SOURCE - catholique.over-blog.fr - 16 février 2010
Entretien avec l’Abbé Joven Soliman - Source : sedevacante-pax.blogspot.com - (traduction par un amateur : n’hésitez pas à signaler les contresens éventuels...)
- Frère Pio : Cher M. l’Abbé Joven Soliman, que Dieu vous donne sa sainte paix !
- Abbé Soliman : Je vous remercie, mon frère. Que Dieu vous donne sa sainte paix à vous aussi !
- Frère Pio : Monsieur l’Abbé, parlez-nous de vous, s’il vous plaît. Êtes-vous né dans la religion catholique, ou êtes-vous venu à la Tradition plus tard dans votre vie ?
- Abbé Soliman : J’ai été baptisé catholique, mais j’ai grandi dans l’ignorance de la foi catholique. Je n’étais pas vraiment un pratiquant du N.O.M., ce qui, en quelque sorte, fut une bénédiction parce que, plus tard, il ne fut pas difficile pour moi de venir à la Tradition. C’est à l’âge de seize ans que j’ai pris la religion au sérieux en remarquant que certains de mes camarades de classe devenaient protestants. J’étais convaincu que la religion catholique est la seule vraie religion, mais j’ignorais comment la défendre contre leurs objections. Dès ce moment j’ai décidé d’étudier sérieusement la foi catholique, tout en n’étant pas conscient de la crise dans l’Église. Je suis ainsi venu à la Tradition progressivement jusqu’à ce que j’aie décidé, à l’âge de vingt ans, de cesser d’aller à la nouvelle messe.
- Frère Pio : Où et quand êtes-vous entré au séminaire et quel évêque vous a ordonné ?
- Abbé Soliman : Je suis entré au séminaire de la Sainte Croix à Goulburn, en Australie, en avril 1992 et j’ai passé là mes trois années de philosophie. J’ai poursuivi mes études de théologie à Ecône, en Suisse, de 1995 à 1998. Finalement, j’ai été ordonné prêtre par Son Excellence Mgr Bernard Fellay le 11 Juillet 1998, en l’église Notre-Dame des Victoires, à Quezon aux Philippines.
- Frère Pio : J’ai lu que vous étiez le premier prêtre philippin ordonné dans la FSSPX et que vous avez été prieur à Manille, est-ce exact ? Avez-vous des membres de votre famille engagés dans la vie religieuse ?
- Abbé Soliman : Oui, c’est exact, et j’ai été prieur à Manille d’octobre 2003 au 6 septembre 2008. J’ai une soeur qui est oblate de la FSSPX, et elle est assignée en Suisse.
- Frère Pio : Monsieur l’Abbé, vous avez quitté la Fraternité Saint-Pie X. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?
- Abbé Soliman : J’ai quitté subitement la Fraternité Saint-Pie X le 6 septembre 2008. Je ne peux pas vous en donner le motif dans une interview parce qu’il n’est pas d’ordre public. A tort ou à raison, j'ai considéré ma décision comme un acte de protestation. Donc, vous pouvez écrire que c’est pour des raisons personnelles que je suis parti.
- Frère Pio : Monsieur l’Abbé, croyez-vous que Benoît XVI est l’actuel Souverain Pontife de la Sainte Eglise catholique romaine fondée par Jésus-Christ pour le salut de l’homme ?
- Abbé Soliman : Non, pour moi Benoît XVI est un antipape et un précurseur de l’Antéchrist. Mgr Lefebvre lui-même l’a traité d’hérétique dans l’une de ses conférences.
- Frère Pio : Qu’est-ce qui vous a amené à découvrir que le sédévacantisme est vraiment la situation à laquelle nous assistons malheureusement aujourd’hui ?
