SOURCE - Thierry Ballu - Ouest France - 12 mars 2014
Un an après son élection, certains catholiques pensent qu'il ne va pas assez loin. D'autres s'inquiètent de sa spontanéité. Mais avec cette façon bien à lui de bousculer, il passe facilement en deuxième année.
Un an après son élection, certains catholiques pensent qu'il ne va pas assez loin. D'autres s'inquiètent de sa spontanéité. Mais avec cette façon bien à lui de bousculer, il passe facilement en deuxième année.
Enquête
Au mur de ce local, en périphérie de Nantes, l'affiche donne le ton : «Droits devant.» «C'est notre thème de l'année, à la Joc (Jeunesse ouvrière chrétienne)», expliquent Pauline et Elsa. Au tournant d'échanges très libres, on y parlera peut-être du pape. Et de la bouffée d'air qu'il a apportée.
«Avec lui, c'est plus facile de dire que je suis de cette Église. Vous devez être contents d'avoir un pape comme lui, nous disent des copains athées», raconte la première. «Mariage pour tous ou avortement, il est sur les mêmes idées que ses prédécesseurs, mais il renvoie l'image d'une Église plus accueillante», ajoute Elsa.
Trop spontané ?
Travailleuses sociales, elles aiment sa simplicité. Qu'il paye son hôtel comme tout un chacun. Qu'il lave les pieds d'une musulmane le Jeudi saint. Ou donne un coup de pied dans la fourmilière financière du Vatican.
Joseph Roulleau est un chrétien engagé. À 64 ans, il rêve de grands changements dans l'Église, comme l'accès des femmes à la prêtrise. « François ne va pas révolutionner les pratiques, mais son attention aux pauvres me touche », résume ce Vendéen.
Retour à Nantes. Au sein de la Fraternité Saint-Pie-X, classée intégriste, on nuance. Premier constat de Thierry Gaudray, prieur : « Les idées directrices n'ont pas changé. » De ce pape « spontané », il apprécierait toutefois une plus grande réserve. « Son propos, abondant, génère parfois de la confusion, regrette le prêtre. Comme quand il parle de la conscience individuelle. Chacun va-t-il pouvoir définir sa propre conception du bien et du mal ? » Le genre d'interrogation qui renforcerait les rangs de la Fraternité Saint-Pie-X, assure-t-il.
Adepte elle aussi de la messe en latin, la Fraternité Saint-Pierre n'a pas ces états d'âmes. Sur le parvis de l'église Saint-Clément, ils sont trois à donner leur point de vue, au terme d'un office suivi par une bonne assistance. « Nous sommes en action de grâce », s'enthousiasme Geneviève de Roincé, qui ne veut pas pour autant tomber dans la « François-mania ». « Jean-Paul II a apporté l'espérance, Benoît XVI la foi et François la charité. »
Nul doute : ici comme ailleurs, ce pape bouscule et c'est apprécié. « Il surprend. Va où on ne l'attend pas forcément », insiste l'abbé Jouachim. « Il soutient la famille. On l'a vu avec la marche pour la vie et l'opposition au mariage homosexuel », apprécie Samuel Potier.
En un an, le pape a imposé une autre image de l'institution. «Avec son humanité, il donne la force de soulever des montagnes. On retrouve la douce joie de proposer l'Évangile», estime Christophe Le Sourt, prêtre diocésain au Mans. Avant une mise en garde: «Attention, il a un côté très exigeant et nous prévient : avant de changer les structures, il faut changer les coeurs.»
Thierry BALLU.