Requiem pour Dom Gérard - F. Jehan, mbi - Bénédictins de l’Immaculée - 28 février 2010
Chers Amis,
Demain, 1er mars, nous commémorerons le deuxième anniversaire du décès de Dom Gérard († 28 février 2008), notre fondateur à Bedoin puis au Barroux et célébrerons ce jour-là la messe de Requiem à son intention.
Nous désirons de toutes nos forces ici à Villatalla vivre, dans sa pureté, la grâce monastique et liturgique que Dom Gérard reçut à Bedoin en 1970, qu’il sut défendre et transmettre par l’exemple et par la parole dont il avait le charisme : grâce fondatrice dont je fus un témoin privilégié comme étant son premier compagnon et disciple et qui se résume dans la quête inlassable de la vie intérieure alimentée à la source d'une part, de la Règle de saint Benoît et des coutumes léguées par nos anciens et, d’autre part, de la traditionnelle et divine liturgie.
35 ans après, confronté à un mouvement de contestation, il protestera avec force : «Je répète que je n’ai jamais, au grand jamais, voulu introduire l’usage du nouveau rite. Non seulement je ne l’ai pas voulu mais pendant trente ans nous avons tenu le cap, formé la communauté dans le sens de cette fidélité, en bravant les interdits, changés aujourd’hui en gracieuses permissions, agrémentées de félicitations en haut lieu».
C’est par cette double fidélité monastique et liturgique, en effet, que la vie intérieure établit peu à peu son royaume dans nos âmes, telle était sa conviction profonde. C’est donc aussi par cette double fidélité que nous lui témoignerons une authentique piété filiale. Une authentique piété filiale qui, comme le souligne Jean Madiran, ne consiste pas seulement «à se savoir débiteur insolvable dans son être même», mais «à savoir aussi que le patrimoine reçu est pour le transmettre et non pour en disposer».
La piété filiale n’est pas un “revêtement accessoire” de la vie monastique mais une “condition de sa survie”. Et les propos sévères mais combien vrais, hélas! de Madiran sur l’impiété à l’égard de la patrie s’appliquent tout autant et a fortiori à l’impiété religieuse :
C’est donc avec une gratitude, pleinement filiale, que ce lundi 1er mars nous offrirons le saint sacrifice de la messe pour le repos de l’âme de celui qui, pour beaucoup, fut un phare dans la nuit, et pour nous un père et un maître qui sût nous tracer le chemin lumineux de la vie monastique intégrale.
Animés de cet esprit filial, nous nous réjouissons, pour l’honneur et la mémoire de Dom Gérard, qu’un oblat italien du Barroux ait entrepris et proposé, à travers un site internet (romualdica.blogspot.com), une traduction de ses œuvres dans la belle et noble langue de Dante. Chers amis italiens, allez voir, vous trouverez-là un trésor de vie spirituelle pour vos âmes et le patrimoine authentique et éloquent de ce qui a constitué le fond commun de la spiritualité monastique depuis ses origines.
F. Jehan, mbi
Chers Amis,
Demain, 1er mars, nous commémorerons le deuxième anniversaire du décès de Dom Gérard († 28 février 2008), notre fondateur à Bedoin puis au Barroux et célébrerons ce jour-là la messe de Requiem à son intention.
Nous désirons de toutes nos forces ici à Villatalla vivre, dans sa pureté, la grâce monastique et liturgique que Dom Gérard reçut à Bedoin en 1970, qu’il sut défendre et transmettre par l’exemple et par la parole dont il avait le charisme : grâce fondatrice dont je fus un témoin privilégié comme étant son premier compagnon et disciple et qui se résume dans la quête inlassable de la vie intérieure alimentée à la source d'une part, de la Règle de saint Benoît et des coutumes léguées par nos anciens et, d’autre part, de la traditionnelle et divine liturgie.
35 ans après, confronté à un mouvement de contestation, il protestera avec force : «Je répète que je n’ai jamais, au grand jamais, voulu introduire l’usage du nouveau rite. Non seulement je ne l’ai pas voulu mais pendant trente ans nous avons tenu le cap, formé la communauté dans le sens de cette fidélité, en bravant les interdits, changés aujourd’hui en gracieuses permissions, agrémentées de félicitations en haut lieu».
C’est par cette double fidélité monastique et liturgique, en effet, que la vie intérieure établit peu à peu son royaume dans nos âmes, telle était sa conviction profonde. C’est donc aussi par cette double fidélité que nous lui témoignerons une authentique piété filiale. Une authentique piété filiale qui, comme le souligne Jean Madiran, ne consiste pas seulement «à se savoir débiteur insolvable dans son être même», mais «à savoir aussi que le patrimoine reçu est pour le transmettre et non pour en disposer».
La piété filiale n’est pas un “revêtement accessoire” de la vie monastique mais une “condition de sa survie”. Et les propos sévères mais combien vrais, hélas! de Madiran sur l’impiété à l’égard de la patrie s’appliquent tout autant et a fortiori à l’impiété religieuse :
«Car l’impie, négligent ou indifférent à l’égard de la vie intellectuelle et morale qu’il a reçue, et qui pourtant constitue son être, l’impie ingrat à l’endroit de ceux qui ont nourri et armé son âme, sera en cela très impropre à transmettre à son tour cette immatérielle richesse. Influent, comme on l’est toujours, par son être plus que par ses discours, il transmettra surtout sa propre indifférence, sa propre ingratitude. Il respirera et inspirera un esprit de méconnaissance du patrimoine moral de la patrie. Si l’on honore pas, on commence à négliger. On devient indifférent. On se trouvera désarmé en face de la dérision et du mépris qui tôt ou tard cesseront de ramper, s’élèveront au premier rang et se mettront à parler haut sans être refoulés». (Jean Madiran, Une Civilisation Blessée au Cœur, p. 34.)«Que m’importe le passé en tant que passé, s’écriait déjà Gustave Thibon, ne voyez-vous pas que, lorsque je pleure sur la rupture d’une tradition, c’est surtout à l’avenir que je pense? Quand je vois pourrir une racine, j’ai pitié des fleurs qui demain sécheront faute de sève. Telles sont pour nous les raisons de maintenir ardemment les formes les plus sacrées de la liturgie catholique.»
C’est donc avec une gratitude, pleinement filiale, que ce lundi 1er mars nous offrirons le saint sacrifice de la messe pour le repos de l’âme de celui qui, pour beaucoup, fut un phare dans la nuit, et pour nous un père et un maître qui sût nous tracer le chemin lumineux de la vie monastique intégrale.
Animés de cet esprit filial, nous nous réjouissons, pour l’honneur et la mémoire de Dom Gérard, qu’un oblat italien du Barroux ait entrepris et proposé, à travers un site internet (romualdica.blogspot.com), une traduction de ses œuvres dans la belle et noble langue de Dante. Chers amis italiens, allez voir, vous trouverez-là un trésor de vie spirituelle pour vos âmes et le patrimoine authentique et éloquent de ce qui a constitué le fond commun de la spiritualité monastique depuis ses origines.
F. Jehan, mbi