18 mars 2014

[Frère Bruno Bonnet‑Eymard - Il Est Ressuscité (CRC)] L'inconcevable canonisation de Jean-Paul II (2)

SOURCE - Frère Bruno Bonnet‑Eymard - Il Est Ressuscité (CRC) - avril 2014

Dans une de ses homélies matinales, le pape François a déclaré : « Quand un chrétien devient disciple d’une idéologie, il a perdu la foi : il n’est plus un disciple de Jésus, il est devenu le disciple de cette manière de penser. » (17 octobre 2013)

Aussi a-t-il implicitement donné le nom de “ gnose ” à « cette manière de penser » lorsqu’il a déclaré lors de la messe du 20 février 2014 : « Jésus n’a pas dit : “ Connais-moi ! ” il a dit : “ Suis-moi ! ” »

La “ gnose ” est un mal que l’abbé de Nantes a dénoncé dans une série deLettres à mes amis, sous le titre du Mystère de l’Église et l’Antichrist, à partir de septembre 1959. Moins d’un an après la mort du pape Pie XII, prévoyant déjà les ravages d’une certaine “ idéologie ” ou “ gnose ”, il dressait avec cinquante ans d’avance le tableau de la situation actuelle, non pas en prophète, mais en homme de foi exacte.

Or, il a accusé Karol Wojtyla d’avoir été l’un des principaux “ idéologues ” par qui la crise de l’Église, initiée par Paul VI et le concile Vatican II, a pris une ampleur sans précédent. Chose que le pape François, dans son humble soumission aux successeurs de Pierre qui l’ont précédé, ne peut pas soupçonner, ni même accepter d’envisager... à moins qu’on ne soumette les preuves à charge à son jugement.

C’est ce que nous avons entrepris en présentant un compendium de l’accusation soumise par notre Père, l’abbé de Nantes, avec foi en l’Église, au tribunal infaillible de Jean-Paul II, mais que celui-ci refusa d’examiner au prix d’une forfaiture (L’inconcevable canonisation de Jean-Paul II, Il est ressuscité no 137 mars 2014, p. 1-10).

Le premier volet de cette accusation capitale, développé sous le titre : « Novateur, vous trahissez le Christ ! » dénonçait la nouveauté instaurée dans l’Église par « cette foi en l’homme ! ce culte de l’homme ! ce service de l’homme ! ce combat, cette lutte pour l’homme ! » professés par le pape Jean-Paul II, dès le début de son pontificat, « en lieu et place de la foi en Dieu, du culte de Dieu, du service de Dieu, du combat jusqu’au témoignage suprême, jusqu’au martyre pour Dieu ! »


Notre Père enchaînait dans un deuxième volet : « Je suis contraint par votre adultère spirituel, votre “ prostitution sacrée ”, et la trahison du Christ qu’elle cons­titue, à poursuivre mon accusation par cette seconde interpellation brutale :
« CORRUPTEUR » - « VOUS METTEZ À MORT L’ÉGLISE DU CHRIST ! »
« À mesure que vous avez cédé à l’offre tentante du Diable, et que vous avez reçu en échange, selon le contrat, tous les royaumes de la terre – ô trompeuse royauté ! fatale ivresse ! – votre foi en l’homme, votre confiance, votre espérance, votre amour, votre service de lui, en lui, avec lui, pour lui, l’Homme ! ont envahi votre être comme un cancer et se sont changés, ne croyez-vous pas ? en foi, en confiance, en amour, en culte de Vous-même, vous faisant le centre du monde, comme vous l’étiez déjà de l’Église et le croyiez être de sa religion ? N’êtes-vous pas, Vous-même, L’HOMME le plus en vue, le plus élevé, le plus proche visiblement de la divinisation ? Rien de plus illusoire évidemment, mais rien de plus corrupteur qu’un tel égoïsme et un tel orgueil au sommet de l’Église, cette Église qui doit être le modèle et le guide des nations !

« Votre pensée et votre prédication, votre exemple et votre incitation perpétuelle et intense au culte de l’homme et au culte de soi, à l’amour de l’homme vécu comme un amour de soi, à la foi en l’homme faite outrecuidance et autosatisfaction individuelle, sont devenus comme des acides attaquant, dissolvant implacablement, insidieusement, tout l’ordre divin et humain, tout le mystère “ théandrique ” d’un monde transformé par la grâce. Universellement, indéfiniment tout se délite et tombe.

« Si cela continue, et c’est déjà partout un champ de ruines, spirituelles, morales, matérielles, c’en sera fini de la religion, de l’Église et de la civilisation chrétienne. »

« Un champ de ruines », c’est le mot de la prophétie de Notre-Dame, annonçant le 13 juillet 1917, en grand secret, à Lucie, François et Jacinthe, « une grande ville à moitié en ruine », et c’est la chose cons­tatée par notre Saint-Père le pape François, « évêque de Rome », comme il se nomme lui-même avec insistance, « vêtu de Blanc », comparant l’état de l’Église à celui d’un « hôpital de campagne après une bataille ».

Et l’abbé de Nantes :

« Au point que se réalise la douloureuse éventualité, annoncée comme à demi-mot par le Christ : “ Mais le Fils de l’homme quand il reviendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? ” (Lc 18, 8)

« “ Dieu ne ferait-il pas Justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit, lui qui est si compatissant pour eux ? Je vous le dis, il les sauvera promptement, si toutefois ils prient sans relâche ! ” (Lc 18, 7) Encore faut-il qu’ils prient ! Or malheureusement ce que votre passion pour l’homme étouffe d’abord, c’est la vertu de religion. »
I. « VOUS ÉTOUFFEZ LA RELIGION. »
« On appelle religion toute relation des peuples de la terre avec leurs dieux. Mais la vraie religion est celle qui unit le Dieu unique, vivant et vrai, progressivement à toute l’humanité, selon cet incomparable et surnaturel ensemble de dogmes, de sacrements et de rites, de lois et de traditions qui lui agréent parce que d’abord ils ont été par Lui révélés, imposés ou demandés, institués ou agréés dès le commencement et en plénitude par son Fils Jésus-Christ, Notre-Seigneur et Roi. Telle est notre foi, telles sont nos prières et nos sacrements, telles sont nos lois, les commandements de Dieu et de l’Église : Notre religion, principe et fondement, moyen et fin de toute notre vie. » (p. 68)

La religion est le lieu du « culte » rendu à Dieu par sa créature qui lui doit tout :

« O admirabile commercium ! Oui, admirable et véritable échange de la divinité avec l’humanité, qui commence sur terre pour aller à son comble dans la Vie éternelle. Il est facile d’en distinguer les trois grandes relations qui participent, selon les missions temporelles des Personnes divines, à leurs processions trinitaires. C’est le culte d’adoration entière et exclusive à Dieu, notre Créateur et notre Père. C’est l’adhésion de foi et d’amour donnée au Verbe, Fils de Dieu fait homme, notre Seigneur et notre Sauveur. C’est l’union de toute l’Église peuple de Dieu à l’Esprit-Saint, source de grâces et de vertus, et moyen de notre divinisation et de notre introduction dans le mystère de la Très Sainte Trinité.

« Comment le “ culte de l’homme ” – on rougit d’avoir seulement à écrire une telle horreur ! – ne viendrait-il pas tout déranger, tout pervertir, tout anéantir de cette prenante et merveilleuse piété et dévotion ? Relisez-vous plutôt vous-même et dites-moi : Que reste-t-il après cela de la religion divine ?

« “ La dimension fondamentale qui est capable de bouleverser jusque dans leurs fondements les systèmes qui structurent l’ensemble de l’humanité et de libérer l’existence humaine individuelle et collective des menaces qui pèsent sur elle, c’est l’homme, l’homme dans son intégralité, l’homme qui vit en même temps dans la sphère des valeurs matérielles et dans celle des valeurs spirituelles. Le respect des droits inaliénables de l’homme est la base de tout.

« “ Cet homme est unique, complet et indivisible. Dans le domaine culturel, l’homme est toujours le fait premier : l’homme est le fait primordial et fondamental de la culture... C’est en pensant à toutes les cultures que je veux dire ici, à Paris, au siège de l’Unesco, avec respect et admiration : Voici l’homme ! ” (quel blasphème ! cf. Jn 19, 5)

“ L’homme qui, dans le monde visible, est l’unique sujet ontique (sic !)de la culture, est aussi son unique objet et son terme. La culture est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient davantage homme, est davantage, accède davantage à l’être... L’homme, et l’homme seul, s’exprime en elle et trouve en elle son propre équilibre. ”

« Il apparaît avec évidence dans ce discours que la culture est pour vous, et vous saviez que votre auditoire international de francs-maçons de l’Unesco serait satisfait de vous l’entendre dire, la religion de l’Homme, exactement la réplique de ce qu’est notre religion de Dieu. La culture est de fait un ensemble de doctrines, d’expressions artistiques et festives, de mœurs et de traditions dans lesquelles s’exprime l’homme dans l’assemblée des hommes et pour la gloire de l’homme. “ L’homme ne vit pas seulement de pain ”, avez-vous osé dire, répétant la parole de Jésus au désert (Mt 4, 4), “ mais aussi de culture », vous a fait dire l’Esprit de blasphème qui est en vous. La culture remplaçant « toute parole qui sort de la bouche de Dieu » ! Mais il est vrai que, dans votre humanisme intégral, la “ religion ” se réduit à sa seule fonction culturelle d’appoint. » (p. 69)

« Y aurait-il même entente et harmonie, consonance parfaite entre les deux cultes, entre l’adoration de Dieu et l’admiration de l’Homme, et les deux amours – mais je ne peux écrire cela sans que le cœur ne me défaille ! – il y aurait concurrence pratique et il faudrait en définitive que l’un cède à l’autre presque entièrement, jusqu’à n’être qu’une annexe de l’autre. Il suffit de revivre ces premières années de votre pontificat pour le constater. Remplies de leurs adultères et prostitutions maçonniques et culturelles, elles ont été une perpétuelle insulte à notre Dieu et Père Céleste, un crime de lèse-majesté à l’encontre du Christ notre Roi et Seigneur, et de sa Sainte Mère, un effrayant mépris et discrédit de notre Unique et Sainte Église, constituant ce “ péché contre l’Esprit ” dont Jésus disait qu’ “ il ne serait jamais remis, ni en ce monde ni en l’autre ” (Mt 12, 32), parce qu’il est précisément un “ blasphème contre l’Esprit-Saint ”.

« Car l’Église avec l’Esprit-Saint, c’est tout un, puisque l’une est la création incessante de l’autre. Et je me souviens opportunément que Notre-Dame de Fatima a daigné aussi avertir notre siècle qu’il en était de même des péchés contre son Cœur Immaculé, parce qu’ils sont ce même crime abominable contre l’Esprit-Saint, ce Cœur incomparable étant au cœur même de l’Église dont le cœur est au Cœur de Jésus dans le sein de son Père.

« J’ose dire à Votre grandeur : Très Saint-Père, repentez-vous ! car je vois que votre amour obsédant de l’homme et votre dévouement à sa culture vous inspirent à tout propos, même les plus religieux, des blasphèmes contre le Père, le Fils et leur commun Esprit-Saint, souvent à propos précisément de la Sainte Vierge et de la Sainte Église ! Ayez souci de votre âme... »
TANT D’INSULTES À DIEU LE PÈRE !
« Dieu, Yahweh, Je Suis, de l’Ancien Testament, notre Créateur, Dieu Notre Père que nous a révélé et donné pour Père Jésus-Christ en nous faisant, par grâce, bénéficier de “ la puissance de devenir ses enfants ” (Jn 1, 12), comment pouvez-vous sans cesse le mépriser et le blasphémer en affirmant de tout homme, en quelque état moral ou immoral, religieux, irréligieux, antireligieux qu’il soit, et où il se trouve bien sans qu’il ait souci de revêtir “ la robe nuptiale ” (Mt 22, 11-12), cette créature inférieure aux anges et qui, par sa malice, peut se ravaler plus bas que les bêtes, aux abîmes des vices dignes de l’enfer et de ses démons, qu’il est toujours et en tout état de cause “ l’image et la ressemblance ” de Dieu, ou qu’il la reconquiert et la parfait par ses propres efforts ? et qu’il est “ fils de Dieu ”, que Dieu est “ son père ”, le “ père de tous les hommes, les faisant tous frères ” ; enfin que par son travail l’homme, oui, l’homme devient le coopérateur de Dieu et son partenaire dans la création de l’univers et de soi-même ?

« Tous les hommes ? Même ceux auxquels Notre-­Seigneur disait qu’ils avaient Satan pour père et non point Abraham, ni Moïse, ni Dieu (Jn 8, 39-47), ceux qu’au dernier jour le Fils de l’Homme ignorera, leur disant “ Je ne sais d’où vous êtes. Retirez-vous de moi, artisans d’iniquités ” (Lc 13, 27) ?

« “ Dans l’alliance avec la sagesse éternelle, disiez-vous au Bourget lors de votre voyage en France, l’homme doit croître et se développer comme homme. Il doit croître et se développer à partir du fondement divin de son humanité, – ce qu’ailleurs, nous l’avons vu, vous appelez carrément sa déité – c’est-à-dire comme image et ressemblance de Dieu lui-même. Il doit croître et se développer comme fils de l’adoption divine.

« “ Comme fils de l’adoption divine, l’homme – vous ne précisez pas, parce que telle n’est pas votre pensée, votre intention : le chrétien – l’homme doit croître et se développer à travers tout ce qui concourt au développement et au progrès du monde tel qu’il vit. ” !


« “ Notre idéal commun, direz-vous durant ce même voyage à nos frères musulmans, est une société dans laquelle les hommes se reconnaissent comme des frères qui marchent à la lumière de Dieu dans l’émulation pour le bien. ” Mesurant le dévoilement de votre erreur à ce qu’en peuvent admettre vos auditeurs, vous évitez de parler de Dieu comme d’un Père à des musulmans qui n’accepteraient pas ce langage ! Êtes-vous fourbe à ce point ? »

« “ Comme image et ressemblance de Dieu lui-même. ” » Sous ce titre, une suite de citations rappelle à Jean-Paul II comment « cent fois, mille fois, vous revenez sur cette affirmation et la développez de dix manières, les unes naturalistes, les autres pélagiennes, celles-ci ignorant le péché originel autant que les péchés mortels, celles-là les effaçant par les efforts de l’homme se rachetant lui-même, multipliant les ambiguïtés, les équivoques, les amalgames entre humanisme athée et théologie chrétienne. Mélange déroutant les fidèles, écœurant le théologien. Et d’où ressort toujours l’idée blasphématoire de la ressemblance intrinsèque, infaillible, actuelle, de tout homme vivant, là, aujourd’hui, avec Dieu, faisant ainsi société avec lui, ayant des droits sur lui et, nous le verrons bientôt, ayant barre sur lui. » (p. 70-71)

« Ainsi exaltez-vous l’orgueil humain, dans un monde qui croule sous le péché, citant inlassablement ce seul verset (Gn 1, 27), que dis-je ! ces seuls mots du Livre de la Genèse et leur donnant une portée universelle et absolue... que tout le reste du Livre, et de la Bible entière, dès le chapitre suivant, de la chute, dément ! Vous citez la moitié du verset suivant (Gn 1, 28), concernant la domination de la terre, mais jamais l’autre moitié parce que l’homme actuel ne veut pas s’en soucier ! Travailler, dominer la terre, oui ! pour en jouir... Mais croître et se multiplier, non, c’est trop pénible ! Et remplir la terre ? Elle l’est assez comme cela.

« Vous flattez l’homme, et vous méprisez Dieu. Ainsi ne dites-vous pas qu’il doit se reposer le septième jour parce que Dieu se l’est réservé, mais pour faire comme Dieu. Il n’est pas un serviteur de Dieu, mais un fils, un partenaire ! Disons-le : un égal, rempli du sentiment insolent de sa propre excellence. » (p. 71-72)

À cet « enfant, fils de Dieu, son ayant droit », comment « faire accepter l’idée d’une miséricorde divine et humaine qui lui est insupportable, comme attentatoire à sa dignité » ?