- Abbé Soliman : La levée de l’excommunication des quatre évêques de la FSSPX le 21 janvier 2009 m’a incité à étudier le sédévacantisme. Même si j’étais déjà en dehors de la FSSPX à cette époque, je n’étais pas encore officiellement expulsé. Quelques prêtres ont été expulsés de la FSSPX, en raison de leur opposition publique à cette soi-disant « levée de l’excommunication ». Constatant qu’aucun prêtre dans les Philippines ne critiquait ouvertement le décret du 21 janvier 2009 et la lettre de Benoît XVI aux évêques du 10 mars 2009, j’ai donné deux conférences critiquant ces deux documents à certains fidèles qui avaient gardé des contacts avec moi.
- Frère Pio : Avez-vous toujours été favorable à la position sédévacantiste, ou lui étiez-vous opposé au premier abord ?
- Abbé Soliman : Ayant reçu ma formation de la FSSPX, il est naturel que j’aie été opposé à la position sédévacantiste. Je pensais que la position de la FSSPX était celle de la prudence entre le sédévacantisme et le modernisme, mais je sympathisais avec ceux qui défendaient la position sédévacantiste parce que je savais que c’étaient des catholiques qui luttaient contre les erreurs de la religion du novus ordo.
Entre la parution du décret le 21 janvier et le 25 Juillet 2009, j’ai eu tout le temps d’étudier sérieusement la position sédévacantiste et, une fois arrivé à la conclusion inévitable que Ratzinger ne peut pas être un pape légitime mais un antipape, j’ai commencé à omettre le nom de Benoît XVI au canon de la messe à partir du 25 juillet 2009, et j’ai arrêté de dire la messe selon les rubriques de Jean XXIII pour adopter les rubriques de saint Pie X.
- Frère Pio : Quelle a été votre expérience depuis votre départ de la Fraternité, y a-t-il aux Philippines une compréhension de la crise incroyable à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui, ou la Tradition y est-elle associée à la seule FSSPX ?
- Abbé Soliman : Les quatre premiers mois qui ont suivi mon départ du prieuré de Manille en septembre 2008, je les ai passés à célébrer la messe en privé sans faire d’apostolat, songeant même à demander au Supérieur Général de m’accorder un congé sabbatique prolongé à Albano en Italie, parce que je connaissais quelques prêtres là-bas. C'est la “levée de l’excommunication” qui m’a fait décider à ne plus retourner dans la FSSPX. Il aurait été malhonnête de demander ma réadmission juste pour être en désaccord avec leur orientation actuelle et être expulsé pour cette raison.
Après le 21 Janvier 2009, j’ai commencé à donner des conférences à certains fidèles, et le 27 septembre de l’année dernière, j’ai commencé à dire la messe en public à une poignée de fidèles, en spécifiant que la Sainte Messe est offerte non una cum Benedicto. Ma situation est assez difficile puisque je n’ai ni église ni chapelle pour dire la messe, seulement la maison de l’un des fidèles. C’est comme si on revenait aux catacombes. J’ai entendu dire que mes anciens confrères mettaient en garde les fidèles contre moi en prétendant que je suis dangereux, tout en disant de bonnes choses à propos de Ratzinger qui est le véritable ennemi. Aux Philippines, seul un petit nombre comprend la crise que nous traversons aujourd’hui.
Il est triste que beaucoup de fidèles réduisent la crise à une question de messe en latin. Pour eux, ils sont satisfaits avec le missel de 1962 de Jean XXIII, et tiennent pour acquise la foi catholique intégrale. La majorité des traditionalistes sont liés à la Fraternité Saint Pie X, mais il y a aussi quelques-uns des groupes motu proprio qui en sortent.
- Frère Pio : Quelle est la principale difficulté avec la position de la Fraternité, est-ce une question de doctrine ?
- Abbé Soliman : C’est bien entendu une question de doctrine. Je n’ai pas besoin de répéter encore ce que d’autres prêtres sédévacantistes ont déjà dit, mais un point que nous devons souligner dans la position de la FSSPX est son erreur concernant le Magistère ordinaire universel.
