SOURCE - Mgr Williamson - 15 mars 2014
Dans l’état désastreux du monde et de l’Église il y a, parmi d’autres, deux principes centraux en jeu, l’un permanent, l’autre provisoire, mais tous les deux centraux. Leur interaction doit être décisive pour guider notre action.
Le principe permanent, c’est que sans la foi il est impossible de plaire à Dieu (Héb. XI, 6). En effet, tout homme vient de Dieu doté d’un libre arbitre dont il doit faire un tel usage qu’il pourra rejoindre Dieu quand il mourra, pour qu’il jouisse de la vision béatifique pour toute l’éternité. Ces conditions obligatoires de notre existence sur terre constituent de la part de Dieu une offre extrêmement généreuse, vu le relativement peu qu’il exige de notre côté (Is. LXIV, 4), mais le moins que nous puissions faire, et ce n’est qu’un début, c’est de croire en son existence. Et étant donné la bonté de sa Création qui nous entoure de tous les côtés, il est « inexcusable » de ne pas y croire, dit St Paul (Rom. I, 20), et donc sans la foi la plus élémentaire il est im possible de lui plaire.
Le principe provisoire, c’est que le Pasteur est frappé et les brebis dispersées (Zach.XIII, 7), parole reprise par Notre Seigneur dans le Jardin des Oliviers (Mt.XXVI, 31). Au bout d’une décadence répétée de 4,000 ans, Dieu assuma une nature humaine pour fonder une Église qui permît aux hommes de sauver leurs âmes pendant les derniers 2,000 ans d’existence des hommes sur terre. Pendant le premier millénaire la décadence fut sérieusement interrompue, mais après encore quelques siècles elle reprit de plus belle, jusqu’à Vatican II où les chefs mêmes de cette Église de Dieu, les Papes dont elle devait dépendre, se laissèrent sérieusement infecter par la décadence. Désormais il était bien plus difficile pour les hommes de discerner ce qu’exige Dieu pour qu’ils sauvent leurs âmes.
Donc d’une part, objectivement parlant, les vérités permanentes du salut n’ont en rien été changées par la chute des Papes Conciliaires, et il faut maintenir ces vérités si une seule âme doit être sauvée encore. C’était la gloire de Mgr Lefebvre de les avoir maintenues contre la chute des hommes de l’Église et du monde, tandis que c’est la honte de ses successeurs d’être en train de les brader pour pouvoir rejoindre ces hommes d’Église et leur monde.
D’autre part, subjectivement parlant, cette honte est mitigée par l’éclipse provisoire de ces grandes vérités, suivant la chute des Papes. Il n’est pas facile même pour des évêques de voir clair tant que l’Évêque de Rome voit de travers. Il s’ensuit que les Catholiques qui voient clair – par la grâce de Dieu et par rien d’autre – doivent avoir une compassion tous azimuts pour les âmes prises dans une confusion qui n’est pas entièrement de leur faute. Donc il me semble que si Robert est convaincu que pour sauver son âme il doit rester dans la néo-Église, je n’ai pas besoin de le harceler pour qu’il en sorte. Et si Claire est persuadée qu’il n’y a aucun problème grave qui secoue la Fraternité St Pie X, je n’ai pas besoin de la marteler pour la persuader du contraire. Et si Jean ne voit aucun autre moyen de garder la foi qu’en croyant que le Siège de Rome est vacant, tout ce dont j’essaierai de le convaincre, c’est que sa position n’est pas obligatoire.
N’empêche, dans cette dispersion universelle des brebis, il est d’une importance primordiale qu’il y ait quelqu’un qui maintienne, et leur rende accessible, la Vérité objective si les pauvres pierres de la rue ne doivent pas le faire (Lc.XIX, 40), parce qu’il faut au moins chercher cette Vérité si l’on veut sauver son âme. En même temps, que les brebis catholiques qui la cherchent sachent ménager l’aveuglement de leurs semblables, au moins tant que le Pasteur reste frappé.
Kyrie eleison.