Par l’encyclique Dives in misericordia, « variation hégélienne du retour de l’Enfant prodigue : « Vous écartez, pour ne pas faire de peine aux juifs, et parce qu’il troublerait la bipolarité de votre dialectique, le personnage encombrant du fils aîné. Lequel, en toute vérité, dans son insupportable morgue, son orgueil, son égoïsme et sans aucun doute son hypocrisie, représente exactement l’homme moderne. Pour lequel le père ne se départit pas de sa bonté ordinaire, dont nous savons qu’elle ne le changera pas et ne lui évitera pas la condamnation finale du Juge divin courroucé. »

« Je cite ? Il faudrait tout citer ! » pour montrer comment le « vieux père reconnaît sa déroute en s’émouvant de compassion pour son jeune fils plus fort que lui » : « ”La fidélité du père à soi-même est totalement centrée sur l’humanité du fils perdu, sur sa dignité. » ” » C’est ainsi, accuse l’abbé de Nantes, que « vous faites admettre à ce jeune coq la tendresse de son père, en la travestissant en reconnaissance de sa grandeur à lui, le fils, contraignant son père à le re-connaître et lui re-donner cette place, ces biens auxquels il a droit. Les bonnes gens ne savent pas lire de telles choses, et elles se sont réjouies de voir leur cher Pape parler de la Miséricorde divine, comme sa vénérée compatriote, sœur Faustine. » (p. 72-73)

Ainsi de notre Saint-Père le pape François, l’autre jour, dans son discours au clergé romain (6 mars).
UN SI GRAND MÉPRIS DE JÉSUS-CHRIST !
« Sans doute, et que cela soit dit une fois pour toutes, dix, cent discours donneront le change. »

En particulier au pape François qui s’apprête à canoniser Jean-Paul II !

« Mais c’est à chaque homélie, en chaque fête liturgique du Christ tour à tour honorant ses mystères, la même humanisation, la même profanation à laquelle vous pousse comme irrésistiblement l’Esprit de blasphème qui vous habite, qui vous infeste. »

C’est chaque fois une « défiguration de Jésus-Christ », une « transfiguration de l’homme » « L’Avent, c’est l’attente de l’Homme. Noël ? C’est la naissance de l’Homme, et même la fête de l’Homme. L’Épiphanie, c’est la manifestation de l’Homme. Pâques est le signe de la victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine, de l’Homme sur les éléments. » (p. 74)

Un dernier exemple, emblématique :

« Le moment le plus poignant de l’Évangile, vous ne l’avez pas raté ; le mot le plus émouvant, touchant Jésus, vous deviez irrésistiblement en faire la plus effroyable profanation ! C’est l’ “ Ecce homo ”. « Voici, dites-vous encore à Paul VI en retraite de Carême ! Voici que le Christ fait face à la vérité de son royaume. Pilate avait dit : “ Voici l’homme ”. Précisément. Toute la royauté de l’homme, toute sa dignité qu’il est venu exprimer et restaurer se sont enfouis en lui à cette heure. Car il est notoire que cette royauté (de Monsieur Tout-le-monde) a été bien des fois vaincue, jetée à terre, traînée dans la boue (faisant de Monsieur Tout-le-monde une victime, un héros méconnu, un saint persécuté). Il est notoire que cette dignité a été à tant de reprises humiliée (cruellement, injustement traité, bousculé, méprisé, Monsieur Tout-le-monde !). Comme le rappelle Vatican II(pléthore de références à Lumen Gentium, évidemment), Jésus était venu manifester (vous entendez bien : mani­fester) la royauté de l’homme, et voici qu’il fait face à l’humanité, couronné d’épines (il subit le sort de Monsieur Tout-le-monde, et ça, c’est inattendu ; mais on espère que le sort de Monsieur Tout-le-monde en sera amélioré par la suite). Voici la royauté rachetée, et la dignité acquise par le sang du Fils de Dieu. ” L’ignominie dernière, nous la rencontrerons bientôt. La voici en un mot : À cette effroyable passion qu’a soufferte le Fils de Dieu, on mesure la valeur, l’importance, aux yeux de Dieu ! de ce grand méconnu de Monsieur Tout-le-monde ! » (p. 74)

Il en résulte que « tout homme participe à la divinité du Christ. » Bon ou mauvais, chrétien ou non, du seul fait que « “ le Fils de Dieu par son Incarnation s’est uni à chaque homme, qu’il est devenu en tant qu’homme l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché (He 4, 15) et qu’il a vécu une vie authentiquement humaine, et nous savons que cette vie n’a pas été facile. Elle a rendu le Christ proche de tous ceux dont la vie n’a épargné ni les expériences (!)ni les souffrances. ”

« L’idée que vous insinuez, à travers cette insuffisante démonstration, et elle est déjà dans le texte conciliaire, j’en conviens, c’est que par cette proximité, toute matérielle, et cette union tout idéale, du Fils de Dieu incarné avec les autres hommes, ses voisins, ses concitoyens, ses contemporains, et de proche en proche, vous, nous, tous les êtres humains de tous les temps,... une véritable incorporation ou communion mystique s’est accomplie faisant de tout homme quel qu’il soit un être pénétré “ en quelque sorte ” de la sainteté du Fils de Dieu, donc de sa divinité.

« Et l’on va allégrement dans ce chemin aussi loin qu’on peut oser aller trop loin. C’est une christification, donc une divinisation automatique de tout le genre humain, instantanée ! Voilà le travail de conversion et de christianisation des peuples rendu inutile !

« Dans Redemptor hominis, vous dites : “ Le Christ, rédempteur du monde, est celui qui a pénétré, d’une manière unique et singulière, dans le mystère de l’homme, et qui est entré dans son cœur ... Image du Dieu invisible (mais ne le sommes-nous pas tous, selon votre anthropologie ?), il est l’Homme parfait qui a restauré dans la descendance d’Adam, la ressemblance divine, altérée dès le premier péché. ”

« C’est donc fait. Dieu s’est uni maintenant et pour toujours, “ en quelque sorte ”, tout homme. L’accompagnera-t-il en enfer ? Certes non ! Vous en conclurez que, très probablement, il n’y a plus personne en enfer... » (p. 75)

Bien plus, « à la Passion du Christ, se connaît la valeur de l’homme ! » À cette pensée, l’indignation de notre Père éclate :

« Erreur ! Erreur trop grossière pour n’être pas consciente et délibérée. Saint Paul écrit, à la référence indiquée : “ Vous avez été bel et bien achetés ”, ou, selon l’excellente lecture de la Vulgate, “ Vous avez été achetés à un grand prix. ” Parallèlement, explique saint Pierre : “ Ce n’est pas par rien de corruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis de la vaine conduite de vos pères, mais par un sang précieux, comme d’un agneau sans reproche et sans tache, le Christ. ” (1 P 1, 18)

« Ce qui est précieux, de grand prix, de valeur inestimable, c’est le sang du Christ, l’amour rédempteur, la grâce du salut. C’est le Cœur-Sacré de Jésus ! Et vous, vous y voyez la monnaie, la valeur fiduciaire de l’objet seul précieux : L’homme vaut donc si cher ! Il vaut le Sang d’un Dieu ! Apprends, ô homme, ta valeur infinie ! Tu as fait singulièrement monter les enchères ! » (p. 76)

Notre Père en vient à accuser Jean-Paul II « de régicide et de déicide », n’hésitant pas à l’assimiler à Caïphe : « Car le grand prêtre et le sanhédrin condamnèrent Jésus à mort et à la mort de la croix, malédiction suprême, parce qu’ils lui déniaient toute supériorité ou royale ou divine sur les autres hommes, et d’abord sur eux tous... et Caïphe particulièrement sur lui-même. Jésus donc, pour eux, ne devait être qu’un homme du commun. Ils l’abaissèrent tant et tant qu’en fait de dignité ils lui préférèrent Barabbas, et comme roi, César !

« Avec plus de louanges et de considération apparente, ce que vous faites est égal à leur régicide et déicide. Il est roi, dites-vous ? C’est pour nous montrer que nous le sommes tous. Il est Dieu, fils de Dieu ? C’est pour nous assurer que nous avons le droit de prétendre à ce titre et de nous faire Dieu. Jésus se tait, comme au jour du Vendredi saint, avant de mourir de tant de mépris et de haine... c’est qu’il reconnaît votre Autorité! »

Et il termine ce chapitre « par un seul exemple sur lequel encore je consentirais à voir juger tout ce procès ». C’est une citation de l’encycliqueRedemptor hominis :

« “ L’attitude missionnaire commence toujours par un sentiment de profonde estime face à ce qu’il y a en tout homme, pour ce que lui-même, au fond de son esprit, a élaboré au sujet des problèmes les plus profonds et les plus importants ; il s’agit du respect pour tout ce que l’esprit, qui souffle où il veut, a opéré en lui. ”

« C’est au numéro 12, et les notes 75 et 76 renvoient respectivement à Jean 2, 25 et à Jean 3, 8. Pour garantir la nouvelle missiologie conciliaire, qui commence par respecter les œuvres de l’Esprit-Saint, déjà admirables en tout homme, que constituent les diverses religions et cultures.

« Le Christ, votre Christ postconciliaire nous est montré par vous, ancêtre et premier de ces nouveaux missionnaires remplis d’une profonde estime pour ce qu’il y a en tout homme, à savoir les excellentes œuvres de l’Esprit-Saint. Il suffit, pour mesurer votre mensonge et votre forfaiture d’ouvrir l’Évangile et de lire : “ Durant le séjour qu’il fit à Jérusalem pour la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Mais Jésus ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous, et qu’il n’avait pas besoin d’être renseigné sur personne : Lui savait ce qu’il y a dans l’homme. ” » (Jn 2, 23-25)

« Ai-je tort de dire que vous êtes un antichrist, dont la mission est de mettre à mort le Christ une seconde fois, dans son Église ? » (p. 77)
VOUS INSULTEZ LA VIERGE MARIE, MÈRE DE DIEU.
« Votre devise est connue de tous : “ Totus tuus ” : vous êtes tout à Marie. »

Mais à écouter le pape Jean-Paul II la prier, on peut se demander ce qu’Elle est pour lui.

« Est-ce une déesse de fécondité ? » À Jasna Góra et sa vénérable image, « Vous lui adressez toutes sortes de paroles. Mais comme on ferait, pardonnez-moi ! à Déméter, l’idole actuelle des steinériens, ou à quelque déesse tutélaire d’un peuple particulier. C’est plus que du folklore, ce n’est point cependant la dévotion mariale catholique :

« “ L’Assomption de la Mère de Dieu est en même temps la fête de la maturité de la terre polonaise. Ce jour-là on bénit les épis recueillis dans les champs et les fruits produits dans les jardins. Je prends part à cette bénédiction des fruits de la terre.

« “ Et en même temps, je pense à tout ce qui mûrit dans les hommes : à ce qui a mûri dans la pensée et dans la conscience de mes compatriotes au cours de ces récentes années difficiles. L’homme est appelé à vivre dans la vérité et dans la liberté. Dieu lui a donné la dignité de fils de Dieu pour que mûrisse cette dignité(nouvelle transe de l’Esprit de blasphème, ici double et triple : tout homme divinisé, fait fils de Dieu ? pour que mûrisse sa dignité d’homme ? !)

« “ Mère de Jasna Góra ! J’exprime les vœux et je prie pour que la bénédiction de ton Assomption se pose sur tout ce qui a mûri dans la pensée, dans la conscience et dans le cœur des Polonais. Que cela demeure un fruit durable ! Fruit de la maturité de l’esprit que nulle humiliation ou violence ne saurait détruire ou fouler aux pieds. Que ce fruit mûrisse toujours au milieu des contrariétés actuelles, comme a mûri le fruit du témoignage du Bienheureux Maximilien dans le bunker de la mort à Oświęcim (Auschwitz).

« “ Vierge de l’Assomption, nous t’offrons les fruits de la terre polonaise ! Et nous t’offrons encore plus, pour ta fête solennelle, le fruit difficile de la maturité des âmes polonaises. Accepte-le et bénis-nous ! Et fais que la terre polonaise ne cesse jamais de porter du fruit ! que l’homme ne cesse jamais de mûrir ! ” » (15 août 1982)

« Est-ce une chère illusion de névrosée ? »

« Dans vos nombreux pèlerinages, dont vos voyages sont l’occasion, on a remarqué votre peu d’intérêt pour les apparitions, les révélations dont ils entretiennent le souvenir et la leçon, sur les grâces particulières reçues en ces lieux. Ne parlons pas encore de Fatima. Mais de l’Image miraculeuse de Notre-Dame de Guadalupe, à Mexico, de Knock en Irlande, d’Éphèse en Turquie. Tenez, parlons de la rue du Bac, chez nous, à Paris.

« Après vous être recueilli un court instant – jamais de chapelet récité en commun, proposé à vos hôtes, jamais ! – dans la chapelle de la Médaille miraculeuse, vous adressez à la Vierge une prière spontanée. Vous commencez par les paroles du “ Je vous salue, Marie ” et l’invocation de rigueur en ce lieu : “ Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ”. Hélas ! c’est pour enchaîner :

« “ Telle est la prière que tu as inspirée, ô Marie, à sainte Catherine Labouré, en ce lieu même, voilà cent cinquante ans... ” Le reste est d’une parfaite banalité, mêlée d’autosatisfaction personnelle et collective, postconciliaire. Sur les visites de la Très Sainte Vierge en ce lieu béni, cet endroit de la capitale où elle est venue, ce fauteuil qu’on y vénère (au grand agacement du clergé local !) parce qu’elle s’y est assise, et ses admirables confidences, rien ! Ou plutôt, si ! Votre négation. Oui, vous avez nié la réalité des faits – vous êtes-vous laissé impressionner par les scrupules du savant historien, hypercritique, rompu à toutes les chicanes de la science moderne, René Laurentin ? – en les ignorant, pire : en parlant d’une prière “ inspirée ” à la sainte, et non pas demandée et dictée de vive voix humaine.

« Très Saint-Père, il aurait mieux valu pour vous n’être jamais entré dans ce sanctuaire que d’y être venu pour en nier le fait fondateur et en anéantir ainsi le bienfait. Après vous, les suppôts de Satan qui s’y acharnent pourront en liberté tout détruire ! Vous promettiez dans ce discours de vous rendre l’année suivante à Lourdes. Est-ce parce qu’elle n’était pas satisfaite de votre incrédulité que la Vierge ne l’a pas permis ? Vous aurait-elle puni ? » (p. 78)

« Est-ce une militante féministe ? »

À propos de la visitation de la Vierge Marie à sa cousine Élisabeth : « “ Je veux d’abord rendre honneur à la maternité et à la foi en l’homme qu’elle implique.

« “ Rendre honneur à la maternité veut dire accepter l’homme dans sa pleine vérité et sa dignité. – Je voudrais saluer chaque homme, chaque femme, en vertu de la dignité qui est la sienne depuis le premier moment (tiens ! et le péché originel ?)... – C’est le culte de la maternité. – Le premier droit de l’homme est le droit à la vie. Nous devons défendre ce droit et cette valeur. Dans le cas contraire, toute la logique de la foi en l’homme, tout le programme du progrès vraiment humain en seraient ébranlés et crouleraient (l’avortement, crime contre l’homme et contre le progrès ! C’est tout ? et c’est le Pape qui parle ?).

« “ Sur le seuil de la maison de Zacharie, Élisabeth dit à Marie : Heureuse es-tu, toi qui as cru (cf. Lc 1, 45). Rendons honneur à la maternité, parce qu’en elle s’exprime la foi en l’homme. – l’acte de foi en l’homme... – La Mère... proclame sa foi en l’homme. – Il faut croire, dès le début, en l’homme. – Du fait qu’il est homme, grâce à cela, grâce à son humanité même, il est l’image et la ressemblance du Dieu infini. ”

Vous ne parlez jamais de la grâce, jamais que dans cette occasion : grâce à son humanité, grâce à sa dignité, l’homme est grand, l’homme est transcendant. Grâce à l’homme, l’homme est homme ! et bien plus qu’homme, en quelque sorte Dieu !

