SOURCE - Jean Madiran - Présent - 13 novembre 2012
• Au début de ce mois de novembre, un message adressé à tous les fidèles de la messe traditionnelle comportait l’invitation à « reconnaître pleinement la valeur et la sainteté de la forme ordinaire du rite romain », c’est-à-dire de la messe de Paul VI.
• Parmi les fidèles de la messe traditionnelle il existe plusieurs attitudes à l’égard de ce qui est appelé depuis 2007 « la forme ordinaire du rite romain ». On peut constater que la « reconnaissance
» de cette messe est très diversement assurée, ou bien hésitante et
sous condition. Et cette diversité de points de vue s’accroît fortement
si l’on considère le cas très particulier de la messe française selon
le « Missel des dimanches » publié chaque année depuis quarante-trois ans sous la caution explicite de l’épiscopat.
• Il a existé une première contestation que l’on ne peut raisonnablement
oublier tout à fait : la messe de Paul VI fut utilisée comme une « arme par destination
» pour imposer la disparition de la messe traditionnelle. Tel fut le
grief le plus radical, énoncé dès le mois de décembre 1969. Il a
commencé à être écarté sous Jean-Paul II ; il a été pleinement entendu,
en théorie, par Benoît XVI avec son motu proprio du 7 juillet 2007 ; au
fur et à mesure de l’application effective du motu proprio dans les
paroisses, ce grief devient sans objet.
• Comme le précisait le Bref examen critique adressé en octobre
1969 à Paul VI par le cardinal Ottaviani, la validité de cette messe
nouvelle n’était pas mise en cause (sous la réserve, qui va de soi, que
le célébrant ait l’intention de faire ce que veut faire l’Eglise), mais
il était signalé qu’un risque d’invalidité pourrait apparaître à la
suite d’une évolution ultérieure.
On remarquera à ce sujet que l’intention du célébrant avait été rendue
fâcheusement douteuse : dans la première version (promulguée) du nouveau
missel, l’article 7 de la « présentation » (Institutio generalis)
était très clairement inacceptable. Une intense protestation entraîna
la correction de cet article dès le début de l’année 1970. La référence
chronologique officielle de la messe nouvelle fut désormais « 1970 », alors que sa première promulgation par la Constitution apostolique Missale romanum de Paul VI est du 3 avril 1969.
• Du Bref examen critique, l’opinion publique retint surtout une phrase du cardinal Ottaviani :
« Le nouvel Ordo Missae s’éloigne d’une manière impressionnante,
dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la
sainte messe telle qu’elle a été formulée à la XXIIe session du concile
de Trente. »
Il s’ensuivit des controverses liturgiques et théologiques qui, en
général, ne s’arrêtent pas aux particularités de la messe nouvelle en
langue française. C’est très précisément, et uniquement, sur ce cas
particulier trop négligé que nous voulons revenir en ce début de l’Année
de la Foi.
• La messe française est antérieure au texte promulgué en 1970 du rite
de Paul VI. Elle fut rendue obligatoire par l’ordonnance épiscopale du
12 novembre 1969. Quelques jours auparavant, le 1er novembre, avait été
donné l’imprimatur épiscopal au Missel des dimanches désormais annuel.
En sa page 332 on pouvait lire, à titre de « rappel de foi indispensable », l’affirmation qu’à la messe « il s’agit simplement de faire mémoire de l’unique sacrifice déjà accompli
». Ses quarante-deux éditions successives n’ont pas cessé de multiplier
des malfaçons peut-être involontaires mais certainement insupportables.
La question posée est de savoir dans quelle mesure on peut « reconnaître » la messe française comme une digne et sainte version de la forme ordinaire du rite romain. A suivre.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7727 de Présent du Mardi 13 novembre 2012