SOURCE - FSSPX Actualités - 29 juin 2018
Organisée par le professeur Roberto de Mattei, une rencontre internationale sur le thème « Modernisme ancien et nouveau : les racines de la crise dans l’Eglise », s’est tenue le samedi 23 juin 2018, dans la salle de conférence de l’Hôtel Massimo d’Azeglio, au cœur de Rome.
Organisée par le professeur Roberto de Mattei, une rencontre internationale sur le thème « Modernisme ancien et nouveau : les racines de la crise dans l’Eglise », s’est tenue le samedi 23 juin 2018, dans la salle de conférence de l’Hôtel Massimo d’Azeglio, au cœur de Rome.
Le congrès, qui s’inscrivait dans la droite ligne de la Correctio filialis du 16 juillet 2017 – dont beaucoup des signataires étaient d’ailleurs présents comme conférenciers ou assistants –, eut un caractère scientifique élevé, ainsi que l’ont montré le curriculum vitæ des intervenants et le niveau des différentes conférences. Le professeur de Mattei précisa dès le début que le but de la rencontre n’était pas de proposer des conclusions toutes faites – le dernier mot revenant au Magistère solennel de l’Eglise –, mais bien d’ouvrir un débat.
A la fin de la journée, l’universitaire italien a parfaitement résumé le congrès et les aspects essentiels des interventions :
« Nous entendions ouvrir un débat au sein de l’Eglise, plutôt que de le régler. Nous n’avons pas autorité pour clore un débat, mais nous avons tout à fait le droit de l’ouvrir, en posant des questions, en soulevant des doutes et en mettant en lumière des problèmes réels. Dans mon intervention, j’ai cherché à dresser un panorama historique, en commençant par le modernisme, pour tâcher de montrer comment, un siècle plus tard, nous vivons encore immergés dans les mêmes problèmes, ou plutôt dans un néo-modernisme.
« John Lamont a analysé le rapport entre modernisme et “nouvelle théologie”, en faisant des distinctions utiles entre les deux phases de ce phénomène : la première au temps de saint Pie X et la deuxième sous Pie XII – sans mettre pour autant en question leur continuité fondamentale –, et en soulignant également une certaine faiblesse de l’autorité ecclésiastique, lors de la deuxième phase, dans la manière de contrer cette attaque.
« Enrico Maria Radaelli a rappelé la grande figure et l’importance de l’œuvre de Romano Amerio, et a étendu son analyse aux papes les plus récents.
« Le père Albert Kallio o.p. nous a rappelé l’importance, dans le concile Vatican II, de la doctrine de la collégialité, qui a des conséquences importantes tant sur le plan théologique que sur le plan pratique, car elle contredit de nombreuses vérités de la foi.
« L’abbé Claude Barthe a montré qu’à un concile “pastoral” correspond également une liturgie “pastorale”, et a ainsi analysé le problème liturgique sous un rapport nouveau et intéressant.
« Maria Guarini – qui s’est réclamée d’un autre maître à placer aux côtés de Romano Amerio, Mgr Brunero Gherardini – a développé le rapport entre deux problèmes déjà évoqués, mais qu’elle a eu le mérite d’analyser dans leurs relations mutuelles, le problème de la liturgie et celui de la collégialité.
« Don Alberto Strumia a traité d’un sujet assez inédit dans nos congrès : une confrontation constructive entre sciences naturelles et sciences sacrées. Il a souligné un fait paradoxal, à savoir qu’à l’heure où les théologiens catholiques se “dés-hellénisent” en abandonnant la métaphysique aristotélico-thomiste, nombre de chercheurs contemporains, même athées, redécouvrent Aristote et l’utilisent comme base pour leurs études.
« Nous avons aussi reçu un message de Mgr Bernard Fellay, Supérieur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, lequel nous a montré que les difficultés que nous connaissons et dont nous débattons aujourd’hui, ont leurs racines dans les années du Concile et du post-concile. Il a mis au jour une documentation très intéressante, tirée d’une correspondance entre le cardinal Ottaviani et Mgr Lefebvre.
« Nous avons clôturé nos travaux avec deux conférences très actuelles, celle du professeur Valerio Gigliotti sur la question débattue de l’hypothèse d’un pape hérétique, et celle de José Antonio Ureta sur le “changement de paradigme” qui s’est manifesté avec le pontificat du pape François. Valerio Gigliotti n’a pas fait de références concrètes à la situation actuelle, mais il a abordé la question du pape hérétique à la lumière de l’histoire de l’Eglise et du droit canonique, en rappelant que la tradition théologique et juridique de l’Eglise admet à la quasi-unanimité la possibilité de l’hérésie d’un pape. José Antonio Ureta nous a proposé une voie concrète, celle d’une résistance qui peut même aller jusqu’à interrompre la cohabitation avec les mauvais pasteurs, car il n’est pas possible d’être dans un état d’union ecclésiale habituel – pour ne donner qu’un exemple – avec des hommes d’Eglise favorables à la communion des “divorcés remariés” ou à l’intercommunion : comment pourrions-nous ainsi envoyer nos enfants suivre des cours de catéchisme chez de tels prêtres ?
« Quelles sont, en dernière analyse, la fin et l’importance d’une telle rencontre ? […] La doctrine de l’Eglise n’est pas perdue, mais ce que l’on a perdu, c’est le sensus fidei. Je crois que des initiatives de ce genre permettent notamment de reconstruire et de nourrir le sensus fidei. Nous ne nous faisons pas l’illusion que nous allons changer la situation institutionnelle de l’Eglise ; notre action se situe au niveau du monde catholique, de ceux qui, parmi les catholiques, sont encore assez proches de la Tradition, pour précisément renforcer ce sensus fidei et pour créer, par ces rencontres, un réseau, une convergence d’idées, de pensée et d’esprit, ce cor unum et anima una qui a toujours caractérisé les communautés authentiquement catholiques. […] C’est là une condition indispensable pour que la doctrine puisse trouver une application concrète dans la réalité.
« Cette rencontre, conclut le professeur de Mattei, est une suite idéale de la Correctio filialis. Soyez-en certains, ce ne sera pas la dernière : d’autres suivront. »
Cette journée d’études et de profession de foi se termina par la bénédiction que donna Mgr Marco Agostini, officiel de la Secrétairerie d’Etat et cérémoniaire pontifical, présent au congrès.
Abbé Angelo Citati