« Et militante révolutionnaire ? »

« Donc, nous sommes tombés de la Vierge “ bénie plus que toutes les femmes ”, à la femme quelconque, de la Maternité divine à toute maternité, de la foi de Marie en la Parole de Dieu, à la foi en l’homme, de Jésus Fils de Dieu fait chair à la quelconque progéniture d’un couple humain sans foi ni loi autre qu’humaines. Vous allez compléter votre discours, plus maçonnique que chrétien, plus communiste qu’évangélique, par ce que saint Pie X dénonçait comme un “ rapprochement blasphématoire entre l’Évangile et la Révolution ” :

« “ Le problème fondamental du monde du travail n’est-il pas aujourd’hui la justice et la lutte pour la justice sociale ? – La liturgie d’aujourd’hui, en la fête de la Visitation de Marie, n’en parle-t-elle pas elle aussi d’une certaine façon ? La vérité sur la justice de Dieu ne résonne-t-elle pas en même temps que l’adoration de Dieu, dont la miséricorde est pour toutes les générations, dans les paroles que l’Évangéliste saint Luc a mises dans la bouche de la Vierge ? (Elle n’était pas assez intelligente sans doute, ni inspirée, pour les trouver toute seule ! En fait, vous n’avez aucune idée ni science en ce domaine, mais c’est pour paraître moderne aux yeux des modernistes prêts aux quolibets), qui porte en son sein le Fils de Dieu. (Là, contrairement à tout à l’heure, vous avez besoin de les mettre tout à fait à part, très haut, Elle et Lui, pour que leur message révolutionnaire soit d’autant plus autorisé, divinisé, absolutisé.)

« “ Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur orgueilleux ; il a renversé les puissants de leur trône et élevé les humbles ; il a rassasié de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. » (Lc 1, 51-53)

« “ Ces paroles disent que le monde voulu par Dieu est un monde de justice. Que l’ordre qui doit régir les rapports entre les hommes se fonde sur la justice. Que cet ordre doit être continuellement réalisé dans le monde. ”

« Mais non, voyons ! La justice n’est pas de ce monde, chacun le sait bien ! Ou alors, il aura fallu vous attendre, vous et les militants chrétiens communistes...

« Il est sûr qu’aucun de vos auditeurs ne reviendra d’un tel rassemblement avec la moindre idée, le moindre désir de réciter son chapelet en famille, il aurait l’air de déserter la lutte ! la lutte noble ! ni de se rendre aux vêpres de la paroisse le dimanche soir, pour la joie de chanter le Magnificat, il aurait l’air de pécher contre l’Homme !

« Vous exploitez la dévotion à la Sainte Vierge, qui est très grande encore dans l’Église, au profit de votre humanisme. Mais la vraie dévotion à la Vierge Marie, non, vous ne l’avez pas, vous ne la rayonnez pas, au contraire vous l’éteignez dans les âmes à proportion que s’y enracinent et s’y fortifient, à vous écouter, le culte de l’Homme et de la Femme ! » (p. 80)
VOUS ÉTEIGNEZ L’ESPRIT-SAINT. VOUS DÉVALUEZ L’ÉGLISE !
« Si le Christ est la figure exemplaire, voire mythique, de l’Homme, si la Vierge Marie Mère de Dieu est l’image de la Femme source de vie ou de la Mère “ qui a foi en l’homme ”, que sera pour vous l’Église ? Car Jésus et Marie sont montés au Ciel, invulnérables aux coups des ennemis de Dieu, inaccessibles à la calomnie, aux injures de leurs perfides amis. Nul ne peut les confondre, sinon par des rhétoriques blasphématoires, avec les réalités souillées de la terre... Tandis que l’Église et son Esprit-Saint, je dis bien son Esprit divin, qui est en elle, qui est à elle, qui est sa propre Âme, peuvent être traités en choses tout humaines. Il et elle sont vulnérables aux persécutions de leurs ennemis et aux mauvais traitements de leurs fils pervers et disciples hypocrites.

« Or, qui a péché péchera. Qui a trahi, trahira. Il serait étonnant, et incohérent de votre part, que vous ne défiguriez encore et davantage cette merveille divine qui est, littéralement, tombée en votre pouvoir, que vous ne la ravaliez au rang d’une misérable chose tout humaine parmi les autres pour mieux transfigurer ainsi les choses humaines communes en splendeurs divines. Et c’est ce que nous constatons, en mille endroits car le domaine du sacrilège ici est vaste.

« Vous assimilez l’Esprit-Saint qui habite l’Église à un esprit naturel partout présent dans l’Homme et menant tous les peuples vers l’accomplissement final universel. Et vous assimilez l’Église aux œuvres du génie de l’humanité, il est vrai comme l’une de ses plus grandioses réussites. Il n’y a pas de méthode plus efficace pour “ éteindre l’Esprit-Saint ” et dévaluer, discréditer la sainte Église de Jésus-Christ, notre Mère, notre unique Espérance ! » (p. 80-81)

Par exemple en célébrant « Notre-Dame de Paris, édifice maçonnique ! » « “ Ici nous rencontrons le génie de la France, le génie qui s’est exprimé dans l’architecture de ce temple (sic) il y a huit siècles et qui est toujours là (je souligne)pour témoigner de l’homme [...] depuis huit siècles : Notre-Dame. ” »

« Le choc des mots est voulu : Notre-Dame témoigne de l’Homme, de l’homme non pas collectif, abstrait, mais de l’Homme quelconque, en secret le franc-maçon, prétendu héritier des traditions gnostiques des constructeurs du temple de Salomon et des cathédrales médiévales, constructeur aujourd’hui de l’Homme, temple luciférien, proclamé temple de ­l’Esprit-Saint. Quel langage pour un Pape !

« Les conséquences de telles paroles pontificales, qui pourraient n’être qu’un bizarre jeu de l’esprit, sont pour l’Église immenses et tragiques. Si Notre-Dame est une manifestation du génie de l’homme au treizième siècle, l’Homme que tourmente un Esprit qui le pousse à se dépasser, à se surpasser dans les œuvres de son Art, alors, descendant la Seine, voyez le Louvre, plus loin à l’Occident l’Arc de triomphe, plus modernes encore, la tour Eiffel, la Défense ! Et comme ce “ Progrès ” de l’Art est celui de l’apostasie humaniste et le triomphe de l’Anti-Église, qu’un Pape lui rende hommage est le plus mortel désaveu qui se puisse articuler contre l’Église. La vie aujourd’hui n’est donc plus à Notre-Dame, mais ailleurs, à Beaubourg ! ou au Trocadéro !

« Entrons dans Notre-Dame, ce temple-exposition du génie de l’homme plutôt que demeure de Dieu parmi les hommes où résonne perpétuellement sur les lèvres des enfants de l’Église, la divine louange... Que fait-on en ce lieu, selon vous ? On prie. Mais qu’est-ce que prier ? »

« La prière, recréation humaniste », est une « “ forme d’activité spirituelle sublime où l’homme se retrouve, se reconquiert et se dépasse, se divinise sous la poussée de ­l’Esprit qui est en lui. Pour ainsi prier, tous les temples sont également bons, et peut-être le temple de la Nature est-il le meilleur après tout !

« “ Le trappiste ou le chartreux confesse ce Dieu par toute une vie de silence. C’est vers lui que se tourne le bédouin pérégrinant dans le désert quand vient l’heure de la prière. Et ce moine bouddhiste se concentre dans sa contemplation qui purifie son esprit en l’orientant vers le Nirvana : mais est-ce seulement du côté du Nirvana ? Dieu, absolument transcendant, surpassant absolument tout le créé, visible et tangible. ” » Au point de justifier les athées qui en font l’expérience mystique !

« Vous faites de ce mysticisme (athée) universel une “ vérité ” dont saint Jean de la Croix témoignerait, et nous savons déjà comment, en son nom, vous ouvrez l’Église aux athées. Mais c’est éteindre l’Esprit-Saint et dévaluer l’Église, et même les religions juive, musulmane et païennes ! Je m’inscris en faux, à propos de saint Jean de la Croix, contre pareille interprétation de sa doctrine mystique, laquelle n’excluait pas mais incluait la communication maternelle de l’Esprit-Saint par les sacrements et les enseignements de la sainte Église, et d’elle seule ! Le plus haut mysticisme n’en a jamais dispensé personne, au contraire ! Voilà pourquoi d’ailleurs il n’y a pas de vraie mystique hors de l’Église véritable, et pourquoi l’athéisme est le contraire de la contemplation ! Vos chers athées ? Des ennemis de Dieu !

« Si je dis vrai, rétractez-vous. Si je dis faux, dites en quoi je me trompe, et mes erreurs, condamnez-les du haut de votre Magistère infaillible ! Mais cessez de discréditer l’Église et d’étouffer l’Esprit-Saint ! » (p. 81-83) Sinon, « voici les missions ridiculisées ».

« Au lieu des missions, voici que vous parlez de conversion de l’Église au monde, d’alignement de l’Église sur l’humanisme universel. »

Et « la sainteté de l’Église profanée » : « Maria Goretti, héroïne de la dignité de la femme, et non plus de la virginité, de la chasteté chrétiennes ! »

« Saint Maximilien Kolbe, martyr humaniste du droit à la vie ! » « Cette mort affrontée spontanément, par amour pour l’homme » sera, par décision souveraine de Jean-Paul II, « le premier martyr catholique du “ droit à la vie ”, de la “ dignité humaine ”, et de “ l’amour de l’homme en tant qu’homme ”, pour lui-même, homme ! Un martyr wojtylien à l’usage de l’humanisme athée, marxiste à l’Est, maçonnique à l’Ouest. Un pont entre l’Est et l’Ouest. Et aussi, un patron pour tous les antifascistes de la terre, dénonçant dans les tortionnaires nazis les négateurs des Droits de l’homme et des Idées de 1789, qui doivent être maintenant le Credo de l’humanité entière.

« Il y a quelque chose dans la vie de ce saint, pourtant, qui dérange cette utilisation de son cadavre. C’est sa vocation elle-même, de lutte contre la franc-maçonnerie et ses idéaux sataniques, par la formation d’une Milice intégralement catholique, rangée sous la bannière de l’Immaculée. Et là-dessus, vous pratiquez forcément ce que le catéchisme appelle “ le mensonge par omission ”. Vous l’avez donc contre vous, au Ciel, ce saint ! et sur la terre.

« Les martyrs d’Otrante, héros de la dignité de l’homme ! » Ce serait la fin de la religion sur la terre si l’Église ne luttait de toute la force de ses institutions et de ses saintes et vivantes traditions contre cette apostasie de fin du monde. Mais combien de temps encore l’Église résistera-t-elle à vos coups ? » (p. 85-86)

Hélas ! La canonisation de ce Pape est capable d’achever de la détruire !
II. « VOUS DÉTRUISEZ L’ÉGLISE. »
« C’est bien simple : « À l’apostrophe inoubliable de saint Léon à son peuple de Rome dans la nuit de Noël : “ Agnosce, o christiane, dignitatem tuam ”, contredit votre message humaniste : “ Connais, ô Homme, ta dignité, ta grandeur, ta déité ! ”
LES DEUX VOIES INVERSES.
« Le chemin du salut pour les personnes et pour les peuples, depuis les premiers temps de l’histoire, avait été celui de la religion, et depuis Abraham et Moïse, celui de la Loi juive et de son culte, enfin pour tous et pour toujours, par Jésus-Christ, celui de l’Église, ou elle entraîne ses fidèles, hors duquel il n’est point de salut. Ce chemin, c’est le Christ qui lui-même s’est dit notre Voie, et notre vérité et notre vie, et c’est le chemin du Ciel. « Je te montrerai le chemin du Ciel », disait le Curé d’Ars à Antoine Givre, le petit pâtre qui lui indiquait son chemin vers Ars ! Et il le fit effectivement, comme vous le savez.

« Et Vous, vous annoncez un beau jour, doctoralement et impérativement : “ Le chemin de l’Église, c’est l’homme ” ? C’est une impiété, puisque vous substituez l’homme, concret ou philosophique, au Fils de Dieu fait homme. C’est une sottise, parce qu’on se demande ce que l’homme peut être en fait de chemin : quels dogmes ? quels sacrements ? quels commandements ? et où il peut mener ailleurs que dans les bagarres et les bas-fonds du monde, et à l’enfer ! C’est enfin une révolution dans l’Église, que vous ne pourriez mener qu’en dressant un parti, le parti de l’Homme, contre l’autre, le parti de Jésus-Christ ! [...]

« Les bonnes gens [à l’époque, le Père Jorge Bergoglio aujourd’hui pape François s’apprêtant à vous canoniser !] s’imaginent pieusement que vous parlez pour ne rien dire, ou pour dire des riens. Par exemple, que l’Église, avant le Concile, était trop “ désincarnée ” et qu’il fallait qu’elle remette un peu les pieds sur terre... Mais c’est vous prendre pour un montreur de marionnettes. Notre connaissance de votre “ anthropocentrisme laïc ” nous contraint à interpréter la consigne nouvelle comme un ordre de changement total de la marche de l’Église. Il faut qu’elle se convertisse à l’homme et au monde présent ; que, renonçant à la primauté et priorité de ses œuvres de religion, ou de culte, elle s’immerge dans la vie du monde et s’applique aux œuvres d’un humanisme séculier, autrement dit à la culture.

« C’est exactement la charte de changement que constitua, en 1530, laConfession d’Augsbourg, cette formidable “ utopie anticatholique ” comme je l’ai appelée, et non sans le prouver et le démontrer en juin 1980, tandis que follement l’Église elle-même la fêtait, et vous-même osiez dire que Quelqu’un en vous “ vivait très intensément cet anniversaire ”... Ce quelqu’un, si quelqu’un il y a, ne pouvait être, Très Saint-Père, que Satan ou l’un de ses suppôts.

« L’explication de leur “ Réforme ”, pour Luther et Mélanchton, c’est que “ le juste vit par la foi ”, et non par les œuvres, entendons-nous bien : les œuvres de culte et de religion qu’ils proscrivent donc comme abominables et impies. Mais le juste prouve sa foi par les œuvres temporelles, la guerre, la finance, le commerce, et Dieu lui prouve sa bénédiction en l’y faisant vainqueur, et riche, et habile. Mais pour vous ? Est-ce l’explication de votre plus que réforme, de votre changement, de votre Révolution humaniste ? Certainement. Selon votre philosophie, c’est à travers l’athéisme, c’est-à-dire par la “ néantisation ” de toute religion positive, au moins spéculativement, que doit naître la pure foi immanente, l’acceptation d’une Transcendance non dérangeante, et cela se prouvera par le cheminement incognito des chrétiens sur la grand-route de l’humanité en marche vers son accomplissement temporel. Vous ne songerez pas à le nier, c’est cela !

« Luther, l’obscur moine de Wittenberg n’était qu’un enfant à côté de vous. » (p. 87-88)
L’ARGUMENT D’AUTORITÉ : L’OBÉISSANCE AU CONCILE.
« Pour ce changement de cap, vous requérez les pleins pouvoirs, vous instaurez la dictature [...]. Mais c’est tout simplement un schisme réussi à la tête, au sommet de l’Église et non en quelque lieu périphérique, à Wittenberg, à Genève ou à Londres. À Rome. Par l’opération de Jean XXIII, l’Inconscient, de Paul VI et de vous aujourd’hui, cette œuvre du Concile et du postconcile dont vous vous réclamez aujourd’hui. » Qu’une “ canonisation ” programmée par Benoît XVI doit rendre définitive !

« C’est Napoléon se faisant empereur pour consolider les acquis de la Révolution, c’est Lénine bâillonnant les soviets d’usine et instaurant la Tchéka au nom du communisme. Voilà l’histoire de l’Église, et de la religion humaine, et du monde, coupée en deux. Avant le Concile, et après. Ou plus exactement, si on vous lit attentivement, à cause de ces choses implicites, et de ces expériences en cours qui indiquaient comme un temps de vacation de la grande réforme annoncée, c’est un avant-Moi et un après-Moi cosmiques. Mais c’est un schisme ! Une mort déclarée, à “ exécuter ”, de l’Église apostolique, antérieure, et la création annoncée d’une nouvelle Église conciliaire, ou plus exactement wojtylienne. » (p. 88)
UN CONCILE INSPIRÉ ?
« Et vous voulez qu’on s’incline ? Oui, par l’invocation de l’Esprit-Saint tout mobilisé par le service de propagande de votre dictature, service que vous remplissez vous-même [...].

