SOURCE - Claire Lesegretain - La Croix - 17 février 2010
Interdit de célébrer les sacrements en 1966 et sanctionné depuis à plusieurs reprises, le fondateur de la Contre-réforme catholique est décédé dimanche à 85 ans, à Saint-Parres-lès-Vaudes (Aube)
La figure de l’abbé Georges de Nantes restera celle d’un « opposant violent » au Concile Vatican II. Né en 1924 à Toulon dans une famille catholique proche de l’Action française, le jeune homme rejoint en 1942 les Chantiers de jeunesse du maréchal Pétain puis entre, l’année suivante, au séminaire d’Issy-les-Moulineaux.
Ordonné prêtre en 1948 dans le diocèse de Grenoble, il enseigne la philosophie et la théologie au noviciat des Frères missionnaires des campagnes. En 1950, il est exclu de sa charge à cause de ses prises de position d’extrême droite. Il sera renvoyé du diocèse de Paris en 1952 pour les mêmes raisons, et devient professeur de philosophie à Pontoise puis en Normandie.
Nommé curé de Villemaur-sur-Vanne (Aube) en 1958, il y crée deux communautés (sans statut canonique) des Petits Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus ; il s’installera ensuite à Saint-Parres-lès-Vaudes. Ces deux groupes seront accusés de comportements sectaires en 1995 par une commission d’enquête parlementaire.
«Conception sensualiste de l’Eucharistie»
S’étant fait à nouveau remarquer en 1962 pour ses prises de position sur l’Algérie française puis sur le concile Vatican II, l’abbé de Nantes fonde la Ligue de la contre-réforme catholique. Il est frappé par Mgr Julien Le Couëdic, alors évêque de Troyes, de suspense a divinis le 25 août 1966, ce qui le relève de toute fonction sacerdotale. En 1973, il franchit une nouvelle étape en écrivant un Liber accusationis contre Paul VI, pour hérésie, schisme et scandale.
Jean-Paul II ne trouvera pas davantage grâce à ses yeux… Il refusait cependant toute création d’une communauté ecclésiale parallèle et insistait, au contraire, pour que ses sympathisants « nantistes » fréquentent leurs paroisses. Devenu moins médiatique après le schisme lefebvriste, il lancera alors des pseudo-prophéties, prédisant l’invasion de l’Europe par l’Union soviétique…
Les deux recours qu’il avait déposés au Tribunal de la Signature apostolique avaient été officiellement rejetés par le Saint-Siège en 2000, confirmant sa suspense a divinis. Ses rapports avec le diocèse de Troyes ont également toujours été très tendus. En 1996, Mgr Gérard Daucourt, alors évêque de Troyes, dénonçait ses pratiques (« conception sensualiste de l’Eucharistie » et « mystique érotique ») et lui demandait de se retirer en Suisse : il n’y restera que trois mois. Il laisse une quarantaine de religieux et religieuses, sans parler des dix moniales qui l’avaient quitté en 1989 pour fonder le couvent Notre-Dame de la Consolation, à Draguignan.
Interdit de célébrer les sacrements en 1966 et sanctionné depuis à plusieurs reprises, le fondateur de la Contre-réforme catholique est décédé dimanche à 85 ans, à Saint-Parres-lès-Vaudes (Aube)
La figure de l’abbé Georges de Nantes restera celle d’un « opposant violent » au Concile Vatican II. Né en 1924 à Toulon dans une famille catholique proche de l’Action française, le jeune homme rejoint en 1942 les Chantiers de jeunesse du maréchal Pétain puis entre, l’année suivante, au séminaire d’Issy-les-Moulineaux.
Ordonné prêtre en 1948 dans le diocèse de Grenoble, il enseigne la philosophie et la théologie au noviciat des Frères missionnaires des campagnes. En 1950, il est exclu de sa charge à cause de ses prises de position d’extrême droite. Il sera renvoyé du diocèse de Paris en 1952 pour les mêmes raisons, et devient professeur de philosophie à Pontoise puis en Normandie.
Nommé curé de Villemaur-sur-Vanne (Aube) en 1958, il y crée deux communautés (sans statut canonique) des Petits Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus ; il s’installera ensuite à Saint-Parres-lès-Vaudes. Ces deux groupes seront accusés de comportements sectaires en 1995 par une commission d’enquête parlementaire.
«Conception sensualiste de l’Eucharistie»
S’étant fait à nouveau remarquer en 1962 pour ses prises de position sur l’Algérie française puis sur le concile Vatican II, l’abbé de Nantes fonde la Ligue de la contre-réforme catholique. Il est frappé par Mgr Julien Le Couëdic, alors évêque de Troyes, de suspense a divinis le 25 août 1966, ce qui le relève de toute fonction sacerdotale. En 1973, il franchit une nouvelle étape en écrivant un Liber accusationis contre Paul VI, pour hérésie, schisme et scandale.
Jean-Paul II ne trouvera pas davantage grâce à ses yeux… Il refusait cependant toute création d’une communauté ecclésiale parallèle et insistait, au contraire, pour que ses sympathisants « nantistes » fréquentent leurs paroisses. Devenu moins médiatique après le schisme lefebvriste, il lancera alors des pseudo-prophéties, prédisant l’invasion de l’Europe par l’Union soviétique…
Les deux recours qu’il avait déposés au Tribunal de la Signature apostolique avaient été officiellement rejetés par le Saint-Siège en 2000, confirmant sa suspense a divinis. Ses rapports avec le diocèse de Troyes ont également toujours été très tendus. En 1996, Mgr Gérard Daucourt, alors évêque de Troyes, dénonçait ses pratiques (« conception sensualiste de l’Eucharistie » et « mystique érotique ») et lui demandait de se retirer en Suisse : il n’y restera que trois mois. Il laisse une quarantaine de religieux et religieuses, sans parler des dix moniales qui l’avaient quitté en 1989 pour fonder le couvent Notre-Dame de la Consolation, à Draguignan.