SOURCE - Radio Cristiandad - 12 février 2010
Quelques fidèles d’un modeste Centre de Messe du Mexique ont envoyé le 15 décembre 2009 une lettre au Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, Mgr Bernard Fellay, pour lui exposer quelques questions sur des sujets qui provoquent doutes et inquiétudes parmi les fidèles traditionalistes de diverses localités.
N’ayant obtenu à ce jour ni réponse ni accusé de réception, ils ont décidé de publier cette missive en forme de Lettre Ouverte, afin d’être assurés qu’elle atteigne bien son destinataire et puisse servir d’écho à tous les fidèles que la situation actuelle rend perplexes.
Ces fidèles espèrent que Mgr Fellay, en tant que Supérieur Général de la congrégation religieuse à laquelle ils doivent tant, daignera leur prodiguer ses conseils éclairés en un moment où ils se trouvent dans l’obscurité la plus complète.
Que personne ne voie dans cette lettre une volonté d’offenser les supérieurs de la Fraternité Saint Pie X ou à la Fraternité elle-même. Nous souhaitons être guidés par le même esprit qui a guidé Monseigneur Marcel Lefebvre et Monseigneur de Castro Mayer et beaucoup de prêtres et de fidèles lorsque, brebis désemparées, ils se sont adressés aux autorités comme à leur berger.
Monseigneur Bernard Fellay
Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X
Excellence Révérendissime
Devant la confusion provoquée par la grande diversité d’avis, actes et déclarations des autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X au sujet des relations avec le Vatican, beaucoup de fidèles ont décidé de ne pas se laisser dominer par l’inquiétude et ont réaffirmé leur confiance en la congrégation fondée par Mgr Marcel Lefebvre en allant confier aux prêtres leurs doutes.
Malheureusement, beaucoup de ces prêtres n’étant pas en mesure de répondre, leurs avis ont manqué de conviction et bien souvent ils se sont contentés de conseiller la confiance envers les autorités de la Fraternité.
C’est la raison pour laquelle nous vous adressons fort respectueusement les questions suivantes
Excellence, nous devons faire confiance, mais à quelle autorité?
A celle qui, en 2003, rejetait un accord ponctuel avec Rome à cause de son esprit syncrétiste et qui écrivait que «C’est avec horreur et dégoût que nous nous distançons d’une telle façon de voir l’église et de vivre la “communion”. Comment peut-on prétendre que la “Rome” moderniste aurait changé, qu’elle deviendrait favorable à la Tradition? Quelles illusions !» [1],
ou dans l’autorité qui, en 2009, annonce avec grande joie que les conditions sont réunies pour que commencent les entretiens entre le Vatican et la Fraternité San Píe X, entretiens qui, de fait, sont déjà commencés?
Il n’y aurait aucune raison de formuler cette question si cette Rome moderniste avait changé en s’éloignant de cette «façon de vivre la communion» syncrétiste qui causait encore tant de répulsion dans un proche passé [2]. Bien au contraire, les autorités vaticanes, et le Pape lui-même, continuent à prendre part à des pratiques «oecuméniques» et en acceptant ces mêmes pratiques dans divers diocèses. Mgr de Galarreta l’exprime bien clairement : Benoît XVI «lui-même se sent entièrement et théologiquement attaché au concile Vatican II. Son enseignement et son gouvernement de l’Église s’inscrivent directement dans l’esprit du Concile. La preuve est qu’il veut nous incorporer dans l’Église officielle, selon une conception oecuménique. Il pratique un oecuménisme à notre égard.» [3]
Excellence, nous insistons respectueusement: on nous demande de faire confiance, mais en quelle autorité devons-nous nous confier?
En celle qui, autrefois, faisait siens les mots du Bref Examen Critique des Cardinaux Ottaviani et Bacci qui affirme que la messe de Paul VI, le Novus Ordo Missae, «s’éloigne de manière impressionnante, tant dans l’ensemble que dans le détail, de la théologie catholique» [4]?
ou dans l’autorité qui se réjouit du Motu proprio Summorun pontificum, dans lequel on affirme expressément que «Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même «Lex orandi» de l’Église»; et aussi que «Ces deux expressions de la «Lex orandi» de l’Église n’induisent aucune division de la «lex credendi» de l’Église»?
