VIENNE, 12 sept 2009 (AFP) - Dialogue Vatican-traditionalistes "dans les prochains jours" (cardinal)
Le Vatican entamera "dans les prochains jours un dialogue" avec les traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie X, fondée par l'archevêque français Mgr Marcel Lefebvre, excommunié en 1988 et décédé en 1991, sur les questions théologiques litigieuses, a annoncé le cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn.
Dans une interview publiée samedi par le quotidien bavarois Passauer Neue Presse, le cardinal a estimé que le pape Benoît XVI avait "de bonnes raisons" d'ouvrir ce dialogue.
"Le pape Benoît XVI considère avec raison comme de son devoir de s'engager pour l'unité de l'Eglise", a-t-il dit. "C'est la seule motivation de ses efforts en vue de ramener au bercail un groupe de catholiques qui s'est séparé de l'Eglise", a-t-il ajouté.
Selon Mgr Schönborn, à l'occasion de ce dialogue, il va être "clairement signifié" aux traditionalistes les points qui, pour le Vatican, "ne sont pas négociables": la position à l'égard des juifs, des autres religions, chrétiennes et non-chrétiennes, ainsi que la liberté religieuse comme droit fondamental de l'Humanité.
Or, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) a toujours souligné qu'un dialogue avec le Vatican ne pouvait avoir des chances de succès que si le Saint-Siège "admettait les erreurs du Concile Vatican-II" (1962-1965), lequel avait donné un nouvel élan à l'oecuménisme et ouvert la voie au rapprochement entre catholiques et juifs.
En revanche, le dialogue devrait être plus aisé sur les questions liturgiques, car, avant son élection comme pape en 2005, le cardinal allemand Joseph Ratzinger s'était montré très critique vis-à-vis de la réforme liturgique issue de Vatican II, honnie par les traditionalistes. Et, dans son livre "L'esprit de la liturgie", Benoît XVI avait mis en garde contre "une liturgie dégénérée en show, à travers laquelle on essaye, au moyen d'artifices de mode, de rendre la religion intéressante".
Selon l'agence de presse catholique autrichienne Kathpress, le Vatican a formé un groupe d'experts chargé de dialoguer avec les traditionalistes. Ce groupe est présidé par le secrétaire de la commission vaticane Ecclesia Dei, le prélat italien Guido Pozzo, et comprend notamment le Dominicain suisse Charles Morerod, le Jésuite allemand Karl Josef Becker et le vicaire général de l'Opus Dei, le prélat espagnol Fernando Ocariz Brana.
Tous trois sont conseillers de la Congrégation vaticane pour la doctrine de la foi, dont dépend Ecclesia Dei, présidée par le cardinal Ratzinger avant qu'il devienne pape. Côté traditionalistes, c'est un dignitaire espagnol, Mgr Alfonso De Galaretta, qui est en charge des discussions.
D'après Kathpress, l'ouverture d'un dialogue quasi-officiel avec les traditionalistes suscite de fortes réticences notamment au sein des épiscopats allemand et français, compte tenu de la décision controversée de Benoît XVI, en janvier 2009, de lever l'excommunication de quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X, dont Mgr De Galaretta et le Britannique Richard Williamson, ce dernier étant un négationniste de l'Holocauste.