22 février 2014

[Abbé Philippe Brunet, fsspx - La Croix de St Gilles] Pourquoi?

SOURCE - Abbé Philippe Brunet, fsspx - La Croix de St Gilles - février 2014

« Vous pleurerez, le monde, lui, se réjouira » Jean 16,20. Alors que la foule se réjouit de l’annonce de la béatification des papes Jean XXIII et Jean-Paul II, sans doute certains s’étonnent d’apprendre que les fidèles de la Tradition prient, en particulier tous les premiers vendredis du mois, pour empêcher un tel scandale. Pourtant il faut bien reconnaître qu’un tel acte de la part des autorités dans l’Église met en péril la Foi des fidèles. 

Pour le comprendre il faut donner deux principes (1). L’un concerne les canonisations : la canonisation est l’acte par lequel le pape déclare la sainteté et la gloire céleste d’un fidèle défunt, donnant ainsi un exemple à suivre. L’autre principe se rapporte au rôle du Souverain Pontife que le Concile Vatican I résume en affirmant : « Le Saint-Esprit n’a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu’il fasse connaître sous sa révélation une nouvelle doctrine, mais pour qu’avec son assistance ils gardent saintement et exposent fidèlement la révélation transmise par les Apôtres ». Nous comprenons alors que pour canoniser les deux papes conciliaires, il faut deux choses. D’abord qu’ils aient été de saints papes et ensuite qu’ils l’aient été en remplissant adéquatement leur charge pontificale. Et ce dernier aspect ils ne pouvaient le remplir qu’en exerçant héroïquement les vertus correspondantes à leur devoir d’état de pape.

Par rapport au premier principe, ce qui nous intéresse dans la canonisation d’un pape, c’est le caractère public de la fonction papale. Sur la sainteté de vie personnelle, nous ne nous prononçons pas, c’est à Dieu de juger. Quand l’Église déclare « saint » un pape, elle ne le déclare pas à titre d’ « homme pieux privé ». Lorsqu’on canonise un pape, c’est une « sainteté exclusivement papale » qu’on donne en exemple, le fait que tel pape a été saintement pape (2).

Mais on juge de la « sainteté papale » par rapport au second principe énoncé précédemment. « Parmi les missions pontificales, l’Évangile met en avant que Pierre doit fortifier ses frères dans la foi. C’est donc l’ardeur dogmatique pour défendre la vérité, pour stigmatiser l’erreur, pour fortifier la graine de la foi dans l’âme fidèle qui sert de référence à une enquête de canonisation ‘papale’ » (2)

Or, pour reprendre les conclusions de l’étude faite par M. l’abbé de La Rocque (3), la droite raison éclairée par la foi, peut aisément constater l’absence chez ces papes des vertus héroïques caractéristiques de leur état (1).

La Foi a été mis à mal sous ces pontificats. Le Concile Vatican II a introduit officiellement dans l’Église des erreurs et des hérésies. Ces principes nouveaux ont été appliqués en pratique au cours des réunions œcuméniques d’Assise, le dialogue interreligieux et dans la nouvelle liturgie. En nombre de points et à plusieurs reprises, en matière de Foi ces papes se sont révélés ambigus, voire équivoques. En outre ils ont réinterprété le langage de la Foi en plusieurs domaines, pour donner un sens nouveau à des mots anciens. À travers leurs paroles ou leurs actes, de graves erreurs sont véhiculées conduisant les âmes hors de la voie de salut. La même constatation se retrouve vis-à-vis de la vertu d’Espérance qui n’est plus fondée sur la Foi mais sur l’homme et l’unité de la famille humaine. Quant à la vertu de Charité, le dialogue œcuménique et interreligieux s’avère être une attitude fort différente du comportement que Notre-Seigneur Jésus-Christ a montré pendant sa vie et de la charité appliquée aux œuvres de miséricorde spirituelle qui consiste à éclairer les âmes égarées (4).

Je vous invite à lire ou à relire les documents cités en bas de page. Ils vous aideront à comprendre plus facilement ce que rappelle la Fraternité par ces paroles du Supérieur aux prêtres du District au sujet de ces « canonisations » : « (…) Si l’enseignement de l’erreur par le vicaire de Jésus-Christ est un mal inouï, c’en est un plus grand encore de canoniser ces mêmes papes qui ont été les propagateurs de ces erreurs ».

Abbé Philippe Brunet
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1 Si Si No No n° 372, janvier 2014
2 Le Chardonnet, juin 2011, un pape saint ? M. l’abbé J.P. Boubée
3 Jean-Paul II. Doutes sur une canonisation, éditions Clovis
4 DICI n° 234, mai 2011