En vertu de leur position conciliant résistance au pape et reconnaissance du pape, ils croient pouvoir désobéir sur la nouvelle messe, le nouveau catéchisme, le nouveau code de droit canonique, rejeter les canonisations novus ordo, mépriser des encycliques, etc. Ils ne parviennent pas à réaliser que liturgie, catéchisme, droit canon, canonisations sont également couvertes par l’infaillibilité de l’Église, le Magistère ordinaire universel. Si nous acceptions la position de la FSSPX, alors on pourrait conclure qu’après Vatican II, le Magistère ordinaire universel de l’Eglise est désormais faillible.
- Frère Pio : Y a-t-il dans la FSSPX des prêtres que vous connaissez qui sont sédévacantistes ?
- Abbé Soliman : Je n’en connais aucun, mais il y en a un qui suit les rubriques de saint Pie X pour la messe.
- Frère Pio : Êtes-vous donc le seul prêtre sédévacantiste aux Philippines jusqu’à présent ?
- Abbé Soliman : Oui, et je serais heureux qu’il y en ait un autre.
- Frère Pio : Combien de personnes vous ont suivi et sont d’accord avec votre position aujourd’hui ?
- Abbé Soliman : Plus ou moins trente fidèles.
- Frère Pio : C’est un grand plaisir d’être entré en contact avec un de vos paroissiens aux Philippines qui est entré récemment au noviciat du Tiers-Ordre de la Pénitence de saint François. J’ai été particulièrement impressionné par ses connaissances concernant la crise dans l’Église et sa familiarité avec la doctrine catholique. Passez-vous du temps à éduquer votre petit troupeau là-bas ? Est-ce une partie de votre apostolat, maintenant ?
- Abbé Soliman : Oui, je suis occupé à les instruire, et j’espère que petit à petit leur connaissance de la doctrine catholique se développera.
- Frère Pio :: Quelle est votre situation aujourd’hui, Monsieur l’Abbé, avec un si petit troupeau, est-il difficile de continuer l’apostolat ? Comment les âmes peuvent vous aider financièrement si elles le souhaitent ?
- Abbé Soliman : Oui, c’est difficile mais j’ai confiance dans la Divine Providence. A ceux qui sont disposés à m’aider, vous pouvez donner mon adresse e-mail pour qu’ils me contactent (1).
- Frère Pio : À votre avis, où allons-nous maintenant Je veux dire, que va-t-il se passer à Rome ? Bien sûr, le Bon Dieu interviendra face à la situation de vacance du siège de Pierre, mais à votre avis, comment cela se produira-t-il ?
- Abbé Soliman : Nous sommes à présent plongés dans la grande apostasie prédite dans l’Ecriture Sainte. On est aveugle si on prétend que nous ne sommes pas encore dans la grande apostasie. La destruction de la foi parmi les nations et les individus après le concile Vatican II est suffisante pour montrer que la grande apostasie est en cours, et que les antipapes postconciliaires sont ceux qui enseignent et mettent en œuvre la doctrine de l’Antéchrist.
Il est triste que les catholiques traditionnels attachés à l’église conciliaire soient muets au sujet de Ratzinger qui promeut le nouvel ordre mondial. C’est en raison de la vacance du siège de Pierre qui est à présent usurpé par un antipape qui prépare la venue de l’Antéchrist. Dieu sait comment la question de la vacance sera résolue. Que ce soit par une intervention miraculeuse, un conclave ou un concile œcuménique, Dieu le sait. N’oublions pas que saint Pierre le premier pape n’a pas été élu par un conclave. Il a été directement nommé par Notre Seigneur Jésus-Christ. Donc, Dieu sait comment elle sera résolue, et quand. Ce que notre sens catholique nous indique en ce moment est que le siège de Pierre est occupé par un antipape, et qu’il doit être combattu et dénoncé par tous les catholiques attachés à la foi.
