11 juin 2014

[Francis Bergeron - Présent] Nous ne pouvons plus nous taire

SOURCE - Francis Bergeron - Présent - 11 juin 2014

Une rumeur fort déplaisante, pour ne pas dire nauséabonde, est actuellement propagée dans le «milieu». Présent ne serait plus catholique (sic!). Présent serait devenu un organe franc-maçon (resic!). Présent serait désormais inféodé au Front national (reresic!).

Jusqu’à ce jour, nous avions traité cette rumeur avec une parfaite indifférence. Mais des lecteurs nous pressent : « Il faut répondre. Votre silence laisse la part belle à quelques agités du bocal. » Nous ne pouvons donc plus nous taire.

Soyons clairs : cette rumeur s’appuie principalement sur le fait que la signature de trois de nos journalistes n’apparaît plus, actuellement: Jeanne Smits, Olivier Figueras et Rémi Fontaine. Du coup, les plus absurdes supputations courent sur leur sort. En principe, par discrétion nous n’évoquons pas les questions de santé de nos collaborateurs. Mais dans Présent daté de samedi nous avons été obligés, pour la première fois et pour tenter d’enrayer cette folle rumeur, d’indiquer que ces trois piliers du journal font toujours partie de la rédaction. Mais Rémi Fontaine est en arrêt maladie depuis deux mois, Jeanne Smits depuis trois mois et Olivier Figueras depuis quatre mois. Nous leur souhaitons bien évidemment un bon et rapide rétablissement. D’autant que leurs compétences font gravement défaut au journal.

Car la rumeur utilise un second argument : depuis quelque temps, le journal traiterait moins souvent des questions d’éthique et de la doctrine de l’Eglise au regard de ces thèmes. Ce qui prouverait un « tournant maçonnique » (sic !). Mais ces sujets constituaient précisément le domaine d’expertise de Jeanne Smits et de Rémi Fontaine ! On ne s’improvise pas journaliste expert de ces questions.

Soyons clairs : Présent est et restera un journal patriote et catholique, fidèle à l’orientation voulue par ses fondateurs. L’équipe de Présent, dans son intégralité, journalistes, administration et direction, rejette bien évidemment le mariage pour tous, l’avortement, l’euthanasie, la PMA, la théorie du genre. Quant aux sectes maçonniques, elles diffusent des thèmes à l’opposé absolu des valeurs de Présent. Nos lecteurs, qui lisent notre campagne de soutien au film sur les Cristeros, les articles de Sophie Akl-Chédid sur les chrétiens d’Orient, les échos éthiques du docteur Dickès, la chronique de Jacques Trémolet de Villers, le reportage sur les paras à Riaumont avec le père Argouac’h, le texte d’Yves Brunaud sur le père Christian Venard «prêtre à la guerre» ou de Marie Piloquet sur Philibert Brau dans la rubrique «Dieu premier servi», pour ne citer que quelques articles relevés dans les numéros de la semaine passée, comprennent évidemment ce que ces accusations et rumeurs peuvent avoir d’infamant pour ceux qui travaillent dans ce journal.

Danièle Masson, dans son article du 4 juin sur les Cristeros, écrit : « Les Mexicains catholiques n’entrent en guerre contre le gouvernement franc-maçon anticatholique et violemment persécuteur du président Calles qu’après avoir épuisé les moyens de la résistance pacifique : pétition de deux millions de signatures, boycott économique, prières et pénitences. » La situation française d’aujourd’hui ressemble à celle du Mexique des années vingt. Mais encore faudrait-il que de faux dévots ne viennent pas jouer les présidents Calles aux petits pieds pour nous tirer dans le dos.

Arrive enfin «l’accusation la plus grave» (sic). Quelques colporteurs de la rumeur écrivent : «Présent parle trop du Front national», «Présent s’est soumis à une inféodation sans critiques du Front national.»

Or vous le savez : tout le monde ne parle que du Front national, qui est au centre des débats politiques du moment. Et il faudrait que Présent soit le seul journal à ne pas en parler? Ou à en parler peu?

Quant à l’inféodation, elle signifie étymologiquement que nous aurions donné en fief le journal Présent au Front national. Mais d’une part le Front national n’en voudrait pas. Et d’autre part ce serait un très mauvais service à rendre tant au Front qu’à votre quotidien. Présent doit rester libre, libre à l’égard du FN, libre à l’égard du monde politique et libre également à l’égard des autorités religieuses, car il est vrai que nous sommes un journal fait par des laïcs, à quelques collaborations extérieures près. Et nous devons garder notre liberté d’expression à l’égard du FN comme à l’égard des autorités religieuses, tout en nous rappelant que, parmi les slogans dePrésent, on trouve : « Pas d’ennemi à droite » et « Dieu premier servi ».

L’un des rédacteurs me disait récemment qu’il n’est d’accord qu’à 60% avec le Front national. Je l’entends, et le comprends. Mais 60%, c’est déjà énorme ! De quelle autre organisation ayant pignon sur rue peut-on dire aujourd’hui qu’on se sent proche à hauteur de 60%? Je n’en vois guère.

« Inféodation sans critiques », écrit un ancien rédacteur qui, pour le coup, manifeste un sens critique sans nuance à l’égard de Présent. Bien évidemment le FN est critiquable, comme toute œuvre humaine, et comme il était critiquable, aussi, dans le passé (à une époque où plusieurs des animateurs de Présent étaient simultanément dirigeants du FN : les regrettés Pierre Durand et Georges-Paul Wagner, par exemple). Bien évidemment le FN peut et doit être analysé, critiqué quand c’est nécessaire, mais les critiques de Présent ne sauraient partir d’une hostilité de principe, façon grands médias. Et puis, que l’on nous laisse quand même le temps de goûter un peu notre plaisir, à l’issue des élections municipales et européennes !

Terminons précisément avec le projet de Présent. Malgré sa situation financière très précaire (ce qui a contraint à un changement de gérance, mais pas à un changement de ligne), la vocation de Présent n’est certainement pas d’être le bulletin paroissial du «camp des saints», pour 2 500 convaincus, mais un instrument de reconquête de l’intelligence française. La tâche est immense. Ceux qui ont voté FN, ou pour les listes Dupont-Aignan, royalistes, Boutin etc. représentent un Français sur trois. C’est énorme ! Un Français sur trois s’est affranchi du discours obligé, a accompli la transgression majeure ! C’est une chance à saisir. Présent est un instrument, modeste, certes, mais hélas ! sans concurrence dans ce domaine, destiné à les aider à transformer l’instinct de survie que représentent ces votes en une prise de conscience plus globale, et à les aider à se former. Au quotidien.

Francis Bergeron, Animateur du comité de pilotage de Présent