Comment comprendre que la Fraternité San Píe X fête un Motu proprio qui affirme que la messe bâtarde de Paul VI (ainsi qu’elle a été appelée par Monseigneur Lefebvre) et la Sainte Messe correspondent à la même lex credendi? À quel moment la messe de Paul VI a-t-elle cessé de s’éloigner de la théologie catholique? De grâce, veuillez nous l’expliquer.
Excellence, avec le même respect, nous demandons à nouveau: en quelle autorité devons- nous faire confiance?
En celle qui, en 2006, a dit ne pas pouvoir demander la levée d’excommunications inexistantes?
ou en celle qui, en 2009, a reconnu avoir sollicité une telle levée et l’a fêtée en faisant chanter le Magnificat dans toutes les chapelles et en remerciant publiquement et formellement Benoît XVI?
Excellence, de grâce veuillez répondre à ces questions afin que nous, qui avons voulu et continuons à vouloir être fidèles à la véritable Eglise, nous ne nous sentions pas abandonnés par ceux à qui nous devons tant.
En 1988 il y avait satisfaction et joie dans la Fraternité d’être déclarée excommuniée par «ce système qui se qualifie lui-même d’Eglise conciliaire» au point que des prêtres et même des séminaristes sollicitaient que l’excommunication soit rendue étendue à eux. Comment comprendre, à présent, que l’on ait demandé avec insistance la levée de cette excommunication?
Excellence, en quelles autorités devons-nous nous confier?
En celles qui affirment ne pas reconnaître la validité de l’excommunication? [5]
ou en celles qui, publiquement, ont remercié pour l’absolution de cette excommunication au même temps qu’elles l’acceptaient comme opérante? [6]
Nous supplions humblement et respectueusement votre réponse à cette question, puisqu’à diverses reprises les autorités de la Fraternité, s’adressant aux fidèles, ont déclaré qu’elles rejetaient la validité de cette excommunication; tandis que dans la lettre de remerciement à Benoît XVI, signée par les quatre évêques, elles ont reconnu que l’excommunication a été opérante depuis les consécrations épiscopales de 1988 jusqu’au 21 janvier 2009.
A la vue de toutes ces contradictions, qui pourrait nous reprocher notre méfiance?
Excellence, permettez-nous encore une question: qu’est devenu le respect dû à la Très Sainte Vierge Marie que la Fraternité a toujours professé?
Nous le demandons parce qu’on lui attribue maintenant la publication par Benoît XVI du motu proprio Summorum pontificum, par lequel il a humilié la Sainte Messe de toujours. On a attribué également à la Mère Dieu et Notre Dame la levée par Rome d’excommunications inexistantes par un décret qualifié de «très déplorable» par le Père Bouchacourt; décret dont Mgr de Galarreta a dit qu’«il ne répond pas à la vérité ni à la justice». [7]
Comment comprendre qu’on puisse dire que ces documents sont des grâces accordés par Marie toujours Vierge? Comment expliquer qu’une telle affirmation, considérée par beaucoup comme blasphématoire vienne de ceux qui dirigent la Fraternité Saint Pie X?
Excellence, vous nous avez mis en garde sur ce qui s’est passé à Campos, plus d’une année après leur ralliement: «Ainsi, petit à petit, le combat s’estompe et on finit par s’accommoder de la situation. À Campos même, tout ce qui est positivement traditionnel est conservé, certes, donc les fidèles ne voient pas de changement, sauf les plus sagaces, qui remarquent la tendance à parler davantage et respectueusement des déclarations et événements romains actuels en omettant les mises en garde d’autrefois et les déviations d’aujourd’hui ; le grand péril est alors de finir par s’accommoder
de la situation et de ne plus essayer d’y remédier..» [8]
Que devons-nous penser maintenant que l’on peut observer le même processus à la Fraternité de Saint Pie X?
A présent on parle plus fréquemment et respectueusement de Rome. Il suffit de lire les lettres de remerciement pleines de respect et d’éloges pour Benoît XVI; ou remarquer comment vous-même, Excellence, avez parlé de lui comme «une personne intègre qui a une grande préoccupation pour l’Église».