- Frère Pio : Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez dire pour encourager les personnes dans l’Église qui partagent votre position sur la crise ? S’il y a des prêtres de la FSSPX qui lisent cet entretien, que voudriez-vous leur communiquer, que leur diriez-vous au sujet du sédévacantisme et de la crise dans l’Église ?
- Abbé Soliman : En ces temps difficiles, il est de notre devoir de garder la foi catholique tout entière. Gardons devant les yeux la constance et la persévérance de nos ancêtres dans la foi qui ont refusé tout compromis avec les hérésies, et même versé leur sang pour défendre la foi. Recevez les sacrements de prêtres sans compromis avec l’église de contrefaçon de Vatican II, si vous avez accès à eux... Priez le Rosaire tous les jours. S’il y a des prêtres de la FSSPX qui lisent cet entretien, j’espère qu’ils trouveront le temps d’étudier la question du sédévacantisme. Ils ne doivent pas seulement lire les écrits opposés au sédévacantisme, mais aussi ceux des sédévacantistes. Ils ne doivent pas oublier que Mgr Lefebvre lui-même a dit dans une de ses conférences en 1986, en parlant de Jean-Paul II, qu’« il est possible que nous soyons dans l'obligation de croire que ce pape n'est pas pape » et cela s’applique désormais à Benoît XVI. Ils ne doivent pas faire confiance à Benoît XVI. Il est le véritable ennemi, et non les sédévacantistes.
- Frère Pio : Monsieur l’Abbé Soliman, je vous remercie beaucoup pour le temps que vous avez consacré à répondre à ces questions. Que le Bon Dieu vous bénisse et que Marie vous garde en ces temps difficiles ! Voulez-vous avoir la gentillesse d’accorder votre bénédiction sacerdotale à l’enquêteur et à tous ceux qui liront ceci ? Pax et Bonum !
- Abbé Soliman : Merci beaucoup à vous aussi, Frère Pio. Benedictio Dei Omnipotentis, Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, descendat super vos et maneat semper. Amen.
(1) Pour soutenir l’apostolat de M. l’Abbé Joven Soliman, on peut écrire à : frapiofrancis@gmail.com.
Entretien avec l’Abbé Joven Soliman - Source : sedevacante-pax.blogspot.com - (traduction par un amateur : n’hésitez pas à signaler les contresens éventuels...)
- Frère Pio : Cher M. l’Abbé Joven Soliman, que Dieu vous donne sa sainte paix !
- Abbé Soliman : Je vous remercie, mon frère. Que Dieu vous donne sa sainte paix à vous aussi !
- Frère Pio : Monsieur l’Abbé, parlez-nous de vous, s’il vous plaît. Êtes-vous né dans la religion catholique, ou êtes-vous venu à la Tradition plus tard dans votre vie ?
- Abbé Soliman : J’ai été baptisé catholique, mais j’ai grandi dans l’ignorance de la foi catholique. Je n’étais pas vraiment un pratiquant du N.O.M., ce qui, en quelque sorte, fut une bénédiction parce que, plus tard, il ne fut pas difficile pour moi de venir à la Tradition. C’est à l’âge de seize ans que j’ai pris la religion au sérieux en remarquant que certains de mes camarades de classe devenaient protestants. J’étais convaincu que la religion catholique est la seule vraie religion, mais j’ignorais comment la défendre contre leurs objections. Dès ce moment j’ai décidé d’étudier sérieusement la foi catholique, tout en n’étant pas conscient de la crise dans l’Église. Je suis ainsi venu à la Tradition progressivement jusqu’à ce que j’aie décidé, à l’âge de vingt ans, de cesser d’aller à la nouvelle messe.
- Frère Pio : Où et quand êtes-vous entré au séminaire et quel évêque vous a ordonné ?
- Abbé Soliman : Je suis entré au séminaire de la Sainte Croix à Goulburn, en Australie, en avril 1992 et j’ai passé là mes trois années de philosophie. J’ai poursuivi mes études de théologie à Ecône, en Suisse, de 1995 à 1998. Finalement, j’ai été ordonné prêtre par Son Excellence Mgr Bernard Fellay le 11 Juillet 1998, en l’église Notre-Dame des Victoires, à Quezon aux Philippines.