« ”Nous croyons que le Christ, par l’Esprit-Saint, était avec les Pères conciliaires, que le Concile contient, dans son magistère ce que l’Esprit dit à l’Église, et qu’il le dit en même temps dans une pleine harmonie avec la Tradition et selon les exigences posées par les signes des temps ; cette foi est fondée sur la promesse du Christ : Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde (Mt 28, 20) ; sur cette foi se fonde aussi notre conviction qu’il nous fautréaliser le Concile tel qu’il est, et non comme certains voudraient le voir et comprendre. »

« Vous le dites, je le conteste. Vous vous trompez, ou bien vous trompez l’Église. Mais vous êtes dans l’impossibilité totale de justifier vos dires, sur lesquels s’appuie toute votre dictature révolutionnaire, par appel à la doctrine catholique romaine. Il y a dix-huit ans que je dénonce l’imposture de cetilluminisme prétendu conciliaire, et j’ai soutenu cette dénonciation il y a juste quinze ans aujourd’hui 4 mai 1983, devant le tribunal du Saint-Office. Jamais personne n’a rien pu articuler à l’encontre de cette formidable accusation de forfaiture et d’imposture, unique dans les annales de Rome.

« Non, le Concile en aucune de ses parties n’est objet de foi. Non personne ne peut affirmer sans tomber dans l’illuminisme, que l’Esprit a parlé au Concile. Non, rien de ce que le Concile a déclaré ou décidé n’engage en conscience les évêques, les prêtres ou les fidèles catholiques. Encore moins les Papes qui sont et eux seuls responsables de leurs enseignements et de leurs décisions. Nul ne peut se couvrir aucunement de l’autorité prétendue de ce Concile “ pastoral ”, aux déclarations et décisions confuses et incertaines, achevé depuis bientôt vingt ans, et n’ayant engendré que troubles et divisions dans l’Église. » (p. 89)
LE PAPE ET L’ÉGLISE “ TRANSFIGURÉS ” !
« Le comble de l’imposture de votre autocratisme révolutionnaire a été atteint les 1er et 8 mai 1979, quand vous avez célébré Paul VI, appelé au tribunal de Dieu comme nous le serons tous, le 6 août 1978, “ en la fête de la Transfiguration du Seigneur ”. De cette occurrence, comble de l’illuminisme le plus délirant, vous tiriez la preuve que Paul VI avait lui-même connu ce jour-là sa propre transfiguration ! Et cela n’était que justice pour celui qui avait opéré, par le Concile, la “ transformation de l’Église ”, autant dire sa transfiguration ! Teilhard de Chardin est mort le jour de Pâques, est-ce le signe de sa résurrection ? »

Si oui, il va falloir le canoniser lui aussi.

« Pourquoi tant d’outrance et de mensonge ? Pour faire admettre dans l’Église l’apostasie, annoncée, condamnée d’avance par les vrais saints Papes, vos prédécesseurs que vous reniez, que vous ignorez systématiquement parce qu’ils se sont élevés d’avance, au Nom de Dieu et infailliblement contre pareil orgueil impie des réformateurs de l’Église que vous êtes, Paul VI hier, et vous aujourd’hui encore. »
L’ARGUMENT DE RAISON : L’ÉVOLUTION DU MONDE.
« Après l’argument d’autorité, l’argument de raison. Le premier argument recèle une évidente contradiction : Par l’autorité pré­tendue divine de Vatican II, détruire l’autorité certaine et infaillible de l’Église d’avant Vatican II. Inepte, stupide vaticination ! Qui étaie l’autre, le discours évolutionniste sur les “ signes des temps ”, selon lequel il fallait que cela change et qu’on en vienne, par fidélité profonde aux Anciens, à les contredire dans une infidélité purement apparente ! Évolution jusque dans la contradiction. Il faudrait que toute l’Église... et Dieu soient hégéliens pour qu’on puisse justifier ainsi pareil retournement. Aussi inepte et stupide vaticination ! » (p. 90)

Un discours de Jean-Paul II à trois mille artistes et publicistes allemands permet à notre Père de marquer les étapes de ce retournement de l’Église, à partir des « temps de Chrétienté » où « le contenu de la foi chrétienne constituait les motifs et les thèmes de l’art », jusqu’à « l’ouverture au monde de Vatican II », en passant par une période de « malheureuse agressivité réciproque du monde moderne et de l’église d’hier ».

« Ainsi introduisez-vous dans le relatif des circonstances historiques, des décisions humaines, du tempérament, des tactiques, des partis pris ou fautes de vos prédécesseurs, ce que ceux-ci ont défini et décrété comme l’expression inviolable et immuable de la foi et de la loi divines. C’est pour vous autoriser à rompre avec cette religion d’hier au nom de l’Esprit qui vous parle directement à travers les signes des temps. D’abord par le Concile... » puis par « votre anthropocentrisme laïc et postchrétien » selon lequel « “ l’Église peut et doit être toujours votre partenaire dans le souci de la dignité de l’homme dans le monde qui est secoué jusque dans ses fondements. ” »

« Ce texte aboutit ainsi, juste à sa dernière ligne, à la révélation du nouvel humanisme, de la nouvelle Église wojtylienne, “ partenaire ” pour un monde nouveau... travaillant à la dignité de l’homme et, sincère et désintéressée, à l’humanisation de la planète.

« Un seul regret, Très Saint-Père : c’est exactement la pastorale que condamne le Syllabus du saint pape Pie IX, cette prétendue “ réconciliation de l’Église avec le monde moderne ”, avec une humanité que l’on dit autonome et libre, mais responsable ! pour ne pas reconnaître qu’elle est en réalité apostate, antichrist et athée. L’Église “ partenaire ” d’un tel monde ? Cela ne peut être qu’une prostitution. » (p. 91)

À la vérité, « vous optez pour la disparition de l’Église », au profit de « l’athéisme social, base de départ d’un nouveau christianisme ».

« Vous ne craignez pas de poser d’abord cette conception d’un humanisme antérieur, qui est d’ailleurs la Weltanschauung de l’anthroposophie de Rudolf Steiner. Et vous faites gloire à la franc-maçonnerie, à la Révolution de 1789 d’avoir reconstruit ce premier monde gouverné par la Sagesse sans nom et sans visage qui fait alliance éternelle avec l’homme. » C’était le thème de « votre fameuse homélie au peuple français, lors de la Messe du 1er juin 1980 au Bourget :

« “ Que n’ont pas fait les fils et les filles de votre nation pour la connaissance de l’homme, pour exprimer l’homme par la formulation de ses droits inaliénables ! On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont des idées chrétiennes. Je le dis tout en ayant bien conscience que ceux qui ont formulé ainsi, les premiers, cet idéal, ne se référaient pas à l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Mais ils voulaient agir pour l’homme. ” »

« C’est donc une substance laïque et séculière que l’homme, ou la société, substance dès le commencement et pour toujours habitée par la Sagesse éternelle. Et telle religion n’en est qu’un épiphénomène, et telle Église... une superstructure :

« “ Dans cette alliance, l’homme doit croître et se développer comme homme. Il doit croître et se développer à partir du fondement divin de son humanité, c’est-à-dire comme image et ressemblance de Dieu lui-même. Il doit croître et se développer comme fils de l’adoption divine.

« “ Comme fils de l’adoption divine, l’homme doit croître et se développer à travers tout ce qui concourt au développement et au progrès du monde où il vit ”... Mais il faut pour cela qu’il ne « néglige pas l’alliance avec la sagesse éternelle ” !

« À vous lire longuement, on entre dans votre Weltanschauungd’anthroposophe steinérien (mais, j’espère, tout de même pas “ luciférien ” comme les autres steinériens le sont). Le Christ, l’Église ne sont que des réalités surnaturelles superfétatoires d’un univers déjà sauvé par la Sagesse éternelle. De toute la force des vertus théologales qui habitent mon âme depuis le jour de mon baptême, monte en moi à recopier vos paroles une haine ! une haine divine...

« Sereinement indifférent à de telles réactions négligeables, habité par une force surhumaine vous poursuivez :

« “ Le pouvoir au ciel et sur la terre n’est pas un pouvoir contre l’homme. Ce n’est même pas un pouvoir de l’homme sur l’homme. C’est le pouvoir qui permet à l’homme de se révéler à lui-même dans sa royauté, dans toute la plénitude de sa dignité. C’est le pouvoir dont l’homme doit découvrir dans son cœur la puissance spécifique, par lequel il doit se révéler à lui-même dans les dimensions de sa conscience et dans la perspective de la vie éternelle (je souligne les zones où le blasphème paraît avec la plus grande insolence).

« “ Alors se révélera en lui toute la force du baptême, il saura qu’il est (sic)plongé dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, il se retrouvera complètement lui-même, dans le Verbe éternel, dans l’Amour infini. ” »

« Ainsi, arrivé à la fin de votre discours, deux fidélités apparaissent entrecroisées, celle que les catholiques ont comprise et retenue et applaudie : “ France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? ” L’autre qu’ils n’ont pas comprise et qu’ils n’ont donc pas retenue, mais que les frères de toutes les loges maçonniques de l’univers ont remarquée : “ France, Fille aînée de l’Église et éducatrice des peuples (c’est-à-dire mère de toutes les révolutions modernes) es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ? ” » (p. 93)

« Ces deux fidélités pour vous n’en font qu’une, mais c’est la fidélité anthroposophique qui est la première ! Ce que vous souhaitez et que vous voyez venir sur le monde avec satisfaction, c’est une société athéiste, c’est-à-dire une humanité ayant renoué son alliance ancienne et éternelle avec la Sagesse, société “ provocante ”, pour “ retrouver la nouveauté de l’Évangile ”, par-delà deux millénaires d’aliénation religieuse. Comme cela se voit dans votre grandissime discours aux membres du Congrès sur le thème “ Évangélisation et Athéisme ”, tenu à Rome du 6 au 10 octobre 1980. L’athéisme est la gloire de l’homme, et le terrain le plus favorable à la réévangélisation de l’Église. »
AU-DELÀ DE NOS MESQUINES DIVISIONS
« André Frossard nous le dit et c’est bien l’image que vous voulez qu’on ait de vous : “ Le Saint-Père déteste la polémique et ses classifications sommaires. Il est vrai qu’il tient du ciel deux charismes qui le dispensent d’entrer dans nos misérables querelles... ” Dit-il ! “ Le premier est d’agir par sa seule présence... Lorsqu’une discussion s’élève dans l’Église, il réunit les antagonistes, s’assied au bout de la table, ne dit rien et tout s’arrange. ”

« C’est la légende de votre prétendu miracle dans la crise hollandaise. En fait vous avez laissé la majorité écraser la mini-minorité.

« “ Autre don, l’aptitude à remonter aux causes, fort loin dans l’histoire, ou très haut dans la théologie ”, et votre ami de remarquer fort justement que vous remontez, à tout bout de champ, aux premiers chapitres de la Bible. “ Il n’hésite jamais à prendre ses références dans la Genèse ”, dit-il avec admiration. Le brave homme ne sait pas que vous revenez ainsi en deçà du péché originel, vous exilant dans l’utopie d’un paradis terrestre : 1° sans Église, et 2° optimiste, selon vous tout humaniste, naturaliste. Je vous ai accusé d’être, à la suite de nos évêques réunis autour de vous à Issy-les-Moulineaux “ stratosphérique ”. Eux se faisaient tels, ce jour-là, pour n’avoir pas de comptes à vous rendre de leur déplorable gestion. Et vous, pour n’avoir pas à intervenir avec autorité, au risque de déplaire. Plus encore je le comprends maintenant : pour ne pas abîmer votre image de marque, d’humaniste laïc, dans de mesquines controverses ecclésiastiques !

« “ Le Saint-Père, on le sait, récidive Frossard, rejette ces divisions entre gauche et droite, traditionalisme et progressisme, qui lui paraissent à éviter à tout prix ; pour lui la foi est à vivre avec simplicité, et suivre l’Évangile ne consiste pas à choisir entre ce qui avance et ce qui retarde, mais à servir la vérité. ”

« Et Frossard, vous imitant, de mettre tous les excès de droite et de gauche dans le même panier des gens que mène leur peur, peur de la nouveauté, de l’inconnu, ou peur de ne pas paraître assez avancés, émancipés, hardis. L’explication est misérable, méprisante, affreusement diffamatoire. Mais, une fois décryptée, l’analyse de votre pensée sur nos divisions dans l’Église est saisissante :

« La foi, pour Vous, est à vivre avec simplicité. Cela veut dire que la foi, cette pure expérience du divin en l’homme et de l’Inconnaissable dans la transcendance, passe au-delà de nos débats dogmatiques, de nos disputes liturgiques, de nos oppositions sur la morale, la politique, les traditions. Tout cela n’a aucun intérêt, sinon aucune signification pour vous. Ce qui compte, c’est l’Évangile. Admirable ! Lequel consiste à servir la vérité. Oui, mais ! La vérité, pour vous, c’est la dignité, la royauté, la transcendance de l’Homme ! Donc, votre service de l’Évangile, c’est votre lutte pour les Droits de l’homme, et cela n’a rien à voir avec des querelles ecclésiastiques dont vous vous foutez carrément. » (p. 93)

En particulier, la querelle qui oppose “ intégrisme ” et “ progressisme ” ”, entretenant « “ une division fâcheuse et préjudiciable » à la seule « question fondamentale » d’une “ concentration particulière sur l’homme ” qui doit conduire l’Église à “ affronter la problématique commune de l’homme ”. » (p. 95)

« Pour que vous ayez raison dans une telle présentation de cette guerre de religion qui sévit dans l’Église, il faudrait que :

« 1° Le Concile ait donné des définitions infaillibles, à tout le moins des directives pastorales claires, précises, autoritaires et indubitablement surnaturelles, ce qui n’est pas le cas.

« 2° L’apostasie du monde depuis cent ans soit le signe donné par Dieu d’une semblable évolution voulue par Lui de l’Église, ce qui n’est évidemment pas croyable, le contraire étant l’enseignement infaillible des Papes précédant la révolution conciliaire.

« 3° L’Église soit en évolution continuelle, imprévisible à tous, dictée prophétiquement à toute heure par un magistère indéfectible, branché sur le futur comme sur l’Esprit-Saint, en vue de “ l’autoréalisation ultérieure de l’Église ”, ce qui est d’un illuminisme absurde et aberrant.

« Ce disant, vous avez toutes chances d’être cru par tout le peuple fidèle opportunément trompé sur ces trois points. Et qui de toute façon flancherait, dans le sursaut de sa foi, devant l’énormité d’une opposition qui se dresserait solitaire ou minoritaire, contre le Pape, le Concile, l’ensemble des évêques, du clergé et de l’opinion massive des croyants et des incroyants. Cette terreur panique qui vous tient le peuple de Dieu asservi, manifeste votre totalitarisme, votre force de persuasion, la victoire de votre parti, non votre bon droit ni la vérité de vos dires. »

Qui plus est : elle manifeste l’héroïcité de la vertu de foi qui dressa l’abbé de Nantes, lui seul, contre cette apostasie universelle. L’histoire de l’Église ne présente pas de précédent.

« En l’an 360 de l’ère chrétienne le pape Libère avait cédé à la “ pravitas hæretica ”, à la perversité hérétique, oui ! C’est saint Jérôme, docteur de l’Église qui le dit. Les conciles de Rimini et de Séleucie, totalisant à eux deux tout l’épiscopat mondial, avaient renié la foi de Nicée pour faire l’union avec les modernistes du temps sur des formules vagues et équivoques. À peine Athanase, Hilaire, Hosius de Cordoue, Ensèbe de Verceil et l’ambitieux Lucifer de Cagliari, qui devait seul aller jusqu’au schisme, tenaient ferme la foi catholique, désavoués par le Pape, excommuniés pratiquement par tous les évêques du monde.

« Ce qu’on a vu se revoit en cent fois pire. Car Libère ne faiblit qu’un moment, et par crainte, et pour la paix de l’Église. Car les deux Conciles se rallièrent à des formules captieuses, arrangeantes, mais dont on a pu soutenir qu’elles avaient, quoique insuffisantes contre l’hérésie, un sens acceptable. Car enfin l’Église de ce temps mettait au-dessus de tout la foi catholique immuable et non l’illuminisme individuel, l’évolutionnisme, encore moins l’apostasie humaniste. Notre situation est cent fois pire. Alors, vos fausses symétries entre intégrisme et progressisme sont des mensonges, et la solution que vous préconisez, d’une concentration autoritaire de tout le peuple chrétien aux ordres de la hiérarchie pour l’accomplissement du Concile, constitue... une odieuse, une insidieuse proposition visant à l’élimination des derniers défenseurs de la foi, non par l’épée mais par le mépris et par la haine. Un acte qui ne vous sera pardonné ni en ce monde ni en l’autre si vous ne vous en repentez et n’en faites réparation publique, car c’est un acte de mort commis contre l’Église même. » (p. 95-96)

Ainsi a cours la « fausse symétrie » entre intégristes et progressistes, entre « les derniers défenseurs de la foi » et ses « corrupteurs » !

