SOURCE - F. Louis-Marie, abbé - Le Barroux - Les Amis du Monastère - 19 juin 2014
Invité par une association pour la liturgie latine en Hollande, j’ai admiré l’espérance des prêtres et des fidèles. L’Église catholique connaît en effet en Hollande une période très difficile après des années de gloire. Il y a cinquante ans, les églises étaient pleines, des églises immenses, à la mesure de la densité et de la foi de la population. Les séminaires étaient remplis au point que les missionnaires hollandais représentaient le tiers des missionnaires du monde. 80 % des fidèles catholiques pratiquaient fidèlement la messe dominicale et recevaient les sacrements. Aujourd’hui, sur les 17 millions d’habitants, seuls 500 000 sont catholiques dont 5 % pratiquent, et les séminaires sont bien pauvres. L’effondrement a commencé juste avant le concile Vatican II. Les évêques ont mis en œuvre des pastorales ouvertes sur le monde en fermant par exemple les séminaires afin que les futurs prêtres s’insèrent dans le monde: sur une promotion de 200 dans les années cinquante, 3 allèrent jusqu’au bout. Tout fut renversé, la liturgie, la doctrine (on se souvient du catéchisme hollandais aux 14 propositions hérétiques), l’obéissance à la hiérarchie. Plus qu’en France, on est passé en quelques années d’un ultra-cléricalisme à une sécularisation forcenée. Et les églises se vidèrent avec une rapidité fulgurante: à la paroisse du Sacré-Cœur de Tilburg, l’assistance dominicale est passée en quarante ans de 3 000 à 70 fidèles. Cette église sera définitivement fermée dans quelques mois, pour finir peut-être en restaurant comme tant d’autres. Et l’Église a perdu la jeunesse et les écoles, qui n’ont plus de catholiques que le nom. Heureusement un schisme a été évité en 1980. Du côté civil, les lois contre nature sont passées en nombre et rapidement : avortement, union civile, adoption, PMA, euthanasie même pour les enfants de 12 ans. Ce qui provoque des luttes féroces au sujet des baptêmes et des funérailles légitimement refusés par les prêtres.
Mais il y a quand même quelques signes d’espérance : le dimanche matin, avant le lever du soleil, la ville de ’S-Hertogenbosch était déjà pleine de pèlerins se rendant à la messe à la cathédrale, où se trouve une statue miraculeuse de la Vierge Marie. Et le soir, nous avons participé à la procession annuelle en son honneur. Au départ, la cathédrale était bondée et, sur le parcours, des statues et des images de la Vierge ornaient les fenêtres des maisons. La Vierge Marie est souvent le dernier lien des fidèles avec la foi, mais c’est un lien très solide. Deuxième signe d’espérance: une association travaille à la restauration de la liturgie avec le latin, l’orientation et le sacré. La liturgie, ce que saint Benoît appelle l’œuvre de Dieu, est essentielle pour une ré-évangélisation car, elle est un avant-goût du Ciel, et elle montre du doigt la finalité de la vie ici-bas : la participation à la vie divine. La liturgie sacrée est une réponse indispensable à la sécularisation. Et enfin, comme troisième signe d’espérance, un des prêtres prépare la fondation d’une école catholique. Il a vu dans l’exemple de la France que c’est possible. Beaucoup de familles comptent sur lui car, même dans un pays qui a perdu la foi, les parents sont prêts à se sacrifier pour leurs enfants. Que le Seigneur suscite des vocations d’éducateurs, car la moisson est immense et les ouvriers beaucoup trop peu nombreux. Ne perdons pas la jeunesse, qui est notre espérance!
+ F . Louis-Marie, abbé