Portes ouvertes |
29 janvier 2009 - Nicolas Senèze - la-croix.com |
D’un côté, Benoît XVI qui, mercredi à l’audience, rappelait la nécessité d’«une reconnaissance véritable du magistère et de l’autorité du pape et du Concile Vatican II ». De l’autre, Mgr Williamson, chef de file de la branche dure de la Fraternité Saint-Pie-X pour qui, « en aucun cas », « l’Église conciliaire ne va pas forcer la Fraternité Saint-Pie-X à retourner dans le “conciliarisme” ». C’est bien sur le concile que risquent d’achopper les discussions entre Rome et les intégristes. Pourtant, si on regarde les différents textes proposés à la signature de Mgr Lefebvre et de ses successeurs depuis 1988, on est frappé par les concessions successives de Rome sur Vatican II, sur lequel Mgr Fellay a même écrit au pape « émettre des réserves ». Le décret levant les excommunications ne parle d’ailleurs même plus du Concile ! Et déjà le monde intégriste prépare son argument pour les discussions où Mgr Fellay veut « examiner les causes profondes » de « la crise sans précédent qui secoue l’Église aujourd’hui ». Pour lui, il n’y a qu’une cause : Vatican II. Certes, Benoît XVI a voulu ouvrir une porte aux intégristes. Cela tenait à cœur à celui qui avait échoué à rallier Mgr Lefebvre en 1988. D’où les concessions successives faites au fil des ans pour ramener au bercail les brebis perdues. L’unité, c’est, après tout, le rôle du pape. N’est-il pas allé trop loin dans ses concessions ? Sa déclaration, mercredi à l’audience, est sans équivoque : remettre en cause le Concile, c’est remettre en cause l’autorité du pape. Il a ouvert la porte : à la Fraternité Saint-Pie-X d’« accomplir les pas successifs, nécessaires pour réaliser la pleine communion avec l’Église ». Mais il y a fort à parier que les intégristes, à l’esprit procédurier, soulignent qu’ils ne connaissent que le décret levant leur excommunication et seul texte législatif valable à leurs yeux. Foin de cette déclaration à l’audience, qui n’aura, à leurs yeux, aucune valeur juridique (bien qu’elle fasse partie du magistère du pape !). Le risque : que les négociations, de seuil imperceptible en seuil imperceptible, aboutissent à sortir du Concile, même avec la « juste interprétation » que Benoît XVI défendait dans son discours à la Curie le 22 décembre 2005. Bref : passer de « l’herméneutique de la réforme », à celle de la table rase. Dès lors, ne se reconnaissant plus dans l’Église qui se dessinerait alors, nombre de fidèles attachés au Concile pourraient repasser, dans l’autre sens, la porte ouverte par Benoît XVI. Schisme silencieux, cette fois, de catholiques partant sur la pointe des pieds et sans claquer la porte, mais d’autant plus définitivement qu’ils n’auront pas quatre évêques et 500 prêtres pour négocier leur retour. Nicolas Senèze |