| Mercredi, Benoît XVI a tenté d'éteindre la crise suscitée par les      propos négationnistes de l'évêque lefebvriste Richard Williamson.      Le scandale suscité par les propos négationnistes de Mgr Richard      Williamson est tel que Benoît XVI a été contraint, mercredi,      d'intervenir publiquement dans la polémique. Non seulement il a dû      justifier sa décision, annoncée samedi, de lever l'excommunication qui      frappait cet évêque et ses trois confrères ordonnés par Mgr Marcel      Lefebvre. Mais il a surtout condamné la Shoah : «meurtre féroce de      millions de juifs, victimes innocentes d'une haine raciale aveugle et      religieuse». Il a rappelé qu'elle reste «un avertissement contre      l'oubli, la négation et le réductionnisme». Ajoutant : «Je      renouvelle avec affection l'expression de ma pleine et indiscutable      solidarité avec [ les juifs] nos frères destinataires de la Première      Alliance.» Il est exceptionnel que Benoît XVI s'explique ainsi publiquement sur      une de ses décisions. Cela indique la gravité de la crise aux yeux du      Vatican d'autant que le Pape espère beaucoup pouvoir se rendre en Terre      sainte au mois de mai prochain. Un projet de voyage qui suscite déjà      beaucoup de doutes au Vatican depuis l'intervention israélienne à Gaza.      Cette affaire de négationnisme alourdit donc un dossier très complexe      pour l'Église catholique.
 Le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, a toutefois fait très vite      savoir que cette mise au point de Benoît XVI était «nécessaire et      bienvenue» parce qu'elle contribuait à «clarifier des propos équivoques      sur le négationnisme» et sur «le respect du concile Vatican II».
 À Paris, le conseil permanent de la Conférence des évêques a aussi      réagi, hier, par communiqué. Les évêques de France «condamnent      fermement les paroles inacceptables et scandaleuses de Mgr Williamson.      Ils redisent à la communauté juive de France leur engagement indéfectible      au dialogue et à l'amitié. Ils rappellent que Benoît XVI ne cesse de      signifier son attachement à une relation fructueuse entre juifs et chrétiens».      Lundi, le Vatican avait précisé que le supérieur général de la      Fraternité Saint Pie X, Mgr Bernard Fellay, avait demandé «pardon»      au Pape et à «tous les hommes de bonne volonté» pour les propos négationnistes      de Mgr Williamson.
 «Miséricorde paternelle»
 Benoît XVI a également profité de l'audience générale      hebdomadaire, hier, pour expliquer pourquoi il a décidé de lever      l'excommunication des quatre évêques lefebvristes. Cet acte, a- t-il      observé s'inscrit dans l'esprit même de son pontificat qu'il veut voir      marqué par «le service de l'unité qui qualifie, de façon spécifique»      son «ministère de successeur de Pierre». Il précise que ce geste de «miséricorde      paternelle» a voulu répondre à «la souffrance» que ces évêques      ressentaient, et qui le disaient de façon «répétée» au Pape. Benoît      XVI a conclu son explication par cette phrase : «J'espère que      l'engagement sollicité de leur part pour accomplir les pas ultérieurs nécessaires      pour réaliser la pleine communion avec l'Église, en témoignant ainsi de      la vraie fidélité et de la vraie reconnaissance du magistère et de      l'autorité du Pape et du concile Vatican II, suivra mon geste.»
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