2 novembre 2014

[Abbé Jehan-Aldric Rondot, fssp - FSSP Besançon] "Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés" (sermon)

SOURCE - Abbé Jehan-Aldric Rondot, fssp - FSSP Besançon - 2 novembre 2014

21è dimanche après la Pentecôte

Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.

Sommes-nous bien tranquille en entendant cette phrase? Combien de fois l’avons-nous prononcée, cette petite phrase bien connue ? Des centaines, des milliers de fois? Et pourtant que c’est dur! Que c’est dur de pardonner parfois, et même pour des petites choses! Que c’est dur de demander pardon… C’est pourtant une réalité fondamentale au cœur de notre foi: Père, Pardonnez leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Pourquoi le Seigneur prend notre nature humaine ? Pour remettre la dette du péché originel. Pourquoi s’offre-t-il sur la Croix? Pour nous donner la possibilité de demander pardon.

Pour l’avoir si souvent demandé, soyons sûrs que nous serons exaucés, Dieu nous pardonnera comme nous aurons nous-mêmes pardonné. Cela mérite un examen de conscience en bonne et due forme car si aujourd’hui est encore le temps de la miséricorde, demain sera le temps de la justice : Alors le maitre le fit appeler et lui dit : Serviteur méchant, je t’ai remis toute cette dette, parce que tu m’as supplié. Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de compagnon de service, comme moi-même j’ai eu pitié de toi? Et la Justice de Dieu n’est pas un vain mot : Et son maître le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il eut payé toute sa dette.

Et s’il vous plait, ne nous disons pas que cela n’arrive qu’aux autres… Je sors du confessionnal, Dieu m’a remis ma dette de dix mille talents, c'est-à-dire une dette que personne n’aurait pu me remettre sinon Dieu Lui-même, car cette somme est considérable. Tout joyeux et libre, le coeur en paix et plein de projets, de bons projets, je m’en vais tout guilleret… Et voilà que quelqu’un, quelqu’un ose venir troubler ma tranquillité et me demande de lui remettre une dette, une petite dette de cent denier, une petite dette de rien du tout, une dette de Charité, une dette d’attention, une dette de service. Et je l’écarte pour rester tranquille, pour ne penser qu’à moi, pour profiter, c’est ce que je pense, de ma paix retrouvée… Foutaise et illusion. Je me trompe et je ne suis pas juste. J’aurai le droit d’être appelé Serviteur méchant.

Chers amis, soyons fidèles dans les petites choses, nous serons fidèles dans les grandes. Exerçons notre pardon. Apprenons à demander pardon et apprenons-le tôt, très tôt ! Que des enfants demandent pardon à leurs parents quand ils ont fait une bêtise, cela nous semble bien normal. Mais que c’est beau de voir des enfants se demander pardon sans qu’on leur demande, que c’est beau de voir des parents ou des amis se demander pardon pour une parole de travers, un manque d’attention ou de délicatesse, un pardon simple pour des choses simples. Et vous, chers jeunes, demandez vous pardon, n’ayez pas peur de vous demander pardon et de vous pardonner. Ne pensez pas que le pardon est une chose pour les faibles. Le pardon, qu’il se donne ou qu’il se reçoive, implique, demande et nécessite de la force et du courage !

Chers amis, Fortifiez vous dans le Seigneur, dans la force de sa puissance. Ne cherchons pas plus loin la force dont nous avons besoin. Il nousfaut tenir bon en face des difficultés : fermeté et constance dans la poursuite du bien. Demandons cette vertu de force dont nous avons tant besoin aujourd’hui. C’est bien beau ce que je raconte, mais quand il faut passer à l’action, il n’y a plus personne, enfin en tout cas moi, je ne suis plus là… Car il me manque la force!

Quand il s’agit d’aller manifester à des milliers pour défendre la vie ou la famille, je me sens fort, mais alors très très fort ! Mais quand il s’agit de dire les choses ou de les appliquer sur mon lieu de travail ou au lycée, je le suis beaucoup moins… Quand il s’agit de retrouver des centaines de personnes à la messe du dimanche, là je suis fort, c’est bien continuez…, mais pour gravir la colline de Saint Claude et venir chanter les Vêpres de la Toussaint, merci à ceux qui étaient là, ou pousser la porte de la chapelle d’hiver en semaine, je suis moins fort…

Prenez l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister au jour mauvais, et après avoir tout surmonté, rester debout. Soyez donc fermes, les reins ceints dela vérité, revêtus de la cuirasse de justice, et les sandales aux pieds, prêts à annoncer l'Evangile de paix.

Chers amis, le coeur du Seigneur est immense pourvu qu’on veuille y entrer. Ne ralentissons pas notre rythme. Poursuivons nos efforts, même si nous avons l’impression qu’ils ne payent pas car ca n’est qu’une impression. Exerçons la miséricorde comme Jésus le faisait, sans rien retenir. A la fin de ma vie, je préfère que le Seigneur me reproche d’avoir été trop miséricordieux plutôt que pas assez. La miséricorde, c’est aussi bon pour l’humilité: reconnaître qu’à la place de l’autre, j’aurai peut-être fait pire.

Que faut-il donc changer pour que le monde aille mieux? Avec l’aide de Notre-Dame, toi et moi.

Abbé Jehan-Aldric Rondot