et en particulier du Saint-Père, Vicaire du Christ sur la terre et, à ce titre, Pasteur de l'Église universelle. Nous sommes appelés ainsi aujourd'hui à accueillir l'enseignement et la discipline que notre Saint-Père Benoît XVI nous a transmis par sa Lettre apostolique Summorum Pontificum par laquelle il a voulu restaurer la forme du rite de la Messe afin d'exprimer plus pleinement et efficacement la vérité de la Sainte Liturgie.
En établissant le « Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII » comme « forme extraordinaire de la Liturgie de l'Église », le Saint-Père a voulu que cette forme du rite soit honorée « en raison de son usage vénérable et antique » remontant au pontificat de saint Grégoire le Grand et toujours respecté et sauvegardé durant la vie multiséculaire de l'Église. (Benoît XVI, Lettre apostolique Summorum Pontificum, art. 1)
Les deux formes, c'est-à-dire la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l'unique rite romain, ne représentent pas une division dans l'Église mais reflètent l'unité organique du culte divin au long des siècles chrétiens et permettent leur enrichissement mutuel pour exprimer plus fidèlement la réalité du culte divin, l'action de Dieu qui vient à notre rencontre en nous faisant don de Son Amour pour nous, le don du Fils de Dieu fait homme, en particulier dans la Très Sainte Eucharistie. De fait, le Saint-Père a-t-il écrit les paroles suivantes dans sa lettre aux évêques accompagnant la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum :
- Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Église, et de leur donner leur juste place.
Fidèles au magistère du Saint-Père, nous célébrons avec raison aujourd'hui le rite romain selon la forme extraordinaire pour nous permettre d'entrer plus complètement dans la connaissance du mystère de la Foi, le mystère de l'Amour de Dieu pour nous, et répondre à ce mystère par un amour pur et désintéressé envers Dieu et notre prochain.
Visitant aujourd'hui votre paroisse, je voudrais en particulier remercier le Très Révérend Monseigneur Gino Reali, évêque de ce diocèse de Porto-Santa Rufina, qui m'a invité à célébrer cette Sainte Messe et nous honore de sa présence, ainsi que les Frères Franciscains de l'Immaculée qui ont la charge de cette paroisse, pour le soin qu'ils mettent à célébrer le plus fidèlement possible le rite romain, ce qui est une grande richesse pour les paroissiens. Je les remercie en particulier pour la foi catholique authentique et dévote qu'ils expriment dans toutes leurs célébrations de la Sainte Liturgie et qu'ils nourrissent par la célébration régulière de de la forme extraordinaire du rite romain.
Me trouvant au milieu de vous en ce saint temps de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, je prie tout spécialement pour votre paroisse sainte Marie de Nazareth, cette grande famille de familles catholiques. Je prie pour que tous les foyers de la paroisse trouvent en elle les ressources pour devenir de vrais sanctuaires du Bon Dieu, des foyers dans lesquels l'Amour du Christ, reçu de façon parfaite et entière en participant à la Sainte Messe, vous anime tous et gagne vos voisins et tous vos frères du quartier. Dans le monde d'aujourd'hui, il y a une grande soif de Jésus-Christ et de la liberté que Lui seul offre. Dans les foyers catholiques et dans la paroisse, nos frères doivent pouvoir trouver les sources d'eau vive, les sources de grâces divines, les sources du magistère de l'Église et des sacrements, en
particulier la Pénitence et la Sainte Eucharistie, qui permettront d'étancher la soif spirituelle de ce monde tristement sécularisé.
Prions pour vous, paroissiens, afin que par votre participation à la Sainte Liturgie, célébrée en fidélité au magistère du Saint-Père, vous croissiez dans l'Amour du Christ et portiez cet Amour dans toutes vos activités quotidiennes. Que sainte Marie de Nazareth, Mère de Dieu, intercède pour vous pour que vous suiviez son exemple en donnant vos cœurs à Jésus, trouvant dans Son Très Saint Cœur la source de la purification de chacun de vos péchés et de la fortification de votre âme pour une vie catholique fidèle et généreuse.
À présent, élevons nos cœurs, unis au Cœur Immaculé de Marie, au glorieux Cœur transpercé de Jésus, ouvert par la lance du centurion et toujours prêt à nous accueillir afin que, nous trouvant en présence du Seigneur eucharistique, nous soyons purifiés et fortifiés pour devenir, avec sainte Marie de Nazareth, une source vive d'encouragement et de soutien pour conduire nos frères dans les pas du Christ. Unis au Cœur eucharistique du Christ, nous devenons avec le Christ, comme le fut sainte Marie, Mère de Dieu, une oblation d'amour pur et gratuit pour nos frères. C'est dans le Cœur eucharistique du Christ que nous trouvons l'inspiration et la force pour être, avec sainte Marie, des témoins forts et fiables du Christ et de Son Église, c'est ainsi que vos maisons et votre paroisse deviendront des centres de la nouvelle évangélisation, de la transformation de notre société selon le Cœur de Jésus.
