| Le dossier ultrasensible de la liturgie       traditionnelle s'invite à leur rencontre.       UNE CENTAINE d'évêques se réunissent à Lourdes à partir       d'aujourd'hui et jusqu'à jeudi pour leur assemblée bisannuelle, sur fond       de crise liturgique. Quoique non-inscrite officiellement à leur agenda de       travail, la question des traditionalistes et de la liturgie tridentine en       latin, qui agite l'Église de France depuis la rentrée, sera largement       abordée. « Les évêques ont besoin d'échanger sur ce dossier,       mais aussi de redire leur attachement au concile Vatican II »,       estime la directrice de la communication de la Conférence des évêques       de France, Élisabeth Cordier. « Je ne pense pas que l'on puisse       parler d'une situation de crise, note-t-elle, mais il est vrai       qu'il y a un débat entre eux et des inquiétudes ont été       exprimées ». Deux provinces ecclésiastiques, celle de       Normandie et celle de l'Est - soit une quinzaine d'évêques -       ont publié chacune de leur côté une lettre pour manifester publiquement       leurs « inquiétudes » concernant une éventuelle       libéralisation par Rome du rite liturgique latin antérieur au concile       Vatican II, aujourd'hui strictement encadré par les évêques, dans les       diocèses. Une visite à Benoît XVI
 D'autres évêques ou cardinaux sont intervenus dans ce dossier à       titre personnel ou au titre de leurs responsabilités. Le président       de la Conférence des évêques, Mgr Jean-Pierre       Ricard, a ainsi souhaité se rendre à Rome pour travailler cette question       avant l'assemblée. Il a été reçu par Benoît XVI le       26 octobre.
 « Les évêques ne se sentent pas menacés par cette question       qu'ils abordent avec sérénité », affirme Élisabeth Cordier.       Même si le dossier de la liturgie traditionaliste occupera beaucoup les       conversations cette semaine, dans les couloirs et en réunion, les       évêques n'entendent pas se laisser envahir par le sujet. Lors de son       discours d'ouverture, demain matin, le cardinal Jean-Pierre Ricard devrait       ainsi faire l'énumération des trois thèmes sur lesquels ont travaillé       des groupes d'évêques tout au long de l'année et sur lesquels ils vont       encore plancher en assemblée. Celui des « différences       structurantes de la vie sociale » entre homme-femme, père-mère       ou frère-soeur sera l'occasion pour l'épiscopat de faire entendre       publiquement sa voix au sujet de l'homoparentalité.
 Un thème de campagne dont se sont déjà saisis la plupart des       candidats à la présidentielle. L'évêque d'Angers, Mgr Jean-Louis       Bruguès, président de la commission doctrinale des évêques, fera       travailler ses pairs les jours prochains, sur la base de réflexions       menées par des experts tels le psychanalyste Jacques Arènes, le       théologien Xavier Lacroix ou la juriste Catherine Labrusse-Riou. Ce       dossier, pour les évêques, devrait être plus consensuel que celui       consacré à l'enseignement catholique, à son identité et à sa place,       aussi bien dans la société que dans les diocèses. Les déclarations       isolées mais retentissantes de l'évêque d'Avignon, le mois dernier, ont       fait trembler quelques murs. Mgr Jean-Pierre Cattenoz,       dans une interview à l'hebdomadaire Famille Chrétienne,       souhaitant que « le Christ soit vraiment au centre de       l'enseignement catholique », avait menacé de retirer       l'agrément d'école catholique à ceux des établissements de son       diocèse qui n'incluraient pas d'heures « de transmission de la       foi » dans leur programme.
 Pour sa part, le président du groupe de travail sur ce dossier, Mgr Éric       Aumônier, évêque de Versailles, avait affirmé dans nos pages :       « Nous souhaitons une proposition de la foi qui soit claire, mais       pas de prosélytisme ou de sélection sur la religion ou l'origine       sociale. » Pour lui, « cette proposition passe par les       valeurs évangéliques qui imprègnent l'ensemble de l'acte éducatif et       ne se résument pas à quelques heures sur un programme ».
 Enfin, un autre dossier pouvant rejoindre les questions liturgiques       concernera « le ministère des prêtres diocésains et la       communauté paroissiale ». Un sujet sensible du fait de la       raréfaction et du vieillissement du clergé.
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