Les Gaulois avaient, paraît-il, très peur que le ciel
leur tombe sur la tête. Les millénaristes craignaient la fin du monde. Nous,
les cathos bourgeois, les Christo-mondains, ce que nous redoutons plus que
tout, notre tétanie, notre angoisse systémique et récurrente, c'est l'amalgame
! Cette crainte absolue d'être mis dans le même sac que les brutes, les
violents, les épais, les imbéciles, les dogmatiques et les obtus intégroïdes et
fascisants. Nous aimerions tellement « bien passer », être aimés,
reconnus comme fins, intelligents, sympas et cools par le monde médiatique, que
nous sommes prêts à toutes les circonvolutions. Et nous voilà encore bien plus
préoccupés à nous distinguer, nous démarquer, à montrer du doigt et condamner
nos plus proches alliés sur d'insignifiantes différences, qu'à assumer notre
propre position. Mais quelle chimère ! Si le catho était média-compatible,
Jésus aurait fini comme directeur d'une agence de média-training et non pas
accroché à une croix entre deux délinquants minables au point de se faire
prendre. Si les cathos étaient média-compatibles, alors les premiers chrétiens,
doux comme des agneaux, n'auraient pas été condamnés comme « bouffeurs d'enfants » et incendiaires de Rome. Si les cathos étaient média-compatibles, alors Pie
XII, juste parmi les nations, ne serait pas aujourd'hui traité de collabo
pro-nazi. Ce que nous avons à dire dérange le monde et le monde n'aime pas être
dérangé. Alors ne perdons plus notre énergie à nous justifier, à démontrer que
nous ne sommes pas ceux qu'ils disent que nous sommes… Imaginez-vous le Christ
à son procès tortiller et commencer à répondre : « Mais non, ce n'est
pas ce que j'ai voulu dire » ?
Allez zou ! Laissons tout ça, il y a une civilisation
à ressusciter.