6 février 2009





Parabole ou fable?
6 février 2009 - Pietro de Paoli - la-croix.com
Merci Williamson ! Sans ses déclarations abjectes, la décision de Benoît XVI n’aurait pas fait tant de bruit, et si elle avait fait moins de bruit, beaucoup de gens ne se seraient pas bougés comme ils viennent de le faire, partout, en France, en Allemagne, en Pologne, et même à la Curie. Au point que le pape ne peut rester sourd et insensible. Oui, il y a dans l’Église une opinion publique et son nom officiel est sensus fidei. Peut-être se souviendra-t-on à l’avenir, qu’il faut compter avec.
En effet, toutes les protestations de pieuse obéissance au Saint-Père n’y changeront rien, l’Esprit Saint souffle où il veut, et pas exclusivement au Vatican. Et le peuple des fidèles a protesté, gémi, parfois crié, et il a fallu que les évêques donnent des explications… embrouillées, parce que, eux non plus, n’aimaient guère se qui se passait.
On a découvert, comme dirait Joffrin, que les cathos ne sont pas fachos, que les catholiques ne sont pas du tout antisémites, bien au contraire, que les catholiques toutes tendances confondues, des progressistes aux traditionalistes, sont attachés au Concile, avec des nuances d’interprétation, mais qu’ils y sont radicalement attachés. Tout cela, ce sont de bonnes nouvelles. Malheureusement, elles ne lèvent pas l’inquiétude de fond sur le sens dans lequel se déroule ce pontificat. Car la levée de l’excommunication s’inscrit dans un paysage général qui n’est pas rassurant.
En effet, il n’y aurait guère d’importance à rouvrir les portes de l’Église catholique romaine aux évêques excommuniés, si cette voie de réconciliation se déployait tout azimut. Or, elle semble ne se déployer que dans une direction, celle prise par les tendances les plus conservatrices et réactionnaires. On se réjouirait plus franchement de la bienveillance paternelle avec laquelle le pape traite la souffrance des quatre excommuniés si l’on voyait la même bénignité s’exercer envers des théologiens « suspects ». On se réjouirait plus librement si le désarroi des personnes, divorcés remariés, homosexuels suscitait à Rome une réelle et miséricordieuse inquiétude. On se réjouirait plus sincèrement si le dialogue oecuménique marquait de spectaculaires avancées.
Pourquoi une centaine de milliers de personnes (0,01% des catholiques, et 0,12% des prêtres) s’opposant de façon constante et réitérée à l’autorité des papes et d’un concile mobilisent-elles ainsi l’attention du Saint-Père ? On peut à bon droit s’étonner.
Certes, le bon berger laisse quatre-vingt dix neuf brebis pour ramener la centième égarée. Mais prenons garde, une magnifique parabole peut cacher une méchante fable où le loup se grime en agneau pour mieux croquer le berger. L’esprit d’ouverture et de réconciliation est un bien, la naïveté serait une faute.
Pietro De Paoli
PS: Dans le même esprit, je conseille d’aller lire l’homélie de Mgr Noyer, évêque émérite d’Amiens à l’adresse ci-dessous.
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=462085