Mgr Ricard: la main tendue aux lefebvristes ne remet pas en cause la messe en français |
The Associated Press / latribune.fr - 04/11/06 |
"L'Eglise ne change pas de cap": la main tendue par le pape Benoît XVI aux catholiques intégristes n'est pas une remise en cause du concile Vatican II et de la messe en français, a assuré samedi matin le cardinal Jean-Pierre Ricard en ouvrant à Lourdes la 43e assemblée plénière de la Conférence des évêques de France (CEF). L'archevêque de Bordeaux, qui préside la CEF, est revenu sur l'"émotion profonde" suscitée "tant chez les prêtres que chez les laïcs" (fidèles participant à la vie de l'Eglise sans faire partie du clergé) par "l'annonce, dans les médias, d'une libéralisation possible de l'autorisation de célébrer la messe d'avant la réforme concilaire". Le concile Vatican II (1962-1965) a débouché sur une réforme profonde de la liturgie, avec notamment la participation des fidèles aux lectures et l'utilisation de la langue nationale et non plus du latin. Ce nouveau rite dit "de Paul VI", institué en 1969, peut éventuellement être célébré en latin. C'est le cas dans quelques diocèses français. L'ancien rite, dit "de Saint Pie V", n'est célébré que dans quelques églises, ayant reçu l'autorisation de l'évêque. Hostile aux orientations de Vatican II, qu'il accusait de trahir la tradition de l'Eglise, Mgr Marcel Lefebvre a fondé la Fraternité Saint-Pie X, en 1969, avant d'être excommunié en 1988 par Jean Paul II pour avoir consacré quatre évêques sans le consentement de Rome. Les lefebvristes, qui seraient entre 100.000 et 150.000 dans une trentaine de pays, notamment la France, célèbrent la messe de Saint Pie V en latin. Mgr Ricard a rappelé samedi "le désir de Benoît XVI de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin au schisme lefebvriste". Le pape avait rencontré l'année dernière le successeur de Mgr Lefevbre, mort en 1991, Bernard Fellay. Dans son discours prononcé à Lourdes, et mis en ligne sur le site Internet de la CEF, Mgr Ricard a assuré cependant que cette main "tendue" ne remettait pas en cause le rite actuel. "Les livres liturgiques rédigés et promulgués à la suite du Concile sont la forme ordinaire et donc habituelle du rite romain", a-t-il dit. "Ce projet ne s'inscrit pas dans une volonté de critiquer le missel dit de 'Paul VI' ni de procéder à une réforme de la réforme liturgique". "Non, l'Eglise ne change pas de cap", a assuré le président de la Conférence des évêques de France, en rappelant que le pape s'est engagé "solennellement" à ne pas revenir sur les orientations de Vatican II. En outre, "la décision de libéraliser pour les prêtres la possibilité de dire la messe selon le missel de 1962 n'a pas encore été prise", note Mgr Ricard. "Le Motu proprio (lettre apostolique expédiée de la propre initiative du pape, NDLR) annoncé n'a pas été signé. Son projet va faire l'objet de consultations diverses. Nous pouvons faire part, dès maintenant, de nos craintes et de nos souhaits". AP |