- Frère Pio : J’ai lu que vous étiez le premier prêtre philippin ordonné dans la FSSPX et que vous avez été prieur à Manille, est-ce exact ? Avez-vous des membres de votre famille engagés dans la vie religieuse ?
- Abbé Soliman : Oui, c’est exact, et j’ai été prieur à Manille d’octobre 2003 au 6 septembre 2008. J’ai une soeur qui est oblate de la FSSPX, et elle est assignée en Suisse.
- Frère Pio : Monsieur l’Abbé, vous avez quitté la Fraternité Saint-Pie X. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?
- Abbé Soliman : J’ai quitté subitement la Fraternité Saint-Pie X le 6 septembre 2008. Je ne peux pas vous en donner le motif dans une interview parce qu’il n’est pas d’ordre public. A tort ou à raison, j'ai considéré ma décision comme un acte de protestation. Donc, vous pouvez écrire que c’est pour des raisons personnelles que je suis parti.
- Frère Pio : Monsieur l’Abbé, croyez-vous que Benoît XVI est l’actuel Souverain Pontife de la Sainte Eglise catholique romaine fondée par Jésus-Christ pour le salut de l’homme ?
- Abbé Soliman : Non, pour moi Benoît XVI est un antipape et un précurseur de l’Antéchrist. Mgr Lefebvre lui-même l’a traité d’hérétique dans l’une de ses conférences.
- Frère Pio : Qu’est-ce qui vous a amené à découvrir que le sédévacantisme est vraiment la situation à laquelle nous assistons malheureusement aujourd’hui ?
- Abbé Soliman : La levée de l’excommunication des quatre évêques de la FSSPX le 21 janvier 2009 m’a incité à étudier le sédévacantisme. Même si j’étais déjà en dehors de la FSSPX à cette époque, je n’étais pas encore officiellement expulsé. Quelques prêtres ont été expulsés de la FSSPX, en raison de leur opposition publique à cette soi-disant « levée de l’excommunication ». Constatant qu’aucun prêtre dans les Philippines ne critiquait ouvertement le décret du 21 janvier 2009 et la lettre de Benoît XVI aux évêques du 10 mars 2009, j’ai donné deux conférences critiquant ces deux documents à certains fidèles qui avaient gardé des contacts avec moi.
- Frère Pio : Avez-vous toujours été favorable à la position sédévacantiste, ou lui étiez-vous opposé au premier abord ?
- Abbé Soliman : Ayant reçu ma formation de la FSSPX, il est naturel que j’aie été opposé à la position sédévacantiste. Je pensais que la position de la FSSPX était celle de la prudence entre le sédévacantisme et le modernisme, mais je sympathisais avec ceux qui défendaient la position sédévacantiste parce que je savais que c’étaient des catholiques qui luttaient contre les erreurs de la religion du novus ordo.
Entre la parution du décret le 21 janvier et le 25 Juillet 2009, j’ai eu tout le temps d’étudier sérieusement la position sédévacantiste et, une fois arrivé à la conclusion inévitable que Ratzinger ne peut pas être un pape légitime mais un antipape, j’ai commencé à omettre le nom de Benoît XVI au canon de la messe à partir du 25 juillet 2009, et j’ai arrêté de dire la messe selon les rubriques de Jean XXIII pour adopter les rubriques de saint Pie X.
- Frère Pio : Quelle a été votre expérience depuis votre départ de la Fraternité, y a-t-il aux Philippines une compréhension de la crise incroyable à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui, ou la Tradition y est-elle associée à la seule FSSPX ?
