26 janvier 2009





Italie - Les lefebvristes absous de leur affront
26 janvier 2009 - Ariel F. Dumont - francesoir.fr
En réintégrant les évêques traditionalistes, Benoît XVI crée une nouvelle fracture dans le dialogue avec les juifs.
C’est officiel. Benoît XVI a levé le décret d’excommunication des quatre évêques lefebvristes signé par son prédécesseur Jean-Paul II en 1988.
Avec ce geste d’une portée historique sur le plan religieux, le souverain pontife met un point final à un schisme vieux de vingt ans au sein de l’Eglise catholique. Mais les traditionalistes l’interprètent comme un retour graduel aux anciennes valeurs après la réintroduction en 2007 de la messe en latin.
Ce geste vient aussi élargir le fossé qui s’est creusé entre le Vatican et la communauté juive. A l’origine de cette fracture, les propos négationnistes tenus par monseigneur Williamson, l’un des quatre évêques en question.
« La Shoah n’a pas existé, les chambres à gaz sont une invention et il n’y a pas eu 6 millions de juifs exterminés [... ] », avait déclaré l’évêque d’origine britannique. Du coup, si cette décision de Benoît XVI marque une claire volonté de réunification du Vatican avec les courants intégristes, elle complique en revanche « sacrément » les relations avec les Israélites. Vendredi, le grand rabbin de Rome s’est dit profondément choqué par les propos tenus par Williamson.
Vives critiques d’ Israël
Ce dernier a en effet parlé « de blessure profonde pour le dialogue entre les catholiques et les juifs ». « Personne ne voyait le besoin de la levée des excommunications », a estimé pour sa part le rabbin Giuseppe Laras, président de l’assemblée rabbinique italienne.
Mais les critiques les plus sévères viennent d’Israël : « Benoît XVI a fait preuve de superficialité en réintégrant un évêque antisémite et négationniste. Ce geste annule les effets de la politique mise en place, entre autres, par Jean XXIII et Jean-Paul II en faveur du dialogue entre les religions », a déclaré le rabbin David Rosen, porte-parole du comité juif international pour le dialogue interreligieux.
Une situation embarrassante pour le Vatican, qui souligne un peu plus la dégradation des relations avec la communauté juive italienne depuis la mort de Jean-Paul II qui avait renoué les liens en se rendant à la synagogue de Rome en 1986. Samedi soir dernier, le Saint-Siège s’est démarqué en déclarant que monseigneur Williamson avait exprimé des « positions personnelles ».
Une explication inacceptable, voire choquante, selon la communauté juive italienne qui s’attendait à une prise de position sévère. Désormais, chacun jugera. En son âme et conscience.
Edition France Soir du lundi 26 janvier 2009 page 17