Cœur de Jésus, formé par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie, ayez pitié de nous.
Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous.
Saint Joseph, priez pour nous.
Saint François d'Assise, priez pour nous.
Saint Maximilien Kolbe, priez pour nous.
Saint Padre Pio, priez pour nous.
Raymond Leo Cardinal Burke
Préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1 – Le cardinal Raymond Leo Burke ordonné prêtre par Paul VI en 1975, consacré évêque par Jean-Paul II en 1995, a été créé cardinal par Benoît XVI lors du dernier consistoire (novembre 2010). Proche collaborateur du Saint-Père, ses propos sont à considérer avec attention.
Ancien archevêque de St Louis, ce prélat américain, « jeune » cardinal (il est né en 1948) a été appelé à Rome par le Pape en juin 2008 pour présider le Tribunal suprême de la Signature apostolique. Le 15 juin 2007, quelques jours avant la promulgation du Motu Proprio et alors qu'il était encore archevêque de Saint Louis, Monseigneur Burke n'avait pas hésité à procéder lui même dans sa propre cathédrale à l'ordination sacerdotale de deux prêtres de l'Institut du Christ Roi dans la forme extraordinaire du rite romain. Il célèbre en effet régulièrement la liturgie traditionnelle et a de nouveau ordonné dans la forme extraordinaire, que ce soit pour l'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre ou les Franciscains de l'Immaculée. D'un naturel réservé, il est connu autant pour la douceur de son caractère que pour la fermeté de sa doctrine et n'a rien des “vieilles barbes” qu'évoquait en son temps le Père Gy, quant à lui d’un âge plus vénérable et aujourd’hui défunt, lors des colloques du CIEL.
2 – En remerciant les Franciscains de l'Immaculée « pour le soin qu'ils mettent à célébrer le plus fidèlement possible le rite romain, ce qui est une grande richesse pour les paroissiens », le cardinal Burke fait écho aux cardinaux Castrillón Hoyos et Cañizares. Le premier cité avait indiqué, quelques semaines avant la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum qu'il s'agissait pour le Saint-Père de « conserver les immenses trésors spirituels, culturels et esthétiques liés à la liturgie ancienne » (mai 2007) tandis que le second, actuel Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, a écrit dans sa préface au livre de Monseigneur Bux sur la réforme de la réforme (Lettre de Paix Liturgique n°211) que le Saint-Père entendait : « offrir à tous les fidèles la richesse de la liturgie de l'Église, en permettant la découverte des trésors de son patrimoine liturgique aux personnes qui les ignoraient encore ». Cette continuité de vues entre ces cardinaux de la Curie romaine depuis le geste pacificateur de Benoît XVI est un signe encourageant car elle prouve que, en dépit des oppositions épiscopales, peu à peu, les lignes bougent.
3 – Outre la défense décidée du texte pontifical, on notera dans ce sermon la rigueur de la théologie du cardinal Burke, qui, suivant le Concile de Trente, tient que la messe est un « vrai et propre sacrifice » : « Par le sacrifice eucharistique, Jésus nous rend toujours présent le sacrifice du Calvaire ». Affirmation qui va de pair avec une critique en douceur – il s’agit d’un sermon spirituel et non d’une étude polémique – de la réforme Bugnini : « Après le concile Vatican II, mais non en raison du concile, la façon dont a été réformé le rite de la Messe a, par certains aspects, obscurci l'action divine au cours de la Sainte Messe, action d'union du ciel et de la terre ».
4 – Les enquêtes d'opinion conduites depuis 2007 à l'initiative de Paix Liturgique démontrent qu'un catholique pratiquant sur trois désire avoir accès à la forme extraordinaire dans sa propre paroisse. Or, en ce début 2011, an IV du Motu Proprio Summorum Pontificum, on est encore bien loin d'avoir répondu à cette demande (voir lettre 269 de Paix Liturgique).
En ce début 2011, les oppositions au Motu Proprio de Benoît XVI sont encore bien présentes parmi une part importante de l'épiscopat. Prions donc avec le cardinal Burke, pour que toujours plus de catholiques aient l'occasion d'exprimer et de nourrir « par la célébration régulière de de la forme extraordinaire du rite romain » leur foi catholique authentique et
dévote.
Nota Bene : Le Cardinal Burke sera présent au pèlerinage à Lourdes organisé par l'Institut du Christ-Roi du Souverain Prêtre les 28 et 29 mai 2011. Renseignements : voir anonce ci-dessous.