SOURCE - Abbé Guy Castelain, fsspx - L'Hermine - Mars 2014
Trois documents permettent de préciser très nettement la position officielle de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X dans la crise postconciliaire.
Trois documents permettent de préciser très nettement la position officielle de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X dans la crise postconciliaire.
Il y a en premier lieu la Déclaration du 21 novembre 1974 de Mgr Lefebvre. En deuxième lieu vient la Déclaration de fidélité aux positions de la Fraternité Saint-Pie X. C’est une déclaration que font tous les ordinands avant l’ordination sacerdotale. En
troisième lieu, il y a les Ordonnances de la Fraternité Saint-Pie X, données à la Fraternité par Mgr Lefebvre en 1980 et mises à jour en 1997 suite à la promulgation du code de Droit canonique de 1983. C’est un complément des statuts de la Fraternité Saint-Pie X que tous les membres doivent observer.
Le préambule de la Déclaration du 21 novembre 1974 de Mgr Lefebvre a valeur de principe dans le positionnement de la Fraternité Saint-Pie X : Nous adhérons de tout coeur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité. Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néoprotestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues.
La Déclaration de fidélité aux positions de la Fraternité n’est qu’une application de ce principe : Je soussigné, reconnais [le pape actuel] comme pape de la sainte Eglise Catholique. C’est pourquoi je suis prêt à prier publiquement pour lui en tant que souverain pontife. Je refuse de le suivre quand il s’écarte de la Tradition catholique, particulièrement en matière de liberté religieuse et d’oecuménisme, ainsi que dans les réformes qui sont nocives à l’Eglise. J’admets que les messes célébrées selon le nouveau rite ne sont pas toutes invalides. Cependant, eu égard aux mauvaises traductions du Nouvel Ordo Missae, à son ambiguïté qui favorise son interprétation dans un sens protestant, et à la pluralité de ses modes de célébrations, je reconnais que le danger d’invalidité est très grand. J’affirme que le nouveau rite de la messe ne formule, il est vrai, aucune hérésie de manière expresse, mais « il s’éloigne de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la sainte Messe », et que, pour cette raison, ce nouveau rite est en soi mauvais. C’est pourquoi je ne célèbrerai jamais la sainte Messe selon ce nouveau rite, même sous la menace de peines ecclésiastiques ; et je ne conseillerai jamais à quiconque, de manière positive de participer activement à une telle messe. J’admets, enfin, comme légitime la réforme liturgique de Jean XXIII. J’en reçois donc comme catholiques tous les livres liturgiques : missel, bréviaire, et je m’engage à les utiliser exclusivement, selon leur calendrier et leurs rubriques, en particulier pour la célébration de la Messe et pour la récitation commune du bréviaire. Je désire, ce faisant, manifester l’obéissance qui me lie à mes supérieurs, ainsi que celle qui me lie au pontife romain dans tous ses actes légitimes. Cette déclaration situe donc très nettement la Fraternité Saint-Pie X sur trois points essentiels : les rapports avec le pape : ni sédévacantisme, ni infaillibilisme ; la réception du magistère postconciliaire (qui n’a proclamé aucun dogme nouveau) : ni refus global, ni acceptation servile ; l’attitude liturgique : refus clair et net de la nouvelle messe, et ses conséquences.
Les Ordonnances de la Fraternité Saint-Pie X appliquent le même principe de 1974 au nouveau code de Droit canon. Il y a cependant, ici, une difficulté : la Fraternité Saint-Pie X ne peut donc pas faire l’impasse totale sur le nouveau Droit canonique parce qu’elle n’est pas le législateur. Elle s’efforce donc de pratiquer l’ancien Droit en n’acceptant du nouveau Droit que ce qu’elle ne peut pas refuser sans inconvénients graves pour les fidèles. Voici comment ce problème a été résolu : Le nouveau code de Droit canon, promulgué le 25 janvier 1983, imbu d’oecuménisme et de personnalisme, pèche gravement contre la finalité même de la loi. Aussi suivons-nous en principe le code de 1917 (avec les modifications introduites postérieurement). Cependant, dans la pratique et sur des points précis, nous pouvons accepter du nouveau code ce qui correspond à un développement homogène (donc, traditionnel), à une meilleure adaptation aux circonstances, à une simplification utile ; nous acceptons aussi en général ce que nous ne pouvons refuser sans nous mettre en porte-à-faux avec la législation reçue officiellement, lorsque la validité des actes est en jeu. Et dans ce dernier cas, nous renforçons notre discipline pour la rapprocher de celle du code de 1917.
En résumé : ni herméneutique de rupture, ni herméneutique de continuité, observation d’une ligne de crête que l’on pourrait qualifier d’herméneutique traditionnelle, et cela dans le triple domaine du magistère, de la liturgie et de la discipline ecclésiastique. Cette herméneutique traditionnelle de la Fraternité Saint-Pie X n’a jamais changé depuis la mort du fondateur, le 25 mars 1991.
Abbé Guy Castelain