Maintenant la Fraternité omet les avertissements qui, dans le passé, dénonçaient les erreurs de l’église moderniste. Où est le communiqué officiel de la FSSPX à propos de la dernière encyclique de Benoît XVI?
Depuis plus d’une année, la Fraternité a pratiquement cessé de dénoncer les déviations de l’église postconciliaire, allant même jusqu’à sanctionner les prêtres et les fidèles qui l’ont fait.
Qu’a-t-il été dit à propos de tous les actes «interreligieux» (apostasies manifestes) auxquels a pris part Benoît XVI au cours de l’année 2009?
Serait-ce que la Fraternité essaye de s’accommoder de cette situation? Serait- ce qu’elle ne veut plus y mettre remède?
Ainsi donc, ces paroles que vous écriviez, Excellence, en 2003 à propos de Campos, paraissent aujourd’hui pouvoir être appliquées à la Fraternité sans grande difficulté.
Excellence, on nous demande de remettre notre confiance entre les mains des autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, mais comment pourrions-nous le faire quand nous apprenons que l’un de vos prêtres, l’abbé Grégoire Celier, a été autorisé à publier dans un «agenda moderniste» dédié à Benoît XVI, un commentaire par lequel il appelle de ses voeux un rite pleinement satisfaisant, fruit du mélange des liturgies moderniste et traditionaliste? [9] Comment le faire après avoir appris que ce même prêtre a déjà proposé ce mélange par lequel la liturgie traditionnelle serait contaminée par le modernisme et que ce prêtre, après trois années, n’a pas présenté de rétractation à ce sujet et n’a pas été sanctionné? [10]
Depuis quand la Fraternité de Saint Pie X a-t-elle cessé de considérer comme pleinement satisfaisante la Sainte Messe de toujours? Depuis quand considère-t-elle que, le mélange de la liturgie traditionnelle et la liturgie moderniste puisse devenir un rite pleinement satisfaisant?
Excellence, les fidèles qui ont essayé d’élever la voix pour avertir du danger provenant des erreurs précédemment indiquées, sont l’objet d’attaques de la part de certains prêtres, qui leur reprochent de juger les autorités et les en punissent.
À tout ceci nous répondons en faisant nôtre les mots avec lesquels Votre Excellence a répondu à des accusations semblables: «La simple exposition de faits», par exemple toutes les contradictions précédemment indiquées, les offenses à la Très Sainte Vierge Marie, le double discours employé quand on s’adresse aux fidèles et quand on fait des déclarations aux medias ou au Vatican, etc., «ne veut pas dire que nous nous érigions en juge» des autorités de la Fraternité. «Ou bien alors, il faut renoncer tout simplement à penser.» [11]
Ainsi donc, avec un respect profond, nous terminons cette lettre en nous demandant avec consternation: Où se dirige Monseigneur Fellay? Où conduit-il les prêtres, frères et séminaristes que Dieu lui a confiés? Où conduit-il les fidèles qui le suivent avec confiance? Que répondra-t-il quand Dieu lui demandera compte de toutes ces âmes?
Bien à vous
Jaime Adolfo Flores Guerrero – Marco Antonio Flores Guerrero
[1] Cfr. Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No 65, le 8 décembre 2003.
[2] Son Excellence écrivait en juillet 2003 (Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No 64): « En clair, nous croirons que Rome fait vraiment un geste envers la Tradition si et lorsque celui-ci, d’une manière ou d’une autre, infléchira et corrigera la ligne générale anti-traditionnelle qui continue à empester l’Eglise. ».
[3] Cfr. Iesus Christus No 121, 2009.
[4] Cfr. Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No 62, 2002.
[5] Cfr. Sermon de Mgr Fellay de du 2 février 2006 ; Iesus Christus No 121, 2009 ; Communiqué du Supérieur de la Fraternité Saint Pie X, 24 janvier 2009.
[6] Cfr. Lettre de remerciement des quatre évêques à Benoît XVI.
[7] Cfr. Iesus Christus No 121, 2009.
[8] Cfr. Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No 63, 2003.
[9] Cfr. Benoît XVI et les traditionalistes. Livre écrit par l’abbé Grégoire Celier avec le journaliste Olivier Pichon et qui est paru en février 2007.
[10] Cfr. Agenda Benoît XVI 2010. Editions Terra Mare, France.
[11] Cfr. Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No. 62, 2002.