- Abbé Soliman : Les quatre premiers mois qui ont suivi mon départ du prieuré de Manille en septembre 2008, je les ai passés à célébrer la messe en privé sans faire d’apostolat, songeant même à demander au Supérieur Général de m’accorder un congé sabbatique prolongé à Albano en Italie, parce que je connaissais quelques prêtres là-bas. C'est la “levée de l’excommunication” qui m’a fait décider à ne plus retourner dans la FSSPX. Il aurait été malhonnête de demander ma réadmission juste pour être en désaccord avec leur orientation actuelle et être expulsé pour cette raison.
Après le 21 Janvier 2009, j’ai commencé à donner des conférences à certains fidèles, et le 27 septembre de l’année dernière, j’ai commencé à dire la messe en public à une poignée de fidèles, en spécifiant que la Sainte Messe est offerte non una cum Benedicto. Ma situation est assez difficile puisque je n’ai ni église ni chapelle pour dire la messe, seulement la maison de l’un des fidèles. C’est comme si on revenait aux catacombes. J’ai entendu dire que mes anciens confrères mettaient en garde les fidèles contre moi en prétendant que je suis dangereux, tout en disant de bonnes choses à propos de Ratzinger qui est le véritable ennemi. Aux Philippines, seul un petit nombre comprend la crise que nous traversons aujourd’hui.
Il est triste que beaucoup de fidèles réduisent la crise à une question de messe en latin. Pour eux, ils sont satisfaits avec le missel de 1962 de Jean XXIII, et tiennent pour acquise la foi catholique intégrale. La majorité des traditionalistes sont liés à la Fraternité Saint Pie X, mais il y a aussi quelques-uns des groupes motu proprio qui en sortent.
- Frère Pio : Quelle est la principale difficulté avec la position de la Fraternité, est-ce une question de doctrine ?
- Abbé Soliman : C’est bien entendu une question de doctrine. Je n’ai pas besoin de répéter encore ce que d’autres prêtres sédévacantistes ont déjà dit, mais un point que nous devons souligner dans la position de la FSSPX est son erreur concernant le Magistère ordinaire universel.
En vertu de leur position conciliant résistance au pape et reconnaissance du pape, ils croient pouvoir désobéir sur la nouvelle messe, le nouveau catéchisme, le nouveau code de droit canonique, rejeter les canonisations novus ordo, mépriser des encycliques, etc. Ils ne parviennent pas à réaliser que liturgie, catéchisme, droit canon, canonisations sont également couvertes par l’infaillibilité de l’Église, le Magistère ordinaire universel. Si nous acceptions la position de la FSSPX, alors on pourrait conclure qu’après Vatican II, le Magistère ordinaire universel de l’Eglise est désormais faillible.
- Frère Pio : Y a-t-il dans la FSSPX des prêtres que vous connaissez qui sont sédévacantistes ?
- Abbé Soliman : Je n’en connais aucun, mais il y en a un qui suit les rubriques de saint Pie X pour la messe.
- Frère Pio : Êtes-vous donc le seul prêtre sédévacantiste aux Philippines jusqu’à présent ?
- Abbé Soliman : Oui, et je serais heureux qu’il y en ait un autre.
- Frère Pio : Combien de personnes vous ont suivi et sont d’accord avec votre position aujourd’hui ?
- Abbé Soliman : Plus ou moins trente fidèles.
- Frère Pio : C’est un grand plaisir d’être entré en contact avec un de vos paroissiens aux Philippines qui est entré récemment au noviciat du Tiers-Ordre de la Pénitence de saint François. J’ai été particulièrement impressionné par ses connaissances concernant la crise dans l’Église et sa familiarité avec la doctrine catholique. Passez-vous du temps à éduquer votre petit troupeau là-bas ? Est-ce une partie de votre apostolat, maintenant ?
- Abbé Soliman : Oui, je suis occupé à les instruire, et j’espère que petit à petit leur connaissance de la doctrine catholique se développera.
- Frère Pio :: Quelle est votre situation aujourd’hui, Monsieur l’Abbé, avec un si petit troupeau, est-il difficile de continuer l’apostolat ? Comment les âmes peuvent vous aider financièrement si elles le souhaitent ?