Du côté des premiers, « vous ne trouvez que faiblesse, Très Saint-Père, et vous pouvez nous écraser tous comme des mouches. Nous ne quitterons jamais l’Église, nous ne nous résoudrons jamais à nous dresser contre elle avec violences. Nous sommes, d’autre part, sans pouvoir, sans maîtrise de l’opinion, sans argent autre que de subsistance. Ce parti-là n’est rien, ne peut rien, n’a rien. Mais là, et là seulement sont aujourd’hui les confesseurs de la foi. »

Mais de « ceux qui la critiquent, l’ébranlent, l’attaquent et la détruisent [...] vous faites des gens intelligents, généreux, apostoliques, auxquels vous manifestez une grande bienveillance. Jamais de mépris, de haine, de défiance ! Leur tort est d’aller trop vite, celui des autres d’aller trop lentement et, dites-vous, les deux tendances “ s’attisent mutuellement ”, la faute à qui ? Certes, aux retardataires, égoïstement encagnassés dans leur “ cité catholique ”, tandis que les autres courent évangéliser le monde moderne ! Vos reproches, à leur égard, sont mineurs. Ils scandalisent les faibles, ils vont en désordre, ébranlant la cohésion, l’unité de la troupe, et savent-ils bien leur chemin ? “ Vers quel progrès ? ”

« Les nommer “ progressistes ”, c’est leur faire un honneur mensonger. Ils sont d’abord et avant tout des “ modernistes ”, c’est-à-dire les plus dangereux hérétiques de tous les temps, gens qui ruinent la religion dans son essence même, l’Église dans ses fondements et tout ordre humain par leur adoption criminelle des principes de la société moderne, le subjectivisme, l’immanentisme, le libéralisme et ce mélange incohérent de rationalisme et de ­fidéisme qui les autorise à vivre comme des catholiques alors qu’ils sont intérieurement des apostats. Vous en savez quelque chose... » (p. 97)

Empêchés de nuire sous Pie XII, « le Concile les a tous réhabilités, comblés d’honneurs, de postes en vue, de chaires d’enseignement, de fonctions de gouvernement dans l’Église et de sièges épiscopaux. Ils sont devenus les maîtres. Ils se soutiennent mutuellement, ils sont inconditionnellement aidés et protégés par les deux puissances de Satan qui mènent le monde apostat, réconciliées pour l’occasion : la judéo-maçonnerie et le communisme mondial. »

Le résultat est un désastre :

« Nous autres, oui ! avec la grâce de Dieu qui ne manque pas, nous pouvons survivre encore à dix pontificats comme le vôtre. Mais le malheureux peuple fidèle, son clergé, les congrégations d’humbles religieux et religieuses, confiants, soumis, livrés à une hiérarchie et à des organisations parallèles, toutes vendues aux modernistes, ils ne peuvent pas tenir, ils ne peuvent conserver la foi dans pareille pestilence ecclésiastique. Et vous en êtes le premier coupable devant Dieu. Quant à ceux, prêtres ou fidèles, que leur fermeté dans la foi désignent à la vindicte de vos évêques, de vos théologiens, de vos supérieurs ecclésiastiques qui les expulsent des monastères, des séminaires, de leurs cures, de leurs paroisses, qui les privent de leurs pouvoirs de juridiction, au mépris de toute justice divine et de tout droit social (que Dieu renverse ces prévaricateurs, spoliateurs injustes de leurs confrères !), s’ils en arrivent à faire secte, à se dégoûter de l’Église et contester enfin votre autorité, votre légitimité, au point de se voir excommunier par Vous, Karol Wojtyla, ce qui est un comble ! ils ont tort, ils errent assurément, mais c’est vous, c’est vous le premier coupable de ces actes auxquels leur indignation et leur désespoir les acculèrent !

« J’invente des drames qui ne sont pas ? Je ne vous citerai qu’un exemple, qu’un nom. Un certain jésuite, Xavier Léon-Dufour, a publié ces dernières années trois gros livres fort savants. Intégralement modernistes. Le premier de ce triptyque, Face à la mort, Jésus et Paul, collection Parole de Dieu (Le Seuil, 1979), est la négation moderniste du Mystère de la Rédemption. Le second, Résurrection de Jésus-Christ et Message pascal, même collection, même éditeur (1971), est la négation du fait historique, objectif, physique de la Résurrection corporelle de Jésus-Christ. Le troisième, Le partage du pain eucharistique selon le Nouveau Testament (1982), son titre le dit assez, est la négation totale du mystère du Saint-Sacrifice de la messe, de sa Présence réelle et de la réalité mystique de l’union à Dieu qu’il opère par le Corps et le Sang du Christ.

« Voilà un moderniste qui, certes, ne rentre pas dans le cadre de vos descriptions aimables du “ progressisme ” qui “ va trop vite ”. Ce jésuite est pleinement hérétique et parfaitement opiniâtre, refusant, oh ! très doucement, d’accéder aux moindres demandes de rectification que lui suggèrent ses confrères savants qu’à dessein il consulte. Et ainsi, il détruit la foi catholique impunément. Voilà. Je vous le dénonce. Si vous n’ordonnez pas une enquête, une condamnation, et l’interdiction publique de ces ouvrages, on saura que vous êtes le “ fils aîné de Satan ” grimpé par fourberie sur le trône même du Christ. » (p. 98)
AU-DELÀ DES DIFFICULTÉS D’ÉGLISE
« Vous avez de grands desseins d’humanisation de la planète. Et vous avez besoin pour cela que tout aille bien, matériellement et culturellement dans l’Église. Les bâtiments, l’argent, le recrutement, le fonctionnement. Non pas pour l’Église elle-même, qui n’est rien pour vous, qu’un moyen, une servante, de Vous, de l’Homme et du Monde. Non pour le salut des âmes, ni la conquête des infidèles, dont vous n’avez aucun souci. Non pour l’honneur de Dieu que vous placez ailleurs, dans “ la vie de l’homme ”, dans son bonheur sur terre, dans la construction de la cité de l’avenir, prospère et culturelle.

« Vous avez besoin de l’Église, mais vous imaginez, comme nos évêques français le croyaient il y a quarante ans – je me souviens – que l’institution tournait toute seule d’un mouvement perpétuel : naissances et baptêmes, enfants catéchisés et vocations, conversions, retraites fermées et pèlerinages, aumônes et dons, soutien des pouvoirs civils ou crainte et calcul... Vous avez cru qu’il y aurait toujours du matériau catholique pour servir votre Grandeur et ses desseins. Mais maintenant, nous touchons le fond. On n’enfante plus, on ne baptise plus, on ne se marie plus, on divorce, on avorte... On ne se convertit plus, on ne catéchise plus, on ne pratique plus, on ne va plus à la messe et donc on ne donne plus rien à la quête. On n’entre plus au séminaire, au couvent. On abandonne, on perd la foi. On n’évangélise plus. C’est la catastrophe. » (p. 98)

Après « votre abandon du catéchisme », le pape François découvre aujourd’hui que les enfants ne savent plus faire le signe de Croix ! « Les parents n’enseignent plus à leurs enfants à prier ni à faire le signe de Croix. » (catéchèse du 5 mars 2014)

« Enfin, l’abandon de la Messe », tangible dans nos paroisses, a tari la source de la grâce. Mais Jean-Paul II n’en a cure : « Vous êtes ailleurs, du côté du nouvel humanisme, qui sera demain la nouvelle religion d’une plus vaste et nouvelle Église. » (p. 101)

L’autodestitution d’une Église dénaturée.

« Les forces de cohésion religieuse sous l’étiquette d’intégrisme ont été écrasées, évincées ; les forces dissolvantes du modernisme, sous le nom de progressisme ont été aidées. En vous désintéressant des querelles ecclésiastiques et liturgiques, vous avez hâté la dégénérescence de l’Église en tant que religion et en tant que communauté chrétienne visible, hiérarchique, organique, de salut surnaturel. Elle est devenue sous votre pontificat un garde-meubles, un garde-manger, une masse de militants en réserve pour vos grandes manifestations... La seule inquiétude est, hélas ! que, privé de religion et la mémoire de son identité perdue, le cheval fourbu ne crève sous le cavalier, que la branche ne casse emportant celui qui est assis dessus pour mieux la scier.

« Mais vous pouvez maintenant la montrer au Monde, à l’Onu, à l’Unesco, à la Trilatérale, en attestant et démontrant qu’elle n’est plus ce qu’elle était jadis, et encore naguère. Qu’elle ne met plus au premier rang de ses finalités le salut éternel de ses membres, mais au cinquante-sixième. Et qu’elle ne se prétend plus le seul et exclusif moyen du bien-être de l’humanité et de chaque homme, mais l’un des moyens, parmi tant d’autres, non pas même le premier mais comme en décidera le jury international futur de la grande compétition des religions au service de l’humanité.

« L’Église est l’amie et la servante de tout homme, quel qu’il soit, de sa dignité, de sa liberté... et “ elle a rompu désormais avec la célèbre formule Hors de l’Église, point de salut, qui n’était d’ailleurs pas si terrible [n’ayez pas peur, p. 111], nul ne connaissant les limites de l’Église ”. Mais enfin, c’était un reste de fanatisme. Tout cela est oublié. L’Église aujourd’hui donc, sous votre guide, est totalement humaine : dans ses fins et dans ses moyens. Et elle sait le dire au monde, à toutes les tribunes des grandes organisations mondiales.

« Il s’agit pour elle de se montrer d’un parfait libéralisme, même religieux, d’un œcuménisme ouvert aux chrétiens, aux croyants monothéistes, polythéistes, aux athées dont l’incroyance est encore une forme de croyance inverse, d’un mondialisme enfin, prêt à tous les sacrifices pour l’avènement d’une civilisation vraiment humaine. Le Concile avait jeté les bases de cette triple entreprise, Paul VI avait créé des commissions pour ces dialogues et ces coopérations. Vous avez poursuivi et consolidé tout cela par vos discours et vos initiatives audacieuses. » (p. 102)

« La liberté religieuse, liberté humaine. »

Je l’ai dit et répété : c’est le point focal de notre opposition au Concile :

« Si quelqu’un dit que la liberté et en premier lieu la liberté religieuse, laquelle consiste dans le droit social de pratiquer, de proclamer et de répandre ses convictions en matière de religion ou en matières annexes, morales, politiques ou sociales, est un droit naturel et fondamental de l’homme vivant en société, qu’il soit anathème. »

« La plupart de ceux qui vous suivent s’imaginent que tant de discours, de réunions, de voyages visent à faire accepter l’Église et la liberté de sa vérité à des pouvoirs humains oppresseurs. Mais non ! c’est l’inverse. C’est l’Église qui, pour la satisfaction de coucher avec le monde, veut ne plus avoir de vérité autre que la liberté de l’homme. » (p. 102-103)

« L’œcuménisme n’a plus de frontières. »

« Dès lors, dans cet humanisme athée à folklore religieux, toutes les religions sont sœurs, toutes les Églises et contre-Églises ont un lien réel, humain, essentiel par rapport auquel leurs constructions idéologiques, dites dogmatiques, sont évidemment secondaires. Toutes doivent appartenir à cette Onu ou cette Unesco spirituelle qui gérera bientôt les phantasmes religieux et sentimentaux des hommes pour leur plus grand bien-être, leur concorde et leur épanouissement spirituel commun.

« Vous avez accepté cela, philosophiquement, en ne voulant de Dieu que “ nouménal ”, et en frappant de relativisme subjectif toute religion qui est de l’ordre des représentations “ phénoménales ”. S’il n’y a plus de révélation et de religion historiques, objectives, alors elles sont toutes appelées à fusionner.

« C’est sur ce plan des principes fondamentaux que s’établit votre œcuménisme, comme une inéluctable nécessité des temps modernes. Votre humanisme laïc vous tient dans toutes vos démarches et ne vous permet plus le moindre écart. Tout homme est mon frère. » (p. 104)

« “ Partout le Pape porte aussi la conscience de la fraternité universelle de tous les hommes au nom de quoi ils doivent se sentir unis autour des grands et difficiles problèmes de la famille humaine tout entière : la paix, la liberté, la justice, la faim, la culture et d’autres problèmes que, avec l’aide de Dieu, j’ai largement traités au siège de l’Onu à New York, pour l’Assemblée générale des Nations Unies, le 20 octobre de l’année dernière (...). L’Évangile est la grande charte fondamentale de cette conscience. »

« C’est un échantillon de vos rencontres œcuméniques, tiré de votre Discours au Sacré Collège, du 28 juin 1980.

« “ Partout, dites-vous, le Pape porte en lui une profonde conscience que... ” Et on se demande comment la Curie, les cardinaux écoutent des discours d’un si constant et insolent modernisme. Ainsi, votre “ conscience ” vous donne comme certaines l’union, l’entente, la finalité commune, réelle, terrestre, naturelle, de toute la famille humaine. C’est votre anthroposophie basique, et c’est elle qui détermine votre comportement œcuménique vraiment illimité. De là, oui, de là, reconstruisant vaille que vaille une théologie, votre “ conscience ” vous inspire cette étrange doctrine du salut de tous les hommes déjà accompli, en fait comme en droit, par l’Incarnation rédemptrice de Jésus Fils de Dieu. Tous sauvés, croyants ou incroyants, dites-vous.

« Ainsi retournez-vous comme un gant le problème œcuménique, autrement insoluble. Ces gens seront donc sauvés, ou en voie de salut, dans leurs religions bigarrées... C’est donc que chacun se sauve par sa religion. Votre conscience vous le dit aussi, n’est-ce pas ? Là où le Père Congar, qui est théologien de métier, n’allait qu’avec force hésitations et ruses, dans cet échange de correspondance que j’eus avec lui à ce sujet... “ Si l’on se situe du côté des hommes, des fidèles de ces Communions : ceux qui y adhèrent de bonne foi s’unissent à Dieu et peuvent faire leur salut, non seulement dans ces Communions, mais en usant des moyens de grâce qui s’y trouvent. En ce sens, on dira qu’elles sont des communautés de salut. ” Voyez cette prudence ! Alors que Journet y contredisait, jadis ! formellement : “ À côté des matériaux mauvais, il en est de bons... Mais ces matériaux même bons sont mis en œuvre par une forme spirituelle qu’il faut rejeter tout entière. ”

« Si Journet a raison, il n’y a toujours qu’une seule Église, “ hors de laquelle il n’est point de salut ”, c’est-à-dire aucune communauté, église, secte ou religion par lesquelles on puisse être sauvé. Ce qui condamne tout œcuménisme au sommet, entre “ Églises ”, entre religions... Quoiqu’il y ait certainement des multitudes d’êtres humains, nés dans ces sectes ou religions et que l’influence et la grâce du Christ et de l’Église touchent et sauvent par d’autres voies que leurs communautés dissidentes ou leurs fausses religions.

« Mais vous n’avez point de ces hésitations. Tout le monde trouve en sa secte, son église ou sa religion – ou son athéisme ! – son “ moyen de salut ” nécessaire et suffisant ! Et vous saluez les luthériens comme des frères pour le 450e anniversaire de la Confession d’Augsbourg, et vous allez à Cantorbéry commémorer votre commun baptême avec l’“ Archevêque ” Runcie – mais est-il archevêque ou pas ? Voilà une question à laquelle, pour tout l’or du monde vous ne répondrez pas, tenant à tromper l’un et l’autre public le plus longtemps possible – “ Communicatio in sacris ” contre laquelle je me suis élevé avec véhémence. En vous traitant, Très Saint Père, de “ Pécheur public ”, et je ne le regrette pas. » (p. 105)

« Mondialisme de l’amour anthroposophique ou retour à l’alliance juive mondiale ? »

« En poussant encore un tout petit peu plus loin, votre œcuménisme rassemblera vraiment tous les hommes – extension poussée aux limites de l’univers – pour leur exprimer un sentiment d’estime, d’amour, de soutien, hélas ! d’une superficialité atteignant à l’insignifiance absolue. Car vous savez que la “ compréhension ” d’un terme varie en fonction inverse de son “ extension ”. Qui trop embrasse, mal étreint, dit la sagesse des peuples.

