22 février 2014

[Abbé Renaud de La Motte, fsspx - Apostol] Quelle sainteté pour Jean-Paul II et la FSSPX ?

SOURCE - Apostol - Mars 2014

Comment recevoir cette annonce du Pape François des canonisations de ses prédécesseurs Jean XXIII et Jean-Paul II ? Au-delà des considérations théologiques dont nous vous faisons état dans ce bulletin, il faut avouer qu’il y a une part de mystère dans cette réalité qui s’impose à nous !

Saint Jean-Paul II ? La rapidité du procès de canonisation, tous les souvenirs encore présents d’un pontificat long et compliqué, ses conséquences sur la marche du monde laissent une impression de « précipité », de « parti-pris » pour justifier la politique vaticane depuis Vatican II. Comme s’il y avait « du trop humain » dans cette mise sur les autels… L’Eglise est divine, Elle prend le temps, Elle est sage d’habitude, pour les canonisations. Le Pape Jean-Paul II a embrassé le coran : comment inscrire ce geste significatif et lourd de conséquences, tant pour les catholiques que pour le monde musulman, dans la Tradition de l’Eglise ? Il est impossible, pour ne retenir que cet exemple, de passer sous silence cette prise de position inédite dans l’Eglise…

Qu’est-ce que la sainteté ? Pourquoi l’Église nous donne-t-elle l’exemple des Saints comme modèles à imiter ? Dans le labeur de toute existence, et dans cette quête du ciel pour toute âme bien née, ils se présentent à nous comme des soutiens pour nous aider à lutter contre la pesanteur de notre médiocrité et de notre égoïsme ! Pour gagner le Ciel !

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, en septembre 1896, s’est écriée, un an avant sa mort : « ma vocation, enfin je l’ai trouvée ! Ma vocation, c’est l’Amour ! ». Notre jeune carmélite, modèle de simplicité, de force d’âme, et d’Amour pour les temps modernes, sent bouillonner en elle d’immenses désirs apparemment contradictoires. Elle aspire à tant de vocations : elle voudrait être guerrier, prêtre, diacre, apôtre, docteur de l’Eglise, martyr… Et désirerait vivre chacune d’elles dans toute son ampleur, dans l’espace et dans le temps. Annoncer l’Evangile dans les cinq parties du monde. Quelle audace : « O mon Jésus ! À toutes mes folies que vas-tu répondre ? Y a-t-il une âme plus petite, plus impuissante que la mienne ? ». C’est Dieu qui fait les Saints, l’Esprit-Saint qui souffle sur son Eglise, pas les hommes…

Nous pourrions nous poser cette question : « Quelle sainteté pour la Fraternité Saint Pie X ? » Notre société religieuse est tellement secouée en ce moment, qu’il me semble opportun de donner un élément de réponse, pour prier et réfléchir…

Notre Fondateur, S.E. Mgr Marcel Lefebvre, a tracé le chemin dans les Statuts, pour nous membres de la FSSPX, et vous, fidèles qui recevez les sacrements dans nos chapelles : « le but de la Fraternité est le sacerdoce et tout ce qui s’y rapporte et rien que ce qui le concerne, c'est-à-dire tel que Notre Seigneur Jésus Christ l’a voulu lorsqu’Il a dit : Faites ceci en mémoire de moi. Orienter et réaliser la vie du prêtre vers ce qui est essentiellement sa raison d’être : le saint sacrifice de la Messe, avec tout ce qu’il signifie, tout ce qui en découle, tout ce qui en est le complément ». (Statuts, II, 1-2).

Ailleurs, Mgr Lefebvre s’est adressé aux futurs évêques de la Fraternité, dans cet acte si grave et si important pour la vie de l’Eglise que sont les Sacres de 1988 : « Dieu a suscité la Fraternité sacerdotale saint Pie X pour le maintien et la perpétuité de son sacrifice glorieux et expiatoire dans l’Eglise (…) Le but principal de cette transmission est de conférer la grâce de l’ordre sacerdotal pour la continuation du vrai Sacrifice de la sainte Messe, et pour conférer la grâce du sacrement de confirmation aux enfants et aux fidèles qui vous le demandent (…) Je vous conjure de demeurer attachés au Siège de Pierre, à l’Eglise Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les Eglises, dans la foi catholique, intégrale (…) Enfin, je vous conjure de demeurer attachés à la Fraternité sacerdotale saint Pie X, de demeurer profondément unis entre vous, soumis à son Supérieur Général… (Lettre du 29 août 1987)

Le Bon Dieu n’accordera sa grâce à la Fraternité que dans la mesure où elle sera fidèle à sa vocation : la Messe, le Sacerdoce. C’est le Christ, ou plus exactement la sainteté du Christ, qui sera notre modèle. En cette période terrible de crise secouant l’Eglise, prenons garde de ne pas nous égarer, en étendant notre vocation propre sur des missions qui ne sont pas les nôtres. Résoudre la crise de l’Eglise, juger de tout… Le Père Garrigou-Lagrange O.P. rappelle avec beaucoup de bon sens que le défaut dominant, pour une âme, est « comme une caricature de la bonne inclination qui aurait dû prévaloir, c’est comme le revers de la médaille ». A vouloir trop bien faire, la bonne volonté dégénère et se hasarde sur des pentes glissantes ! Pour Dieu et pour l’Eglise, demandons la grâce de rester humbles et efficaces là où notre sainteté l’exige !

Concluons en citant sainte Thérèse : « Sœur Marie de l’Eucharistie, voulait allumer les cierges pour une procession ; elle n’avait pas d’allumettes, et voyant la petite lampe qui brûle devant les reliques, elle s’en approcha, mais il ne restait plus qu’une faible lueur sur la mèche carbonisée. Elle réussit cependant à allumer son cierge, et, par ce cierge, tous ceux de la communauté. Alors je me dis : qui donc pourrait se glorifier de ses œuvres ? Ainsi, c’est une petite lampe qui a produit ces belles flammes, lesquelles, à leur tour, pourraient en allumer une infinité d’autres, embraser même le monde entier. Et pourtant, même alors, ce serait toujours cette humble petite lampe qui resterait la première cause de cet embrasement ». (Nov. Verba, 76)

Restons cette petite lampe, chers fidèles, et prions bien pour notre chère Fraternité et pour l’Eglise.

Je vous bénis