18 février 2014

[Paix Liturgique] Le pape parle de la défense de la Vie mais les médias se taisent

SOURCE - Lettre 427 de Paix Liturgique - 18 février 2014

Janvier est le mois des "marches pour la vie", en France mais aussi aux États-Unis. Dans un cas comme dans l’autre, ces initiatives pour la vie reposent pour une grande part sur les réseaux catholiques. En France, les évêques commencent à ne plus avoir peur d’apporter leur soutien à cet événement, voire d’y participer en personne (cardinal Barbarin, Mgr Aillet, Mgr Cattenoz et Mgr Benoit-Gonnin cette année). Aux États-Unis, cela fait longtemps que le clergé et l’épiscopat locaux s’y associent. Rien d’étonnant donc à ce que le pape François ait, dans un cas comme dans l’autre, exprimé sa proximité aux marcheurs.

Alors que cette thématique de la défense de la vie et, en particulier, de la dénonciation du crime de l’avortement, a toujours valu à Benoît XVI comme à Jean-Paul II les foudres de la presse (*), pour l’heure celle-ci n’a pas encore sonné la charge contre François. Pourtant, le Pape s’est bel et bien prononcé sur ce sujet à plusieurs reprises, de façon claire et parfaitement en ligne avec ses prédécesseurs. « Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ? », serions-nous tentés d’ajouter à l’intention de tous ceux qui projettent sur l’actuel pontificat leurs fantasmes de révision, si ce n’est de destruction, du Magistère de l’Église.

À dire qu’il n'est pas nécessaire de parler en permanence des questions morales, il est vrai que le Pape pouvait laisser penser, non pas qu’il avait une doctrine différente de ses prédécesseurs mais une pastorale différente, en estimant qu’il fallait moins évoquer les normes et les interdits. Voici quelques-unes de ses paroles que les médias ont choisi sciemment de taire ou de ne relayer que noyées au milieu d’autres, alors qu’elles auraient valu à ses prédécesseurs de gros titres hostiles, des caricatures offensantes et des éditoriaux vengeurs. Notre propos n’est pas, bien sûr, de regretter ces attaques violentes et partisanes, ni de les souhaiter contre l’actuel Souverain Pontife, mais de souligner encore une fois (comme nous l’avons fait dans notre lettre 422) l’instrumentalisation évidente de l’actuel pontificat par les faiseurs d’opinion.

Ce recueil de citations ne nous éloigne pas tant que cela de nos questions liturgiques car l’affirmation de la lex credendi par la promotion de la lex orandi traditionnelle (sujet qui nous occupe d’ordinaire) passe aussi par la bonne connaissance du Magistère pétrinien.
I – FLORILÈGE DU PAPE FRANÇOIS SUR LA DÉFENSE DE LA VIE 
15 mai 2013 : Le salut aux marcheurs pour la vie romains
(Apic/Imedia)
Le pape François a réaffirmé au cours de l’Audience générale l’importance de la défense de la vie, « de sa conception à son terme naturel ». Sur la place Saint-Pierre, dans la matinée de mercredi, par quelques mots en polonais, le Pape a salué l’association polonaise ‘Civitas Christiana’ qui avait participé trois jours plus tôt à Rome à une Marche pour la Vie rassemblant quelque 30 000 personnes. « Que cette initiative, a souhaité le Pape, rappelle à tous la nécessité de promouvoir et de défendre la vie de sa conception à son terme naturel ».

Dimanche 12 mai, le Pape avait déjà salué les participants à cette grande marche populaire, venus de plusieurs pays d’Europe. Il les avait invités à maintenir « vive l’attention de tous sur le thème si important du respect de la vie dès la conception ».

20 septembre 2013 : Le pape François demande aux médecins catholiques de défendre la vie
(Radio Notre-Dame)

Le pape François s’est adressé vendredi matin aux membres de la Fédération internationale des associations des Médecins catholiques réunis à Rome, les appelant fermement à protéger la vie dès la conception.