« “ De toutes parts – catholiques, protestants, juifs – l’Amérique ouvre son cœur vers moi, dites-vous en descendant de l’avion a Boston. De mon côté, je viens à toi, Amérique, avec des sentiments d’amitié, de respect, d’estime. ” Puis, au cours de la messe au Boston Common : “ Je salue tous les Américains, sans distinction. Je désire vous rencontrer et vous dire à tous – hommes et femmes – de toute foi religieuse et de toute origine ethnique, enfants et jeunes gens, pères, mères, malades, vieillards – que Dieu vous aime, et que, en tant qu’êtres humains, il vous a conféré une dignité incomparable. Je désire dire à chacun que le Pape est votre ami et le serviteur de votre humanité. ”

« Que peut signifier une déclaration de dignité “ incomparable ” décernée à tous et à chacun des deux cents millions de citoyens américains ! Leurs démagogues leur en disent autant... et plus encore ! Hors de la foi catholique, ce sont de vains discours. Et que sont cette amitié et ce service qui vont à “ l’humanité ”, en eux, et non pas à leur cœur, à leur âme ?

« Quiconque déclare admirer, aimer, servir tous les hommes, a en pensée telle catégorie qui lui est très lointaine, contraire, hostile et qu’il veut se concilier. Qu’y a-t-il au monde de plus puissant, de plus contraire, de plus hostile à la sainte Église catholique du Christ Fils de Dieu fait homme ? Poser la question, c’est y répondre. L’Église en tout votre mondialisme recherche la Synagogue. Ce faisant, elle s’abaisse, s’aplatit, se renie devant l’autre qui, n’abdiquant rien de son orgueil et de son ambition de domination mondiale, ne répond à vos avances que pour mieux la prostituer avant de la mettre à mort une seconde fois. »

« Sur cette recherche privilégiée de l’alliance juive, je n’ai qu’à vous citer vous-même, en cent discours. À Mayence, celui-ci : “ Les chrétiens doivent se sentir frères de tous les hommes et se comporter en conséquence, mais cette obligation sacrée vaut encore plus quand ils se trouvent en face de ceux qui appartiennent au peuple juif ! Dans la Déclaration sur les rapports de l’Église avec le judaïsme du mois d’avril de cette année 1980, les évêques de la République fédérale allemande ont débuté par cette affirmation : Quiconque rencontre Jésus-Christ, rencontre le judaïsme. Je voudrais aussi faire mienne cette parole (...). La profondeur et la richesse de notre héritage commun se découvrent à nous d’une manière particulière dans le dialogue amical et la collaboration confiante (...). Il ne s’agit pas seulement de la rectification d’une fausse vision religieuse, par nous, du peuple juif, qui au cours de l’Histoire a été en partie l’une des causes d’incompréhension et de persécution. Il s’agit avant tout du dialogue entre deux religions qui – avec l’islam – ont pu donner au monde la foi en un Dieu unique et ineffable qui nous parle et que nous voulons servir au nom du monde entier. ” »

« Voilà donc un mondialisme qui veut reconnaître dans le judaïsme et le christianisme “ l’ensemble religieux privilégié ” auquel est dévolu d’En-Haut le rôle sacerdotal de la louange du Dieu unique (avec l’Islam). Islam mis à part, qui joue au cavalier seul, deux fortes religions méritent considération, et deux seules, l’une a conquis le Ciel, et l’autre entend dominer la Terre. La première veut la conversion de l’autre ; la seconde l’anéantissement de la première. Vous êtes, Très Saint-Père, le chef suprême de l’une, la sainte Église, que vous offrez de livrer à l’autre, la Synagogue, pour avoir part avec elle à la domination du monde... Et tout le reste n’est que littérature. »
III. « VOUS PERDREZ LE MONDE. »
Ce dernier chapitre offre le saisissant tableau anticipé... du monde de 2013 dont le pape François a hérité !

De Jean-Paul II, notre Père écrit : « Dès sa première apparition au balcon de Saint-Pierre, lui dont le nom était inconnu du plus grand nombre, il sut conquérir les cœurs des Romains, urbi. Un an a passé, il a gagné son peuple. Et orbi. Au Mexique, en Pologne, en Irlande, en Amérique du Nord, en Turquie, l’Église réelle, cette masse, ces millions de fidèles ne se révèlent que par le Pape, dans le Pape, pour le Pape, homme libre, homme sensé, homme de cœur... Allez le Pape ! » (p. 107)

Nous revivons cela mot pour mot, trente ans après... Mais entre-deux, l’Église offre le spectacle d’ « une grande ville à moitié en ruine », conformément à la prophétie de Notre-Dame de Fatima en 1917. Et comme l’annonça l’abbé de Nantes au vu des dits et gestes de Jean-Paul II, en 1983 :

« Marchand de bonheur », « docteur d’illusion » à l’encontre de tous les avertissements de saint Pie X :

« On ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie ; on n’édifiera pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la civilisation n’est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine de la révolte et de l’impiété : Omnia instaurare in Christo. » (Lettre sur le Sillon, § 11, du 25 août 1910)

Ce que Jean-Paul II entend promouvoir, c’est un nouveau programme humain mondial, Nova spes, “ Nouvel espoir ”, du nom d’une société philanthropique viennoise, alors en Congrès à Rome sous la présidence du cardinal Kœnig :

« Oui, leur dit le Pape, votre initiative peut représenter un nouvel espoir, “ nova spes ”, puisqu’elle comporte le projet de développement qualitatif de l’homme, dans le sens originaire de son être, dans son intégralité, dans le dynamisme de son existence. »

« Telle est bien, commente notre Père, la manière d’opérer de toutes les “ sociétés de pensée ” dont l’efficacité inaperçue est déterminante dans l’histoire de tous nos peuples frappés par les Révolutions depuis le dix-huitième siècle. Un jeu de principes très nobles et très élevés, proposés philosophiquement, permet d’intervenir dans toutes les questions relatives à la famille, au travail, à la vie nationale et internationale, à la religion, et d’y prendre des positions secrètement décidées en loge, au nom de la Raison, entraînant ainsi irrésistiblement l’opinion dans le sens voulu, comme spontanément et par pure intelligence. » (p. 111)

« Nova Spes doit être une fédération de loges maçonniques “ déistes ”, ouvertes aux “ valeurs ” du christianisme. Dont vous auriez été membre ? ou correspondant à Lublin ? et à Cracovie ? Vous ne l’êtes tout de même plus à Rome ! »

Conséquences prévisibles : « Tristitia et luctus, pleurs et grincements de dents sur la fin. »

Car « vous vous trompez sur le monde, sur les forces qui dominent vraiment la politique des nations et, par elle, les joies ou les larmes, les espoirs et bien plus souvent, hélas ! les angoisses, les peurs et les désespoirs ; les torrents de sang, les charniers d’Auschwitz dont vous parlez et ceux de Katyn dont, bien sûr, vous ne parlez jamais. » (p. 112-113)

Avec le Concile, « Vous avez voulu que règnent d’abord Joie et Espoir. Ces deux-là, quand ils ne viennent pas de Dieu mais de l’homme, n’enfantent, c’est connu ! que pleurs et grincements de dents. En l’autre monde ? Déjà en ce monde-ci. Vous pensez être le Pape de l’an 2000. Vous vous souvenez de Léon XIII, de qui bien des circonstances et des traits vous rapprochent, élu pape en 1878 et qui franchit le cap du nouveau siècle pour mourir en 1903. Ainsi parlez-vous souvent de cette entrée dans le troisième millénaire, comme d’une Aurore que vous avez fixée d’avance, pour cette « civilisation de l’amour » qu’enfin les hommes auront édifiée, achevée, réussie, de leurs propres sagesses et vertus.

« Vous vivez dans ce rêve, et ce rêve indéfiniment répété étouffe la religion, démolit l’Église, subvertit l’ordre séculaire des nations civilisées. » (p. 113)

La canonisation de Jean-Paul II par le pape François semble démentir toutes les prévisions formulées par l’abbé de Nantes sous le titre : « Et vous serez l’homme le plus haï de la terre. »

Et pourtant, on croit lire le tableau de la situation présente dans les raisons de cette détestation :

« Les peuples entiers qui s’enfoncent dans les abîmes de l’esclavage et de la persécution communiste [...], leurs misères de peuples exploités par le grand capitalisme international et le pouvoir franc-­maçon. »

Comment nier que cinquante ans après la clôture du concile Vatican II « le monde heureux du temps des illusions conciliaires et montiniennes, sous les coups du destin, je veux dire de la bêtise et de l’égoïsme des uns, de la férocité et de l’orgueil des autres, se rétrécit comme une peau de chagrin. De tous les coins de nos anciens empires coloniaux affluent chez nous les réfugiés, avides de retrouver l’ordre, la justice et la bonté de leurs anciens maîtres ! » (p. 113)
IV. «QUI VOUS PERSUADERA DE VOTRE IRRÉALISME CATASTROPHIQUE? 
« Le point de départ de votre action, c’est votre philosophie anthropocentrique et solipsiste. Vous ignorez que les deux premiers mots de la parole chrétienne sont Pater, Noster. Dieu est premier, il nous est antérieur et supérieur : il est Le Père. »

On croirait entendre le pape François !

« Nous sommes plusieurs, et frères les uns des autres, nous qui sommes ensemble les fils d’adoption de notre Père. Pour vous l’Homme est un concret-abstrait, universel et absolu. “ Ce n’est pas d’abord la foi que je défends, c’est l’homme ”, disiez-vous déjà à Cracovie. C’est impressionnant.

« Au commencement, il y a l’Homme. Et vous entrez comme Pape dans l’arène politique mondiale, non pas au Nom de Dieu, du Christ, de l’Église et non plus, bien sûr, de l’État souverain du Vatican. Mais tant de titres si élevés vous donnent cependant une inégalable autorité morale, au nom de l’Homme. “ Toute l’activité politique, nationale et internationale, vient “ de l’homme ”, s’exerce “ par l’homme ” et est “ pour l’homme ”. La raison d’être de toute politique est le service de l’homme. ” C’était le thème, obsédant, de votre Discours à l’Onu du 2 octobre 1979.

« La foi en l’homme, la religion de l’homme qui se fait dieu, le culte de l’homme confluent en un service, en une propagande, en une lutte, pour les Droits de l’homme. Et de tous les horizons s’est levée depuis deux siècles une pléiade de défenseurs de l’homme opprimé parmi lesquels aujourd’hui vous vous rangez. Tous les exploités, tous ceux dont les droits humains ne sont pas reconnus, honorés, respectés, ont donc droit à votre sollicitude comme à celle de tous les pouvoirs qui généreusement travaillent comme vous, avec vous, à la libération des opprimés. Contre les oppresseurs esclavagistes qui règnent encore, encore ! ici et là dans le monde, bien plus nombreux qu’on ne pense.

« Ainsi en Argentine, depuis dix ans, depuis la lutte méthodique et implacable menée victorieusement contre les Monteneros communistes, les défenseurs des Droits de l’homme ont fort à faire. Et vous leur faites régulièrement écho, en faveur des “ disparus ” et de leurs femmes, les “ folles de mai ”. Propagande bien montée, exemplaire, de la lutte pour l’homme. Vous clamez votre émotion au monde entier :

« “ Nous prions pour que le Seigneur réconforte ceux qui n’ont plus l’espoir de retrouver ceux qu’ils aiment. Nous partageons pleinement leur peine et nous ne perdons pas la confiance que des problèmes si douloureux soient éclaircis, pour le bien non seulement des familles intéressées, mais aussi pour le bien et la paix de ces communautés qui nous sont si chères. Nous demandons que l’on se hâte de donner, comme on l’a annoncé, des précisions sur la situation des emprisonnés et que, dans toutes les circonstances où l’on veut faire respecter la loi, on s’engage rigoureusement à respecter la personne physique et morale, même de ceux qui sont coupables ou accusés d’avoir violé cette loi. »

« Coupable ou innocent, mais surtout coupable, l’homme est menacé et vous vous portez à son aide, à sa défense. Quel réconfort pour tous les criminels, tous les terroristes ! Quel collaborateur précieux vous êtes, et combien encourageant pour tous les agitateurs et révolutionnaires qui travaillent la plume ou la kalachnikov à la main, pour la liberté de l’homme ! »

Dans son allocution du 10 mars 2014 à la Commission pontificale pour l’Amérique latine, le pape François a reconnu qu’ « en Amérique latine, nous avons fait l’expérience d’une très mauvaise gestion de l’utopie et qui, quelque part, dans certains endroits, pas partout, et pendant un certain temps nous a traumatisés. Au moins dans le cas de l’Argentine, nous pouvons compter les jeunes de l’Action catholique qui ont fini dans la guérilla des années soixante-dix, à cause d’une mauvaise gestion de l’utopie... »

L’abbé de Nantes a établi que le responsable de cette « mauvaise gestion » est le pape Jean-Paul II, sans conteste. Je veux dire que personne n’a contesté sa démonstration ; le cardinal Ratzinger, en charge du dossier, lui a opposé... un silence « de principe » qui vaut une réponse, en vertu d’un adage immémorial : Qui ne dit mot consent.

Le futur Benoît XVI consentait trop pleinement à cette “ utopie ” de Jean-Paul II qu’il secondait de toutes ses forces, de tout son esprit et de toute son âme, pour rendre justice à l’abbé de Nantes !

Ce dernier n’obtiendra pas la moindre réponse de la part du « Pape des droits de l’homme », du « Pape des dissidents » (p. 114-116), du « Pape de l’Est, dupe volontaire du communisme » (p. 116-118).

« Votre illusion touchant le marxisme est confondante. Elle admet mieux le communisme que le capitalisme, et celui-ci mieux encore et de toute manière que toute dictature, que ce soit même la monarchie absolue d’un roi ou la dictature militaire d’un catholique soumis en tout à la loi de l’Église (la vraie !). »
« LES EFFETS PERVERS, BLANCS, ROUGES ET NOIRS D’UN PONTIFICAT QUI TOURNE AU TRAGIQUE
« Chaque jour une paroisse meurt, chaque mois un monastère ferme. Le moral est bas parmi les fidèles, les prêtres vieillissent tristement et savent que, n’étant remplacés par personne après leur mort, il n’est plus temps de semer, de planter, de fonder.

« Triste, triste [...]. Ce sont les effets, non point pervers mais attendus, conséquents, Très Saint Père, de votre “ anthropocentrisme laïc ”, de la philosophie de l’homme et de la pratique méthodique qui en découle, de détérioration de la religion, de l’Église et de notre société encore civilisée et chrétienne, déjà singulièrement mise à mal par les réformateurs et révolutionnaires précédents. Ces effets, je les dirai pour les classer commodément, blancs, rouges et noirs. »
« ÉROS. »
« Je dis “ blanc ”. À la pensée que ces premiers effets ont toujours accompagné le succès politique du parti des Blancs en Pologne. Aristocrates et bourgeois libéraux, francs-maçons pour la plupart, férus d’idées germaniques et juives, ont régulièrement provoqué un regain soudain du culte du dieu Éros, par suite une chute vertigineuse de la moralité.

« L’appel au bonheur, à la réussite de la vie, à la réalisation et à l’épanouissement de soi, de chacun et de tous, en liberté, se paie toujours par un boum de sensualité, aujourd’hui un surboum ! dont les conséquences immémoriales sont la dénatalité, l’avortement, les divorces, les aberrations sexuelles, la licence des plages et des spectacles, la mixité, la baisse de la pratique religieuse, les chutes sacerdotales, les abandons des religieux ; de là viennent une fièvre de revendications salariales, l’agitation sociale, la désertion des campagnes, la ruée vers la ville, la criminalité croissante, la drogue, la paresse des travailleurs, la veulerie des élites, le rejet des traditions, c’est Sodome et Gomorrhe à la veille de leur destruction, Babylone au moment de sa chute.

« “ La liberté, disiez-vous à Philadelphie, le 3 octobre 1979, est le principe suprême de l’ordre politique et social, dans les rapports entre le gouvernement et le peuple, dans les rapports entre les personnes. ”

« On aurait cru plutôt que le principe suprême de la vie en société était quelque chose comme l’obéissance à Dieu, ou la charité fraternelle qui en découle ! Mais la liberté ! Et si quelque part ailleurs vous nous appreniez le principe suprême de la vie avec Dieu, ou de la vie morale. Mais non ! Rien n’existe en dehors de la vie sociale, et celle-ci est gouvernée par la liberté ! Que vient donc y ajouter le Christ ? La joie !

