| En levant l'excommunication qui continuait à peser sur les quatre évêques      consacrés illégitimement par Mgr Marcel Lefebvre, l'autorité romaine a      accompli un acte de miséricorde. Elle a aussi répondu à l'appel de Mgr      Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, qui demandait      expressément, et en vertu de « son attachement à la primauté de Pierre      », d'être libérée de ce fardeau de l'exclusion de l'Eglise. Comment ne      pas se réjouir de ce pas en avant vers des frères séparés et de cette      main tendue afin de ménager des rencontres d'explication sereine sur des      questions qui font encore litiges entre les deux parties ? Le décret signé,      en effet, par le cardinal Giovanni Battista Re, publié le 24 janvier, évoque      directement la tenue de colloques avec les autorités du Saint-Siège pour      parvenir rapidement à une pleine et satisfaisante solution du problème      posé à l'origine. Mgr Fellay a manifesté son accord sur ce point, en ne      cachant rien des désaccords non résolus.      De la levée des excommunications à l'entrée dans une pleine      communion il demeure une sérieuse distance. Et il est de l'intérêt de      tous de la franchir en totale lucidité théologique et spirituelle. Voilà      longtemps déjà que le cardinal Joseph Ratzinger avait proposé aux intéressés      d'exposer les dubia (les doutes, les interrogations) qu'ils avaient à l'égard      de certains textes de Vatican II. Il signifiait ainsi la légitimité      d'une réflexion à partir d'objections, pour peu que tous s'accordent sur      une démarche d'élucidation sous la conduite du magistère de l'Eglise. Qu'il y ait eu des incertitudes et des faux pas dans l'interprétation      de Vatican II et certaines de ses applications, c'est un fait que les      papes ont eux-mêmes déploré et de grands théologiens comme le cardinal      de Lubac dénoncé comme une trahison. Il y a donc lieu de poursuivre,      selon le vœu de Benoît XVI, une herméneutique qui ne sépare pas      l'enseignement conciliaire de la tradition qui le porte et l'éclaire.      Mais, dans le même mouvement, on ne saurait refuser ce qui découle du développement      organique de cette même tradition et qui justifie des réformes nécessaires      et des orientations apostoliques en fonction des données nouvelles de      l'Histoire.
 Pour mener le débat serein qui s'impose, il faudrait qu'un climat de      pleine communion permette de s'accorder en profondeur sous la motion de      l'Esprit Saint. C'est lui qu'il convient d'invoquer en ce temps de réconciliation.
 P.S. : Comment ne pas s'indigner face aux déclarations insensées de      Mgr Williamson qui cautionne les pires mensonges négationnistes sur      l'extermination du peuple juif ? Mgr Fellay les a déplorées. On voit      comment elles dénaturent la portée du débat sur le traditionalisme. La      campagne qui associe le pape à cette ignominie est aussi prévisible que      scandaleuse. Il faut espérer qu'elle cesse au plus vite et qu'en tout la      vérité retrouve ses droits.
 Gérard LECLERC
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