Quelques fidèles d’un modeste Centre de Messe du Mexique ont envoyé le 15 décembre 2009 une lettre au Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, Mgr Bernard Fellay, pour lui exposer quelques questions sur des sujets qui provoquent doutes et inquiétudes parmi les fidèles traditionalistes de diverses localités.
N’ayant obtenu à ce jour ni réponse ni accusé de réception, ils ont décidé de publier cette missive en forme de Lettre Ouverte, afin d’être assurés qu’elle atteigne bien son destinataire et puisse servir d’écho à tous les fidèles que la situation actuelle rend perplexes.
Ces fidèles espèrent que Mgr Fellay, en tant que Supérieur Général de la congrégation religieuse à laquelle ils doivent tant, daignera leur prodiguer ses conseils éclairés en un moment où ils se trouvent dans l’obscurité la plus complète.
Que personne ne voie dans cette lettre une volonté d’offenser les supérieurs de la Fraternité Saint Pie X ou à la Fraternité elle-même. Nous souhaitons être guidés par le même esprit qui a guidé Monseigneur Marcel Lefebvre et Monseigneur de Castro Mayer et beaucoup de prêtres et de fidèles lorsque, brebis désemparées, ils se sont adressés aux autorités comme à leur berger.
Monseigneur Bernard Fellay
Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X
Excellence Révérendissime
Devant la confusion provoquée par la grande diversité d’avis, actes et déclarations des autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X au sujet des relations avec le Vatican, beaucoup de fidèles ont décidé de ne pas se laisser dominer par l’inquiétude et ont réaffirmé leur confiance en la congrégation fondée par Mgr Marcel Lefebvre en allant confier aux prêtres leurs doutes.
Malheureusement, beaucoup de ces prêtres n’étant pas en mesure de répondre, leurs avis ont manqué de conviction et bien souvent ils se sont contentés de conseiller la confiance envers les autorités de la Fraternité.
C’est la raison pour laquelle nous vous adressons fort respectueusement les questions suivantes
Excellence, nous devons faire confiance, mais à quelle autorité?
A celle qui, en 2003, rejetait un accord ponctuel avec Rome à cause de son esprit syncrétiste et qui écrivait que «C’est avec horreur et dégoût que nous nous distançons d’une telle façon de voir l’église et de vivre la “communion”. Comment peut-on prétendre que la “Rome” moderniste aurait changé, qu’elle deviendrait favorable à la Tradition? Quelles illusions !» [1],
ou dans l’autorité qui, en 2009, annonce avec grande joie que les conditions sont réunies pour que commencent les entretiens entre le Vatican et la Fraternité San Píe X, entretiens qui, de fait, sont déjà commencés?
Il n’y aurait aucune raison de formuler cette question si cette Rome moderniste avait changé en s’éloignant de cette «façon de vivre la communion» syncrétiste qui causait encore tant de répulsion dans un proche passé [2]. Bien au contraire, les autorités vaticanes, et le Pape lui-même, continuent à prendre part à des pratiques «oecuméniques» et en acceptant ces mêmes pratiques dans divers diocèses. Mgr de Galarreta l’exprime bien clairement : Benoît XVI «lui-même se sent entièrement et théologiquement attaché au concile Vatican II. Son enseignement et son gouvernement de l’Église s’inscrivent directement dans l’esprit du Concile. La preuve est qu’il veut nous incorporer dans l’Église officielle, selon une conception oecuménique. Il pratique un oecuménisme à notre égard.» [3]
Excellence, nous insistons respectueusement: on nous demande de faire confiance, mais en quelle autorité devons-nous nous confier?
En celle qui, autrefois, faisait siens les mots du Bref Examen Critique des Cardinaux Ottaviani et Bacci qui affirme que la messe de Paul VI, le Novus Ordo Missae, «s’éloigne de manière impressionnante, tant dans l’ensemble que dans le détail, de la théologie catholique» [4]?
ou dans l’autorité qui se réjouit du Motu proprio Summorun pontificum, dans lequel on affirme expressément que «Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même «Lex orandi» de l’Église»; et aussi que «Ces deux expressions de la «Lex orandi» de l’Église n’induisent aucune division de la «lex credendi» de l’Église»?
