15 février 2014

[Abbé Régis de Cacqueray, fsspx - Fideliter] Pauvreté du pape et pauvreté du culte

SOURCE - Abbé Régis de Cacqueray, fsspx - Fideliter - janvier/février 2014

L'esprit religieux a soif de la glorification de Dieu. La sainte Église catholique, qui possède à la perfection cet esprit de religion, en témoigne à travers ses cérémonies, ses messes solennelles et pontificales et toute sa liturgie où elle déploie des trésors de beauté. Tous les arts s'inclinent devant la face de Dieu, déversant ce qu'ils possèdent de plus ravissant. Rien n'est trop précieux pour Dieu et les dépenses élevées qui sont engagées pour concourir à la majesté du culte divin ne sont jamais là que pour rappeler aux hommes la grandeur infinie de celui à qui ils s'adressent.

S'il est vrai que Notre-Seigneur Jésus- Christ lui-même a vécu dans une extrême pauvreté et dans le dépouillement, il nous a laissé, au cours de ses trois années de vie publique, de saisissantes exhortations pour nous apprendre la munificence qui convient au culte. Lorsque Judas murmure contre le geste de sainte Marie-Madeleine qui verse sur sa tête du Verbe incarné un parfum luxueux au prétexte qu'on aurait pu le vendre et en céder le prix aux pauvres, Notre-Seigneur prend la défense de l'ancienne pécheresse en déclarant qu'elle a bien fait, car il y aura toujours des pauvres sur la terre, tandis que lui ne se trouvera pas toujours visiblement parmi nous.

Il est remarquable de considérer que le pape saint Pie X, humble fils du facteur de Riese et exemple de pauvreté tout au cours de son existence, ne s'est nullement trouvé incommodé par la pompe des ornements pontificaux qu'il revêtait et par les hommages qu'il recevait de toute la terre. Il savait distinguer entre sa personne privée et l'éminente dignité papale qui était la sienne. C'est en réalité sa grande humilité qui se réjouissait des fastes et des ors romains. Il renvoyait vers celui dont il n'était que le vicaire ces acclamations et cette vénération universelle.

Dans son encyclique Pascendi, c'est avec justesse qu'il a dénoncé la confusion des modernistes. Ils prétendent que « L'autorité religieuse doit se dépouiller de tout cet appareil extérieur, de tous ces ornements pompeux par lesquels elle se donne comme en spectacle. » « Ils oublient – dit saint Pie X – que la religion, si elle appartient à l'âme proprement, n'y est pourtant pas confinée, et que l'honneur rendu à l'autorité rejaillit sur Jésus- Christ, qui l'a instituée.»

Il est fort possible que le pape François, dans son existence quotidienne, vive dans la pauvreté et dans l'ascétisme. Nous ne le savons pas mais si tel est le cas, nous nous en réjouissons, mais ce n'est guère son mode de vie privée qui nous intéresse finalement. Le successeur de Pierre commet un terrible contresens de ne pas comprendre que les honneurs publics qu'il reçoit ne sont pas orientés vers sa personne mais vers le vicaire de Jésus-Christ, car « il est de l'essence du vicaire qu'il ne fasse qu'une seule et même personne hiérarchique avec celui qu'il représente, qu'il en exerce toute l'autorité sans la diviser et sans former au-dessous de lui un degré distinct » (dom Gréa).

Ce n'est donc jamais à la papauté de s'accommoder aux hommes qui occupent successivement le trône de Pierre, mais c'est aux papes qu'il revient de l'épouser. Hélas, il est à craindre que le pape François, méconnaissant l'éminente dignité à laquelle il a été élevé, ne puisse en conséquence comprendre le déploiement des honneurs qui la célèbrent, et qui n'ont rien à voir avec la qualité personnelle du pontife. La papauté n'est pas à réinventer, mais à se perpétuer comme le Christ l'a établie.

Abbé Régis de Cacqueray +, Supérieur du District de France