| L’archevêque de Paris et président de la Conférence       des évêques de France a « une arête en travers de la gorge» mais il       insiste sur la chance offerte de recoller l’unité de l’Église 
 Au cours d’une conférence de presse, samedi 24 janvier au soir à       Notre-Dame de Paris, le cardinal André Vingt-Trois a voulu rassurer les       catholiques français sur la portée de la décision de Benoît XVI. « Il       s’agit d’une mesure personnelle, qui vise des personnes. La situation       juridique de la Fraternité Saint-Pie-X n’est pas résolue », a souligné       l’archevêque de Paris, rappelant que les quatre évêques intégristes       « n’ont pas de juridiction ».
 
 Pour lui, « ce décret est une chance de recoller une unité qui a été       très perturbée ». « C’est une mesure d’ouverture qui permettra de       réfléchir au statut de la Fraternité Saint-Pie-X, a-t-il expliqué.       Tant qu’on n’a pas précisément affiné le contenu des propos des uns       et des autres, le statut de la Fraternité n’est pas changé. »
 
 Pour les discussions qui vont maintenant s’ouvrir, le président de la       Conférence des évêques de France rappelle qu’« on ne peut pas à la       fois affirmer que l’on reconnaît la primauté du pape et qu’on veut       la respecter, et s’instaurer juge de l’authenticité de la Tradition       catholique ». « Dans l’expérience chrétienne, l’interprétation de       la Tradition n’est pas un exercice privé, c’est un exercice ecclésial       fait par le Magistère, et notamment le pape, premier du collège       apostolique », insiste-t-il. Et s’il estime que « ce n’est pas un       groupe particulier qui va dire quel est l’enseignement authentique de       l’Église. », il reconnaît aussi que « mon ministère de miséricorde       m’invite à ne pas les suspecter a priori ».
  "L'excommunication ne visait pas les propos négationnistes" 
  Interrogé       sur les propos négationnistes de Mgr Williamson, le cardinal Vingt-Trois       a rappelé que « l’excommunication ne visait pas les propos négationnistes       mais l’ordination illégitime d’évêques ». « Il peut avoir des       pensées fausses, la levée de l’excommunication ne les rend pas vraies       », précise-t-il, se refusant toutefois à faire l’amalgame avec ce que       pensent l’ensemble des fidèles de la Fraternité. 
 Mais le successeur du cardinal Lustiger à l’archevêché de Paris est       conscient du trouble suscité : « Je comprends très bien qu’un certain       nombre de catholiques vont avoir une arête en travers de la gorge devant       les propos de Mgr Williamson. Moi aussi j’ai une arête en travers de la       gorge ! Mais cela ne m’empêche pas de respirer. »
 
 Le cardinal Vingt-Trois ne croit pas que la décision de Benoît XVI       pousse des fidèles à quitter l’Église. « L’Église est largement       assez vivante pour assumer une secousse comme ça », estime-t-il,       soulignant qu’« une des erreurs tactiques de Mgr Lefebvre était que de       croire qu’il suffisait de s’inscrire institutionnellement à côté       pour pouvoir obtenir gain de cause ». Et d’insister : « Ce n’est pas       la victoire de Mgr Lefebvre : c’est la victoire de l’unité de l’Église       ».
 
 Nicolas SENÈZE
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