Comment comprendre que la Fraternité San Píe X fête un Motu proprio qui affirme que la messe bâtarde de Paul VI (ainsi qu’elle a été appelée par Monseigneur Lefebvre) et la Sainte Messe correspondent à la même lex credendi? À quel moment la messe de Paul VI a-t-elle cessé de s’éloigner de la théologie catholique? De grâce, veuillez nous l’expliquer.
Excellence, avec le même respect, nous demandons à nouveau: en quelle autorité devons- nous faire confiance?
En celle qui, en 2006, a dit ne pas pouvoir demander la levée d’excommunications inexistantes?
ou en celle qui, en 2009, a reconnu avoir sollicité une telle levée et l’a fêtée en faisant chanter le Magnificat dans toutes les chapelles et en remerciant publiquement et formellement Benoît XVI?
Excellence, de grâce veuillez répondre à ces questions afin que nous, qui avons voulu et continuons à vouloir être fidèles à la véritable Eglise, nous ne nous sentions pas abandonnés par ceux à qui nous devons tant.
En 1988 il y avait satisfaction et joie dans la Fraternité d’être déclarée excommuniée par «ce système qui se qualifie lui-même d’Eglise conciliaire» au point que des prêtres et même des séminaristes sollicitaient que l’excommunication soit rendue étendue à eux. Comment comprendre, à présent, que l’on ait demandé avec insistance la levée de cette excommunication?
Excellence, en quelles autorités devons-nous nous confier?
En celles qui affirment ne pas reconnaître la validité de l’excommunication? [5]
ou en celles qui, publiquement, ont remercié pour l’absolution de cette excommunication au même temps qu’elles l’acceptaient comme opérante? [6]
Nous supplions humblement et respectueusement votre réponse à cette question, puisqu’à diverses reprises les autorités de la Fraternité, s’adressant aux fidèles, ont déclaré qu’elles rejetaient la validité de cette excommunication; tandis que dans la lettre de remerciement à Benoît XVI, signée par les quatre évêques, elles ont reconnu que l’excommunication a été opérante depuis les consécrations épiscopales de 1988 jusqu’au 21 janvier 2009.
A la vue de toutes ces contradictions, qui pourrait nous reprocher notre méfiance?
Excellence, permettez-nous encore une question: qu’est devenu le respect dû à la Très Sainte Vierge Marie que la Fraternité a toujours professé?
Nous le demandons parce qu’on lui attribue maintenant la publication par Benoît XVI du motu proprio Summorum pontificum, par lequel il a humilié la Sainte Messe de toujours. On a attribué également à la Mère Dieu et Notre Dame la levée par Rome d’excommunications inexistantes par un décret qualifié de «très déplorable» par le Père Bouchacourt; décret dont Mgr de Galarreta a dit qu’«il ne répond pas à la vérité ni à la justice». [7]
Comment comprendre qu’on puisse dire que ces documents sont des grâces accordés par Marie toujours Vierge? Comment expliquer qu’une telle affirmation, considérée par beaucoup comme blasphématoire vienne de ceux qui dirigent la Fraternité Saint Pie X?
Excellence, vous nous avez mis en garde sur ce qui s’est passé à Campos, plus d’une année après leur ralliement: «Ainsi, petit à petit, le combat s’estompe et on finit par s’accommoder de la situation. À Campos même, tout ce qui est positivement traditionnel est conservé, certes, donc les fidèles ne voient pas de changement, sauf les plus sagaces, qui remarquent la tendance à parler davantage et respectueusement des déclarations et événements romains actuels en omettant les mises en garde d’autrefois et les déviations d’aujourd’hui ; le grand péril est alors de finir par s’accommoder
de la situation et de ne plus essayer d’y remédier..» [8]
Que devons-nous penser maintenant que l’on peut observer le même processus à la Fraternité de Saint Pie X?
A présent on parle plus fréquemment et respectueusement de Rome. Il suffit de lire les lettres de remerciement pleines de respect et d’éloges pour Benoît XVI; ou remarquer comment vous-même, Excellence, avez parlé de lui comme «une personne intègre qui a une grande préoccupation pour l’Église».
Maintenant la Fraternité omet les avertissements qui, dans le passé, dénonçaient les erreurs de l’église moderniste. Où est le communiqué officiel de la FSSPX à propos de la dernière encyclique de Benoît XVI?
