| La levée de l’excommunication des évêques d’Ecône provoque       des tensions avec les autres religions et confessions. 
 Comme il était prévisible après l’annonce faite jeudi par le       quotidien italien «Il Giornale», le Vatican a annulé samedi,       l’excommunication des quatre évêques intégristes de la mouvance d’Ecône       en Valais. Cette décision de Benoît XVI a provoqué des remous       naturellement amplifiés par les propos négationnistes d’un des évêques.       Le prélat britannique Williamson a, en effet, nié mercredi soir à la télévision       suédoise l’existence des chambres à gaz.
 Ce week-end, les milieux juifs, protestants mais aussi catholiques       ont réagi face une ouverture souvent qualifiée «d’incompréhensible».
 Contre l’œcuménisme
 Du côté des protestants, mentionnons la réaction d’Antoine Reymond,       membre permanent du Conseil synodal de l’Eglise réformée vaudoise,       qui, joint hier après-midi, n’a pas mâché ses mots. «On est choqué       mais pas vraiment surpris. La tendance de ce pontificat, c’est       d’affirmer qu’il y a une seule Eglise, l’Eglise catholique. Tout est       permis pour les catholiques, on le voit avec les propos de Mgr Williamson.       Avec cette levée de l’excommunication, on admet des gens qui remettent       en cause et Vatican II et l’œcuménisme.»
 Du côté de la Fédération suisse des communautés israélites, ce       sont naturellement les propos de Mgr Williamson qui ont choqué. «L’Eglise       catholique couvre systématiquement ces propos négationnistes. Cela       risque de porter atteinte au rapprochement entre nos deux religions.»
 Du côté de la Conférence des évêques suisses, la réaction est       bien sûr plus mesurée. Mais on perçoit tout de même une certaine gêne.       Tout en espérant une réconciliation complète avec la Fraternité       Saint-Pie X, les évêques suisses notent «qu’il faudra mener à terme       les discussions sur les «questions non résolues» liées à       l’acceptation nécessaire de Vatican II».
 Mgr Brunner, l’évêque de Sion a ainsi précisé que parmi ces       acceptations nécessaires figuraient l’acceptation de la messe moderne       et des enseignements de Vatican II comme l’œcuménisme et la liberté       religieuse. On est encore loin du compte même si la Fraternité Saint-Pie       X semble avoir donné l’assurance qu’elle acceptait «l’enseignement       de l’Eglise et le primat du pape.»
 Les intégristes réhabilités
 Mais le supérieur d’Ecône, Mgr Fellay n’a pas donné       l’impression de faire amende honorable. Au contraire, il a ainsi souhaité       que la Fraternité puisse exposer au pape «les raisons doctrinales de       fond… qu’elle estime être à l’origine des difficultés actuelles       de l’Eglise».
 L’ouverture de Benoît XVI en direction des intégristes n’est pas       une surprise. Depuis le début de son pontificat, le pape a fait de       l’unité entre catholiques sa véritable priorité. Au point que sa       politique a parfois des accents de repli sectaire. De concession en       concession, le pape semble proche de son but. Mais à quel prix! Les intégristes       n’ont rien cédé ou si peu. Quant au Vatican, il a mis à mal le       dialogue avec les autres religions et l’œcuménisme. Pire encore, le       chemin pris par le pape va sans doute créer de compréhensibles remous au       sein de l’Eglise catholique.
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