SOURCE - FSSPX Actualités - 23 juin 2018
Le 14 juin 2018, le Sénat a examiné une proposition de loi envisageant une formation civile et civique obligatoire pour les ministres du culte afin de pouvoir exercer leurs fonctions. Si le texte adopté a été largement amendé, les sénateurs proposent de rendre obligatoire cette formation pour les aumôniers.
Le 14 juin 2018, le Sénat a examiné une proposition de loi envisageant une formation civile et civique obligatoire pour les ministres du culte afin de pouvoir exercer leurs fonctions. Si le texte adopté a été largement amendé, les sénateurs proposent de rendre obligatoire cette formation pour les aumôniers.
« L’objectif n’est pas d’interférer dans les formations religieuses. On veut que cette formation civique et civile soit obligatoire, parce que c’est nécessaire pour la sauvegarde de l’ordre public », tient à préciser Nathalie Goulet, sénatrice UDI - Union des démocrates et indépendants, parti du centre droit - de l’Orne et rapporteur du projet de loi examiné au Sénat.
Cette formation, qui ne concernera que les aumôniers - pour l’instant ? -, aura pour objet de lutter contre les « dérives » de certains cultes en proposant un cursus basé sur « les socles du droit de la République ». Pour la sénatrice, il s'agirait de « favoriser l'application de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat ».
Le gouvernement français, par la voix de Jacqueline Gourault, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur et des cultes, s'oppose à cette proposition. Si le gouvernement « partage intégralement » le diagnostic posé par les sénateurs sur « l’indispensable structuration d’une offre de la formation des imams en France » et « les obligations de transparence sur le financement du culte », il n'est cependant « pas favorable » à la proposition de loi présentée par le Sénat.
Si les ministres du culte musulman sont donc bel et bien visés au premier chef par cette proposition, Nathalie Goulet, la sénatrice à l'origine de la proposition, rappelle qu’aucun culte ne sera épargné. D’ailleurs, « les réactions les plus négatives à notre proposition émanent des milieux chrétiens », explique-t-elle.
Cette dernière remarque est fort intéressante. Seule l'Eglise promeut la distinction des pouvoirs temporel et spirituel, sans confusion ni séparation. Au contraire des fausses religions qui, tel l'Islam, ignorent la distinction des pouvoirs. C'est ainsi que nombre de philosophes des prétendues Lumières admiraient la secte de Mahomet ou avouaient leur fascination pour cet aspect précis. Tandis que Thomas Hobbes proposait de ramener à l'unité politique les deux puissances que sont l'Eglise et l'Etat, Jean-Jacques Rousseau trouvait que Mahomet avait eu « des vues très saines » en liant dans un même système théologique et politique l'Etat islamique (Cf. Du contrat social, livre IV, ch. 8).
Quant à la République mise en place par la Révolution, Alexis de Tocqueville a finement remarqué comment, en voulant procéder « à la régénération du genre humain », « elle est devenue elle-même une sorte de religion nouvelle, religion imparfaite, il est vrai, sans Dieu, sans culte et sans autre vie, mais qui, néanmoins, comme l'islamisme, a inondé toute la terre de ses soldats, de ses apôtres et de ses martyrs. » (L'Ancien Régime et la Révolution, I, 3)
On ne s'étonnera donc pas que Nathalie Goulet ait pu déclarer : « Ces mesures sont prônées par les musulmans eux-mêmes. Je ne comprends pas quels autres cultes pourraient être opposés à cela ». Finalement, République et Islam ont plus d'une accointance et peuvent faire bon ménage.