« Il n’y a pas de vrai développement sans défense de la vie », a affirmé le Pape qui recevait en audience au Vatican ce 20 septembre des gynécologues catholiques. Il a insisté sur « la situation paradoxale » que connaît la société actuelle : « alors qu’on attribue à la personne humaine des droits nouveaux, parfois même des droits présumés, on ne protège pas toujours la vie comme une valeur fondamentale et un droit primordial de chaque homme ».
[…]
« La culture du rebut, qui aujourd’hui met en esclavage le cœur et l’intelligence de tant de personnes, a un coût très élevé : il demande d’éliminer les êtres humains, surtout s’ils sont physiquement ou socialement plus faibles. Notre réponse à cette mentalité est un oui décidé et dépourvu d’hésitation à la vie. Les choses ont un prix et sont vendables, mais les personnes ont une dignité, elles valent plus que les choses et n’ont pas de prix ».
[…]
« L’attention à la vie humaine dans son ensemble, a poursuivi le Saint-Père, est devenue ces derniers temps une vraie priorité du Magistère de l’Église, en particulier à celle qui est la moins défendue, c’est-à-dire la vie de l’handicapé, du malade, de l’enfant à naître, de l’enfant, de la personne âgée ».

Selon le pape François, « chaque enfant qui n’est pas né, mais qui est condamné injustement à être avorté, a le visage de Jésus-Christ, a le visage du Seigneur, qui encore avant la naissance, et ensuite à peine né, a expérimenté le refus du monde. Et chaque personne âgée, même si elle est infirme ou en fin de vie, porte en soi le visage du Christ ».

19 janvier 2014 : Soutien à la Marche pour la Vie de Paris
(Radio Vatican)

Les marcheurs avaient reçu samedi le soutien et la bénédiction du pape François. Dans un courrier envoyé aux organisateurs par le nonce apostolique à Paris, Mgr Luigi Ventura, le Saint-Père a été informé de cette initiative en faveur du respect de la vie humaine et il réaffirme la nécessité de maintenir vive l’attention pour ce sujet si important.

La Marche pour La Vie est organisée chaque année par une dizaine d’associations engagées dans la défense de la vie et l’aide aux mères en détresse. Elle a battu son record d’affluence ce dimanche.

22 janvier 2014 : Tweet pour la « March for Life » américaine
(Radio Vatican)

Par un tweet spécial, le pape François a exprimé aujourd’hui son soutien à la Marche pour la Vie organisée chaque année à Washington, le jour anniversaire de la décision de la Cour Suprême des Étas-Unis de légaliser l’avortement dans le pays.

Le tweet, publié en anglais et en espagnol, dit : « Je m’associe par la prière à la Marche pour la Vie de Washington. Puisse Dieu nous aider à respecter toutes les vies, et particulièrement les plus vulnérables ».
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Dès le début de l'actuel pontificat, il était clair que les médias ne voulaient retenir qu’une seule chose du successeur de Benoît XVI : sa différence présumée radicale avec son prédécesseur. Pour cela, quand le pape François a énoncé le 16 mars 2013 les trois motifs l’ayant amené à placer son pontificat sous le nom du Poverello d’Assise, ils ont titré en grand sur le premier : « une Église pauvre pour les pauvres » ; cité rapidement le second : « l’homme de la paix » ; et totalement omis le troisième : « le gardien de la Création » (audience du nouveau pape aux médias).


2) Comme nous le disions en liminaire, ce parti pris médiatique s’est bien entendu manifesté lors de l’entretien accordé aux revues jésuites, dans lequel le Pape déclarait qu’il n’était pas « nécessaire de parler en permanence » des questions « liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives ». Dans la presse, ce passage est devenu « le Pape dénonce l’obsession de l’avortement », laissant entendre que la doctrine catholique pouvait évoluer ou avoir évolué en la matière, alors que, au plus, cela pouvait vouloir indiquer un changement de pastorale ! Depuis l’avènement de la télévision et encore plus d’Internet, le Magistère pontifical perçu par la population n’est plus celui qui s’enseigne à Rome et qui se transmet en chaire, mais celui qui est caricaturé à l’écran. Il n’est donc pas étonnant que certains catholiques pro-vie s’entendent aujourd’hui rétorquer qu’ils seraient « en contradiction » avec le Pape !


3) Comme viennent de le déclarer coup sur coup deux cardinaux états-uniens (Dolan et O’Malley), ce n’est pas l’Église qui est obsédée par les questions morales, mais la presse laïque et les faiseurs d’opinion progressistes (politiciens, artistes, ONG, etc.). Aussi – et même si, face aux micros, le Pape semble parfois manquer de cette « prudence du serpent » que préconise le Christ (Matthieu, 10:16) – il importe bien de distinguer ce qui est du Pape de ce qui est des médias. C’est ce à quoi Paix liturgique s’attache à faire, semaine après semaine, en ce qui concerne la Messe mais aussi « tout ce qui va avec » !

(*) N'oublions pas non plus le mauvais sort fait à Paul VI au moment d’Humanae Vitae!