« À Turin, avez-vous raconté au retour d’un voyage, vous avez fait cette expérience que vous vous hâtiez de communiquer urbi et orbi, lors du Regina Cæli du 20 avril 1980, comme “ le fruit de ce pèlerinage pascal et de cette visite ” :

« “ C’est une nouvelle expérience de la foi dans le Christ qui redonne constamment à l’homme la joie d’être homme. Oui, le Christ donne a l’homme cette joie. Et cela est le plus grand don. C’est le fondement de tout ce que les hommes désirent et qu’ils peuvent réaliser à travers n’importe lequel de leurs programmes ou idéologies.

« Très Saint-Père, c’est l’Esprit de blasphème et de frénésie qui vous fait parler ainsi ! Suis-je moi-même égaré ? Chaque fois qu’il m’arrive de relire, et ici de recopier ces paroles sur l’Osservatore romano, édition française du 22 avril, je me dis : mais ce n’est pas possible ! ce n’est pas possible ! Et le monde a entendu, a lu cela ? et tous ont accepté cela sans étonnement ni murmure !

« “ Oui, ceci est à la base de toute chose. L’homme doit être réconcilié avec son humanité. On ne peut pas le priver de cela sur n’importe quelle route. On ne peut pas le priver de l’acceptation de sa propre humanité. On ne peut pas le priver de la joie simple, fondamentale, du fait d’être homme. Le Christ donne à l’homme cette paix. Il lui donne cette joie. Celle-ci est proprement la joie pascale... ”

« Voilà donc l’humanité lestée de ces deux principes, l’un, politico-social, de liberté, l’autre de foi chrétienne, la joie d’être homme. Le Curé d’Ars dirait dans son honnête langage qu’avec de tels principes le genre humain s’en viendra à adorer les bêtes !

« D’autant plus que vous ne cessez depuis votre avènement de titiller savamment, subtilement, la chair “ dans sa masculinité et sa féminité ”, dans la complémentarité, l’attirance réciproque, l’union de l’une à l’autre, et là c’est l’Esprit de luxure qui vous instruit et vous pousse à lancer ces paroles les plus audacieuses comme un dard qui va se ficher dans les cœurs et verse son venin, tandis que votre discours se poursuit en vains appels à la dignité, à la grandeur, à l’exaltation de soi-même.

« “ Jeunes de France, écrivîtes-vous dans le Message que vous leur adressâtes après la folle soirée du Parc des Princes, l’union des corps a toujours été le langage le plus fort que deux êtres puissent se dire l’un à l’autre. ”

« C’est impie, c’est antichrist, c’est antimarial, antireligieux. L’Être Saint des Trois Divines Personnes connaît-il l’union des corps ? La Vierge Marie l’a-t-elle connue, celle dont vous parlez très précisément ? Saint Joseph l’a-t-il regrettée ? Et tous les saints. Ah ! que vous êtes odieux, haïssable dans vos enseignements corrupteurs ! Et comment voulez-vous qu’ensuite ces jeunes que vous enthousiasmez pour votre Personne et que vous excitez à l’imagination des plaisirs de la chair, trouvent dans vos éloges de la dignité et de la maîtrise de soi, pour l’orgueilleuse contemplation de leur propre beauté et grandeur, un frein à leurs passions charnelles !

« Mais vous pouvez continuer en ce sens et débaucher la terre entière, saoulée de vos caresses, et vous de ses applaudissements, chaque dénonciation de votre “ obsession érotique ” m’a valu, mais contre moi ! l’indignation de tous... » (p. 119-120)
« POLÉMOS ».
« Rouge. Oui, comme le parti des Rouges polonais, frères des carbonari. Vous excitez les enfants, les petits, les prolétaires, les métis, les primitifs, les étudiants, les femmes. De proche en proche, tout ce qui peut prétendre à avoir plus et être plus. Tous, à votre appel, vibrionnent, s’agitent, s’excitent, prêts à se dresser pour une lutte, ils ne savent pas laquelle, la révolution ! dont vous leur êtes le prophète, l’athlète légendaire. Plus l’athlète de cette insurrection que “ l’athlète de Dieu ”. Écoutez-vous rêver en parlant, mais sachez les flots de sang et de larmes qui jalonnent vos itinéraires touristiques dans les cinq continents ! » (p. 120)

Le tableau de l’Afrique est celui que chacun peut lire dans le journal de ce matin :

« Vous allez partout, comme un Lamennais, perdu dans ses chimères de liberté, d’égalité et de fraternité, ne voyant pas la terre qu’il traverse, les foules qui l’écoutent. En Afrique, corrompue, décadente, désorganisée, qui ne s’est pas relevée de la brutale et funeste décolonisation programmée à New York et à Moscou, vous chantez le bonheur d’être libre, vous y attisez les guerres raciales qui n’arrêtent pas...

« “ Il y a quelques jours, avant de partir pour cette visite pastorale, j’ai exprimé ma joie de pouvoir visiter les peuples d’Afrique dans leurs propres pays, dans leurs propres États souverains, où ils sont les vrais patrons de leur propre terre et les timoniers de leur propre destin. En Afrique, la plupart des nations ont connu dans le passé l’administration coloniale. Sans nier les diverses réalisations de cette administration, le monde se réjouit du fait que cette période arrive aujourd’hui à sa fin. Les peuples d’Afrique, à quelques douloureuses exceptions près, sont en train d’assumer une pleine responsabilité politique pour leur propre destin – et je salue ici particulièrement l’indépendance récente du Zimbabwe. ”

« Vous vous adressiez au “ corps diplomatique ” de tous ces nouveaux États africains, vous, le Pape, insultant la race blanche colonisatrice. J’ai juré de tout dire : Vous m’écœurez ! Insulteur de nos marins et de nos missionnaires, de nos soldats et de nos colons, de nos médecins, de nos planteurs grâce auxquels l’Afrique avait un avenir. Vous crachez sur les tombes de nos aînés et de nos frères torturés, violés, empalés, mangés, parce que des émissaires de Moscou, de New York... et de Rome étaient venus soulever les Nègres contre leurs bienfaiteurs. J’arrête, je deviendrai méchant et sarcastique.

« Comme je l’écrivais à Paul VI tendant les mains vers les Gardes rouges de la Révolution culturelle chinoise : Il y a désormais entre nous un fleuve de sang qui nous sépare, le sang de nos martyrs répandu par ces chiens, par ces démons à votre appel ! » (p. 120-121)
« THANATOS ».
« Noir comme la mort. La clef de voûte de votre optimisme, de votre humanisme, c’est le pacifisme. Comme celle de votre “ foi ” est la négation de l’enfer. Ni péril de damnation dans l’au-delà, ni péril de guerre en deçà. À nous le bien-être, la facilité, la joie ! J’espère qu’il n’y a rien de plus qu’une immense frivolité dans votre pacifisme, votre neutralisme, votre antimilitarisme d’intellectuel de gauche. Au-delà, il y aurait crime. Le crime de haute trahison.

« Vous appelez à désarmer. Vous préférez la méthode Coué chère à votre prédécesseur, Paul VI. À force de bêler la paix, les lions se changeront en moutons :

« “ Mais pour relever le défi qui s’impose à toute l’humanité face à la rude tâche de la paix, il faut plus que des paroles [...]. Il faut que pénètre le véritable esprit de paix. Il faut, au minimum, que l’on consente à s’appuyer sur quelques principes élémentaires mais fermes, tels que ceux-ci :

« Les affaires des hommes doivent être traitées avec humanité, et non par la violence. Les tensions, les contentieux et les conflits doivent être réglés par des négociations raisonnables, et non par la force. Les oppositions idéologiques doivent se confronter dans un climat de dialogue et de libre discussion [...]. Les droits humains imprescriptibles doivent être sauvegardés en toute circonstance. Il n’est pas permis de tuer pour imposer une solution. ”

« C’est un passage “ très remarqué ” de votre Message à une quelconque assemblée internationale consacrée au désarmement.

« Un autre jour, vous prenez un langage très solennel, mais le discours, quoique pontifical, n’en est pas moins absurde. On laisserait passer ce flot de littérature vaine si, émanés d’un autre “ Pèlerin de la paix ”, comme on appela jadis Aristide Briand, ces discours désarmeurs ne nous préparaient pas un autre cataclysme dantesque où sombrera l’humanité ! Voici donc ce passage de je ne sais quel discours. J’ai dit : absurde, parce que je parle ici en politologue et polémologue. Parlant en prêtre, je devrai dire aussi : impie, athée.

« “ En vertu de ma mission universelle, je veux me faire encore une fois l’interprète du droit de l’homme à la justice et à la paix, et de la volonté de Dieu que tous les hommes soient sauvés. Et je renouvelle l’appel que je lançais à Hiroshima le 25 février dernier : Engageons-nous solennellement, ici et maintenant, à ne plus jamais permettre (et encore moins à rechercher) que la guerre soit un moyen de résoudre les conflits. Promettons à nos frères en humanité de travailler sans nous lasser au désarmement et à la condamnation de toutes les armes atomiques. Remplaçons la domination et la haine par la confiance mutuelle et la solidarité. ”

« Vous abominez tout intégrisme, tout fanatisme, chauvinisme, racisme, nationalisme, militarisme. Vous affaiblissez tout ce qui est du parti de Dieu, du parti du bien et du parti de la civilisation qui est, en définitive, le vrai parti de “ l’homme ”. Tandis que, méprisant Votre Sainteté, s’arment toutes les forces du Mal.

« Que va-t-il arriver ? La chute du monde que vous aurez perdu. On dira que vous n’y êtes pour rien. Comme Léon XIII dans la guerre de 14, comme Pie XI dans celle de 39. On dira ce qu’on voudra. Vous en serez bel et bien la cause. J’ai dans les oreilles les cris des Français sur les routes de l’Exode de juin 40 : Nous avons été trahis ! À bas les traîtres ! Mort aux traîtres ! » (p. 121)
« LE JUGEMENT »
L’abbé de Nantes en appelle à l’autorité infaillible de l’Église en son magistère souverain.

« Très Saint-Père, à travers mon inexistante personne, l’Église, l’Église sainte, notre Mère, l’Église catholique, apostolique et romaine de toujours accuse votre nouveauté et sa corruptrice influence sur la foi, sur les mœurs et sur l’ordre du monde. »

Il semble que ce soit en vain.

« Mais il est une Personne qui vous juge, oui ! de la part de Dieu, dans la Gloire de qui elle trône et va faire justice à son peuple, c’est la très Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu.

« Elle est descendue du Ciel, à de nombreuses et diverses reprises, en ce vingtième siècle et toutes ses paroles, tous ses miracles, tous ses gestes et volontés vous sont contraires, ce qui déjà juge suffisamment de tout, dans l’attente d’une sentence infaillible de l’Église militante qui ne saurait certes y contrevenir.

« Je sais bien que vos théologiens à qui mieux mieux déclarent que le Ciel n’a pas à intervenir dans le gouvernement de l’Église – faut-il qu’il leur soit contraire ! – Elle est fondée sur Jésus-Christ, disent-ils, elle a reçu toute la plénitude de la Révélation des Apôtres, et l’Esprit-Saint maintenant l’assiste dans sa hiérarchie, comme aussi par le laïcat charismatique... Aussi les “ révélations privées ” ne peuvent-elles avoir d’utilité que d’exciter la piété des fidèles. Elles ne s’imposent pas aux théologiens, et encore moins peuvent-elles prétendre dicter sa conduite au Pape ! au Collège des évêques ! » (p. 125)

C’est ainsi que jusqu’à l’attentat du 13 mai 1981 dont il fut victime, le pape Jean-Paul II ignorait les événements de Fatima.

« Et pourtant, comme dans l’Évangile, c’est par des miracles inouïs que Dieu manifeste sa volonté d’être cru et entendu. Jamais depuis le commencement du monde, on n’avait vu nulle part miracle si étonnant, signe si terrifiant que la chute du soleil ! Les pharisiens demandaient un signe dans le ciel, nous l’avons et les pharisiens de l’Église n’en font aucun cas ? “ Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles... Les puissances des cieux seront ébranlées. ” Mais vos théologiens modernistes ne croyant plus à la vérité littérale de l’Évangile, comment sauraient-ils lire “ les signes des temps ” qui le réalisent aujourd’hui ? Ce miracle inouï, prédit trois mois à l’avance, comme la preuve certaine et la garantie céleste de l’ensemble des apparitions et des paroles de la Vierge, est ponctuellement survenu le 13 octobre 1917 en plein midi et à la vue de quelque soixante-dix mille personnes... Ne parlons pas des autres bien doux et consolants miracles cosmiques. Parlons de cette lumière aurorale dans la nuit du 25 au 26 janvier 1938, annoncée par la Vierge Marie, signe avant-coureur de la guerre que la Russie bolchevique ferait au monde entier après l’avoir menée contre elle-même.

« À Fatima, comme il est de règle, le miracle et la prophétie, ordonnés l’un à l’autre, prouvent l’autorité divine de la Mère de Dieu qui y apparaît, intervenant en Souveraine dans l’Église et pour le monde entier, en Souveraine qui doit être écoutée, crue et obéie par tous... et d’abord, je pense, par les Papes ! Or, Vous qui vous dites “ tout à Elle ”, vous ignoriez Fatima ? Vous qui voyagiez dans le monde entier dès avant d’être Pape et depuis, vous n’y étiez jamais allé ? à l’inverse de votre saint et bien-aimé prédécesseur Jean-Paul Ier.. Il a fallu cet horrible attentat. Lorsque vous demandâtes à la clinique Gemelli des documents sur Fatima que, sans doute, les mensonges du Père Dhanis, devenus hélas ! vérité officielle du Vatican postconciliaire, vous avaient porté à mépriser et dédaigner, vous avouâtes en ignorer tout. » (p. 126)

« Les “ Documents ” du Père A. M. Martins vous ont été aussitôt remis. Or, un an plus tard, nous lisons dans l’Homme nouveau, journal qui vous est tout dévoué, que “ le 18 mars, à certains évêques français qui l’interrogeaient au sujet des suppliques émanant de leurs diocésains et concernant la consécration de la Russie conjointement avec les évêques du monde, il répondit qu’il faisait faire des recherches pour établir l’authenticité de ce point du message de Fatima. ”

« Et lors de votre passage à Fatima entre le 12 et le 13 mai 1982, vous avez témoigné, dans votre Discours, je ne dis pas de la même incrédulité mais de la même répulsion à croire et à entendre le Signe et les Paroles célestes de Fatima. L’événement lui-même y est minimisé, défiguré et incompris ou plutôt méconnu. Les preuves ? Elles montrent malice plus qu’ignorance. – Fatima est un sanctuaire parmi d’autres. Comme Lourdes, Jasna Gora, bien sûr ! et “ tant d’autres sanctuaires mariaux dispersés de par le monde ” ! – Les événements historiques sont réduits à presque rien. Ce n’est pas réellement la Très Sainte Vierge qui est apparue, toutes vos expressions bizarres le laissent entendre : “ Les paroles du message ont été adressées... Dans les paroles de Fatima... La Dame du Message, la Dame de Fatima... ” Un incrédule hypocrite, un moderniste, ne parlerait pas autrement. Un dévot de Marie ? Jamais ! Il dirait plutôt carrément : Je n’y crois pas ! Mais, croyant, il aurait un autre langage ! – Le message rendu impersonnel perd, sur vos lèvres, toute autorité et toute urgence, pour devenir d’une sinistre, oui, banalité : “ Il invite à la pénitence. Il avertit. Il appelle à la prière. Il recommande le Rosaire ”, etc.