- Abbé Soliman : Oui, c’est difficile mais j’ai confiance dans la Divine Providence. A ceux qui sont disposés à m’aider, vous pouvez donner mon adresse e-mail pour qu’ils me contactent (1).
- Frère Pio : À votre avis, où allons-nous maintenant Je veux dire, que va-t-il se passer à Rome ? Bien sûr, le Bon Dieu interviendra face à la situation de vacance du siège de Pierre, mais à votre avis, comment cela se produira-t-il ?
- Abbé Soliman : Nous sommes à présent plongés dans la grande apostasie prédite dans l’Ecriture Sainte. On est aveugle si on prétend que nous ne sommes pas encore dans la grande apostasie. La destruction de la foi parmi les nations et les individus après le concile Vatican II est suffisante pour montrer que la grande apostasie est en cours, et que les antipapes postconciliaires sont ceux qui enseignent et mettent en œuvre la doctrine de l’Antéchrist.
Il est triste que les catholiques traditionnels attachés à l’église conciliaire soient muets au sujet de Ratzinger qui promeut le nouvel ordre mondial. C’est en raison de la vacance du siège de Pierre qui est à présent usurpé par un antipape qui prépare la venue de l’Antéchrist. Dieu sait comment la question de la vacance sera résolue. Que ce soit par une intervention miraculeuse, un conclave ou un concile œcuménique, Dieu le sait. N’oublions pas que saint Pierre le premier pape n’a pas été élu par un conclave. Il a été directement nommé par Notre Seigneur Jésus-Christ. Donc, Dieu sait comment elle sera résolue, et quand. Ce que notre sens catholique nous indique en ce moment est que le siège de Pierre est occupé par un antipape, et qu’il doit être combattu et dénoncé par tous les catholiques attachés à la foi.
- Frère Pio : Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez dire pour encourager les personnes dans l’Église qui partagent votre position sur la crise ? S’il y a des prêtres de la FSSPX qui lisent cet entretien, que voudriez-vous leur communiquer, que leur diriez-vous au sujet du sédévacantisme et de la crise dans l’Église ?
- Abbé Soliman : En ces temps difficiles, il est de notre devoir de garder la foi catholique tout entière. Gardons devant les yeux la constance et la persévérance de nos ancêtres dans la foi qui ont refusé tout compromis avec les hérésies, et même versé leur sang pour défendre la foi. Recevez les sacrements de prêtres sans compromis avec l’église de contrefaçon de Vatican II, si vous avez accès à eux... Priez le Rosaire tous les jours. S’il y a des prêtres de la FSSPX qui lisent cet entretien, j’espère qu’ils trouveront le temps d’étudier la question du sédévacantisme. Ils ne doivent pas seulement lire les écrits opposés au sédévacantisme, mais aussi ceux des sédévacantistes. Ils ne doivent pas oublier que Mgr Lefebvre lui-même a dit dans une de ses conférences en 1986, en parlant de Jean-Paul II, qu’« il est possible que nous soyons dans l'obligation de croire que ce pape n'est pas pape » et cela s’applique désormais à Benoît XVI. Ils ne doivent pas faire confiance à Benoît XVI. Il est le véritable ennemi, et non les sédévacantistes.
- Frère Pio : Monsieur l’Abbé Soliman, je vous remercie beaucoup pour le temps que vous avez consacré à répondre à ces questions. Que le Bon Dieu vous bénisse et que Marie vous garde en ces temps difficiles ! Voulez-vous avoir la gentillesse d’accorder votre bénédiction sacerdotale à l’enquêteur et à tous ceux qui liront ceci ? Pax et Bonum !
- Abbé Soliman : Merci beaucoup à vous aussi, Frère Pio. Benedictio Dei Omnipotentis, Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, descendat super vos et maneat semper. Amen.
(1) Pour soutenir l’apostolat de M. l’Abbé Joven Soliman, on peut écrire à : frapiofrancis@gmail.com.