SOURCE - Rémi Fontaine - Présent - 15 septembre 2009
Après avoir rappelé le mystère de ce rite de l’imposition des mains, par lequel le Seigneur lui-même « adopte l’homme totalement à son service, l’attire à son propre sacerdoce », Benoît XVI développe le secret et le ressort de ce ministère : « Servir, et ainsi se donner soi-même ; être non pas pour soi mais pour d’autres, de la part de Dieu et en vue de Dieu : c’est là le cœur même de la mission de Jésus-Christ et, ainsi l’essence de son sacerdoce. » Il distingue ensuite les trois caractéristiques propres au « bon serviteur » selon l’Evangile :
1. La fidélité dont le mot coïncide en grec avec celui de foi : « La fidélité du serviteur de Jésus Christ consiste précisément dans le fait qu’il ne cherche pas à adapter la foi à la mode de l’époque. Seul le Christ a les paroles de la vie éternelle, et ces mots, nous devons les apporter aux gens (…). Le maître fait l’éloge du serviteur, qui a fait fructifier son bien. La foi a besoin d’être transmise : elle a été livrée non seulement pour nous, pour le salut personnel de nos âmes, mais pour d’autres, pour ce monde et pour notre temps. Nous devons la placer en ce monde, afin qu’elle devienne en lui une force vive, pour augmenter la présence de Dieu en lui. »
2. La prudence qui est la première des vertus cardinales et qui indique la primauté de la vérité, sans se laisser aveugler par les préjugés : « De cette façon, nous devenons des hommes vraiment raisonnables, qui jugent par l’ensemble et non par des détails fortuits. Ne nous laissons pas guider par la petite fenêtre de notre propre habileté, mais par la grande fenêtre, que le Christ nous a ouverte sur l’entière vérité, regardons le monde et les hommes et reconnaissons par là ce qui importe vraiment dans la vie. »
3. La bonté qui suppose avant tout la communion intense avec Dieu, une union intime et croissante avec lui : « C’est seulement si notre vie se déroule dans le dialogue avec lui, si son être, ses caractéristiques nous pénètrent et nous façonnent, que nous pouvons devenir des serviteurs vraiment bons. »
On infère de ces lignes, en négatif, le tableau du mauvais serviteur, dont le Seigneur lui-même nous trace quelques aspects dans ses paraboles. « Nous savons, ajoute le successeur de Pierre, comment les choses dans la société civile et, assez souvent, même dans l’Eglise, souffrent du fait que beaucoup de ceux auxquels une responsabilité a été confiée, travaillent pour eux et non pour la communauté » (comme des intendants des mystères de Dieu, fidèles, prudents et bons).
« Le peuple chrétien doit vous considérer avec affection et respect », avait dit Benoît XVI aux évêques de France, il y a un an à Lourdes (le 14 septembre 2008) en raison évidemment de leur fonction surnaturelle de successeurs des apôtres et de la difficulté de leur tâche. Mais s’il l’avait dit d’abord et directement aux évêques eux-mêmes et non pas au peuple chrétien, c’est peut-être parce que ce devoir du peuple chrétien dépend aussi d’eux dans sa qualité morale.
Alors que Mgr Schönborn (cardinal-archevêque de Vienne) estime (dans un entretien publié samedi par le quotidien bavarois Passauer Neue Presse) que le Pape a « de bonnes raisons » d’ouvrir « dans les prochains jours » un dialogue avec les traditionalistes (de la FSSPX), on se rappelle également du commentaire de Jacques Trémolet de Villers après la venue de Benoît XVI en France et après des décennies d’« autosécularisation » postconciliaire (cf. Présent de jeudi dernier) : « Ce dont a besoin chaque diocèse, c’est d’un Père, pas d’un membre d’une assemblée. Les pères ont, naturellement, un cœur. Les assemblées ont des députés, des textes, des motions et des secrétariats. Elles n’ont pas de cœur, et, rapidement, elles n’ont plus de tête… » (Présent du 15 novembre 2008).
REMI FONTAINE
Article extrait du n° 6925 de Présent, du Mardi 15 septembre 2009