« Pas une seule phrase de Notre-Dame n’est citée par vous littéralement et complètement. Vous ne faites aucune allusion aux apparitions de l’Ange, de fort vagues à celles de la Vierge Marie, mais aucune aux nouvelles et si importantes apparitions de Tuy et de Pontevedra. Vous négligez la sainteté des petits voyants qui sont au Ciel, Jacinthe et François. Et pas un mot de la “ Danse du soleil ”, ni des prophéties qu’elle authentifie, sinon cette misérable échappatoire : “ La Dame du message semble lire avec une perspicacité spéciale les signes des temps, les signes de notre temps. ” » (p. 126)

« La Très Sainte Vierge Marie, notre Reine et Souveraine, à qui est confié le Jugement de Dieu sur nous, dans la carence opiniâtre des juges ecclésiastiques et du Juge romain, nous a révélé le 13 juillet 1917 tout ce qui était nécessaire aux âmes pour leur salut éternel, aux nations pour leur salut temporel, à l’Église pour sa victoire sur les enfers déchaînés. Pour tout cela, dont vous n’avez pas fait cas, vous n’avez ressenti que mépris, horreur et haine. Car ces trois vérités et justices vous accusent et vous terrassent. »
« LA RELIGION DU CIEL ET DE L’ENFER. »
« D’abord, à ces trois tout jeunes enfants, la Sainte Vierge a montré l’Enfer. Je vous défie bien de lire cette description de l’enfer dans quelqu’un de vos solennels discours. Car elle pulvérise tout votre optimisme humaniste et en montre le venin pour les âmes ! Car en voici la conclusion :

« “ Cette vision ne dura qu’un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui, à la première apparition, nous avait promis de nous emmener au Ciel. Sans quoi, je crois que nous serions morts d’épouvante et de peur. Effrayés, et comme pour demander secours, nous levâmes les yeux vers Notre-Dame qui nous dit avec bonté et tristesse : Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. ” »

« La petite Jacinthe disait, et c’est sœur Lucie qui nous rapporte ce propos : “Il y a tant d’âmes qui vont en enfer. ” Elle-même, sœur Lucie, disait au Père Lombardi : “ Nombreux sont ceux qui se damnent... Beaucoup se perdront. ” Et, plus récemment :

« C’est une vérité qu’il est nécessaire de rappeler dans les temps présents parce qu’on l’oublie : c’est en tourbillon que les âmes tombent en enfer. ” »

« Et la chose est de première, de souveraine importance, puisque cette fidèle voyante de Fatima et confidente ensuite de la Vierge Marie dira, et ce sont ses paroles authentiques au Père Fuentes, attestées par le Père Alonso : “ Voilà pourquoi, Père, ma mission n’est pas d’indiquer au monde les châtiments matériels qui arriveront certainement si le monde ne prie pas et ne fait pas pénitence. Non, ma mission est d’indiquer à tous l’imminent danger où nous sommes de perdre notre âme à jamais si nous restons obstinés dans le péché. ”

« Si cela est vrai, le Souverain Pontife doit mettre à l’Index comme très périlleux pour le salut éternel des âmes, de millions d’âmes : Le Signe de contradiction, œuvre du cardinal Karol Wojtyla, à cause de son enseignement trompeur sur l’Enfer, dans son chapitre XX, La gloire de Dieu est l’homme vivant. De même, l’ouvrage N’ayez pas peur, André Frossard dialogue avec Jean-Paul II, pour sa négation pratique du danger de l’enfer, et ses erreurs sur le Jugement, aux pages 100 à 108 du chapitre intitulé “ La Foi ”. Et de même, la Constitution Lumen Gentium du concile Vatican II, invoquée dans le susdit ouvrage à l’appui de ses thèses hérétiques, pour son paragraphe 48.

« Vous ne croyez à l’enfer que d’une foi théorique, vous ne le craignez pas, vous ne voulez pas le donner à craindre. Et donc vous ne voulez pas autoriser et répandre la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, donnée par la Vierge Elle-même comme la seule et unique voie du salut pour les âmes... Volonté divine, Très Saint-Père, sur laquelle vos théologiens seraient mal venus d’ergoter. Paroles de notre “ Empérière et maîtresse ” :

« “ Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. ”

« Cette dévotion est réparatrice. Encore une notion que vous ignorez habituellement, et donc que vous méprisez, puisque cette ignorance ne peut être qu’affectée. La prière de l’Ange commence bien comme vous l’avez Vous-même citée – je ne dis pas “ récitée ” – lors de votre pèlerinage : “ Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ”, mais elle continue, et c’est plus important encore, et caractéristique de la religion catholique ré-enseignée à Fatima pour notre siècle “ ... Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas. ”

« Expiation qui va contre votre culte de l’homme, votre foi en l’homme, votre éloge de l’agnosticisme, de l’athéisme... Ici, ce seraient tous vos ouvrages et la plupart de vos homélies, encycliques même, qui seraient, qui seront à mettre à l’Index comme contraires aux dogmes catholiques réaffirmés par la Vierge révélatrice.

« Ainsi l’Ange, son précurseur, insiste comme insistait sur la nécessité de la pénitence le Précurseur de Jésus. “ De tout ce que vous pouvez, offrez à Dieu le sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. ”

« Et la Vierge Immaculée elle-même : “ Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites souvent, surtout lorsque vous ferez un sacrifice : Ô Jésus, c’est pour votre amour, pour la conversion des pécheurs et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie ”.

« Oh ! Très Saint-Père, je laisse les défis qu’impose la controverse... Je vous supplie de dire, de répéter souvent cette Prière dans vos homélies, vos prières à la Vierge ! Je vous en supplie en témoignage de notre foi commune et pour le salut des âmes !

« Comme je ne vous défie pas, mais je vous supplie d’autoriser et de rendre officielle dans l’Église la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, “ en réparation au Cœur Immaculé de Marie ”, demandée par Elle-même le 10 décembre 1925 à Lucie, lors de son apparition à Pontevedra, pour le salut des âmes et la paix du monde. Ne lui redira-t-elle pas, avec une insistance digne de notre plus grande attention et obéissance : « Les âmes que la justice de Dieu condamne pour les péchés commis contre moi sont si nombreuses, que je viens demander réparation : sacrifie-toi à cette intention et prie. »

« Mais de cette terreur de l’enfer, ultime remède au péché qui dévore le monde, réveil salutaire de la crainte de Dieu assoupie dans les âmes, totalement absente de la prédication de l’Église conciliaire, de cette dévotion au Cœur Immaculé de Marie, volonté du bon plaisir divin pour notre siècle, de la réparation à ce Cœur outragé exigée par Dieu avant que de nous pardonner, Très Saint-Père, vous ne parlez jamais, et d’abord vous n’en avez pas parlé à Fatima.

« Vous n’avez pas réveillé un seul instant la terreur de l’enfer dans votre discours, et pas davantage, par conséquent, le désir du Ciel. Car, disais-je, la loi générale se vérifie : Qui ne parle pas de l’enfer, c’est qu’il ne se soucie pas plus du Ciel. »

« S’il y a une “ révélation évangélique ” faite au monde précisément pour notre temps, c’est cela et ce n’est pas autre chose. Mais n’est-ce pas la pure et simple négation et contradiction de ce “ grand message messianique sur l’homme ”, cette “ révélation à l’homme de la vérité totale sur lui-même et sur sa vocation dans le Christ ” que vous annoncez partout, en invoquant Joie et Espoir, Gaudium et Spes, de Vatican II ? C’est la nuit et le jour. Fatima, c’est le jour du plein midi du Soleil de Dieu, c’est la Lumière. Alors, Vatican II, et Vous ? » (p. 126-127)
« LE MESSAGE DE GUERRE OU DE PAIX MONDIALE. »
« À partir de cette contradiction fondamentale, sur l’Absolu, sur la religion divine, tout diverge. La Vierge Marie, toujours triste et angoissée, aggrave et actualise les oracles des prophètes de l’Ancien Testament, ainsi que ceux de notre divin Maître et de ses Apôtres, alors que Vous et votre Concile n’annoncez que prospérité, paix et liberté. Dès lors, l’incompréhension est totale, l’hostilité paraît humainement incurable.

« C’est la deuxième partie du “ Secret ” de Fatima, révélé par Marie le 13 juillet 1917, ne l’oublions pas :

« “ La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI en commencera une autre pire... ”

« Vous le savez enfin, depuis le 13 mai 1981, ce terrible secret, mais vous paraissez ne pas en avoir été du tout frappé, au point de l’avoir oublié. Aussi j’en poursuis la citation :

« “ Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père. Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. ”

« Les voilà les “ signes des temps ” ! Voilà tracé à l’Église son chemin, et bien plus la voilà avertie de ce qui la menace, de ce dont elle doit se préserver, ou se repentir, de ce qu’elle est invitée à faire par le Ciel Lui-même. Oh ! Merci, mon Dieu, merci ! Merci, Vierge bénie, merci ! » (p. 128)

« L’apparition de Tuy, le 13 juin 1929, achevait de tout révéler des desseins, des volontés de Dieu », mais les Pasteurs de l’Église ont de plus en plus divergé de la voie tracée par le Ciel. Le 29 août 1931, sœur Lucie note ce nouvel et instant message du Ciel :

« “ Fais savoir à mes ministres, étant donné qu’ils suivent l’exemple du roi de France, en retardant l’exécution de ma demande, qu’ils le suivront dans le malheur. Jamais (cependant) il ne sera trop tard pour recourir à Jésus et à Marie... » Eh bien ! cinquante ans ont passé, cinquante ans d’effroyables souffrances, cinquante nouveaux millions de morts en Union soviétique. Et l’Église n’a rien fait ? Autre avertissement de la même période : “ Ils n’ont pas voulu écouter ma demande ! Comme le roi de France ils s’en repentiront et ils le feront, mais ce sera bien tard... ” À l’heure qu’il est ce n’est toujours pas fait. “ La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Le Saint-Père aura beaucoup à souffrir. ”

« Alors, le 18 mai 1936, Lucie s’émeut et s’enhardit. “ Je demandais à Notre-Seigneur pourquoi il ne convertirait pas la Russie sans que Sa Sainteté fasse cette consécration.

– Parce que je veux que toute l’Église reconnaisse cette consécration comme un triomphe du Cœur Immaculé de Marie, afin d’étendre ensuite son culte et de placer, à côté de la dévotion à mon Divin Cœur, la dévotion à ce Cœur Immaculé.

– Mais, mon Dieu (dis-je), le Saint-Père ne me croira pas, si vous-même ne le mouvez par une inspiration spéciale.

– Oh ! le Saint-Père ! Priez beaucoup pour le Saint-Père. Il la fera, mais ce sera bien tard. Cependant le Cœur Immaculé de Marie sauvera la Russie, elle lui est confiée. ” » (p. 128-129)
« LE SECRET DES SECRETS. »
C’est cette promesse que nous voyons s’accomplir sous les règnes de Vladimir Poutine et du pape François, malgré « la consécration de la Russie refusée » (p. 130) et « le Secret bien gardé » (p. 132), aujourd’hui révélé, capable, lui seul, d’effacer de l’histoire de l’Église les cinquante ans d’apostasie que nous vivons, sous la houlette du pape François « évêque vêtu de Blanc », et sous la rosée fécondante du « sang des martyrs recueilli par les anges et répandu sur les âmes qui s’approchent de Dieu ».

Quel que soit l’avenir immédiat, expansion mondiale du communisme chinois ou de l’islam, apostasie immanente de l’Église moderne, une chose est sûre :

« “ À la fin mon Cœur Immaculé triomphera, le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. ” » (p. 132)
« ENVOI » 
« Très Saint-Père,

« “ L’humanisme laïque et profane est apparu dans sa terrible stature et a, en un certain sens, défié le Concile. La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion (car c’en est une) de l’homme qui se fait Dieu.

« “ Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes l’a envahi tout entier. La découverte des besoins humains – et ils sont d’autant plus grands que le fils de la terre se fait plus grand – a absorbé l’attention de ce Synode.

« “ Reconnaissez-lui au moins ce mérite, vous, humanistes modernes, qui renoncez à la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre nouvel humanisme : nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme. ”

« Ainsi parlait Paul VI, pour la clôture du Concile, le 7 décembre 1965. Vous y avez applaudi et, depuis, Vous l’avez fait vôtre, ce culte de l’homme associé au culte de Dieu. J’en ai écrit mon indignation véhémente au pape Paul VI, dans mon premier Liber accusationis : “ Ce discours comme il n’y en a jamais eu de tel dans les annales de l’Église et qu’il n’y en aura jamais... ”

« L’Église alors paraissait en face du Monde moderne, comme David en face de Goliath. Paul VI voulait qu’elle soit, sans attendre que le Géant ne tombe, blessé, dans le fossé, comme le bon Samaritain, aux petits soins, empressée au service de son adversaire dédaigneux et haineux. Tout cela sonnait faux.

« Aujourd’hui, avec Vous, c’est plus clair. Ouvertement, elle s’est couchée là, et elle appelle ses amants les uns après les autres, à lui passer dessus. C’est la prophétie d’Ézéchiel au chapitre seizième :

« “ Tu t’es infatuée de ta beauté, tu as profité de ta renommée pour te prostituer, tu as offert tes débauches à tout venant... Et en toutes tes pratiques abominables et tes prostitutions, tu ne t’es pas souvenue des jours de ta jeunesse... »

« Lisez, Très Saint-Père, voyez tous ces voyages :

« “ Tu t’es prostituée chez les Égyptiens, tes voisins, au membre puissant, tu as multiplié tes prostitutions pour m’irriter... Tu t’es prostituée chez les Assyriens, sans jamais te rassasier. Tu as multiplié tes prostitutions chez les Chaldéens, et cette fois non plus, tu ne t’es pas rassasiée... ”

« Mais lisez donc, voyez cet œcuménisme :

« “ À toutes les prostituées on donne un cadeau. Mais toi, c’est toi qui as donné des cadeaux à tous tes amants et qui leur as offert des présents pour que de tous côtés ils viennent à toi, dans tes prostitutions. Tu as agi au contraire des autres femmes, dans tes prostitutions : nul ne courait après toi, c’est toi qui payais et l’on ne te payait pas, tant tu y tenais ! ”

« Lisez l’avenir, Très Saint-Père ! sachez lire, dans le Prophète, les Signes des temps :

«“ Eh bien ! prostituée, écoute la parole de Je suis. Ainsi parle Je suis Le Seigneur. Pour avoir exhibé ta honte, découvert ta nudité dans tes prostitutions avec tes amants et avec tes idoles abominables, pour le sang de tes fils que tu leur as sacrifiés, je vais rassembler tous les amants avec lesquels tu t’es donné du plaisir, tous ceux que tu as aimés et tous ceux que tu as moins aimés... et je te livrerai à leur fureur... Ils exciteront le monde contre toi, on te lapidera, on te percera à coups d’épée, on mettra le feu à tes maisons et on fera justice de toi à la vue de toutes les nations. ”

« Tant que ça ira, toutes vos prostitutions, nous serons considérés comme des parias, des exclus, des prophètes de malheur. Tant mieux. Nos Pères l’ont été avant nous et, plus qu’eux tous, Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre Modèle unique et notre Maître, en compagnie de sa bénie Mère, notre douce et immaculée Mère et Maîtresse, la très sainte et perpétuelle Vierge Marie.

« Mais quand sera tombé le Châtiment divin, comme une miséricorde et le commencement du salut, on sera content que quelqu’un ait écrit ce Livre et que quelques-uns soient venus le porter à Rome et tâcher de rappeler au Pape d’un jour la Foi catholique, l’Espérance surnaturelle, la Charité chrétienne salutaire. Que nous n’ayons point été reçus témoignera contre les hommes de “ cette génération mauvaise et adultère ”. “ Elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. ” Mais que nous n’ayons été ni écoutés ni condamnés, témoignera par le silence de l’Église sainte, infaillible, qu’elle reconnut en nous les témoins de son indéfectible Vérité et plus tard, c’est à ce silence et cette secrète bienveillance maternelle qu’on reconnaîtra sa fidélité sans défaillance à son seul Époux et Seigneur, Jésus-Christ.

« Très Saint-Père, vous croyez à la vérité de la Liberté de l’Homme. Nous croyons à la liberté de la Vérité de Dieu. Nous ne sommes pas de la même religion. Et si nous sommes de la même Église, c’est par la malice foncière qui vous habite et dont je prie Dieu qu’elle vous quitte avant l’heure où ce redoutable et terrible Juge vous convoquera devant son Tribunal.

« Pardonnez-moi ce que cet écrit a d’insolent et de violent. Je n’ai pas toujours été maître de ma plume ni de mes indignations. J’ai l’honneur de vous saluer,

« Abbé Georges de Nantes »
« frère Georges de Jésus + »
Le vendredi 13 mai 1983.
frère Bruno de Jésus-Marie.