| Pour le cardinal-archevêque de Lyon, Philippe Barbarin, la décision de      lever l’excommunication prise par Benoît XVI est un acte de miséricorde.      Hier, en la primatiale Saint-Jean, Mgr Barbarin dans son homélie n’a      pas évoqué directement la réconciliation avec les intégristes - il le      fait ci-dessous - mais il a lancé à l’assemblée ces messages : « Si      vous êtes un missionnaire, le grand cadeau sera l’unité […] Le      centre de l’Eglise n’est pas dans les églises ni au Vatican, il se      trouve à l’extérieur ». A la fin de son prêche fut chanté le      symbole de Nicée, le credo en grégorien, chant de l’unité. 
 Comment interpréter la levée de l’excommunication des évêques      intégristes ?
 C’est un acte de miséricorde du Pape.
 Pourquoi maintenant ?
 Dès son accession au pontificat, Benoît XVI avait dit que l’unité      était une urgence. Il savait que si on laissait passer 50 ou 100 ans, la      rupture serait définitive. Regardez avec les Orthodoxes, neuf siècles      plus tard la fracture est toujours là. Je me souviens que dès son élection,      les portes du conclave étaient encore fermées, Benoît XVI a dit qu’il      œuvrerait pour la réconciliation et l’unité.
 Ne donne-t-il pas l’impression de céder aux intégristes ?
 Non, c’est un acte incroyable du Pape qui est totalement dans sa      stratégie d’unité et d’ouverture. Les intégristes disaient : «      D’accord pour le dialogue mais d’abord levez l’excommunication ».      Le pape a fait un pas, maintenant, c’est à eux d’en faire un, et de      dire si oui ou non ils acceptent le concile Vatican II. Le Pape a commencé      le dialogue, à eux de dire si son enseignement, le magistère de l’Eglise      est pour eux.
 Les intégristes sont au pied du mur ?
 Le Pape n’a encore rien dit là-dessus mais je pense qu’il va leur      donner un statut particulier. On verra s’ils acceptent l’autorité des      évêques.
 Et s’ils la refusent ?
 Avec la levée de l’excommunication, ils reviennent dans la famille,      comme les Orthodoxes. Il leur appartient de franchir ensuite l’étape décisive      afin d’être en communion avec le Pape et l’Eglise.
 Y croyez-vous ?
 Je crois que ça va être difficile chez eux, car ils sont très divisés.      Certains pensent que Vatican II est totalement pourri, d’autres se      retrouvent sur cette belle phrase de Mgr Fellay : « Il est impossible de      se dire catholique si nous restons séparés de Rome ». J’espère      qu’il saura convaincre sa communauté de rentrer à la maison. Je crois      qu’avec les gestes du Pape comme le motu proprio d’il y a 18 mois      autorisant la messe de Saint Pie V, beaucoup d’intégristes ont fait du      chemin. Une anecdote significative : un peu après le motu proprio, un      monsieur m’arrête dans la rue et me dit : « Je suis le fils de      l’ancien chauffeur de Mgr Lefebvre ; avec ce qu’a fait Benoît XVI, il      est temps pour nous de rentrer à la maison ».
 Que dîtes-vous aux catholiques qui s’inquiètent de ce retour des      intégristes ?
 Je leur dis : « N’ayez pas peur », il y a une incroyable variété      dans l’Eglise, déjà dans les actes des Apôtres. Je leur dis comme aux      intégristes : « Soyons missionnaires ».
 
 Propos recueillis par Michel Rivet-Paturel
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