Depuis plus d’une année, la Fraternité a pratiquement cessé de dénoncer les déviations de l’église postconciliaire, allant même jusqu’à sanctionner les prêtres et les fidèles qui l’ont fait.
Qu’a-t-il été dit à propos de tous les actes «interreligieux» (apostasies manifestes) auxquels a pris part Benoît XVI au cours de l’année 2009?
Serait-ce que la Fraternité essaye de s’accommoder de cette situation? Serait- ce qu’elle ne veut plus y mettre remède?
Ainsi donc, ces paroles que vous écriviez, Excellence, en 2003 à propos de Campos, paraissent aujourd’hui pouvoir être appliquées à la Fraternité sans grande difficulté.
Excellence, on nous demande de remettre notre confiance entre les mains des autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, mais comment pourrions-nous le faire quand nous apprenons que l’un de vos prêtres, l’abbé Grégoire Celier, a été autorisé à publier dans un «agenda moderniste» dédié à Benoît XVI, un commentaire par lequel il appelle de ses voeux un rite pleinement satisfaisant, fruit du mélange des liturgies moderniste et traditionaliste? [9] Comment le faire après avoir appris que ce même prêtre a déjà proposé ce mélange par lequel la liturgie traditionnelle serait contaminée par le modernisme et que ce prêtre, après trois années, n’a pas présenté de rétractation à ce sujet et n’a pas été sanctionné? [10]
Depuis quand la Fraternité de Saint Pie X a-t-elle cessé de considérer comme pleinement satisfaisante la Sainte Messe de toujours? Depuis quand considère-t-elle que, le mélange de la liturgie traditionnelle et la liturgie moderniste puisse devenir un rite pleinement satisfaisant?
Excellence, les fidèles qui ont essayé d’élever la voix pour avertir du danger provenant des erreurs précédemment indiquées, sont l’objet d’attaques de la part de certains prêtres, qui leur reprochent de juger les autorités et les en punissent.
À tout ceci nous répondons en faisant nôtre les mots avec lesquels Votre Excellence a répondu à des accusations semblables: «La simple exposition de faits», par exemple toutes les contradictions précédemment indiquées, les offenses à la Très Sainte Vierge Marie, le double discours employé quand on s’adresse aux fidèles et quand on fait des déclarations aux medias ou au Vatican, etc., «ne veut pas dire que nous nous érigions en juge» des autorités de la Fraternité. «Ou bien alors, il faut renoncer tout simplement à penser.» [11]
Ainsi donc, avec un respect profond, nous terminons cette lettre en nous demandant avec consternation: Où se dirige Monseigneur Fellay? Où conduit-il les prêtres, frères et séminaristes que Dieu lui a confiés? Où conduit-il les fidèles qui le suivent avec confiance? Que répondra-t-il quand Dieu lui demandera compte de toutes ces âmes?
Bien à vous
Jaime Adolfo Flores Guerrero – Marco Antonio Flores Guerrero
[1] Cfr. Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No 65, le 8 décembre 2003.
[2] Son Excellence écrivait en juillet 2003 (Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No 64): « En clair, nous croirons que Rome fait vraiment un geste envers la Tradition si et lorsque celui-ci, d’une manière ou d’une autre, infléchira et corrigera la ligne générale anti-traditionnelle qui continue à empester l’Eglise. ».
[3] Cfr. Iesus Christus No 121, 2009.
[4] Cfr. Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No 62, 2002.
[5] Cfr. Sermon de Mgr Fellay de du 2 février 2006 ; Iesus Christus No 121, 2009 ; Communiqué du Supérieur de la Fraternité Saint Pie X, 24 janvier 2009.
[6] Cfr. Lettre de remerciement des quatre évêques à Benoît XVI.
[7] Cfr. Iesus Christus No 121, 2009.
[8] Cfr. Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No 63, 2003.
[9] Cfr. Benoît XVI et les traditionalistes. Livre écrit par l’abbé Grégoire Celier avec le journaliste Olivier Pichon et qui est paru en février 2007.
[10] Cfr. Agenda Benoît XVI 2010. Editions Terra Mare, France.
[11] Cfr. Lettre aux Amis et Bienfaiteurs No. 62, 2002.