Comme tous les cathos paresseux du dimanche matin, j’ai beaucoup de choses à me faire pardonner. C’est la raison pour laquelle je détourne lâchement la tête lorsque le pape repousse le préservatif qui protège du sida et lorsqu’il assène en vérité première la pureté du célibat des prêtres. Mais, franchement, réintégrer Mgr Richard Williamson, c’est trop pour moi. Richard Williamson est l’un des quatre évêques qui furent autrefois sacrés par l’intégriste Mgr Marcel Lefebvre. Et aussitôt excommuniés en 1984 car ils rejetaient toute la doctrine d’ouverture et de réflexion sur la société chrétienne du concile Vatican II. Partisans de la soutane et de la messe en latin, ils sont, paraît-il, quelque 600.000 fidèles à leur conception de l’Eglise. Après les avoir quelque peu persécutés, on les a laissés tranquilles parce que, finalement, ils n’étaient pas de dangereux révolutionnaires. Jean-Paul II avait profité de la mort de Mgr Lefebvre, têtu comme une mule et droit dans ses bottes, pour leur entrouvrir la porte. Benoît XVI leur a mis le marché en main : « Revenez dans le troupeau, reconnaissez l’autorité du berger pour choisir la route et on vous laissera choisir votre façon de croquer l’herbe. » Jésus, avec l’histoire de la brebis perdue, avait déjà montré l’exemple. Ils sont donc revenus au chaud dans le sein de la grande famille, tranquille de réentendre leur messe en latin que beaucoup préfèrent, et sécurisés de n’être plus excommuniés. Mais, en réalité, notre Benoît nous fait payer cher le retour de l’enfant prodigue. Parmi les évêques insurgés se trouve une brebis noire : Mgr Richard Williamson. C’est un Faurisson en mitre, c’est un négationniste qui n’arrête pas de dire que les chambres à gaz n’étaient que des serres innocentes, que les fossés d’Ukraine n’étaient que des rigoles et que la Shoah n’a pas existé. Quelle horreur, cet homme dont la vocation serait plutôt de prier pour la mémoire des millions d’êtres qu’on a parfois brûlés vifs, dont la mission serait surtout d’inciter les hommes à se pardonner et à s’entraider ! Votre Sainteté, pourquoi nous imposer cela, à nous, les cathos de base, qui combattons dur aujourd’hui pour pouvoir embrasser nos amis juifs et musulmans sans risquer d’être empalés ? Les papes ont beau dire qu’ils sont infaillibles, je me souviens que Jean-Paul II avait proclamé que l’antisémitisme était un péché mortel, pire, un péché contre Dieu. Lui, je l’avais compris !
Edition France Soir du mardi 27 janvier 2009 page 26 |